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Bernard Lortholary (Traducteur)
EAN : 9782070121359
224 pages
Gallimard (09/10/2008)
3.37/5   139 notes
Résumé :
Après plus de vingt ans passés derrière les barreaux, Jörg est gracié par le président de la République allemande. Pour ses premières heures en liberté, sa sœur Christiane a organisé des retrouvailles avec de vieux amis dans une grande demeure à la campagne, près de Berlin.

Mais ce week-end, qu'elle avait souhaité paisible, est difficile à vivre pour tout le monde, tant les questions de responsabilité, de culpabilité et de pardon sont dans toutes les ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
3,37

sur 139 notes
« Comment peut-on discuter avec tout son bon sens et se demander si le monde, par un meurtre, devient un monde meilleur ? »

Question difficile, n'est-ce pas ?
Eh bien, le temps d'un week-end, la soeur, l'avocat, les anciens amis de Jorg se retrouvent autour de lui, un terroriste de la Fraction Armée Rouge allemande gracié après plus de 20 ans d'emprisonnement.
Ils débattent, s'interrogent, se mettent en colère, pleurent, ironisent, méprisent, réfléchissent, compatissent, tombent amoureux…
Pleins de bonnes intentions, du sens du devoir, de mensonges et de vérités, d'embarras, ils manifestent leur désarroi, comme serait le nôtre, je suppose, devant un ami devenu terroriste et assassin. Cet ami, a-t-il changé ? S'est-il repenti ? Continue-t-il à professer ses convictions ? Comment se positionner à son égard, alors que cet ami lui-même est désemparé et manque de recul face à tout et face à lui-même ?

Ce roman est court, mais chaque phrase compte. Chaque phrase interroge les protagonistes, mais nous interroge également, sûrement sur le terrorisme, mais aussi sur tous les petits actes terroristes du quotidien. Les personnages sont humains, faibles et forts.
La nature est omniprésente et offre son refuge, on se croirait en pleine période du Romantisme à ce point de vue-là : un vieux manoir, une vaste prairie, une sombre forêt, un ruisseau, un banc.
Dans ce cadre idyllique, les gens s'entremêlent, s'entrechoquent, se heurtent. Certains se découvrent des affinités, d'autres sont déçus. Leur passé personnel remonte à la surface, et c'est tout chargés de vie qu'ils se présentent à nous et à Jorg, qui a lui toute une vie à reconquérir…ou pas.

Si vous voulez passer un week-end dans la campagne allemande, mais pas un séjour de zénitude et de paix, plutôt deux jours de questionnements sur l'engagement, la responsabilité, la culpabilité, et de prise de conscience de soi-même, je vous conseille ce roman de Bernhard Schlink.

Bon week-end !
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Jörg sort de prison et sa soeur Christiane l'attend.
Elle l'attend depuis trente ans.
Ancien membre de la Fraction Armée Rouge, Jörg est libéré par grâce présidentielle. Et Christiane a organisé un week end campagnard, une réunion d'amis pour l'entourer et le fêter.
Bonne ou mauvaise idée?

Très vite, le vin d'amitié tourne à l'aigre!
Pour les anciens membres des cellules contestataires, bien calés dans leur vie professionnelle et familiale, c'est une jeunesse qui leur semble étrangère. Des secrets enfouis, des trahisons à comprendre, des comptes à régler. Certains doivent assumer un idéal effiloché, avec tristesse et rancoeurs, d'autres s'opposer fermement à revivre les fantômes du passé.

Jörg est comme une friandise aigre douce à découper en tranches. Tous sont liés à lui par un sentiment d'appartenance: fidélité amicale, amours ambigus, désir de l'aider, de le séduire, de le faire se raconter, de s'expliquer, de lui trouver des projets d'avenir, d'utiliser l'image médiatique forte qui lui colle à la peau et peut-être même d'en faire l'icône de référence d'un nouveau mouvement de contestation. C'est à la mesure de cette vie gâchée que tous vont analyser leurs propres choix.

Ce huis-clos fonctionne parfaitement, avec des personnages finement décortiqués dans une atmosphère tendue et pesante. Des chapitres courts donnent un rythme nerveux et interactif aux échanges, posant des questionnements psychologiques dans de nombreux domaines de reflexion. Chacun retourne à la source de ses rêves et de ses souvenirs. Et quand un treizième s'invite...

Deux jours mélancoliques et pluvieux dans une maison et une campagne qui ne le sont pas moins, sur le thème de l'engagement en lutte armée du terrorisme, de la culpabilité et de la trahison.
Et surtout comment un individu réussit ou pas, à mettre sa vie en adéquation avec son idéal.

Un livre fort, par l'auteur du magnifique "Le liseur"
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Christiane, soeur aimante et inquiète, organise pour son frère Jörg, un week-end de retrouvailles. Elle convie les amis de Jôrg, ce sont aussi les siens ; ils se retrouvent tous dans la propriété de Christiane qu'elle a achetée avec une de ses amies Margarete. Cette maison et ce parc, dont on ne sait pas si ils sont en travaux ou délabrés, ou les deux à la fois est à l'image de ce week-end amical ou les relations se construisent, se détruisent, se reconstruisent... Christiane soeur aimante de Jörg a qui elle semble avoir tout sacrifié sa jeunesse, ses amours, ses rêves est aussi une soeur inquiète, à travers le récit on sait qu'elle le fut toujours pour lui. Et elle l'est encore alors qu'elle va le chercher à sa sortie de prison. Jörg sort de prison après vingt-ans d'incarcération. Jörg est un terroriste gracié et ce week-end est pour sa soeur un début de réinsertion dans la vie, "la vie normale" serait-on tenté d'écrire. Jörg a vieilli, Jörg est un homme déboussolé, fatigué. Est-il un ancien terroriste sous prétexte qu'il n'est plus en activité depuis si longtemps ? A-t-il abdiqué ? Cet homme qui s'est considéré en guerre contre son propre pays, en guerre contre un système, un gouvernement, une vie, a-t-il tourné la page pour finir sa vie retiré dans la solitude sécurisante de la campagne ? Et ses amis ? Sont-ce seulement ses amis ? L'amitié est-elle inoxydable à toutes les dérives ? le temps a fait son oeuvre. Les revendications des uns et des autres se sont diluées dans le courant du quotidien. Ils ont mûri, ils ont grandi, ils ont construit leur vie. Ilse est une petite professeure qui rêve d'écrire, Ulrich est devenu dentiste prothésiste, Karin est devenue évêque, Henner est journaliste. Et puis il y a les "externes", le mari de Karin, la femme et la fille d'Ulrich, Andreas l'avocat de Jörg, Marko le jeune militant et Margarete. Tout ce petit monde, mange, boit, se ment, s'aime, se déteste, s'engueule, pleure, rit, s'affronte. Jörg a été trahi, il a été arrêté, il veut juste savoir qui. Se sont-ils tous trahi ? La trahison s'adresse-t-elle à eux-mêmes ? Marko veut ramener Jörg dans la lutte armée. Peut-on faire un trait sur une lutte idéologique qui vous a tenu lieu de fil conducteur toute votre vie ? Quand la destruction a été votre construction peut-on l'abandonner sans s'effondrer soi-même ? le fils de Jörg s'invite dans ce week-end, c'est lui le doigt accusateur de son père. Il parle de mémoire, de mensonge, de faute, il compare son père à ces anciens nazis que l'amnésie absout.
A une certaine période j'avais des amis qui avaient été dans la mouvance d'extrême-gauche, proches d'Action Directe (j'ai d'ailleurs croisé Rouillan et Ménigon sans que cela me laisse un souvenir impérissable...) j'ai rencontré par l'intermédiaire de ces amis des membres de l'ETA. Ces rencontres m'ont toujours laissée profondément perplexe et parfois affligée.
Bernhard Schlink parle dans son livre, des rêves, des vies rêvées et de la désillusion. de sa belle écriture fine, juste et tellement humaine, il raconte à travers l'histoire d'un pays et d'un week-end l'histoire universelle et éternelle de la quête individuelle vers la vérité et la liberté de chacun.
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Ce roman nous fait entrer dans un huis-clos de trois jours, le temps d'un week-end.

Christiane a organisé des retrouvailles avec de vieux amis, pour la sortie de prison de son frère, Jörg ancien terroriste allemand,de la fraction Armée Rouge. Elle aimerait qu'il revienne en douceur à une vie normale.

Déjà au départ, le bât blesse, dans cette histoire.Comment peut-elle être aussi naïve et penser que ce week-end sera bienfaisant ? Car évidemment, les rancoeurs, les trahisons de chacun vont se révéler et se réveiller, les passions, les jalousies s'attiser.

Il y a surtout, en tout cas pour le lecteur, l'incompréhension: peut-on sans état d'âme sacrifier froidement des victimes innocentes, au nom d'un idéal ?Cette question douloureuse est malheureusement de plus en plus à notre esprit.

Les réactions de chacun sont subtilement analysées, certes, mais j'ai ressenti peu d'empathie pour les protagonistes.Et trop d'informations nous sont données , qui empêchent de se centrer vraiment sur les personnages.

Restent de belles réflexions sur l'amitié, le pardon possible ou pas, la souffrance.Mais mon avis concernant le livre demeure très mitigé.Je n'ai pas adhéré vraiment au propos, et ce week-end m'a semblé long et peu stimulant, voire dérangeant.Mais il faut reconnaitre une qualité à l'auteur: comme dans " Le liseur", il sait pointer le doigt sur ce qui fait mal, dans la société.
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J'ai terminé cette nuit le week-end de Bernard Schlink. Honnêtement, je ne sais quoi en penser. Peut-être est-ce trop tôt et je devrai laisser décanter ma lecture? de cet auteur, le liseur m'avait séduite. Là, je ne sais trop. Je me demande si ce qu'il écrit sur ce terroriste gracié, sorti de prison après 20 ans d'incarcération me touche. Je ne me suis pas senti interpellée. Bizarre. On sent que l'auteur a vécu, a vu et connu beaucoup de choses d'où la richesse de sa plume, c'est indéniable. Mais le propos ? J'ai eu l'impression dans la narration de ces retrouvailles que tout se disait mais que rien ne se réglait. D'où mon malaise de lectrice. J'ai pensé que l'on ne faisait qu'effleurer l'expression des sentiments, c'était superficiel et vite émis. Pourtant...Aucun des personnages mis en scène par Schlink dans ce roman ne m'est sympathique ni attachant. Bon, je devrais peut-être laisser décanter...
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Elle arriva peu avant sept heures. Elle avait pensé rouler plus vite, en ce tout début de matinée, et être là plus tôt. Lorsqu’elle était tombée sur des travaux, puis sur d’autres encore, elle s’était sentie nerveuse.
Est-ce qu’en franchissant le portail il allait la chercher des yeux en vain et commencer, avant toute chose, par être déçu et découragé ? Dans le rétroviseur, le soleil se
levait — elle aurait mieux aimé rouler vers lui que de l’avoir dans le dos, quitte à être éblouie.
Elle se gara là où elle s’était toujours garée et fit le bout de chemin jusqu’au portail aussi lentement que d’habitude. Elle évacuait de sa tête tout ce qui concernait sa vie à elle, et faisait de la place pour lui.
Certes, il avait toujours sa place réservée dans sa tête ; il ne s’écoulait pas une heure sans qu’elle se demandât ce qu’il était en train de faire, comment il pouvait bien aller.
Mais quand elle le retrouvait, il n’y avait plus que lui.
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Tout le monde dormait lorsque Margarete se réveilla. Elle se tourna sur le côté, posa ses pieds sur le sol et s'assit. Elle savait qu'il fallait faire des exercices, prendre les cachets qu'elle avait oubliés avant de s'endormir. Elle regarda par la fenêtre. Le ciel était dégagé, le clair de lune baignait le parc. Il éclairait aussi ses orteils. Elle prit cela comme une invitation à se lever, à descendre les marches et à sortir.
La maison et le village proche étaient dans l'ombre. A pas lents, elle se mit en marche. Mais marcher pieds nus était inhabituel : qu'allaient sentir ses pieds au pas suivant ? Serait-ce du gravier, qui freinerait en picotant, en chatouillant ? Ou une branche sèche qui se briserait avec un craquement? L'allée que préférait Margarete dans le parc était couverte d'herbe, et elle se réjouissait par avance d'en sentir les mèches tendres entre ses orteils. Puis, l'herbe sous ses pas, était encore plus agréable qu'elle ne l'avait imaginé.
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Les femmes connaissent cela. Elles respectent les règles du jeu et n'arrivent à rien, parce que c'est un jeu d'hommes et qu'elles sont des femmes. Certaines se disent qu'elles ne sont donc plus tenues de respecter le règles du jeu. D'autres espèrent que, si elles les respectent scrupuleusement, elles auront tout de même un jour le droit de faire jeu égal avec les hommes.
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"Il vous échoit quelquefois des choses dont on n'avait même pas rêvé. Il n'empêche que la plupart des rêves ne donnent rien. Je suis le plus vieux de vous tous et, moi non plus, je ne connais personne qui ait réalisé ses rêves dans sa vie. Ce n'est pas pour autant que la vie ne vaudrait rien ; la femme peut être adorable, sans être la grande passion, la maison jolie même si elle n'est pas au milieu des arbres, et le métier respectable et rémunérateur, sans pour autant transformer le monde. Tout peut être valable et n'être pourtant pas tel qu'on l'avait rêvé. Ce n'est pas une raison pour être déçus, ni pour forcer les choses.
- Pas une raison pour être déçus ? dit Marko avec une grimace de dédain. Vous voulez tout enjoliver à coups de mensonges ?"
Henner sous la nappe, prit la main de Margarete et la serra. Elle sourit et répondit à sa pression, puis dit :
"Non, pas une raison d'être déçus. Nous vivons en exil. Ce que nous étions et voulions rester et peut-être étions destinés à devenir, nous le perdons. En échange, nous trouvons autre chose. Même quand nous pensons trouver ce que nous cherchions, c'est en vérité quelque chose d'autre."
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Ilse regarda l'heure; il était six heures, et au-dehors le jour ne se levait pas et le ciel sombre semblait dire qu'il pleuvrait encore longtemps. Ilse écarta la table, quitta sa chemise de nuit, ouvrit la fenêtre et tendit à la pluie son visage, ses seins et ses bras. Elle aurait eu envie de quitter la chambre et la maison, de courir nue dans le parc, de sentir l'herbe humide sous ses orteils et les feuilles mouillées des arbustes sur son corps, elle aurait aimé sauter dans le ruisseau et s'y plonger. Elle referma la fenêtre, s'habilla, remit la table en place. Elle ouvrit le cahier, prit son crayon et écrivit
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La petite-fille de Bernhard Schlink et Bernard Lortholary aux éditions Gallimard https://www.lagriffenoire.com/la-petite-fille.html • le liseur de Bernhard Schlink, Bernard Lortholary aux éditions Folio https://www.lagriffenoire.com/le-liseur.html • • • Chinez & découvrez nos livres coups d'coeur dans notre librairie en ligne lagriffenoire.com • Notre chaîne Youtube : Griffenoiretv • Notre Newsletter https://www.lagriffenoire.com/?fond=n... • Vos libraires passionnés, Gérard Collard & Jean-Edgar Casel • • • #lagriffenoire #bookish #bookgeek #bookhoarder #igbooks #bookstagram #instabook #booklover #novel #lire #livres #conseillecture #editionsgallimard #editionsfolio
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