AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,17

sur 2012 notes
Époustouflant, passionnant, immersif, j'ai passé quatre jours incroyables dans ce premier tome de la traversée des temps: Paradis perdus.

Nous suivons ici le jeune Noam dans son village lacustre au temps de la préhistoire. On découvre les us et coutumes de cette communauté avec au centre Noam, Trigor le guérisseur, Panoam son père, Barak l'homme sauvage et Noura, la belle et envoûtante Noura.

On vit ce livre.
Les personnages sont des plus vivants.
Les sentiments nous tiennent en émois.
Les aventures nous remuent de toute part.
On sent le vent, on embrasse les arbres, on voit des femmes réincarnées en mésange.
Il y a beaucoup d'amour dans ce livre, des femmes émouvantes et envoûtantes au service de Noam.

Une grande épopée moderne où l'ennui n'a pas sa place, dévorée de page en page. J'aime les pavés de ce grand auteur. Son écriture est explorée et affinée à la perfection. EES a le sens des détails, et surtout ici il s'attache à camper des personnages qui se dressent devant vous et vous en jettent pleins les yeux.

Un grand moment !

NB : 4 étoiles car il sera difficile de détrôner dans mon coeur l'éponyme l'incroyable roman : La part de l'autre.
Commenter  J’apprécie          14417
Avec ce premier tome d'une série de huit, Eric-Emmanuel Schmitt entreprend la narration de l'histoire du monde au travers des yeux d'un immortel. Noam est né il y a 8000 ans, en cette période néolithique, à la fin de l'ère glaciaire, où, de plus en plus sédentarisés en groupes organisés, les hommes commencent à développer élevage, agriculture et techniques. Partagé entre l'ancienne liberté du chasseur-cueilleur dans une nature intacte, et le nouveau confort assortis d'obligations sociales au sein de son village, le jeune homme s'éprend de la belle Noura et finit par endosser le rôle de chef de sa petite communauté, lorsque le Déluge les emporte, lui et les siens, dans une migration de la dernière chance. Cet événement, qui deviendra bientôt mythique, scelle par ailleurs le destin de Noam qui, privé de son statut de mortel, se retrouve à traverser les époques…


Eric-Emmanuel Schmitt est d'abord un excellent conteur, et c'est avec grand plaisir qu'on se laisse emporter par le souffle romanesque du récit et par ses rebondissements sans temps morts, servis par une plume parfaitement maîtrisée. Là n'est toutefois pas l'intérêt premier du roman, les aventures de Noam n'étant qu'habile prétexte à un questionnement de notre modernité au travers d'une relecture de l'histoire du monde et de nos récits fondateurs. Fort de ses connaissances historiques, philosophiques et littéraires, l'écrivain se lance ainsi dans une composition aussi éblouissante qu'amusante, où se croisent en permanence, de la manière la plus vivante qui soit, les références aux grands courants de pensée de tous les temps, des grands mythes aux religions, des philosophes antiques aux modernes. le résultat réjouit autant qu'il impressionne par la pertinence et la clarté de ses réflexions qui font mouche à tout coup. S'y dévoile une vision de l'humanité pleine d'intelligence et de vérité qui ne cesse d'interpeller le lecteur, admiratif tant de la justesse du propos que de la divertissante manière dont il est amené.


Bien plus qu'une très plaisante saga romanesque, Paradis perdus entame une fascinante mise en perspective de la situation du monde contemporain, au travers d'une relecture de l'histoire et des textes fondateurs de l'humanité. C'est avec la plus apparente simplicité que la plume exercée de l'auteur conjugue l'excellence du fond et de la forme, nous offrant une lecture éblouissante qui a toutes les chances de devenir incontournable. Au-delà du coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          1372
♫Je déambule morose
Le crépuscule est grandiose.
Mais…
Peut-être un beau jour
Voudras-tu
Retrouver avec moi
Les paradis perdus♫
- Christophe - 1973 -
---♪----♫----🕊--😇--🕊----♫----♪---
"Recommencer...L'idée afflige. Quand on recommence, la mélancolie freine l'allégresse: on pense davantage à ce qui nous manque qu'à ce que l'on crée.
Tandis que, lorsqu'on commence, on s'élance." p.528
J'ai ouvert "La boîte noire"
Y a pas si longtemps
Un bord de mer au fond de la Mer Noire
Moins sept mille huit cents ans
Coquillages crustacés pétrifiés
Méthode Carbone 14
Aussi, revenir Au commencement
Dans ma veste de soir ose
C'est pour apprendre où je vais
Que je marche avec Ce livre entre les mains
A chacun sa Vérité
Je l'ai entendue en errant sur mes Chemins
♫Avec l'expression de mes sentiments distingués♫
Avant l'écriture, les génies écrivaient sur le vent
Mais ça ......c'était à vent
Commenter  J’apprécie          1152
Un roman qui m'a déçue malgré ses qualités.

J'avais beaucoup d'attentes, au vu de critiques élogieuses et parce que c'est un auteur sympathique dont j'ai apprécié plusieurs oeuvres.

J'ai été déçue pour plusieurs raisons. Je croyais avoir en main un roman historique. Mais, d'entrée de jeu, on s'aperçoit qu'on est dans le fantastique plutôt que dans l'histoire. le héros qui est aussi le narrateur qui écrit son histoire est un immortel qui ne vieillit pas. Il raconte les débuts de sa vie au bord d'un lac avec sa tribu dans la région de la mer Noire. Régulièrement, on ramène le fantastique, avec des visions et des rêves prémonitoires.

Un autre détail qui ne m'a pas plu, c'est que, encore une fois, c'est l'histoire d'une famille de chef. C'est celui qui dirige, qui est privilégié et qui voit le monde à travers son oeil de privilégié. (Un exemple, il parle de la propreté, du bain remplacé par les parfums à la Renaissance. Si c'est vrai pour les nobles « poudrés » des salons, je ne suis pas sûre que le petit peuple avait droit à une si grande quantité de parfum…). de plus, son héroïne, la belle Noura, se distingue d'abord par sa quantité de robes et de chaussures. Quel beau cliché!

Aussi, j'aime quand un roman nous fait sentir les choses, nous oblige à voir autrement, par les émotions et les rebondissements de l'intrigue plutôt que par des « sermons » du personnage (de l'auteur…) qui compare les époques et porte des jugements de valeur. Pour moi, lorsqu'on s'arrête pour me dire « voilà, c'est ça que tu dois comprendre », ça m'agace et me sort du roman. Est-ce que l'auteur veut écrire un essai ou raconter une histoire, il faut choisir.

Ceci dit, c'est quand même une lecture agréable, l'écriture de EE Schmitt est toujours maîtrisée, de jolies phrases, de belles pensées et de grands sentiments, des amours éternelles et romantiques ainsi que des relations familiales complexes.

À vous de voir si un mélange romantico-fantastico-historique vous attire…
Commenter  J’apprécie          1089
Quelle drôle d'idée de vouloir raconter l'histoire de l'humanité : projet titanesque, un brin casse-gueule aussi, tant les risques de sombrer dans le Grand-Guignol sont grands.
Il faut être fou, talentueux, endurant, bravache et avoir l'espoir chevillé au corps pour se lancer dans pareille aventure.
Je viens d'achever le premier tome de « La traversée des temps », et je sais désormais que Eric-Emmanuel Schmitt est bien autre chose qu'un vieux briscard de la littérature francophone (ce qui est déjà beaucoup, vous en conviendrez). C'est un écrivain. Un Vrai.
Il est du moins un écrivain comme je les aime : capable, à partir d'un rien, de faire lever le souffle de l'épopée ; capable de nous embarquer dans une histoire invraisemblable et de nous y faire croire ; par son étourdissante faconde, par sa générosité, nous faire aimer tous les personnages de ce récit, y compris les plus sombres, avec leurs souffrances, leurs blessures et leur insupportable vanité.
Eric-Emmanuel Schmit est aussi et surtout un homme d'une grande élégance. Il sait parler de choses profondes, qui dérangent, qui divisent, sans se montrer présomptueux, et montrer du doigt l'éternel et commode bouc-émissaire. Il garde toujours intact sa bienveillance et son amour pour autrui. Comme cette tolérance enjouée fait du bien dans cette période bouffie de haine qui s'enivre de formules péremptoires et de propos fielleux.
Avec lui, je parviendrai presque à croire de nouveau en l'avenir de l'humanité. Car, n'en doutons pas, son Grand-Oeuvre, son Graal, ne parle que de cela. Et si notre héros, Noam, qui a la mémoire des siècles, se décide à coucher, avec urgence, avec frénésie, ses innombrables vies sur le papier, c'est parce qu'il voit l'homme courir gaiement et avec arrogance vers sa propre perte.
Noam commence son long récit en racontant son paradis perdu emporté par les flots du grand déluge. Un monde où les hommes vivaient en harmonie avec la nature et étaient suffisamment polyvalents pour se suffire à eux-mêmes. Il nous parle avec humour de la naissance des mythes, et ne parvient pas à oublier, malgré le temps, Noura, son grand amour. Parfois, il croit d'ailleurs l'apercevoir à travers une silhouette ou un regard fugace, et son coeur s'emballe comme aux tous premiers jours.
Noam va-t-il gagner son combat contre la folie autodestructrice des hommes ? À suivre…
Un début en fanfare pour cette impressionnante saga.
Commenter  J’apprécie          1018
Ce roman est une folle entreprise.

Imaginez ! Racontez l'histoire du monde en huit tomes à travers les yeux d'un immortel … Il n'y a bien que Monsieur Schmidt pour se lancer dans une telle odyssée !

Ce roman est la première pierre d'un projet pharaonique qui tient à coeur à l'auteur depuis des années et qu'il préparait avec amour depuis longtemps.

Pour lancer son grand oeuvre, il nous amène à la rencontre de Noam, qui semble se réveiller d'un long sommeil, dans une grotte, de nos jours. Que fait-il là ? Où va-t-il ? En quel état erre-t-il ?

Noam est né il y a 8000 ans et ce premier tome nous entraîne à sa suite dans « dans un pays de ruisseaux et de rivière, au bord d'un lac, devenu une mer », ce fameux paradis terrestre, où sa folle destinée viendra à sa rencontre sous les traites d'une femme, la femme qui hantera ses jours et ses nuits, qui le révélera à son destin hors du commun, la mystérieuse Noura …

Erudit et passionnant, un roman à l'orée de l'humanité et des genres. Un roman comme une machine à remonter le temps qui vient illuminer le présent, lorsqu'hier explique aujourd'hui. Un roman pour remonter les courants, les idées, les concepts, dans tant de domaines qu'il donne le vertige. Remonter aux origines, celles du Savoir, cette connaissance de l'Homme que chérit Eric-Emmanuel Schmitt et qui nous pousse à tourner chaque page comme un album de famille, celle de notre humanité, Noam devenant notre ancêtre à tous.

Parlons également de cette superbe couverture qui donne tout de suite envie de plonger dans cette saga folle, qui une fois terminée, dans quelques années, fera du plus bel sur nos rayonnages.

Je ne peux que vous conseiller à vous lancer, à votre tour, sur les traces de Noam, pour profiter pleinement d'un ouvrage qui véritablement, vous offrira un « déluge » d'émotions, de sensations, de réflexions et d'aventures. Un ouvrage qui redonne vie aux paradis perdus et à l'Homme dans ce qu'il fut pour devenir …

J'attends le second tome avec impatience, foi de Juju …

Lien : https://labibliothequedejuju..
Commenter  J’apprécie          1004
Puisque M. Schmitt parvient à me faire fondre par ses romans de quatre-vingt pages avec des sentiments compactés comme des compressions de César, comment pourrais-je ne pas me liquéfier devant « La traversée des temps », huit ouvrages d'à priori cinq cents pages où
M. Schmitt décide de réécrire l'histoire de l'humanité et propose de faire table rase de nos connaissances et de nos suffisances, de nos croyances et de nos évidences, de nos erreurs et de nos peurs pour recréer avec des yeux neufs un monde vierge où tout peut et doit éclore ?

Croyez-moi, je reviens de loin, de très loin.
De Paradis perdus à perdu au paradis, il n'y a qu'un pas que les quelques centaines de lignes de cet enchanteur m'ont fait allègrement franchir seulement en appuyant sur le bouton « néolithique » de l'ascenseur tempo-émotionnel de Noam et de ses proches.
Je fus immédiatement embarqué, captivé, séduit, bien que mon paradis livresque se soit rapidement évanoui par l'enfer qu'ils vécurent sur cette terre…
« Même une invraisemblance vraisemblable, si elle servait le conte, valait mieux qu'une vérité vraie qui le gâchait. »

Noé, Noa, Noam, avant lui la grâce, après lui le déluge, la perte de nos âmes…
Ce livre est un roman mais aussi une fable, un conte philosophique, un rêve, une réalité, un cauchemar, un fantasme, une évidence.
Réveille-toi avant qu'il ne soit trop tard ! M. Schmitt ne refait pas l'histoire, ni la genèse.
Il tente d'expliquer l'Homme et son attitude, son courage, son avidité, sa cruauté, sa lâcheté, sa cupidité, ses sentiments, ses peines et ses espoirs ce qui le conduira à…Nous !

A ce que nous sommes aujourd'hui : « Maître et possesseur de la nature » ? Cette pensée de Descartes définissant l'homme moderne, extirpé de la nature, comme celui qui la domine, la contraint, l'exploite, oui, cette outrecuidance fait rire par sa sotte démesure.

Ce premier tome aborde tous les sujets avec la même clairvoyance, qu'il s'agisse de l'immigration, de l'environnement, du climat, du nomadisme comme de la sédentarisation, de l'affection comme de l'amertume, de l'amour comme de la mort et ce, avec une verve qui ne se dément pas d'une phrase.
« Par la qualité de son verbe et de son regard, il transformait tout lieu en décor, toute situation en scène, tout évènement en aventure, tout récit en suspense. Qualité suprême, il parvenait à rehausser chaque personne en personnage ; il m'attacha à des êtres que je n'avais jamais vus, que je ne fréquenterais pas, dont je me réjouissais d'apprendre le bonheur, dont je pleurais de découvrir le trépas. »

J'ai apprécié dévaler ces années où l'Homme est malaxé, modelé, broyé par les éléments comme une glaise vivante puis j'ai savouré le voir prendre racine, se blottir dans le coeur de sa terre pour toujours. Sa terre qu'il épuisera pourtant de ses ressources comme le vautour ses carcasses.
« Pour le poète, c'est l'or qui a changé le genre humain. Pour le moraliste, c'est l'argent. Pour l'historien, c'est le bronze. »

C'est extrêmement difficile de faire un résumé d'un tel ouvrage foisonnant du bourdonnement de la vie qui débute et qui ne s'arrêtera que lorsque l'on aura été trop loin, trop mal.
Chacun vit dans son époque et doit s'y complaire ou souffrir. Noam les traversera toutes.
Vivement le prochain tome !
Commenter  J’apprécie          6616
Et Christophe chantait :
« Peut-être un beau jour voudras-tu
Retrouver avec moi
Les paradis perdus »


Mais ce sera sans moi, qu'Éric Emmanuel Schmitt continuera « La traversée du temps. »


Déjà j'étais resté sur ma faim, avec son dernier livre, un peu ampoulé « Journal d'un amour perdu ». J'avais trouvé son style trop théâtral et j'étais resté à l'écart de la propre histoire de l'auteur, qui m'avait même parfois exaspéré.
Je partais donc avec un handicap.


Son nouveau roman, qui va se composer en plusieurs tomes, me parait bien ambitieux, pour avoir lu le premier tome, que j'ai trouvé fade et sans émotion.
Moi qui pensais lire une belle et flamboyante saga, comme celles écrites par une Leïla Slimani ou une Viktor Lazlo, avec un vrai fond historique, je suis donc bien déçu !

Bien sûr, il est indéniable qu'Éric Emmanuel Schmitt est un immense auteur, qui excelle par son style, par sa sensibilité et sa poésie, à raconter des belles histoires. Il y a même dans ce livre, de belles réflexions philosophiques.
Mais là je me suis complètement perdu dans le paradis de l'auteur.


Parce que je ne me suis jamais senti dans le contexte d'une époque de la préhistoire. le récit contient trop peu de description pour m'y amener. Et puis il y a surtout cet énorme anachronisme dérangeant, les préoccupations et les questions existentielles des personnages de la préhistoire m'ayant semblées vraiment trop poches de notre époque actuelle.
Invraisemblable où l'auteur ira prêter des sentiments de féministe d'avant-garde à la jolie Noura, aux yeux émeraude, qui ressemble plus à une poupée Barbie, qu'à une femme de Cro-Magnon.


Nous sommes au néolithique et voilà ce qu'écrit l'auteur :
- « Lavé, parfumé, coiffé, vêtu de frais, je descendis et me présentai chez elle en cognant au montant.
Noura, superbe, laiteuse de peau, sombre de cheveux, habillée d'une robe vaporeuse à la limite de la transparence (..) »

Je n'y crois plus, je nage en plein Heroic Fantasy !...


C'est confus, presque risible et tout ce méli-mélo fait perdre toute crédibilité historique au roman. Nous sommes donc très loin d'un Yuval Noah Harari avec « Sapiens Une brève histoire de l'humanité. »
De plus, l'histoire de Noam m'a parue semée d'invraisemblances et un bien mièvre. Nous sommes donc aussi loin d'Alexandre Dumas. Deux personnalités citées en référence dans la quatrième couverture, un peu trop élogieuse, à mon avis.


Je n'ai pas pu m'attacher à aucun des personnages qui ne sont décrits que superficiellement.
Une histoire trop anecdotique avec de drôles de gens. Comme ce chef de village, vaniteux, méchant, traitre, envieux et homme déloyal envers toute sa famille. Et qu'aurait dû avoir un minimum d'instinct de protection envers sa femme et ses enfants, à cette époque aussi reculée, aussi « primaire. »
On y rencontre aussi un oncle surgit de nulle part, l'homme qui tombe à pic, qui en exemple, après s'être préalablement parfumé, amènera son neveu au bordel de 25000 ans avant J.C, chez une chasseresse, genre amazone et maquerelle de surcroît.
Une histoire à dormir debout !
Etrange mariage aussi où les femmes exécutent des « youyous » et où les invités font des agapes et dansent sur de la musique. Peut-être sur celle de « La danse des Vegavis iaai », ancêtres des canards.


Même Noam qui est au centre de cette histoire, n'a aucune profondeur. Je l'ai ressenti trop crédule, trop docile, trop manipulé par toutes les femmes de sa tribu.
Un Noam sans grand caractère…Je pars, je reviens, je m'exile à nouveau, je reviens au village… Tout ceci donne le tournis et une inconsistance à l'histoire.
Un Noam qui me fut immature et antipathique par ses attitudes détachées et très égoïstes face à certains évènements. Un Noam aussi beau menteur parfois.


Un Noam qui va devenir un Noé.
Éric Emmanuel Schmitt nous réécrit donc sa propre version du vieux mythe du Déluge et de l'Arche.
Nous sommes passés sans transition, du monde romanesque de l'homme préhistorique et de sa théorie de l'Evolutionnisme, au monde biblique, celui de la théorie du Créationnisme.

C'est à ce moment que j'ai eu la sensation, que même le roman prenait l'eau…


Longs soupirs…


J'ai donc refermé le livre, j'étais encore sur la terre ferme.
J'ai vu au loin ces maisons de bois qui flottaient sur les eaux, emportant tous ces personnages bizarres vers d'autres aventures.
Et là-haut, dans les gros nuages gris remplis de pluie et du chagrin des hommes, Éric Morena chantait :
-« Oh mon bateau.. !
Qui vogue sur les flots… !
Oh oh oh !»

Commenter  J’apprécie          5618
Le projet d'Eric-Emmanuel Schmitt d'écrire en huit tomes l'histoire de l'humanité est une idée que je trouve absolument formidable.
Le premier tome « Paradis perdus » plante le décor en commençant son récit, il y a 8 000 ans, à la fin du néolithique et s'achève à l'épisode du déluge.

*
Voyant que le monde actuel est au bord de l'asphyxie, Noam, un jeune homme devenu immortel, entreprend d'écrire son histoire. Elle commence il y a plusieurs milliers d'années, à sa naissance, dans un petit village au bord d'un immense lac.
L'écriture d'Eric-Emmanuel Schmitt réussit à nous décrire la beauté des paysages qui évoque l'image d'un paradis perdu. La nature préservée, intact, se montre généreuse.

« Je suis né il y a plusieurs milliers d'années, dans un pays de ruisseaux et de rivières, au bord d'un lac devenu une mer. »

*
La lecture est incroyablement immersive.
Dès les tout premiers chapitres, j'ai été totalement embarquée par le récit, comme si j'effectuais un voyage dans le temps. L'intrigue est prenante, et les multiples rebondissements totalement inattendus rendent le récit prenant.
L'auteur dresse le portrait d'une époque où la nature est encore souveraine. C'est aussi une période charnière où les hommes, après avoir été des chasseurs-cueilleurs, commencent à se regrouper dans des villages et pratiquent l'agriculture et l'élevage. On sent que l'auteur s'est particulièrement bien documenté mais cela n'entrave en rien l'intrigue.

*
J'ai tout de suite été séduite par l'écriture d'Eric-Emmanuel Schmitt.
Elle est si fluide, riche, et imagée que le texte est très agréable à lire. Les pages défilent sans que l'on s'en rende compte. J'ai même eu l'impression de les accompagner dans leur vie simple, laborieuse, bien que périlleuse.

L'auteur tisse, à partir de morceaux de vie de chaque protagoniste, un tableau saisissant de ces temps préhistoriques. On apprend beaucoup sur le mode de vie des hommes de la Préhistoire, leurs habitudes alimentaires, leurs connaissances des plantes, le développement des techniques, la place de la religion, l'apparition des premiers rites funéraires.

Dans une alternance de points de vue, l'auteur explore des questions philosophiques, en particulier la place des hommes dans la nature, la complexité de la nature humaine, sa grandeur, ses petitesses.
Il est aussi question d'amour, de mort et de deuil.

« En m'apercevant dans ses yeux, je m'étais vu beau. Fugitivement. »
« Quand tu aimes, tu ne cesses jamais d'aimer. L'amour se transforme, il ne part pas. »
« Quel que soit l'âge auquel on apprend la mort de ses parents, ce jour-là tue l'enfant. Devenir orphelin, c'est devenir veuf de son enfance. »

*
Les personnages sont magnifiquement bien dessinés. En particulier, les émotions et les sentiments humains rendent les protagonistes très attachants, malgré leurs travers.

Le récit est particulièrement captivant du fait de son personnage principal, Noam. Par son immortalité, il pose un regard contemporain et sage sur les époques qu'il traverse.

« le bonheur, ça se décrète avant de se vivre. »

Mais autour de Noam, gravitent des personnages tout aussi captivants :
Panoam le père, Elena la majestueuse mère, Barak le colosse au coeur tendre, l'imprévisible et effrontée Noura, l'impénétrable Derek.
Mais le plus intéressant est sans aucun doute le guérisseur Tibor. Sage, réfléchi, à l'écoute de la nature et de ses mystères, il aime partager et transmettre ses connaissances sur les vertus curatives des plantes.

« Sage éminent, subtil magicien, habile connaisseur des puissances spirituelles, Tibor m'enseignait que des Esprits se tapissaient dans chaque arbre, dans chaque pierre, dans chaque plante, et qu'ils nous secouraient si nous les comprenions. Il m'apprenait à déchiffrer l'univers. »

*
Le défi entrepris par Eric-Emmanuel Schmitt de réécrire l'histoire sous forme romanesque a été largement relevé. La superbe plume de l'auteur a réussi à m'immerger dans cette époque, à me faire ressentir sa beauté, sa rudesse. J'ai aimé vivre ces quelques jours avec Noam et sa famille.

C'est un grand plaisir que je lirai la suite des aventures de Noam qui nous emmène dans le tome 2 à l'époque où la civilisation mésopotamienne est florissante.

***
Merci Pancrace pour ta critique qui m'a donné envie d'aller vers ce roman.
Commenter  J’apprécie          5436
Chères et chers Babelionautes, quelle épopée !!!! Je m'étais un peu éloignée de Monsieur SCHMITT car mes dernières lectures ne m'avaient pas enthousiasmé... et puis la couverture attira mon regard... alors là, j'ai plongé direct dans l'aventure avec Noam !!!! un jeune homme, ce héros qui va nous narrer l'aventure de l'humanité à travers son immortalité, il nous embarque lui et sa famille dans le jardin d'Eden, découvrir des villages et des familles, puis nous traverserons sur des maisons flottantes le Déluge...

le style est là de nouveau, incroyablement fluide ! les caractères des personnages bien sentis, les descriptions sont limpides, la nature est belle les hommes cueilleurs pêcheurs sont bien en route pour leurs aventures, les rebondissements fonctionnent à merveille !...un roman que je lis comme je lisais à un "cape et d'épées" d'Alexandre Dumas à quinze ans..

si vous voulez éviter tous les sujets plombants voire glauques et l'actualité, plongez-vous dans ce paradis -ci , sans modération ! Un roman qui témoigne de la formidable curiosité que Mr SHMITT a pour les mystères de la vie, les sciences, l'histoire... et de son érudition sans pédanterie...il écrit et communique toujours avec passion et transmettra à merveille sa vision du monde dans ce qui va être "l'oeuvre magistrale de sa vie" d'écrivain !

Vivement le tome 2...affaire à suivre !
Commenter  J’apprécie          5413




Lecteurs (4862) Voir plus



Quiz Voir plus

la vie rêvée d'Hitler...

Par quoi commence le récit et la vie d'Adolf H.?

par sa réussite au concours d’entrée à l’Ecole des Beaux-Arts de Vienne.
par son mariage avec Sarah
par son coming out

9 questions
453 lecteurs ont répondu
Thème : La Part de l'autre de Eric-Emmanuel SchmittCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..