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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Roberto Saviano, l'auteur de Gomorra, vit sous protection policière depuis plus de huit ans. À la fin d' Extra pure, il note : « Merci à Salman Rushdie qui m'a appris à être libre même entouré de sept hommes armés. » Enfin, ces pages très émouvantes de remerciements se terminent ainsi : « Merci à ma famille qui paie par ma faute un prix exorbitant. Malgré tous les remerciements du monde, je ne pourrai jamais me faire pardonner et je le sais. »
Ces remerciements de l'auteur sont le reflet des risques pris et des souffrances endurées : « J'ai observé l'abîme et je suis devenu un monstre… Fouiller. Déchirer. S'enfoncer… Les parrains, les massacres, les procès. Les tueries, les tortures, les cartels. Les dividendes, les actions, les banques. Les trahisons, les soupçons, les délations. La cocaïne… La vie qui m'est échue est une vie de fuyard, de coureur d'histoires, de multiplicateur de récits. Une vie sous protection, une existence de saint et d'hérétique… »
Fruit d'un énorme travail de recherche et d'enquête très poussées, "Extra pure" commence par un constat d'une lucidité effroyable : « La coke, quelqu'un autour de toi en prend… » Suit une énumération qui n'oublie personne et balaie toutes les professions, jusqu'aux plus prestigieuses.
Après, il faut suivre l'auteur dans ses recherches, ses récits foisonnant de noms, de lieux, d'histoires terribles, sanglantes où un seul dieu règne en maître : l'argent. Il n'élude aucune responsabilité comme celle des USA ordonnant aux gomeros, paysans d'Amérique centrale, de cultiver à nouveau le pavot parce que ce pays avait besoin de morphine pour la guerre. le Mexique a dû fournir plus d'opium et, peu à peu, se sont mis en place les cartels, groupes gérant la production de cocaïne, encaissant les profits, contrôlant prix et distribution. Les saisies policières donnent une idée bien faible par rapport à la réalité. le Mexique est à l'origine de tout mais, comme une gangrène, la coke a contaminé le monde entier et Roberto Saviano en décortique les filières, « cette folie meurtrière sans limites vers laquelle le trafic de drogue a poussé le Mexique aujourd'hui. »
La cocaïne rapporte cent fois plus que les meilleures actions en bourse avec « un océan d'esclaves interchangeables qui perpétuent un système d'exploitation dont seuls quelques-uns profitent… L'économie de la coke croît sans limites et se glisse partout. » L'auteur n'oublie pas le blanchiment de l'argent : « Aujourd'hui, New York (Wall street) et Londres (la City) sont les deux plus grandes blanchisseries d'argent du monde. »
Enfin, il y a le continent africain : « L'Afrique est au Mexique ce qu'un hypermarché est à un grossiste de denrées alimentaires. La cocaïne est comme l'une des épidémies qui se sont répandues sur tout le continent africain à une vitesse effrayante. »
Roberto Saviano rappelle le souvenir de Christian Poveda, abattu par les maras, gangs de rue les plus dangereux du monde, après avoir tourné son fameux documentaire La vida loca. « Raconter, c'est mourir » mais devant l'ampleur du désastre, il débat du problème de la légalisation et se dit favorable à cela afin de casser la spéculation, la loi de l'offre et de la demande.
"Extra pure" est une livre dont on ne sort pas indemne mais Roberto Saviano note : « du respect pour ceux qui lisent… Connaître, c'est commencer à changer. »
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Après avoir lu ce livre enquête, je me dis que j'ai de la chance de vivre dans le monde que je me suis choisi pour le moment et je compte préserver le plus possible de ce monde de la cocaïne mes enfants!!!!!
Saviano est captivant par le travail et les recherches effectuées dans ce monde de violence, de sans scrupules, de profits et de trahisons. Je suis assez au fait des choses du monde, je me documente sur pas mal de sujets mais cette enquête est riche, profondément dérangeante parfois et tellement nécessaire. La cocaïne est partout, il faut que tout le monde le sache pour mieux la combattre et surtout pour s'en préserver.
De plus, Roberto Saviano laisse poindre à certains moments sa solitude et son désarroi que ses enquêtes et sa volonté de faire connaitre à engendrer pour lui et ses proches et cela rend son récit encore plus poignant.
Bravo Monsieur Saviano et comme vous le dites, lire est un acte périlleux mais connaitre c'est commencer à changer alors continuez et changez nous!!!
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EXTRA PURE – VOYAGE DANS L'ECONOMIE DE LA COCAÏNE – Roberto SALVIANO – Gallimard

Roberto SALVIANO sait qu'il risque gros. Parfois il se demande même s'il a eu raison de mettre ainsi sa vie en jeu. Mais en même temps, on ressent la fierté qui est la sienne. Celle-ci transparaît à travers son écriture.

Il est fier, car des années d'études et d'attention lui ont appris les choses qu'il veut partager avec nous. Il sait aussi que s'exposer au danger comme il le fait ne sera pas vain, si seulement nous savons l'écouter.
Oui, il nous parle de l'économie de la cocaïne. Oui, ce mot fait peur à beaucoup d'entre nous. Mais comment lutter contre quelque chose si on n'en connait pas les rouages, si on ne sait pas ‘comment ça marche' ? Car « ça »marche justement, et « ça » fait mal. « Ça » fait mal partout. « Ça » met les vies et « Notre Chère Démocratie » en danger.

Roberto SALVIANO déroule sous nos yeux les organigrammes, les portraits, les rouages de ce monde obscur et de plus en plus violent des mafias (colombienne, mexicaine, italienne, russe et africaine essentiellement).

La demande est importante, les chiffres d'affaires sont vertigineux et le blanchiment est le plus grand coupable. Et que dire quand on sait que certaines banques américaines (entre autres) le font ? Wall Street et la City sont coupables. Il le démontre.

Les pauvres gens « interchangeables » (tiens le même mot a été utilisé par Yannick HAENEL quand il parlait des pauvres de ce monde – voir notre article, Je Cherche l'Italie) sont utilisés pour la production, la purification et l'acheminement de l'or blanc qui apporte beaucoup et détruit énormément.

Allons-nous répondre à sa demande et lire son livre ? A mon avis, l'avenir de nos enfants en dépend. Et surtout serons-nous d'accord avec sa proposition ?

PS On ne peut pas non plus bouder notre plaisir quand on lit quelques anecdotes succulentes : En Colombie, le montant, par mois, des dépenses rien qu'en élastiques pour attacher les liasses de billets montait à 2 500 dollars …. C'est vrai, cela devient tout de suite plus parlant.


le 4 mars 2015
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J'ai adoré ce livre autant sinon plus que "Gomorra" ! L'enquête tient en haleine, je n'arrivais pas à poser le bouquin. C'est un maelström de chapitres qui relaient des faits, et de pauses lors desquelles l'auteur livre ses reflexions sur l'économie en général, et celle de la cocaïne en particulier.

Je trouve que le style saccadé du livre est parfaitement adapté au propos de l'auteur : on se sent vraiment aspiré dans un tourbillon ; la juxtaposition des faits donne le tournis, à la mesure de leur extrême gravité.

Les critiques qui stipulent qu'il y a trop d'énumérations et de digressions ont peut-être du mal à se concentrer ou bien n'ont tout simplement pas l'habitude de lire !
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Pour commencer j'aimerais remercier Babelio et les éditions Folio de m'avoir permis de lire ce récit documentaire.
Roberto Saviano, auteur italien, s'est fait connaître dès la parution de son premier ouvrage Gomorra, dans l'empire de la Camorra qui est une enquête sur la mafia napolitaine. Ce livre, qui a ensuite été adapté en film puis en série, a valu à son auteur d'avoir un contrat sur sa tête. Il vit donc maintenant dans des endroits secrets et ses déplacements se font constamment sous escortes.
Malgré cela, l'auteur s'obstine à décortiquer la criminalité organisée et s'attaque dans "Extra pure" au trafic de cocaïne à l'échelle mondiale. Roberto Saviano nous narre les histoires de nombreux narcotrafiquants ainsi que des organisations paramilitaires qui gravitent autour. Il organise son livre selon la géographie des organisations en partant du Mexique, nouvelle plaque mondiale de production et surtout de distribution de la coke. Ce pays est plongé dans une violence extrême à cause des différents cartels qui font régner la terreur dans tout le pays.
Puis Saviano part pour la Colombie, premier producteur mondial de cocaïne d'où viennent les premiers cartels de fortes influences, dont le cartel de Medellin (avec le réputé Pablo Escobar) ou le cartel de Cali. Il narre les conséquences de la chute de ces deux grands cartels sur le pays entrainant des guerres entre les narcotrafiquants présents, les guérilleros et des milices paramilitaires.
Ensuite l'auteur revient dans son pays, l'Italie, pour révéler le rôle prédominant de la 'ndrangheta, mafia originaire de Calabre, dans la distribution de la cocaïne en Europe mais également an Australie, Canada.
Roberto Saviano explique, via l'histoire de deux italiens, ce qu'est un broker, c'est à dire l'intermédiaire entre producteurs et distributeurs qui gère le transport de grosses commandes de cocaïne.
L'auteur explique, par la suite, le rôle des banques du monde entier dans le blanchiment de l'argent sale. Puis il présente divers personnages importants de la mafia russes et les différentes routes empruntées par la cocaïne pour être présente partout dans le monde.

Le récit de Roberto Saviano est dense, relativement décousu, narrant de nombreuses histoires concernant une foultitude de personnes (dont certains ont plusieurs surnoms) et faisant des va et vient dans le temps, Tout cela peut facilement perdre le lecteur à certains moment s'il n'est pas concentré.
Ce livre permet surtout de voir une partie de l'ampleur de ce trafic (et d'imaginer la partie immergée) qui est le plus lucratif au monde. Il montre également ce que tout cet argent peut engendrer comme violence, meurtres, tortures et autres massacres. Pour cela, ce récit est indispensable à toute personne voulant connaitre l'ampleur de ce trafic et toutes ses résonances à l'échelle mondiale. Pour moi il est le récit documentaire idéal pour compléter la trilogie romancée de Don Winslow sur les cartels mexicains (la Griffe du chien, Cartel, et la Frontière).
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Tout simplement extraordinaire
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Un grand livre tant sur le plan littérraire que journalistique.
Une plongée écoeurante dans un univers impitoyable qui fait douter de l'humanité.
J'admire l'engagement de Roberto Saviano qui a sacrifié sa vie pour
dénoncer le risque mortel pour les sociétés que représente la collusion entre les mafias et la grande finance.

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Vous vous rappelez peut-être de Roberto Saviano, ce journaliste italien qui a écrit Gomorra sur la mafia napolitaine et qui vit depuis sous surveillance policière constante. Il remet le couvert en élargissant la focale au trafic mondial de cocaïne. Ce n'est pas un roman mais ça se lit comme tel, dans un foisonnement de données, de chiffres, de noms, d'histoires. On voyage avec la coke, Colombie, Mexique, Afrique de l'ouest et du Sud, Europe bien sûr, Russie. La plupart des chapitres sont consacrés aux trafiquants dans une zone géographique précise (et une période historique), mais Saviano les entrecoupe de chapitres courts et rares sur la consommation. C'est étourdissant, affolant, effarant, effrayant, mais indispensable.
Extrait : «Se plonger dans les histoires de drogue est l'unique point de vue qui m'ait permis de comprendre vraiment les choses. Observer les faiblesses humaines, la physiologie du pouvoir, la fragilité des relations, l'inconsistance des liens, la force colossale de l'argent et de la férocité. L'impuissance absolue de tous les enseignements mettant en valeur la beauté et la justice, ceux dont je me suis nourri. Je me suis aperçu que la coke était l'axe autour duquel tout tournait. La blessure avait un seul nom. Cocaïne. La carte du monde était certes dessinée par le pétrole, le noir, celui dont nous sommes habitués à parler, mais aussi par le pétrole blanc, comme l'appellent les parains nigérians. La carte du monde est tracée par le carburant, celui des moeurs et des corps. le pétrole est le carburant des moteurs, la coke celui des corps.»
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Magistral, Extra pure dresse le portrait de la cocaïne sous toutes ses facettes, révèle sa présence au coeur de nos métropoles et de notre réseau d'amis, les chemins qu'elle emprunte pour parvenir jusqu'à nous, les sommes d'argent fabuleuses qu'elle génère et les torrents de sang qu'elle alimente.

Véritable produit phare de l'économie, consécration du monde entrepreneurial à son échelle souterraine, la cocaïne est décryptée par Roberto Saviano dans un ouvrage extrêmement bien documenté, non dénué d'un certain lyrisme et d'une maîtrise de la narration rare, et qui laisse son lecteur pantelant et révolté, impuissant devant cette gangrène qui fait le bonheur des uns et le malheur des autres.

Au-delà des croustillantes histoires mafieuses, cet ouvrage confirme la banalisation croissante de la consommation d'une drogue dévastatrice pour ses consommateurs.
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