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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après la parution en 1976 de son premier recueil de poèmes, George Schinteie a longtemps mis sa propre création entre parenthèses pour se consacrer au journalisme et à la promotion littéraire, organisant des événements culturels, des résidences créatives, des cercles littéraires, et soutenant la publication de revues et d'anthologies de poésie. A la révolution roumaine de 1989, il s'active à la création de la première chaîne indépendante de télévision, puis à la première radio privée du pays. Ce n'est qu'à l'approche de la soixantaine qu'il reprend le fil de son inspiration, avec une salve de huit recueils à partir de 2008, le dernier en date étant le Désert de Quartz.


Si son premier recueil célébrait l'amour, les suivants résonnent du vécu et de l'angoisse de l'âge. le Sablier du Silence, puis le Sablier des mots - ronde sur l'amour et le temps, enfin un recueil par an 66, 67, 68, en référence à son âge, et encore L'ombre de l'horloge, inscrivent jusque dans leurs titres l'obsession du temps qui passe. le Désert de Quartz prolonge les interrogations du poète désormais largement septuagénaire, ses inquiétudes métaphysiques lui inspirant une rêverie poétique tissée de mélancolie, aux couleurs symboliques de l'automne et de l'hiver. Ses vers coulent sans ponctuation comme le sable et le temps à travers les doigts, égrenant les métaphores de la nature pour suggérer l'écoulement de la vie, et tentant de conjurer sa détresse sentimentale par le souvenir de la femme aimée. Ainsi papillons, étoiles et arcs-en-ciel luisent-ils mélancoliquement, reflets d'états d'âme et de sentiments forts, perdus dans un crépuscule où la chaleur du sang s'éteint dans le vent et la pluie.


« le vent court dans mon âme / tel un enfant après des papillons / il fait voler en éclats tout ce qu'il rencontre sur sa route / les âges de la jeunesse la buée de la félicité / les nuages des sourires et l'ombre des réussites »
« la pluie s'est nichée dans mes paroles / prononcée par cette matinée nuageuse / dont s'est discrètement enfuie la lumière / j'ai la nostalgie de l'ombre de ton départ »
« la soirée mord timidement dans le temps / rendant la journée plus courte / et tire le rideau d'obscurité / par-dessus des joies interrompues »
« l'hiver a boutonné tous ses boutons / comme une cape de vie par-dessus / les âmes fourbues par l'absence de vie »


Préfacé par la poète, écrivain et critique littéraire Cristina Sava, postfacée par l'éditeur Marian Odangiu et par la traductrice Gabrielle Danoux dont il convient de saluer, une nouvelle fois, aussi bien le délicat travail que l'engagement au service de la promotion en France des lettres roumaines, ce recueil est illustré par l'artiste contemporain Valeriu Sepi, dans une édition soignée qui fait de cet ouvrage un Beau Livre dans tous les sens du terme.


Un grand merci à Gabrielle, alias Tandarica, pour cette découverte d'un nouveau pan de la création artistique contemporaine, si dynamique en Roumanie.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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George Schinteie, un nom qui m'était alors inconnu jusque là et cela aurait été vraiment dommage. C'est la traductrice, voyant que j'appréciais volontiers la poésie (merci Gabrielle Danoux) qui m'a proposé de me le faire découvrir et je ne la remercierai jamais assez et c'est ce qu'elle explique elle -même dans sa post-post-face intitulée "Credo poétique : balançoire du rêve, la parole frappe aux portes de l'éternité ou la découverte du désir de traduire George Scintille" justement cette volonté, en acceptant de le traduire en français, et ce, malgré la frontière de la langue, de permettre à un plus grand nombre de lecteurs d'y avoir accès.

Il est toujours très délicat de "critiquer/chroniquer"" un ouvrage de poésie car cela peut être extrêmement variable en fonction de la sensibilité de chacun, du fait d'adhérer surtout au fait que l'on ressortira de cette lecture avec plus de questionnements qu'auparavant car dans sa propre expérience et au travers des mots qu'il emploie, ses propres méditations et sur sa propre réflexion, font forcément écho chez le lecteur. de plus, étant donné que nous sommes dans le domaine du lyrique, il ne donne pas d'explication- ce qui est normal vu qu'il n'y en a pas et que cela relève encore du domaine personnel et propre à chacun, au travers du vécu et des Idées que nous nous faisons de nos expériences. Georges George Schinteie, un nom qui m'était alors inconnu jusque là et cela aurait été vraiment dommage. C'est la traductrice, voyant que j'appréciais volontiers la poésie (merci Gabrielle Danoux) qui m'a proposé de me le faire découvrir et je ne la remercierai jamais assez et c'est ce qu'elle explique elle -même dans sa post-post-face intitulée "Credo poétique : balançoire du rêve, la parole frappe aux portes de l'éternité ou la découverte du désir de traduire George Schintele" justement cette volonté, en acceptant de le traduire en français, et ce, malgré la frontière de la langue, de permettre à un plus grand nombre de lecteurs d'y avoir accès.George Schinteie, un nom qui m'était alors inconnu jusque là et cela aurait été vraiment dommage. C'est la traductrice, voyant que j'appréciais volontiers la poésie (merci Gabrielle Danoux) qui m'a proposé de me le faire découvrir et je ne la remercierai jamais assez et c'est ce qu'elle explique elle -même dans sa post-post-face intitulée "Credo poétique : balançoire du rêve, la parole frappe aux portes de l'éternité ou la découverte du désir de traduire George Schintele" justement cette volonté, en acceptant de le traduire en français, et ce, malgré la frontière de la langue, de permettre à un plus grand nombre de lecteurs d'y avoir accès.

Ouvrage préfacé par Christina Sava, docteur es lettres 'accrochez-vous futurs prochains lecteurs car cette préface est assez difficile d'accès car très complexe, voire, excuser-moi le mot,, pompeuse par instants) mais à tout de même le mérite d'éclairer le lecteur (si il ne s'est déjà pas trop perdu) et avec une post-face de Marian Odangiu (beaucoup plus succincte et facile d'accès à mon goût) avant le credo de la traductrice qui nous éclaire sur le choix, cette fois-ci de certains mots et nous familiarise un peu avec les us et coutumes roumaines. George Schinteie attarde ici volontiers sur le temps et ce n'est pas pour rien (comme nous le fait remarquer à juste titre Marian Odangiu si ill débute son recueil avec pour premier mot "vie" et qu'il le conclut avec celui d' "apocalypse", comme si, en quelque sorte la boucle était bouclée. Vie / Mort, c'est ce qui qualifie non seulement le passage du poète sur Terre mais également celui de chacun d'entre nous. Si il fait parfois allusion aux divinités ou à la notion d'éternité, cela reste une chimère car tous autant que nous sommes, que nous le voulions ou non, restons et resterons jusqu'à la fin des temps, mortels. Certes, la poésie, au travers du Verbe, peut atteindre une certaine sorte d'éternité (et à travers elle le poète mais non pas l'homme qui se cache en lui) mais cela restera à jamais une Idée. Idée aussi, celle de la femme ou de l'être aimée qui n'est pas vue ici comme un simple objet sexuel mais plutôt comme une Notion abstraite, parfois inatteignable et c'est cela qui est magique ici. L'on a trop tendance, dans la poésie à lire des vers où il est question d'amour charnel mais il n'es est très peu question ici (et c'est ce que j'ai apprécié) car ainsi le poète se démarque encore une fois. Ce qui m'a le plus marqué au travers de ces vers est, comme je le disais en débutant cette chronique, lo notion du temps, comme si le poète voulait faire un bilan de sa vie et comme Gabrielle Danoux nous le fait remarquer dans son credo, l'emploi à plusieurs reprises du mot "nostalgie" qu'elle a choisi pour traduire ce mot roumain intraduisible en français : "dor" et qui, d'après ma propre interprétation renverrait plutôt à ce que Baudelaire (citons tout de même un de nos remarquable poètes français) vouait traduire dans son recueil "Le Spleen de Paris" (ouvrage lu lorsque j'étais en faculté et qui est resté ancré en moi...même si j'avoue qu'il faudrait que je le relire, l'âge aidant, peut-être y trouverais-je d'autres significations aujourd'hui).

D'ailleurs, pour conclure, je dirais même que tout ouvrage de poésie devrait être lu une première fois, puis relu par la suite quelques temps plus tard dans son intégralité (encore une fois) puis par la suite par bribes de temps à autre, fonctions de nos humeurs car l'on a toujours à y apprendre et à redécouvrir des choses qui nous semblaient obscures au premier abord ( c'est je pense ce que je vais faire avec le dit ouvrage). Enfin , la qualité esthétique de l'objet présent "Le Désert de Quartz" est à la hauteur du contenu qu'il renferme, à savoir une véritable oeuvre d'art et je ne peux que vous en conseiller la lecture, et sinon, la contemplation !
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Le recueil commence avec une arche de Noé et se termine dans l'attente de l'apocalypse. Si les larmes commencent par être bienfaisantes puisque y flotte l'arche, même « de plus en plus brisée », le dernier poème ne laisse guère de place à l'espoir: l'arche a disparu, ne restent que quelques barques imaginaires ; un peu d'eau stagne dans la « gouttière du temps », la mer de larmes a été remplacée par « une plage immense » dont tous les grains épandus signalent que le sablier a bientôt fini de s'écouler.
Le temps irréversible est la grande affaire de ce recueil et le désespoir teinté d'humour de George Schinteie n'est adouci ni par l'amour enfui ni par la poésie aux promesses d'immortalité décevantes.
J'avoue n'avoir été séduite ni par des illustrations à l'érotisme simpliste , ni par le lyrisme un peu convenu de certains poèmes qui font la part belle à un vocabulaire démonétisé par trop d'usage: il y a dans ce recueil trop d' « étoiles » à mon goût, trop d' « arcs-en-ciel », trop de « rêves », de « papillons » ou de « symphonies ». J'ai aimé en revanche l'irruption de la trivialité qui rend la poésie de Schinteie si familière : l'espoir « que le passage (des années) me paraisse plus léger / et que je ne regarde pas trop souvent mon numéro de sécurité sociale », les mots qui « font un infarctus sans me prévenir », le temps qui fait mal alors qu' « aucun médecin ne me prévient / que je dois l'amener en consultation », les blessures intimes « enveloppées / dans l'aluminium » d'une couverture de survie… Les images surréalistes qui saturent les poèmes nous chahutent sans être obscures: « les années sont raides comme des bouleaux / qui ont poussé dans la carte d'identité »; « si l'étonnement avait une montre au poignet / il n'y aurait plus des accidents vasculaires dans les étoiles »; « un groupe philharmonique de corbeaux / saupoudre généreusement des signes de purgation / sur les chapeaux de bonne qualité / des spectateurs au concert »…
Pour moi qui suis totalement ignare en poésie roumaine, il a été impossible de ne pas penser à Apollinaire en lisant ce recueil : la fuite du temps est rendue concrète par l'absence de ponctuation (et de majuscules) et comme dans « Alcools » le sens d'un vers à l'autre en est rendu plus incertain ; le poète parvient à exprimer l'intensité de sa douleur tout en la maintenant à bonne distance en se moquant de lui-même ; et la modernité y fait bon ménage avec des thèmes traditionnels. Si on ne trouve ici nulle colchique, ce sont des dents-de-lion que piétinent « dans leurs jeux les enfants », tandis que le vent souffle, même s'il est moins « dément » que chez Apollinaire.
Comme chez le poète français, j'ai donc aimé chez Schinteie ce mélange de candeur et de dextérité, la richesse des images qui sollicite l'interprétation du lecteur, l'affleurement du mythe dans la vie quotidienne. Et je remercie infiniment notre amie Tandarica, alias Gabrielle Danoux, la traductrice de cet ouvrage, de m'avoir fait découvrir les multiples vertus du Quartz, pierre talisman dont on fait aussi les montres…
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Du temps pour le poète

De la poésie, j'en picore un peu, j'en goûte surtout sur Babelio grâce aux citations postées par des lectrices (accord majoritaire, mais je n'oublie pas les lecteurs) dont Tandarica qui m'a proposé de recevoir en PDF le recueil bilingue de George Schinteie, le Désert de Quartz, poète roumain dont je n'avais bien sûr jamais entendu parler, d'abord parce que je suis une bille, ensuite parce que « le roumain [la langue, le pays, ses habitants] n'a pas bonne presse (sic) dans les pays francophones », comme l'explique Gabrielle Danoux, la traductrice, dans une interview donnée au Petitjournal.com qu'on trouve facilement sur Internet et où l'on découvre une passionnée originaire de Roumanie passée de la fiscalité à la traduction littéraire après l'écoute de la femme chocolat d'Olivia Ruiz, et dont la rencontre avec George Schinteie s'est opérée sous le signe des monostiches — dont avec cette phrase interminable pour le moins je me démarque, sans qu'il faille voir un sens à cet élan, point. (Ouf)

Comme autrefois avec le méconnu Mulukuku de Nicolas Duffour, il m'incombe une responsabilité particulière, moins armé cependant que pour le commentaire d'un roman, mais heureusement aidé par un appareil de pré et postfaces qui enchâsse les poèmes, dont la préface — ardue mais passionnante de la professeure Cristina Sava — qui m'a ouvert à l'oeuvre suivant « un souffle de compréhension suggestive » (très belle idée).
Préface habitée de références à Paul Ricoeur qui me ramènent comme le mouvement des vagues à ma lecture (et recension) récente de la voie de la conscience de Pierre Guenancia qui consacre le dernier chapitre au précité. Je pense aussi à « l'hospitalité langagière ». Traduire, écrit Ricoeur, c'est accueillir une autre langue dans la sienne, c'est aussi s'exiler, se faire autre pour comprendre. Et c'est bien ce dont il s'agit, dans le geste de la traductrice, Gabrielle Danoux, redoublé par l'invitation lancée par Tandarica, son avatar (outing), à découvrir ce poète roumain, une voix dans sa langue.

Gabrielle l'écrit en postface : « J' 'habite', et c'est ma nouvelle ‘patrie', pour paraphraser Cioran, la langue de la traduction : cette langue à la croisée des chemins, qui s'abreuve à deux sources linguistiques et s'enrichit constamment des créations de certains (les auteurs traduits), qu'elle façonne, avec un haut degré de fidélité, pour ma part, à destination d'un plus grand nombre encore (les nouveaux lecteurs). »

Cristina Sava cite aussi à cet égard l'historien de la littérature Nicolae Manoslescu : « La poésie n'est pas une pseudo-communication, mais une communication 'autrement' par rapport à celle réalisée par la langue elle-même au moyen des paroles et des relations qui s'établissent entre elles. »
La poésie circule ainsi dans cette relation entre subjectivité et intersubjectivité, tandis qu'au commencement « nous prenons place chacun sur un rivage / chacun avec sa propre mer. »
Je cite encore la préface : « On confirme ainsi la définition de la poésie proposée par Adrian Dinu Rachieru, comme "siginif[ant], à travers une domestication du coeur, un retour au soi et l'accès à elle, longtemps convoité, libérant la voix de l'âme, [qui] procure la miraculeuse rencontre de l'Homme avec son soi-même, en veillant sur l'implosion du langage dans l'Être. »

J'avais prévenu, la préface est ardue, mais la puissance de la poésie, en l'occurrence de celle-ci est de faire vivre simplement ce qui s'explique difficilement. Simplicité de l'expérience ou du sentiment, directement accessible, pour parvenir à un scintillement de significations. Là où il y a une conscience, il y a du sens, dirait le phénoménologue. Un retour aux choses-mêmes par lequel elles peuvent être partagées. Choses perçues qui se donnent par esquisses, choses vécues tel un absolu qui se livre tout entier.

La grande affaire c'est le temps. « Je portais une chemise temporelle / et je fourrais dans sa poche sur la poitrine / une poignée d'illusions. » La poésie s'y aventure, quand bien même « les paroles ont des ailes humides ». Elle est la conscience qui donne du sens où règne l'errance et son silence (différent de celui de la pénitence). Elle fait son chemin dans un rapport ambivalent au temps quand « chaque matin une pelote de temps / me roule vers l'infini. » Espère face à sa fuite : « mettons un frein au temps / me dit l'ange. » Un signe céleste, le tonnerre, peut alors fendre l'âge en deux, mais plus banalement, le temps est déchiré par un souvenir, un sourire, alors que « la soirée se presse contre les instants qui passent / comme les brebis dans le parc pour la traite. »

Et s'il est ennemi, il l'est indispensable : « le temps n'a de cesse de me chercher / pour que je m'allège de l'errance. » Les recueils publiés l'arrêtent alors, arrêtent un temps, celui du livre (« dans son format classique ») posé comme une marque, une trace, un cairn de papier.

Le sous-titre annonçait la couleur, ou plutôt la laissait entendre : « Poèmes au gré du vent. » de ce vent j'entends le temps. du titre, Désert de Quartz, en revanche (bémol) je n'entends rien. Étranges aridité et promesse d'arêtes aiguës, d'ambiances minérales, tandis que l'on sent la mousse et l'on imagine la pluie perler contre les vitres...

Pour conclure, une citation extraite de la postface du critique Marian Odangiu : « L'art poétique de l'auteur tourne sur l'orbite de l'idée que, finalement, ce ne sont pas les mots qui meurent, mais leur contenu de réalité, tandis que le Poète est celui investi du don de fragmenter, au moyen de la poésie, pour un instant, leur ‘passage'. »

Merci de m'avoir fait découvrir George Schinteie. Mais au fait, comment se prononce son nom ?

P.-S. : Un petit cailloux dans le jardin de la traductrice (ou de l'auteur, qui sait ?). Trop de « à l'instar » à mon goût...
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Je remercie @tandarica (Gabrielle Danoux) de m'avoir proposé de lire ce recueil de poésie.

Il n'est pas évident de se soustraire à une critique d'un tel ouvrage.
Au début, je me suis senti perdu dans les explications, et puis les poèmes sont arrivés. Je fus émerveillé par les mots et la douceur de ses derniers.

Je n'ai pas l'habitude de lire ce genre de littérature. Mais sortir de ma zone de confort ne me dérange pas.
Je l'ai lu en plusieurs jours pour apprécier chaque mot. Et ne pas me sentir submergé d'incompréhension. Car c'est bien ça le problème des poèmes, c'est de ne plus savoir ou se situer au bout d'une demi-heure de lecture.

Je m'aperçois qu'au fil du temps j'aime lire plusieurs ouvrages en même temps de différents genres : BD, recueil, et roman. Ce qui me permet de les apprécier davantage.

Je vous laisse découvrir cette traduction hors du commun…

Bonne lecture !
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Un recueil poétique qui m'a été envoyé par la traductrice Gabrielle Danoux (Tandarica sur Babelio) que je remercie chaleureusement de cet envoi.
C'est un recueil bilingue roumain-français agrémenté de beaux dessins énigmatiques et impassibles.

Plusieurs textes le présentent, une préface en forme de commentaire érudit du Professeur Cristina Sava, une postface analysant l'ensemble de l'oeuvre de Schinteie par Marian Odangiu, et un texte court mais fort intéressant de la traductrice Gabrielle Danoux (j'y ai apprécié son commentaire sur le mot dor, traduit ici, à défaut de mieux, en nostalgie, alors qu'il serait « intraduisible », car cette notion passionnante est évoquée aussi pour d'autres langues, saudade en portugais, sehnsucht en allemand, et Kundera consacre à ce thème du sens de la nostalgie tout le début de son roman l'Ignorance).

J'ai des sentiments partagés sur les poèmes de ce recueil.

Les thèmes qui traversent les poèmes sont des « classiques »: l'amour absent ou déchiré, la fuite du temps, la nostalgie de l'enfance, la mort, le rapport à la nature, mais traités de façon très lyrique Les poèmes donnent une large part à un questionnement qui n'est pas angoissé, mais d'une douceur mélancolique dans laquelle l'automne, cette saison romantique par excellence, est souvent présente. Mais certains sont plus désabusés, plus ironiques, quand par exemple l'auteur parle de la déchéance physique qui accompagne la vieillesse.

Leur forme sans ponctuation, et je le crois, la traduction, (une fois de plus mon admiration pour le travail de la traductrice) m'ont entraîné dans ce que j'imagine comme une belle promenade dans un monde de rêverie poétique,

Ce qui m'a gêné, quand même, après plusieurs relectures de ces poèmes, c'est une certaine forme de surabondance des images métaphoriques, leur répétition, et leur signification trop évidente: ainsi en est-il, par exemple, des papillons, des mouettes, des sabliers, de la lune….
Il est vrai que je venais de terminer un recueil de Jaccottet qui cherche à approcher le mystère de la mort en évitant le piège de la métaphore, et que, grand lecteur de Rimbaud, des surréalistes et d'autres poètes du 20ème siècle, je suis adepte de la poésie « disant sans vraiment dire » selon la formule d'Andrée Chedid.
Et puis, je ne suis pas très sensible à ce lyrisme excessif, que je trouve par moments emphatique et affecté.
Je sais bien que d'autres apprécient au contraire le lyrisme de ces images et leur répétition..
Et donc que mon avis ne reflète que mon goût pour une certaine forme de poésie. Ce qui fait la limite d'une analyse critique.
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Lire les poèmes de Georges Schinteie, poète roumain, c'est se laisser aller à une douce langueur.
Poèmes dépourvus de strophes et de ponctuation, ils me font beaucoup penser à une toile impressionniste où rien n'est vraiment défini et où ne subsistent que de magnifiques impressions.
Nostalgie, Temps qui passe, Amour perdu, Nature au fil des saisons, Souvenirs d'enfance, Océan ... sont les impressions qui subsistent après la lecture de ce recueil de poèmes.
Des impressions furtives et légères comme peuvent l'être parfois nos souvenirs fugaces.

Ce recueil m'a été gentiment envoyé par Gabrielle, alias Tandarica, qui en a fait la traduction et je l'en remercie.
J'ai toujours plus de mal à apprécier un texte en version PDF et c'est sans doute pour cela que j'ai mis autant de temps à vous livrer mes impressions sur ce recueil !


Il est évident qu'il convient de lire quelques passages au gré des jours et des envies et que la version papier ne s'y prête pas trop. C'est le genre de livre que l'on feuillette au coin du feu et sur lequel notre regard accroche (ou pas) aux mots de l'auteur.

J'ai aimé certains poèmes, d'autres moins. J'ai, par exemple, été gênée par la présence au beau milieu d'un vers très poétique d'éléments du quotidien qui sont loin de l'être. Exemple illustrant mes propos :
"quelle que soit la saison que tu es abandonne-toi à l'oubli
pour que le passage me paraisse plus léger
et que je ne regarde pas trop souvent mon numéro de sécurité sociale".

J'ai, en revanche, beaucoup aimé l'enlacement des tourments de l'âme avec les éléments naturels. Ils sont à chaque vers intimement liés et j'apprécie beaucoup ce genre de poésie. En voici un peu exemple :
"tard dans la nuit quand le ciel s'est un peu calmé
j'ai tenté de te chercher
jusqu'à ce que tu t'incarnes en arc-en-ciel
le soleil faisait déjà dans l'âme de l'ombre
à la défiance à l'égard des couleurs"


Merci à Tandarica pour cette découverte !
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« Traduire de la poésie est, pour moi une bien plus grande source de plaisir »

Je ne ferais pas de longues phrases, ampoulées, intellectuelles pour présenter ce recueil. La poésie ne s'explique pas, elle se lit, se savoure. Il suffit de se laisser bercer par les mots pour être bien.
J'ai lu tous les poèmes du recueil. Ils sont beaux même si certains m'étaient peu compréhensibles parfois du fait de la transposition dans notre langue française de cette belle poésie roumaine, tout en lui gardant la subtilité des mots, des rimes voulues par l'auteur.
Je me suis toujours interrogé sur la difficulté de traduire de la poésie d'une langue dans une autre. Comment rendre avec une perception fine des vers pour lesquels son auteur s'est exprimé avec force dans sa propre langue et qu'il a su si bien mettre en valeur ? Je donne comme exemple le poème « Allégorie » de Baudelaire, parmi beaucoup d'autres, dont il doit être compliqué de rendre la richesse :

« C'est une femme belle et de riche encolure,
Qui laisse dans son vin traîner sa chevelure.
Les griffes de l'amour, les poisons du tripot,
Tout glisse et tout s'émousse au granit de sa peau.
Elle rit à la mort et nargue la Débauche,
Ces monstres dont la main, qui toujours gratte et fauche,
Dans ses jeux destructeurs a pourtant respecté
De ce corps ferme et droit la rude majesté. »

Néanmoins, j'ai apprécié de nombreux poèmes du recueil dont je donne de courts extraits des meilleurs passages :

DISSIMULÉ DANS UNE ÉTOILE : J'ai pensé aux peintres impressionnistes qui avaient souvent le coeur en forme d'arc-en-ciel.
j'avais l'arc-en-ciel dans l'âme
je le gardais précieusement à l'endroit du coeur
pour ressentir les battements des couleurs
comme un éventail du temps
dispersé en secondes
dont je faisais souvent des petites barques en papier

LA LUMIÈRE DE LA VÉRITÉ : le recueil de poèmes « Une histoire de bleu » de Jean-Michel Maulpoix aurait pu utiliser ces mêmes lignes.
la mer est de plus en plus bleue
lorsqu'elle rencontre le ciel
la ligne de l'horizon marquant de manière appuyée
mon existence

DÉSIR
si par une nuit tu compteras les étoiles
et que tu constateras qu'il en manque une
ne t'attriste pas
c'est dans mon coeur qu'elle s'est réfugiée
pour éclairer l'amour

L'AMOUR A DES AILES
le vol de l'amour se poursuit doucement
de sorte qu'on entend à peine les rayons du soleil
qui couvrent l'étreinte dans laquelle
tu me perds

LIÉ AU TEMPS
je mets ma montre à gousset à sonner
un âge de plus en plus indéterminé
et j'attends les yeux rivés sur le miroir
le sourire du jour suivant

J'ai aimé la qualité des dessins et l'important travail de traduction de Gabrielle Danoux qui, depuis des années, tente de faire connaître la littérature roumaine qu'elle met en lumière.

Dans cette période où le monde montre des signes de faiblesse et se désespère, la poésie et la beauté apportent réconfort et espoir.

Merci Gabrielle


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Ce recueil poétique est comme une mer douce qui ondule au gré des vagues. Un flux et reflux caressant l'âme du lecteur, émerveillant ses yeux, sonnant juste à ses oreilles.
Évoquant avec tendresse, pudeur, l'amour d'un être qui semble parfois si présent et à d'autres moments vaporeux, comme un regret impalpable.
Passion intense, mais offerte au lecteur au travers de vers intimistes et subjectifs.
Alliés temporaires d'une liaison mouvementée, l'amour et le temps qui passe sont les deux éléments indissociables de ce recueil au ton et style très zen et métaphorique.
On sent avec une mélancolie presque nostalgique, l'ineffable volonté de l'auteur d'arrêter l'implacable sablier du temps, surtout quand il évoque sa famille, ses racines.
Cet opus poétique se lit comme un journal secret, dévoilé avec retenue, tellement il semble personnel.
Merci à Gabrielle Danoux alias tandarica de m'avoir permis de m'immiscer dans ce carnet intime.

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N°1765– Juillet 2023

Le désert de quartzGeorge Schinteie -

Tout d'abord je remercie Gabrielle Danoux de m'avoir fait parvenir ces poèmes dont elle est la traductrice et de m'avoir fait découvrir leur auteur comme elle l'avait naguère fait à propos de Valentin Dolfi (Ma poésie comme biographie), de Max Blecher ( Coeurs cicatrisés - roman) et Anton Holban (Le collectionneur de sons et autres nouvelles). Il convient de saluer son action en faveur de la popularisation en France de la culture roumaine, en particulier de sa poésie, même si, notre pays n'accueille plus ce registre créatif que par le biais de la chanson.

Découvrir un poète est toujours pour moi un moment d'exception même si, ne parlant pas roumain, je ne le découvre qu'à travers une traduction qui est une difficile transposition d'une langue à l'autre, avec une sensibilité et une musicalité différentes. Il s'agit d'un recueil bilingue qui ne sera pas commercialisé en France, illustré par Valeriu Sepi.
L'auteur s'est fait connaître tôt à travers une revue de poésie puis par la publication d'un premier recueil. Il a ensuite mis volontairement entre parenthèses sa créativité pour se consacrer au journalisme culturel, à la promotion de la poésie (des autres) et à la création d'organes de communication indépendants comme la radio et la télévision. Puis vinrent des publications sporadiques de poèmes, de deux recueils puis d'une série intitulée successivement 66, 67, 68 en référence à son âge ce qui peut signifier une obsession pour la numérologie mais assurément une obsession de la fuite du temps, le suivant, intitulé « l'ombre de l'horloge » corroborant cette impression.

Le présent recueil de poèmes, au titre quelque peu abscons, est le dernier, le neuvième et traduit l'univers onirique de son auteur contemporain. le quartz ou cristal de roche, par sa dureté, sa transparence et sa longévité m'évoque la permanence des sentiments exprimés et leur universalité. le désert m'inspire l'immensité, l'errance et ce qui résulte de l'érosion de la vie, ce sable qui coule entre les doigts et qu'on ne peut arrêter. Il en résulte l'usure des choses les plus dures dont on pouvait croire qu'elles seraient pérennes. L'auteur y exprime son questionnement sur le destin, le temps, l'amour, la mort, la vie, l'éternité, la relation avec Dieu, la mélancolie que suscitent pour lui l'automne et l'hiver à travers leurs couleurs et leur symbole. Les thèmes traités ne dérogent pas de ceux qui sont traditionnellement l'objet de la poésie et correspondent à des préoccupations humaines. Il en parle avec un lyrisme parfois incantatoire, des images impressionnistes et même surréalistes d'où la nostalgie n'est pas absente et qu'on peut rapprocher de la « saudade » de Pessoa ou du « spleen » de Baudelaire.

Les livres de Schinteie sont baignés par son autobiographie, le souvenir de son enfance à laquelle il ajoute esthétisme et musicalité des mots à la fois simples et naturels (l'ombre, la lumière, les saisons, la légèreté symbolisée par les images évoquant ce qui vole, animaux, feuilles ...).
Ses textes témoignent d'une sensibilité amoureuse mais j'y ai lu une forme de souffrance due à une absence de la femme aimée. Elle est comme lointaine, inaccessible, diaphane plutôt que palpable et corporelle. L'idée de l'amour est limitée au sentimental et à la méditation, les mots se limitant à évoquer l'idée de la femme plutôt que son corps lui-même et ses formes. Ainsi reviennent sous sa plume des allusions nombreuses au sang qui me paraissent symboliser ce manque, cette image qui peu à peu s'estompe ainsi qu'en attestent le graphisme esquissé de Valeriu Sepi.

Ses vers sont écrits sans ponctuation (comme tout poème il convient de les dire à haute voix en leur donnant le rythme que nous inspirent les mots) sans doute pour mieux susciter l'écoulement de la vie qui est chez lui une obsession prégnante. Les images métaphoriques qu'il emploie pour suggérer cette légèreté de la vie et son écoulement sont éloquentes (le papillon, le sable qui coule inexorablement entre les doigts, les traces laissées par les pas, l'arc en ciel, le bonhomme de neige...) et traduisent la mélancolie que lui inspire la fuite irrésistible du temps, la perte de l'énergie personnelle, les souvenirs d'une enfance passée, la disparition des gens seulement sauvée par l'empreinte mémorielle qu'ils ont laissée, la relation avec Dieu qui sont également des préoccupations humaines.

J'ai eu accès à la créativité de ce poète contemporain à travers la virtualité du texte comme cela se fait de plus en plus pour une foule de bonnes raisons. Je suis moi aussi de ceux qui regrettent le livre son aspect-objet, l'odeur de l'encre et du papier, le toucher des pages...Pour ceux qui ont eu le privilège de tenir ce volume entre leurs mains, c'est toujours un plaisir sensuel. Ce qui m'étonne toujours c'est que les mots, confiés au fragile support du papier, résistent au temps et parcourent les siècles alors qu'un simple clic peut les effacer de l'ordinateur. le fichier refermé je me pose toujours la même question au sujet de l'écriture et de son pouvoir exorciste réel ou supposé. le plus important à mes yeux c'est de laisser une trace, d'exprimer sa créativité avec des mots comme d'autres choisissent les actes ou des constructions.
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