Théâtre, tome 1 : La Nuit de Valognes - Le Visiteur - Le Ballon - L'Ecole du diable

J'ai particulièrement apprécié les deux premières pièces, l'une sur Dom Juan, l'autre sur Freud. C'est un des auteurs que j'aime beaucoup: les thèmes, s'ils ne sont pas neufs, sont abordés par un biais original, les formes sont variées, les personnages et les répliques toujours piquants. Je n'ai jamais trouvé que l'histoire était trop prévisible, et si parfois elle l'était on peut sans problème lire cet auteur pour son maniement de la langue. On est toujours gagnant.

Je connaissais Eric-Emmanuel Schmitt avant de lire cet ouvrage grâce à son livre La part de l'autre, mais en voyant en occasion ce livre qui présentait des nouvelles je n'ai presque pas hésité à le prendre, et malgré le temps très long qui est passé, je le lis enfin. Je l'ai fait pour une culture générale du théâtre, mais j'avoue en avoir trouvé plus que je ne pensais.

Le livre contient quatre pièces, chacune dans son style et qui présentent d'autres facettes de l'écrivain. La première, La nuit de Valognes, s'attache à Don Juan et son procès par des femmes qu'il a aimés et délaissé comme à son habitude. J'aime énormément le personnage de Don Juan et j'avoue que la profondeur qu'il lui confère est pas mal trouvé, c'est une belle continuité de la pièce que j'ai lue de Molière.

La seconde, le visiteur, reprend le personnage de Freud et le questionnement sur la foi. C'est pas mal, même si j'ai trouvé qu'il y va avec des sabots un peu gros (pour moi), même si je ne suis pas foncièrement opposé à ce qu'il y dit. J'ai l'impression aussi de lire en un sens plusieurs idées qu'il développera ensuite dans La part de l'autre. Mais la pièce est plaisante.

Le Baillon est un unique monologue, plutôt pas mal, qui a moins de portée philosophique, mais nous compte plutôt une super belle histoire, simplement.

Enfin, L'école du diable, une pièce qui exploite un diable déprimé et permet d'exposer un point de vue sur des écoles de pensées actuelles. Ça ressemble un peu à un règlement de compte parfois, mais le propos est ici bien plus léger que dans les autres pièces.

En général, j'ai aimé sans aller jusqu'à dire que c'est extraordinaire. La première pièce reste pour moi la meilleure mais toutes sont bien. Eric-Emmanuel Schmitt a une belle plume pour le théâtre et j'aimerai bien voir ce que cela donne sur scène. Si vous aimez le théâtre et la philosophie, ne vous privez pas de ce recueil sympathique et qui vous fournira de quoi réfléchir et travailler.

Théâtre٭ regroupe quatre pièces écrite par Éric-Emmanuel Schmitt au cours des années 1990 : La Nuit de Valognes, le Visiteur, le Bâillon et L'École du Diable. Les deux premières sont les plus connues et les plus marquantes. La seconde, en particulier, mêle habilement l'histoire et la réflexion philosophique. Elle semble ainsi la version la plus aboutie de ce que le dramaturge franco-belge affirme proposer dans ces textes pour le théâtre, à savoir essayer « de réfléchir dramatiquement la condition humaine ».

Mais cette volonté rend parfois son écriture pesante, à l'image du monologue le Bâillon où trop de clichés s'accumulent. Ce qui rend cependant particulièrement intéressantes les pièces d'Éric-Emmanuel Schmitt, c'est son style incisif, son sens de la formule, comme dans L'École du Diable. Dans ce bref texte à l'intrigue assez anecdotique, son sens de l'ironie fait merveille.

Le rassemblement de ces différentes pièces donne un recueil inégal mais indéniablement intéressant, qui donne un bon aperçu de l'écriture théâtrale de cet auteur.

Ce recueil de théâtre est très étrange. Il commence avec un avatar splendide de Dom Juan, La nuit de Valogne. Mais la pièce suivante - le visiteur - est un mauvais croquis où l'auteur reprend à nouveau le portrait de Dieu ( à croire qu'il ne s'en lassera jamais ! ) et l'appuie du personnage de Freud dessiné avec maladresse ainsi que du contexte de la seconde guerre mondiale qui devient un second plan mélodramatique. Les deux dernières pièces au format nouvelle sont pertinentes mais là encore je ne saisit pas le choix d'association du recueil et j'ai grande peine à lui mettre une note tellement mes avis divergent d'une pièce à l'autre. Je vous propose de vous laissez vous étonnez mais ne vous attendez à rien de trop époustouflant !