Je ne suis pas très versé dans la poésie, mais un grand curieux de la chose écrite, alors quand Tandarica m'a proposé de me plonger dans le recueil de George Schinterie... j'ai tenté la chose. D'abord un doigt de pied, il faut bien le reconnaître, et puis le grand plongeon au bout de quatre mois d'acclimatation. ! D'autres lecteurs l'ont noté ici : des références nous manquent par rapport à la poésie roumaine. Heureusement que les textes qui accompagnent ce recueil nous aident : celui de
Cristina Sava,
Marian Odangiu et de la traductrice
Gabrielle Danoux. Cet accompagnement a été même indispensable pour moi.
J'ai écrit un peu plus haut que « des références nous manquent par rapport à la poésie roumaine. », pourtant au détour de la postface de Marian Odangui, il est fait allusion à une épigraphe d'
Albert Camus : « On peut savoir ce qu'est la souffrance d'amour, on ne sait pas ce qu'est l'amour ». C'est peut-être une des clefs qui m'a permis d'entrer dans le monde de George Schinterie. « En terre inconnue », on se raccroche à ce que l'on connaît, mais aussi à des indices comme la fréquence de certaines images, dont celles qui ont trait au « sang » qui apparaît dix-neuf fois dans le recueil, sans compter « sanguinolent » ou « ensanglantant » suivi même par un « étranglement ». Toute la symbolique du sang nous renvoie vers la vie, mais aussi vers la mort avec une notion de temps : passe quelque mort étrange / veillé par une procession / le temps saigne en vain /comme une pensée décapitée.
J'ai aussi noté au passage des étrangetés comme :
« de sorte qu'on entend à peine les rayons du soleil »
ou bien encore :
« comme une tasse de vin pas encore entamée ».
Étrangetés qui concourent à ce sentiment de se trouver ailleurs justement.
J'ai aussi beaucoup aimé la formule : « le salut par la poésie » relevé par
Cristina Sava dans sa préface.
Entrer dans la poésie de George Schinterie, c'est un peu voyager dans « un transsibérien d'aujourd'hui », avec tout son inconfort, mais avec ces fulgurances, et quand ivre de sommeil, on voit l'arrivée d'un nouveau jour.