Après un dernier regard en direction de la voiture immobile, Myriam, entièrement nue, avait déjà sauté dans le fleuve.
Il crispa les doigts dans le vide au souvenir de son pétage de plombs face à l’océan. La vraie misère, c’est de comprendre que l’on n’a aucune prise sur l’avenir. Que les promesses de rédemption des religions ne sont qu’un pansement sur une jambe de bois.
La chance c'est comme l'odeur de l'essence.
Volatile.
La paperasse, c’est la face cachée de notre formidable métier. Protéger, servir, et se faire chier pendant des heures à expliquer le pourquoi et le comment à un tas de connards cravatés qui ne te liront jamais.
Quelques ultimes mesures langoureuses et ce sera le moment qu'il préfère. Celui où tous les yeux sont focalisés sur lui. Celui où il va pouvoir étancher sa soif sans débourser un euro.
- C'est le boulot. On n'est pas toujours en train de sentir le frisson de la chasse nous dresser les poils sur les bras. La paperasse, c'est la face cachée de notre formidable métier. Protéger, servir, et se faire chier pendant des heures à expliquer le pourquoi et le comment à un tas de connards cravatés qui ne te liront jamais.
Bientôt, peu à peu, il va s’incruster dans sa vie pour parvenir à ses fins. Il pourra commencer à la casser tranquillement chez elle, dans la sécurité de son coffre-fort personnel, où il brisera d’abord son petit cul en deux, et ensuite son cerveau en mille morceaux. Comme du poison dans la tête.
— Eh, t’as vu, Jenny ? Il est pas mal, celui-là, hein ?
Jennifer, une jolie fille de onze ans, dont la poitrine avait déjà poussé bien plus précisément que celles de ses camarades de classe, glissa un regard curieux au garçon blond et émit un sourire empli de dédain.
— Tu plaisantes ? Pas assez vieux pour moi…
C’est tellement facile, quand on partage sans interruption les jours et les nuits d’une personne vulnérable, de lui agiter un voile de brume evant les yeux, de lui faire croire que la Terre entière la rejette, sauf celui qui, sauveur splendide auréolé d’une tendresse vénéneuse dont elle ne perçoit pas le poison, l’emprisonne dans ses bras puissants pour mieux l’étouffer au milieu de la foule.
Il avait franchi la limite. Il se savait désormais étanche aux remords, aux regrets, à tous les sentiments qui auraient dû actionner une furieuse sonnette d’alarme dans son cerveau pour l’empêcher d’évoquer un certain nombre d’idées nauséabondes