Je l'avoue.
J'ai abandonné ce livre au tiers de ses 250 pages.
Et pourtant ...
Anatole France, comme romain Rolland, Jules Romains ou Stefan Zweig, est un de ces auteurs dont la pensée forme l'armature de notre Littérature et la conscience de leur époque.
C'est un de ces auteurs que l'on aime rencontrer, un de ces auteurs qui donnent plus qu'ils n'ont emprunté à l'intelligence, au style et à la réflexion .
Paru en 1934, "Anatole France, critique de son temps" fait suite à "La jeunesse d'Anatole France".
Mais, sans gêne aucune, les deux ouvrages peuvent se lire indépendamment l'un de l'autre.
Le propos d'Ernest Seillières (non, pas celui-ci, l'autre qui est son grand-père) est d'examiner l'homme, l'écrivain dans la seconde partie de sa vie et de sa carrière.
Le passage se fait au moment de la publication de "La rôtisserie de la reine Pédauque".
Anatole France a beaucoup plus produit entre 50 et 80 qu'entre 20 et 50 ans.
En 1893, ses parents disparus, son divorce prononcé, "il est rendu à lui-même, évadé de toute gêne morale mais marqué d'un pli d'amertume qui ne s'effacera plus".
Il est rendu à ce goût de l'anarchie qui veille au plus profond de son être ...
Ce livre est plus qu'une biographie.
Il s'appuie principalement sur le travail de Léon Carias dont Ernest Seillière dit qu'il peut être regardé comme l'historien officiel du maître.
Ce livre est un éclairage de l'oeuvre d'Anatole France.
Il est dense, riche et instruit.
Mais il est difficile d'accès, très difficile d'accès.
Il est écrit d'une manière magistrale.
Ernest Seillière y fait preuve d'une érudition impressionnante et d'une finesse d'analyse étourdissante.
Je l'avoue.
J'ai abandonné ce livre au tiers de ses 250 pages.
Mais je l'ai posé là où il peut se rappeler à moi et, au premier feu de cheminée venu, je le reprendrai ...
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En 1912, Anatole France donnait au public un roman sur la terreur, "Les Dieux ont soif", qui est assurément une oeuvre de premier ordre.
Jaurès en a pu dire qu'elle était "un miroir terrible où toute la hauteur du rêve humain se renverse et se creuse en abîme !" ...
La France n'a-t-elle pas à craindre les menaces du dehors, à prévoir des dangers de tout ordre ?
La volonté d'une seule nation fait-elle la paix du monde ?
Les États-Unis eux-mêmes deviennent guerriers.
Roosevelt professe qu'il n'y a de bon que les coups, qu'on est sur terre pour s'exterminer les uns les autres !
Ceux qui vous diront le contraire sont des gens immoraux.
Méfiez-vous des hommes qui pensent !
La pensée amollit.
C'est un vice français ...
Oui, l'augmentation de l'expérience sociale d'ensemble accroît la connaissance de l'Homme : sa synthèse s'appelle la raison, et aussi la morale.
Voilà l'objet et l'utilité de l'Histoire qui est en quelque sorte l'archive de l'expérience humaine dans ses perspectives les plus vastes ...