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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Livre noir, fataliste, mais avec une étrange douceur, comme celle des créatures mi-humaines mi-porcines, les "motos", qui peuplent la contrée décrite dans la partie future du livre.

Le talent de Will Self est indéniable pour conter cette double histoire, mi-drame sociale urbain, mi-fable rétro-futuriste (bien que la possibilité d'un futur hautement technologique, "cornucopien", apparait aujourd'hui comme beaucoup plus improbable qu'à l'âge d'or de la SF XXème siècle...). La partie actuelle du livre est beaucoup plus nuancée que le résumé ne le laisse paraitre.

Certes, Dave Rudman n'est pas le gendre idéal, mais de là à le qualifier de "pire des hommes", il y a un gouffre. Pour la vraie caricature du chauffeur de taxi raciste et sans complexe, voyez plutôt du côté de la file des voitures à l'aéroport de Marignane, vous serez mieux servis...

Etonnants, tous ces commentaires négatifs sur l'écriture; fluide, sachant sauter d'un registre à l'autre, sans fioritures, et ultra-réaliste quant à sa version d'un futur plongé dans l'ignorance du Livre Unique, un sabir SMSesque, dont il faut un chapitre pour s'y habituer pleinement (quelques lignes si l'on a moins de 30 ans...).

Les chapitres alternent entre les deux époques, elles-mêmes suivant des épisodes sans chronologie linéaire, mais parfaitement agencés pour le développement de l'histoire et des personnages. La partie contemporaine fait froid dans le dos, au point peut-être de rendre à l'anti-héros Dave un caractère attachant, sans pour autant essayer de justifier sa misanthropie. le personnage de Michelle, qui dans le futur est synonyme de mal, est un peu excessif à mon goût, rendant soluble dans n'importe quel liquide la misogynie, surtout au vue de sa terrifiante omniprésence dans ce futur imaginé.

Habile, car malgré une charge sous-jacente contre les dogmes religieux, la xénophobie et le patriarcat, ce livre ne verse jamais dans le moralisme niais ou dans le manichéisme, mais tend plutôt vers une résignation aux radicalismes de tout bord, nous menant quoi qu'il arrive vers notre perte, avec comme seul échappatoire, l'amour, pour ceux qui peuvent se le permettre.
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Se mérite. À partir de la quatre centième page, ça devient bon. J'ai cru arrêter 10 fois mais je ne regrette pas d'avoir persisté. Vraiment impressionnant. On comprend peu à peu comment tous les rites et croyances du peuple qui nous est décrit prennent leur source dans le quotidien d'un chauffeur de taxi sans grand intérêt. La mise en relation entre cette religion du futur plutôt belle et émouvante et l'existence médiocrissime qui l'a inspirée est extrêmement perturbante.
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Quatre longues années que j'attendais la traduction du "Livre de Dave", roman qualifié de chef-d'oeuvre par les uns, ou tout au moins considéré comme le meilleur de Will Self par les autres...
Au départ, j'avoue avoir été un peu effrayée. Je le savais, pourtant, que Will Self est un écrivain atypique, surprenant. Il n'empêche, les premières pages de son roman m'ont désarçonnée.

Il nous plonge dans un monde imaginaire, plus précisément sur l'île de Ham, où les habitants -les Hamsters, donc!-, pratique un étrange mode de vie et parlent un galimatias inspiré d'argot, coloré de termes dont l'auteur a détourné le sens (le bacon désigne un cochon, le baveux un avocat, par exemple...) ou bien qu'il a carrément inventés (l'oignon devient un bulbapleur, la pierre tombale une stélaroue...). Les "papas" (comprenez "les hommes") et les "mamans" (les femmes) vivent séparément, et leurs enfants, au nom de l'Alternance préconisée par Dave, qui semble être la divinité dont émanent les préceptes régissant l'existence de ce peuple étrange, vivent tour à tour chez les uns puis chez les autres.
Ensuite, nous nous retrouvons à Londres, de nos jours, où Dave, un chauffeur de taxi, est sur la mauvaise pente depuis que sa femme l'a quitté, emmenant avec elle Carl, leur petit garçon. Dave est un individu qui de prime abord se révèle peu attachant : xénophobe, coléreux, parfois violent... on le sent aussi complètement paumé.
Tout le roman est une alternance de ces deux histoires, dont on comprend peu à peu, de correspondances en points communs, le lien qui les unit.

Will Self est un auteur exigeant, dont la lecture n'est pas toujours confortable, mais à l'issue de laquelle la récompense est immense. Il réinvente des références, vous donne le sentiment de n'avoir jamais rien lu de semblable auparavant, et, chose que que je considère personnellement comme étant l'une de ses plus grandes qualités, c'est un auteur prodigieusement réjouissant ! Avec l'insolence spirituelle d'un iconoclaste qui semble ne jamais se prendre au sérieux, il fait voler en éclats (de rire) les fondements de notre société consumériste, intolérante et trépidante, fustige l'obscurantisme religieux, déplore la misère intellectuelle de ses contemporains, et met en évidence les corollaires de notre mode de vie moderne (la pauvreté, l'exclusion, la solitude).

C'est à la fois drôle, brillant et original...
... Et c'est à se demander ce que l'on va bien pouvoir lire après ça !

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Je suis familier des romans de Will Self, leur acidité, leur drôlerie désespérée. Mais j'ai quand même été interloqué par celui-ci, épais roman à mi-chemin entre la satire sociale de l'Angleterre des années 1987 à 2003 et le la science-fiction post-apocalyptique. C'est aussi (et surtout) une charge contre les fondamentalistes religieux de tout poil, puisque que le Dave que nous suivons, chauffeur de taxi dans l'Angleterre contemporaine, avec tous ses défauts, va se révéler être le prophète d'une nouvelle religion , cinq cents ans plus tard. Et évidemment, les humains restant ne seront pas tendres entre eux... On peut aussi voir dans ce roman une manière de chant d'amour pour la ville de Londres, véritable labyrinthe, dans le présent comme dans le futur. Quelques jours n'ont pas été de trop pour aller au bout, car ce roman de 600 pages est dense, mais il mérite vraiment cet effort.
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Une idée de départ accrocheuse, pour laquelle il faut être tenace et ne pas lâcher afin de la voir germer au fil des pages. Certes ce roman n'est pas des plus accessibles. le langage et le vocabulaire peuvent refouler et énerver les puristes et pour couronner le tout, l'intrigue est chronologiquement mélangée. Bref, résumé ainsi ça donne pas envie. Et pourtant, c'est diablement prenant, et quelle originalité ! Une fois plongé dedans on se rend compte de la portée du texte et des idées sous-jacentes exprimées sur la religion, et la nature humaine.
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Un autre livre-monde – lu avec passion, ou délice, ou, au tout début, difficulté à assimiler la langue des habitants de Ham, mélange d'argot déformé et de style et orthographe SMS, qui se fait d'ailleurs plus rare en avançant. En contraste, ou avers, les passages de la vie de Dave, sont en belle langue, allant jusqu'au lyrisme dans les déroutes de l'homme, faux monstre pour lequel on se prend de tendresse (comme pour les deux Carl, et surtout celui de Ham, et les motos, à des titres divers). Une langue sensible, de très beaux paysages, un jeu avec les mots, les tons, les noms, le rythme dans l'alternance entre les deux époques (à la temporalité bousculée), la critique acerbe de notre société et de celle qui pourrait en découler, qui en reprend le pire, une belle fable, des références devinées ou ignorées mais cela n'a pas si grande importance, et une lecture que l'on n'a pas envie d'interrompre.
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