EDIT : je le précise d'emblée : ce n'est PAS un livre sur la 2ème Guerre Mondiale, ce n'est PAS une romance. Voilà les principaux sujets sur lesquels portent la déception des personnes qui n'ont pas aimé ce livre, donc autant prévenir les futurs lecteurs (cliquez sur le pouce si vous êtes d'accord !) : il n'y aura pas de débordements d'émotions, de descriptions dramatiques ou sentimentales, d'explications logiques et rationnelles aux comportements et aux choix des personnages (car la vie est chaos, en particulier pendant ces périodes de guerre, et aussi d'après-guerre, où la jeune génération toise la génération précédente et où cette dernière doit vivre avec ce qu'il s'est passé auparavant).
: FIN DE L'EDIT
Parfois, je choisis mes lectures en mode totalement aléatoire, sur des critères tels qu'un mois de naissance de l'auteur - c'est le cas ici.
La période de la Seconde guerre mondiale est une époque prisée par les auteurs, et j'avoue m'y plonger de moins en moins. Ici, c'est ce qu'il se passe après qui nous intéresse : comment les jeunes Allemands ont-ils jugé la génération qui les a précédés ?
Toute la première partie ne va pourtant pas aborder ce sujet du tout. Un garçon de quinze ans a une relation avec une femme de vingt ans plus âgée, et comme on sait que l'auteur écrit de loin en avant de sa vie et que visiblement cette relation n'a pas été traumatisante du fait de la différence d'âge, ce n'était pas trop gênant, d'autant moins que, si on n'avait pas eu d'information sur l'âge du garçon, on aurait tout aussi bien pu croire qu'il était majeur. Il me semble d'ailleurs que dans le film, la différence d'âge est tout aussi présente mais le garçon est majeur : le signe, peut-être, que ce n'est pas du tout le sujet de cette oeuvre.
La quatrième de couverture révèle que cette première partie cède la place à une deuxième, totalement différente, qui se déroule quelques années plus tard. C'est là que la différence générationnelle entre le garçon et la femme prend tout son sens. Hanna a vécu des choses graves, avant. Pendant la guerre.
Les questions de morale, de droits, de liberté, de pardon, soulevées lors du procès sont vraiment très intéressantes. Je ne suis pas sûre d'avoir tout digéré, d'ailleurs. Je ne m'attendais pas, en fait, à lire ce livre en entier ; mais j'ai été happée par cette histoire, par ce couple improbable, par cette façon d'analyser froidement la situation, avec beaucoup de recul et en même temps, de la douceur. A un moment, l'auteur évoque ce sentiment d'être anesthésié face à ce qui ne peut plus être ressenti, et c'est aussi ce sentiment qu'on éprouve face à tout le roman, une anesthésie qui dépouille l'écriture et l'histoire de ses artifices.
Comme quoi, c'est bien parfois de ne pas piocher dans sa PAL mais d'attraper un livre au hasard.
Commenter  J’apprécie         50 C'est après avoir vu le film qui en avait été tiré que j'ai eu envie de lire le livre. L'histoire en est simple.
Le jeune Mickaël, 15 ans, rencontre par hasard Hanna, une femme seule de 35 ans. Ils ont une liaison, Mickaël tombe amoureux d'elle et lui fait la lecture. Quelques mois après elle disparaît sans qu'il ne sache pourquoi. Étudiant en Droit, il assiste à un procès de gardiennes du camp d'Auschwitz et la reconnaît parmi les accusées. Celles-ci l'accablent et l'accusent d'être la responsable de la mort des femmes qu'elles convoyaient lors d'un incendie et notamment d'avoir écrit le rapport retrouvé dans les archives. Mickaël comprend alors qu'elle accepte cette responsabilité car elle a honte d'avouer être analphabète. Condamnée, des années durant il lui envoie des cassettes des livres qu'il lui lit, mais jamais il ne lui écrit (alors qu'il sait qu'elle a appris depuis) ni ne lui rend visite. Elle se pend le matin de sa sortie de prison, il ne l'a revue que quelques jours auparavant sans échanger vraiment avec elle, il ne retrouve plus la femme qu'elle était encore dans ses souvenirs.
Il y a beaucoup de réflexions sur les relations de la jeunesse allemande avec leurs aînés sur le nazisme, leur rapport avec cette monstruosité, la responsabilité de beaucoup d'entre eux dans ce qui s'est passé. Mais en réalité, le livre parle surtout du sentiment de vide qui habite Mickaël, d'absence de sentiments envers Hanna, de l'incompréhension de ce qu'elle était et du pourquoi de ses actes. Il n'arrive pas à se détacher de cette relation amoureuse envers elle, qui s'est terminée sans un mot, par surprise et l'a laissé comme anesthésié. Il ne s'agit pas vraiment d'une incompréhension de ce que Hanna avait fait vis-à-vis des détenues, mais plutôt de ne pas avoir pu réellement construire une véritable relation car ce qu'il lui reproche en fait c'est de lui avoir caché qu'elle était analphabète et de ne pas avoir eu le courage de le dire lors du procès. Or lui l'avait compris pendant le procès et n'avait rien révélé pour ne pas la trahir. Il s'est donc senti responsable de cette dissimulation et coupable en même temps qu'elle. Tout alors s'est figé dans un monde sans autre sentiment que la culpabilité, du coup il devient historien du Droit, il ne peut être ni juge ni avocat, lui envoie les cassettes des livres qu'il lit, rompt avec sa femme et n'a pas vraiment de relation avec sa fille et se mure dans un silence absolu d'où Hannah ne peut le sortir. Elle renonce alors à vivre car il ne peut plus y avoir de relation entre eux à construire ni à entretenir en dehors de ce faux-semblant qu'il a établi.
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Avoir aimé passionnément, être initié à l'amour et à la sensualité à l'âge de 15 ans par une femme de 35 ans...
Puis la retrouver quelques années plus tard, de façon fortuite, comme étudiant en droit, sur le banc des accusés, en tant que criminelle nazie, ancienne gardienne d'un camp de concentration...
Jusqu'où le crime abominable de l'être aimé, nous éclabousse t-il ?
Est- on coupable d'avoir aimé à son insu, une criminelle nazie ?
La génération née après la guerre est-elle redevable des crimes de ses parents ?
Est-il possible de désaimer autant que l'on a aimé, en connaissant à présent cette vérité ?
Telles sont les questions qui taraudent de façon lancinante l'auteur tout au long de cet ouvrage obsédant. Ce qui donne un style parfois étrange, dû aux questionnements, à l'obsession de la question de la culpabilité individuelle et collective...
Mais... si finalement, la lecture, les livres pouvaient dans le pire du pire, redonner de l'espoir et contribuer à sauver le monde des crimes les plus impardonnables ?
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J'avais beaucoup aimé le film vu il y a longtemps et j'ai décidé de lire le livre tout récemment.
Autant le film est intéressant voire plaisant par la beauté des acteurs et la qualité de la réalisation,autant le livre est glaçant car écrit dans un style dénué de tout artifice et analysant en la disséquant la notion de culpabilité dans les camps Nazis en Allemagne;jamais l'auteur ne tranche sur la culpabilité ni ne pardonne,mais au final cette rencontre entre un jeune homme de 15 ans et cette femme de vingt ans son aîné marquera à jamais la vie de cet homme
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