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EAN : 9791022609012
90 pages
Editions Métailié (12/09/2019)
4.17/5   141 notes
Résumé :
Au large de la Patagonie une baleine blanche est chargée de protéger les morts mapuches puis, lorsque la fin des temps sera venue, de guider toutes les âmes au-delà de l’horizon. Tout est prévu et écrit dans le temps des mythologies. Cependant l’homme vit dans un monde où tout bouge et, au xixe siècle, la chasse à la baleine se développe. La baleine blanche va devoir défendre son monde immobile contre ces prédateurs, en particulier le baleinier Essex du capitaine Ac... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (51) Voir plus Ajouter une critique
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Très beau conte que cette Histoire d'une baleine blanche raconté en 14 chapitres, chacun de ceux-ci introduit et magnifié par un beau dessin en noir et blanc de Joëlle Jolivet.
Le livre traduit de l'espagnol (Chili) par Anne Marie Métailié débute ainsi : "un matin de l'été austral de 2014, tout près de Puerto Montt au Chili, on a trouvé une baleine échouée sur la côte de galets." Un enfant ramasse un coquillage sur la plage et le tend à l'homme resté près de lui en lui disant de la mettre contre son oreille et qu'ainsi la baleine lui parlera. C'est donc la voix de cette baleine blanche que l'on entend tout au long de ce roman qui ressemble un peu à une fable et dans lequel c'est la mer qui prend la parole pour le dernier chapitre.
Par le biais d'une légende dans laquelle quatre baleines blanches étaient chargées d'emporter vers l'au-delà les hommes du peuple lafkenche, au Sud du Chili, la baleine nous parle de son monde, comment elle vit, de l'homme et de sa peur face à sa taille, du respect qu'il lui manifeste au tout début, puis de ce qu'elle a appris des hommes lorsqu'ils ont commencé à maîtriser la navigation et à la chasser.
En prenant comme narrateur ce cachalot, Luis Sepúlveda donne au récit une force et une émotion encore plus poignante. C'est un conte merveilleux au départ, mais la cruauté humaine intervient et saccage tout.
La morale de cette fable : Si l'homme n'a cessé de détruire la vie depuis des décennies, qu'il cesse rapidement si ce n'est immédiatement s'il ne veut pas se détruire lui-même et qu'il ait un minimum de respect pour les autres êtres vivants.
Un texte beau et fort à mettre entre toutes les mains.
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On raconte beaucoup d'histoires au Sud du Monde…Venez, collez votre oreille à ce coquillage et écoutez…

A travers le regard curieux d'une baleine blanche couleur de lune, Luis Sepúlveda sensibilise les lecteurs, jeunes et moins jeunes, à préserver l'environnement, à respecter les espèces animales qui vivent toutes en symbiose en évitant chasse massive et surpêche, à s'inspirer des peuples autochtones (ici les laafkenches, à savoir « les gens de la mer ») qui préservent de façon sacrée le lien qui les unit à la nature. Ce récit, en se plaçant du point de vue de la baleine, nous offre un regard différent sur le monde qui nous entoure.

L'auteur s'inspire d'une histoire vraie, celle de Mocha Dick, ce célèbre cachalot poursuivi par des baleiniers dans les mers du Sud au début du 19ème siècle. Son nom proviendrait de son lieu de vie, une île du Chili, l'île de Mocha, au large de la Patagonie. La légende dit que ce cachalot était immense, féroce, et pugnace. de nombreux baleiniers tentèrent de le capturer, en particulier le baleinier Essex du capitaine Achab. A sa mort en 1838, pas moins d'une vingtaine de harpons auraient été trouvés sur son corps. Cette histoire aura inspiré également Melville pour écrire son fameux roman Moby Dick.

L'auteur apporte une touche fantastique à ce fait divers, le transformant ainsi en fable, en imaginant que cette baleine blanche est chargée d'une mission, celle de protéger les morts mapuches puis, lorsque la fin des temps sera venue, de guider toutes les âmes au-delà de l'horizon. Cette mission sera perturbée puis entravée par la chasse à la baleine, l'animal va ainsi livrer une guerre impitoyable aux baleiniers et devenir un grand mythe de la littérature. Luis Sepúlveda a repris à son compte ce mythe en prenant comme point de départ la découverte, en 2014, d'un cachalot échoué sur les plages chiliennes.
A Melville le roman d'aventure vécue sur les baleiniers par le capitaine Achab, à Luis Sepúlveda la poésie mélancolique de cette baleine traquée, baleine devenue mythe ! Une même histoire narrée de deux points de vue et de deux façons différentes, cet écho est intéressant pour les lecteurs ayant lu Moby Dick.

Ce qui fait le charme de cette fable mélancolique, à la morale somme toute très classique, est surtout la façon dont elle nous est racontée. La plume de l'auteur chilien est poétique, délicate, sensible, et lire à voix haute ses mots c'est plonger dans un chant écologique d'une beauté simple mais profonde qui nous fait tellement écho encore aujourd'hui, particulièrement écho même.
La lecture est entrecoupée, entre chaque courts chapitres, de beaux dessins de Joëlle Jollivet, dessins en noir et blanc pour magnifier, apporter de la magie et venir illustrer ce que le chapitre suivant va aborder.

J'ai lu cette belle et émouvante histoire un soir de tempête en bord de mer, et j'ai cru entendre, comme si j'avais l'oreille collée à un coquillage, la voix de cette baleine blanche murmurer à mon chevet pour dénoncer la cupidité et la haine des hommes. Oui la baleine m'a parlé.
« — Mets-la contre ton oreille et la baleine te parlera, dit le petit laafkenche.
Et il s'éloigna à grands pas sur la plage sombre de galets. Je l'ai fait. Et sous le ciel gris du sud du monde, une voix m'a parlé dans le vieux langage de la mer. »

Si certaines scènes sont particulièrement violentes, notamment lorsque la baleine, recouverte de nombreux harpons d'où s'écoule le sang, est à l'agonie, tant les mots que les dessins l'évoquent avec pudeur et délicatesse de sorte que cette histoire peut convenir aux plus jeunes.

« Ils ne nous chassaient pas pour se nourrir de notre chair mais pour l'huile de nos intestins qui brulait en éclairant leurs maisons. Ils ne nous tuaient pas parce qu'ils avaient peur de notre espèce ; ils le faisaient parce que les hommes ont peur de l'obscurité et que nous, les baleines possédions la lumière qui les délivrait des ténèbres ».

Si la chasse à la baleine est centrale dans ce récit, graisse et huile étant les moteurs de cette quête impitoyable, part belle est faite au comportement des hommes au-delà de cette activité lucrative. La baleine observe de son oeil à fleur d'eau et évoque la violence des hommes entre eux tant leur propension à se déclarer la guerre est forte ce qui ne cesse d'étonner notre baleine. Elle assiste ainsi à certains combats entre bateaux. Et de façon plus large, depuis les eaux qui bordent le rivage, elle compare les hommes modernes à la recherche du profit aux peuples autochtones qui vivent en symbiose avec la faune et la flore qui les entourent. de quoi nous faire réfléchir…

Oui, l'histoire de cette baleine blanche un soir de tempête m'a touchée et fut une parenthèse à la fois poétique mais très mélancolique…J'ai aimé cette histoire du Sud du monde, blottie confortablement au Nord de ce même monde...


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Cette légende, Histoire d'une baleine blanche, parfaitement amenée puis racontée par Luis Sepúlveda permet de prendre conscience de l'absurdité de la chasse à la baleine. C'est simple et émouvant à la fois.
Sur une plage du sud du Chili, en plein été austral, est trouvée une baleine échouée. Un enfant lafkenche (gens de la mer) est là. Il donne une coquille de loco au narrateur lui disant que la baleine parlera.
En quatorze chapitres assez courts, superbement illustrés en noir et blanc par Joëlle Jolivet, la baleine parle de son monde, de sa découverte des hommes qui réussissent à se déplacer sur les mers et les océans.
Certains peuples comme les lafkenche respectent la nature et le vivant mais d'autres, par nécessité puis par cupidité, chassent les baleines.
La légende des lafkenche et de l'île Mocha où quatre vieilles femmes se transforment en baleines pour emmener les morts sur l'île est touchante, émouvante, pleine d'une infinie tendresse.
La baleine qui conte l'histoire est en réalité un cachalot, une baleine blanche d'une taille imposante. Elle s'est vu confier la mission de protéger le détroit pour que les traditions lafkenche s'accomplissent.
Hélas, les baleiniers viennent et reviennent, harcèlent Mocha Dick, comme ils le nomment et j'ai vibré en lisant cette bataille gigantesque. L'auteur précise, après la fin du conte, qu'un baleinier, l'Essex, a été attaqué le 20 novembre 1820 par un énorme cachalot qui l'a coulé. C'est cet événement qui inspira le romancier américain Herman Melville pour écrire son fameux roman, Moby Dick, paru en 1851.
Je précise enfin que, si Moby Dick est une fiction, le cachalot Mocha Dick a bien vécu dans les eaux, autour de l'île Mocha, comme dans le conte.

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"On raconte beaucoup d'histoires au sud du monde".
Par exemple celle d'une vieille baleine blanche, un cachalot couleur de lune. Approchez de votre oreille un coquillage ramassé sur une plage chilienne et écoutez cette voix venue de la nuit des temps... La baleine parle...
Depuis l'aube du monde, les baleines blanches se transmettent une mission, née d'un pacte mythique avec les Gens de la Mer : protéger les eaux du détroit qui sépare la côte et l'île sacrée de Mocha. C'est sur cette île que les Gens de la Mer emmènent leurs morts, et c'est là qu'ils se rassembleront tous quand viendront la fin des temps et le moment de partir au-delà de l'horizon, guidés par la baleine blanche. Mais depuis le 19ème siècle, cette croyance, ce pacte séculaire sont bouleversés par l'arrivée des baleiniers dans la région. Là où les Gens de la Mer ne prennent à la Nature que ce dont ils ont besoin pour vivre tout en la remerciant du fond de leurs âmes, les hommes des baleiniers ne sont que convoitise, ingratitude et irrespect. Mais ils comprendront vite, à leurs dépens, que la baleine blanche se battra pour les chasser de ce sanctuaire. Ils la nommeront Mocha Dick, et celle-ci, implacable justicière, leur livrera une guerre sans merci.

Pour une fois, la parole est donc donnée à la baleine et non aux baleiniers, n'en déplaise à Melville. A travers elle, Luis Sepúlveda évoque quelques-uns de ses thèmes de prédilection, le respect et la conservation de la nature, les peuples autochtones, la cupidité des étrangers, la résistance. le texte, illustré par les dessins en noir et blanc de Joëlle Jolivet, est très simple, délicat, poétique, beau à en pleurer de désespoir, parce que les hommes n'ont toujours pas appris la leçon. Tant qu'ils exploiteront sauvagement la Nature, avec "convoitise et ingratitude", celle-ci se vengera, encore et encore...

Et l'on se demande si un jour, guidés par une baleine passeuse d'âmes,
les Gens de la Mer s'en iront dormir dans le paradis blanc,
Où les nuits sont si longues qu'on en oublie le temps
Tout seuls avec le vent
Comme dans leurs rêves d'enfant
Ils s'en iront courir dans le paradis blanc
Loin des regards de haine
Et des combats de sang
Retrouver les baleines
Parler aux poissons d'argent
Comme, comme, comme avant...

En partenariat avec les Editions Métailié.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Ce que j'ai ressenti:

▪️La Fée parle de sa rencontre avec la Baleine Blanche.

Un soir de l'été 2019, j'ai décidé de faire une rencontre exceptionnelle. Elle nous vient de loin cette histoire, du sud du bout du monde. Elle prend vie dans les eaux de la Patagonie, et emprunte la voix d'un cachalot, couleur de lune…

J'avais envie d'extraordinaire…D'ouvrir les pages de cette histoire, me laisser charmer par les illustrations de Joëlle Jolivet, et j'avais hâte de découvrir le mystère et les mémoires d'une baleine blanche. Ce n'est pas commun en plus, une baleine blanche, et ce qu'elle ressent non plus, alors j'ai écouté la beauté de cette âme de cétacé. Même si elle s'en est allée, il va me rester son message d'amour pour la mer, pour les hommes, pour ses semblables…

C'était une belle rencontre. Quand une telle créature marine te parle avec tant de douceur, de sa vie, de son expérience et de ses combats, il ne peux en être autrement, tu t'assoies, tu fais silence, et tu admires la grandeur de cet animal. Elle a des choses à nous apprendre cette baleine blanche, une philosophie à transmettre, des contrées à nous faire visiter…Si seulement, vous la rencontriez aussi, sur des pages blanches ou pourfendant les flots, peut être que vous aussi, vous seriez émerveillés…

Je voulais de l'extraordinaire. Et j'ai eu l'Histoire d'une baleine blanche. On raconte beaucoup d'histoires au sud du monde. Des histoires extraordinaires.

« Moi, la baleine couleur de lune, j'habite la mer limitée par la terre où commence la clarté du jour et par l'horizon où le soleil s'enfonce pour laisser la place aux étoiles. »

▪️La Fée parle de ce qu'elle appris de la plume de Luis Sepúlveda.

C'est le premier roman que je lis de cet auteur, et quelle surprise! C'est joli, simple, efficace et en même temps, c'est engagé. Sous des airs de conte, il y a des alertes intenses, des flash-backs qui crèvent le coeur, un avenir orageux, si la folie des hommes continue encore…Ces Hommes qui ne respectent pas l'équilibre de la Nature. D'histoires en Histoire, il n'y a souvent qu'une vague de sang innocent versé au nom du profit et de l'ignorance. C'est triste et c'est beau, comme il écrit cet auteur, j'ai été très touchée. C'est sans doute le meilleur moyen de faire passer le message, cette simplicité…Et l'avantage de cette collaboration avec cette artiste, c'est que c'est joliment mis en valeur, et qu'on peut le lire en famille…J'ai adoré.

On raconte beaucoup d'histoires au sud du monde, mais celle ci, il vous faut la lire de toute urgence, l'admirer dans ses dessins monochromes, la ressentir dans vos coeurs.

Oui, on raconte beaucoup d'histoires au sud du monde, mais celle ci, elle est extraordinaire. Parole de fée.

« Et sous le ciel gris du sud du monde une voix m'a parlé dans le vieux langage de la mer. »

Ma note Plaisir de Lecture 9/10
Lien : https://fairystelphique.word..
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critiques presse (1)
Actualitte
20 novembre 2019
Avec ses illustrations de Joëlle Jolivet et sa police de caractères relativement importante, il pourrait laisser croire qu'il est destiné aux enfants. Mais de toute évidence, le texte possède une profondeur que les adultes ne manqueront pas de décrypter et de recevoir sans ambiguïté. [...] Au fond, tout le monde devrait lire ce conte merveilleusement raconté.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
[La baleine blanche parle, à propos d'un bateau qui en attaque un autre:]
Dans cette rencontre en mer le comportement des hommes me parut très étrange. La minuscule sardine n'attaque pas une autre sardine, la lente tortue n'attaque pas une autre tortue, le requin vorace n'attaque pas un autre requin. Il semble que les hommes sont la seule espèce qui attaque ses semblables, et je n'ai pas aimé ce que j'ai appris d'eux.
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Dans cette rencontre en mer le comportement des hommes me parut très étrange. La minuscule sardine n'attaque pas une autre sardine, la lente tortue n'attaque pas une autre tortue, le requin vorace n'attaque pas un autre requin. Il semble que les hommes sont la seule espèce qui attaque ses semblables, et je n'ai pas aimé ce que j'ai appris d'eux.
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Mon monde n'est que silence. Pas un être ne se plaint, crie, grogne ou hurle sous la surface des eaux. Nous seuls, les êtres les plus grands, brisons parfois le silence. Moi qui suis de l'espèce des cachalots je laisse s'échapper mon claquement, les baleines bleues et baleines pilotes s'orientent et se guident avec une série de chants harmonieux qui réjouissent la solitude nocturne, et les rapides dauphins se convoquent pour leurs longs voyages avec des sifflements aigus qui réunissent le groupe.
On n'entend rien dans les profondeurs marines. A la surface, en revanche, la voix du vent est incessante, le choc des vagues, les cris des mouettes et des cormorans et parfois la voix de l'être le moins apte à vivre en mer.
L'homme.
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Un matin de l’été austral de 2014, tout près de Puerto Montt au Chili, on a trouvé une baleine échouée sur la côte de galets. C’était un cachalot de 15 mètres de long et son corps d’un gris étrange ne bougeait pas.
(Incipit)
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La minuscule sardine n'attaque pas une autre sardine, la lente tortue n'attaque pas une autre tortue, le requin vorace n'attaque pas un autre requin. Il semble que les hommes sont la seule espèce qui attaque ses semblables, et je n'ai pas aimé ce que j'ai appris d'eux.
P. 37
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