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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Je remercie Gabrielle (Tandarica) pour la découverte de George Schinteie, poète roumain encore inconnu en France parce que peu traduit. J'admire le travail du traducteur, véritable passeur d'une langue à l'autre et qui doit veiller à garder l'âme du poète. Un vrai travail d'équilibriste que je salue.

Lorsque je suis entrée dans le poème, il m'est apparu que le texte, parfois, gardait sa part d'énigme mais j'ai été sensible au rythme et à la mélancolie qui s'en dégagent. J'ai appris ainsi que cette nostalgie se nomme « Dor » en roumain. Sans références sur la poésie roumaine, ce spleen me renvoie à Vigny ou Baudelaire.

George Schistifie nous ouvre les portes de son âme en une sorte de confession. Il revient sur des souvenirs d'enfance, parle du temps qui passe, tel un sablier implacable, nous confie cette traversée du désert où « personne ne venait y pleurer / personne ne venait y sourire »
L'amour est très présent au fil des strophes, « l'amour en forme d'oiseau / prend son envol chaque nuit/ depuis une étoile » Mais l'amour entraine aussi son lot de désillusions et de souffrances, l'amour s'éloigne et le poète amoureux porte « la nostalgie d'elle comme un mouchoir créponné à la poitrine » ou encore « cet automne mon amoureuse s'est nichée timidement en moi »
Mêlant sacré et profane, le poème introduit aussi le rêve et quelques apparitions oniriques le traversent comme ces « trois biches entrées dans la ville »
Les saisons et les éléments sont très présents, avec « la valse de la pluie » ou encore « le soleil (qui) se détache comme une coccinelle » et les paysages sont sublimés comme cette montagne qui « gémit de verdure »
On sent le passage inexorable du temps qui ravive les souvenirs : «la lune passe à pas de loup/ telle une mariée de lumière /sur la plage déserte »

Il y a des images fortes, des évocations puissantes dans cette poésie parfois trop élégiaque à mon goût, avec une emphase excessive dans l'expression des sentiments. Tout ceci contribuant à affaiblir les émotions et c'est regrettable.
Je pense que ce texte complexe mérite plusieurs lectures.
Et, j'allais les oublier, les respirations apportées par les dessins de nus qui illustrent avec élégance le recueil.
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Il n'est jamais très facile de parler d'un auteur dont on ne sait rien ou très peu de choses sur son oeuvre, son style, ses influences. C'est à l'invitation de Gabrielle Danoux (mieux connue sur Babelio sous le pseudonyme de Tanderica) que j'ai fait la connaissance de George Schinteie, poète d'origine roumaine, auteur de plusieurs recueils mais qui ne sont pas publiés en France.
Édité cette année aux Éditions Cosmopolitanart et en version bilingue, " le Désert de Quartz - Poèmes au gré du vent " (Desertul de Cuart - poeme în bataia vîntului) m'offre la possibilité de découvrir sa poésie.

Je suis entré à pas feutrés dans le livre comme on pénètre dans un lieu inconnu, les textes, les mots comme les objets interpellant le regard.
Dans une poésie en vers dénuée de toute ponctuation, j'ai d'emblée été saisi par la suggestion d'images, par la succession d'impressions contenues dans l'écriture de George Schinteie. où on y décèle un chant, celui d'un doute existentiel, des inquiétudes d'un homme mis face à lui-même, face à ses souvenirs et au temps devenu inexorable.

" s'est niché cet automne en moi
en coordonnant chacune de mes pensées
et il écrit des poèmes dans le ciel
avec des nuages terrorisés par le vent
[…] "*

Dans une écriture très subjective, l'auteur use de métaphores, de symboles pour capter ce qu'il reste d'un monde qui semble s'en aller sans lui.
Chez Schinteie, les mots, la parole enveloppent toute notion de temps, réactive la présence de la femme aimée, d'instants particuliers, de paysages perdus, de jours et de nuits qui se confondent sans fin…
Le regard du poète emprunte à l'illusion, au rêve et parfois au futile pour contenir et décrire sa pensée, il fait se confondre le proche et le lointain, le jour et la nuit, le printemps et l'hiver, la présence et l'absence de l'être aimé,… Presque tout chez George Schinteie se réduit au pouvoir des mots, à leur signifiant et à leur pouvoir d'évocation.

Si ses poèmes ne sont pas dénués d'une authentique émotion, d'un vrai lyrisme, ce pouvoir trop grand accordé aux mots est, selon moi, l'écueil de l'écriture de George Schinteie, qui fait de ses textes un espace saturé de sens, chargé d'un esthétisme exacerbé délaissant le rythme et une certaine cohésion.

" quand tu as de beaux souvenirs
il n'a plus aucune importance le royaume dans lequel
se sont déroulés les faits
en nous touchant l'aile gauche
jusqu'à ce qu'un présent imprévisible
noyé dans la rose des vents
après la pluie discrète tente de caresser
la lumière estompée de tes yeux
plus dilatés que les rails de voie ferrée
dans les torrides étés passés ensemble
quand tu as de beaux souvenirs
tu pries le matin et le soir
pour que l'ange du temps que tu vis
produise l'ineffable
et que l'instant vécu
commence à pleurer
l'océan pâlit sous l'immensité infinie
de la nostalgie "**

Mon avis ici se veut humble et ne rend compte que de la seule lecture du recueil " le Désert de Quartz", il ne saurait porter sur l'ensemble de l'oeuvre de George Schinteie que je connais très peu.

Je veux remercier Gabrielle Danoux (Tandarica) pour m'avoir permis de faire la connaissance de George Schinteie. Je mesure le travail d'ampleur que représente la traduction de nombreux poètes qui, au-delà de la maîtrise linguistique, d'une passion pour la poésie, suppose de se fondre dans le propos et l'intention de l'auteur. Je veux également souligner les précieuses contributions de Cristina Sava et de Marian Odangiu qui apportent dans le livre une vision indispensable et très éclairante de l'oeuvre de George Schinteie.
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Poème en prose ? Prose poétique ? Néo-modernisme d'un poète en tous cas, dont les mots contemporains nous touchent ou nous percutent.
La forme du poème libre, sans versification ni ponctuation comprend des rejets qui parfois surprennent. Les images ainsi que les thèmes restent assez classiques dans leur romantisme, mais leurs associations sont très particulières au style de cet auteur.
Le temps, l'amour, la perte, la nostalgie et les interrogations s'entremêlent au gré de l'inspiration qui se déroule comme une longue mélopée.
Ce sont les facettes d'un quartz que l'auteur a pris pour titre de son recueil, un minéral abondant dans les sables de tous les continents. Ses facettes brillent d'un côté, s'assombrissent de l'autre et il faut une lecture patiente et attentive pour dégager de la gangue l'émotion nichée en son coeur.
De jolis dessins émaillent de temps à autre le florilège, illustrant l'esthétisme de George Schinteie.
Faire la critique d'un texte ou poème issu d'une traduction est malaisé. Qui critique-t-on ? L'auteur/l'autrice ou le traducteur/la traductrice ? Il faut tant de modestie et de patience afin d'être fidèle à l'écrit de celui ou celle qui a tenté de déchiffrer ses propres pensées.
C'est pourquoi j'en remercie Gabrielle Danoux qui m'a, par ailleurs, adressé gracieusement cette édition bilingue dont j'ai lu la version française avec une curiosité bienveillante.
Voir aussi http://anne.vacquant.free.fr/av/index.php/2023/12/06/george-schinteie-le-desert-de-quartz/
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La poésie contemporaine en prose n'est habituellement pas ma tasse de thé. Pourtant, sur l'invitation de Tandarica, je me suis risqué à lire « le désert de quartz » de Schinteie.
Sans ponctuation ni rime, la poésie de Schinteie n'est pas d'un abord facile. Elle est introspective, égocentrée, peut-être même narcissique par moment. Elle parle de l'amour, du temps qui passe, des arcs-en-ciel, de la nostalgie et des regrets. Elle parle des tourments du coeur.
On ne trouvera pas, dans ce recueil de poèmes, de visions sublimes, d'évocations lyriques, d'allusions imagées ou de suggestions grandioses. Je suis de la vieille école et c'est plutôt ce que j'attends d'un poème. Ainsi, la prose de Schinteie ne m'a pas ému mais n'en demeure pas moins d'une probable grande qualité littéraire.
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En ces temps de repli sur soi, on ne peut qu'applaudir les personnes qui exportent leur culture propre et ont le souci de répandre des oeuvres littéraires méconnues dans le monde.
C'est le cas de Gabrielle (Tandarica) qui s'attache à nous faire connaître les oeuvres des grands poètes roumains, par le truchement bienveillant de Babelio.
J'ignorais jusqu'à présent l'existence de ces auteurs, Ion Heliade, Ion Pillat ou George Schinteie, et suis heureuse de découvrir ce pan de notre culture romane (seul le dernier est ici concerné), et ce en dépit de mes réticences envers la poésie contemporaine. Mon tiercé préféré est probablement constitué de Baudelaire, Verlaine et Apollinaire.

Certes, les thèmes abordés par George Schinteie sont tout à fait classiques, eux : l'amour (et la rupture amoureuse, la solitude), la fuite du temps et de notre vie en même temps, la nature au fil des saisons, la religion, … Les motifs récurrents possèdent aussi un certain charme, la nuit, le papillon, l'arc-en-ciel...

Certains poèmes ou fragments de poèmes m'ont même  profondément touchée :
Comme un point sur la sécante : j'ai aperçu la pleine lune/un miroir rond/aux cimes des bouleaux/j'écarquillais les yeux tel un enfant/devant la mer qu'il voit/pour la première fois (un clin d'oeil à la ballade à la lune, De Musset ?)

Couronnement : entre rêve et réalité/la montagne gémit de verdure/et la rosée se penche en arrière/comme un fleuve qui coule depuis/ta chevelure, etc. (je trouve ce poème splendide)

Mărtișor, le plus classique, aux rimes croisées (et souvent riches)

Comme si : mettons un frein au temps/me dit l'ange/et il me prend par la main:/réjouis-toi de l'instant qui presque/nous recouvre la marche/et regarde vers l'horizon/comme si tu cueillais lentement/le pappus des pissenlits/qui recouvre les étoiles

je couds avec une aiguille invisible/des nuits rebelles et/des journées sereines/dans une capote de mots/le poème grelottant/que j'écrirai/quand je ne serai plus

Mais, dans l'ensemble, je trouve cette poésie, proche de la prose poétique, hormis la mise en page, un peu obscure, parfois même affectée (vocabulaire rare, emploi de mots de registre relevé). Je ne pourrais pas faire de cette oeuvre un livre de chevet, très aimé et cent fois ouvert et repris.

J'ai également regretté que le texte original et la traduction ne soient pas en vis à vis, ce qui est probablement plus complexe à mettre en page, mais tellement plus intéressant pour le lecteur, qui peut ainsi comparer les mots des deux langues, même sans comprendre l'une d'entre elles, leur ordre, la rythmique. On peut retrouver les poèmes en roumain pour cette comparaison, je l'ai fait, mais c'est moins aisé.

J'ajouterai que la postface de la traductrice, Gabrielle, est remarquablement intéressante !
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