« Nous sommes à nous même notre plus grand mystère ; et le but de notre existence, c’est de résoudre ce mystère. Personne n’y parvient jamais… mais il est de notre devoir de suivre la piste. Sans nous soucier de la distance ni de l’endroit où elle va nous mener. P 12
Quelle est l’épaisseur du mur qui nous sépare de la folie ? Personne ne sait de quoi il est fait. Personne ne sait jusqu’à quel point il résiste. Tant qu’il n’a pas cédé.
Nous vivons tous sur la crête.
Il ne s’agit que d’un pas. Un tout petit pas. Certains le sentent, d’autres non. P 44
Nos propres défauts, ce sont ceux que nous sommes le moins disposés à pardonner chez les autres.
Les images s'effacent. Les bruits et les odeurs disparaissent de nos souvenirs. Mais le cœur n'oublie rien. L'âme d'un enfant sait tout.
On découvre souvent bien des années plus tard si la vie et les étoiles nous ont souri ou pas. La vie peut prendre les tournants les plus surprenants. Ce qui paraissait être à première vue un malheur peut se révéler une bénédiction et vice-versa non ?
Nu Nu étudiait intensément la silhouette des bananiers, des papayers au crépuscule, la forme des volutes de fumée qui montaient du feu et la configuration des nuages. Passant beaucoup d'heures à contempler le ciel, elle observait leur formation et cherchait à leur donner un sens. Elle était fascinée par la figacité de leur présence. Ils changeaient constamment de forme, moulés par quelques mains invisible, avant de disparaitre au bout d'un instant dans l'infini d'où il avait surgi.
Elle ressentait de la pitié pour ceux qui ne voyaient là que des nuages porteurs de rien d'autre que d'un temps clément ou d'un orage.
Défier l'éphémérité. Ne t'égare pas dans tes pensées en avance de toi-même mais ne lambine pas non plus dans le passé. Tel est l'art de l'arrivée. L'art d'être à un seul endroit à la fois. De l'absorber par tous tes sens. Sa beauté, sa laideur, sa singularité. De te laisser submerger sans la moindre crainte. L'art d'être qui tu es.
Plus tard, elle devait souvent réfléchir à ce moment et se demander si ces larmes, ce matin-là, étaient authentiquement des larmes de joie. Ou soupçonnait-elle déjà dans le tréfonds de son cœur la façon dont tout cela se terminerait ? Que tout grand bonheur entraînait un grand chagrin corrélatif ? Que chaque commencement contenait déjà sa propre fin, qu'il n' y avait pas d'amour sans la douleur de la séparation, que toute main finissait par se refroidir.
Il y a des souvenirs auxquels on ne peut pas échapper. On les emporte avec soi où qu'on aille, aussi loin qu'on aille, que ça nous plaise ou non. Ils nous poursuivent ou nous escortent dans les bons moments et dans les mauvais.
Comment une mère peut-elle partager son amour?
Si l'amour venait sous forme de perles, de feuilles ou de grains de sable, elle pourrait les compter et les répartir avec équité.
S'il venait sous la forme d'une grosse masse chaude et douce comme une galette de riz, elle pourrait la couper en morceaux de taille égale.
Ou sous la forme d'un liquide épais et parfumé, elle pourrait le verser goutte à goutte dans des verres qu'elle offrirait à ses deux enfants.
Mais l'amour ignore la justice. L'amour suit ses propres lois. Même l'amour d'une mère.