Moi, la baleine couleur de lune, j'habite la mer limitée par la terre où commence la clarté du jour et par l'horizon où le soleil s'enfonce pour laisser la place aux étoiles.
Ti saluto, grande capodoglio del colore della luna, che gli uomini chiamano Mocha Dick, esordi l'albatros. Devi sapere che gli uomini ti odiano e ti temono. Vedo nel tuo occhio che hai molte domande e io ho tutte le riposte.
Notre monde n’est que silence. Pas un être ne se plaint, crie, grogne ou hurle sous la surface des eaux. Nous seuls, les êtres les plus grands, brisons parfois le silence. Moi qui suis de l’espèce des cachalots je laisse échapper mon claquement, les baleines bleues et les baleines pilotes s’orientent et se guident avec une série de chants harmonieux qui réjouissent la solitude nocturne, et les rapides dauphins se convoquent pour leurs longs voyages avec des sifflements aigus qui réunissent le groupe. On n’entend rien d’autre dans les profondeurs marines. A la surface, en revanche, la voix du vent est incessante, le choc des vagues, les cris des mouettes et des cormorans et parfois la voix de l’être le moins apte à vivre en mer. L’homme.
Nous restâmes en silence pendant un temps que le va-et-vient des vagues mesura, et il m’offrit quelque chose de plus grand que sa main.
C’était une coquille de loco, un coquillage marin très apprécié, à la coque extérieure rugueuse comme une pierre et à l’intérieur blanc comme les perles.
-Mets-la contre ton oreille et la baleine te parlera, dit le petit garçon et il s’éloigna à grands pas sur la plage sombre de galets.
Je l’ai fait. Et sous le ciel gris du sud du monde, une voix m’a parlé dans le vieux langage de la mer.
Quand je me déplace au ras de la surface, un de mes yeux observe la côte et ses détails. L'autre s'emplit de l'horizon.
Les baleiniers appartiennent à cette espèce d'hommes venus du monde de l'ingratitude et de la convoitise. (page 51)