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EAN : 9791022609012
90 pages
Editions Métailié (12/09/2019)
4.15/5   130 notes
Résumé :
Au large de la Patagonie une baleine blanche est chargée de protéger les morts mapuches puis, lorsque la fin des temps sera venue, de guider toutes les âmes au-delà de l’horizon. Tout est prévu et écrit dans le temps des mythologies. Cependant l’homme vit dans un monde où tout bouge et, au xixe siècle, la chasse à la baleine se développe. La baleine blanche va devoir défendre son monde immobile contre ces prédateurs, en particulier le baleinier Essex du capitaine Ac... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (45) Voir plus Ajouter une critique
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Très beau conte que cette Histoire d'une baleine blanche raconté en 14 chapitres, chacun de ceux-ci introduit et magnifié par un beau dessin en noir et blanc de Joëlle Jolivet.
Le livre traduit de l'espagnol (Chili) par Anne Marie Métailié débute ainsi : "un matin de l'été austral de 2014, tout près de Puerto Montt au Chili, on a trouvé une baleine échouée sur la côte de galets." Un enfant ramasse un coquillage sur la plage et le tend à l'homme resté près de lui en lui disant de la mettre contre son oreille et qu'ainsi la baleine lui parlera. C'est donc la voix de cette baleine blanche que l'on entend tout au long de ce roman qui ressemble un peu à une fable et dans lequel c'est la mer qui prend la parole pour le dernier chapitre.
Par le biais d'une légende dans laquelle quatre baleines blanches étaient chargées d'emporter vers l'au-delà les hommes du peuple lafkenche, au Sud du Chili, la baleine nous parle de son monde, comment elle vit, de l'homme et de sa peur face à sa taille, du respect qu'il lui manifeste au tout début, puis de ce qu'elle a appris des hommes lorsqu'ils ont commencé à maîtriser la navigation et à la chasser.
En prenant comme narrateur ce cachalot, Luis Sepúlveda donne au récit une force et une émotion encore plus poignante. C'est un conte merveilleux au départ, mais la cruauté humaine intervient et saccage tout.
La morale de cette fable : Si l'homme n'a cessé de détruire la vie depuis des décennies, qu'il cesse rapidement si ce n'est immédiatement s'il ne veut pas se détruire lui-même et qu'il ait un minimum de respect pour les autres êtres vivants.
Un texte beau et fort à mettre entre toutes les mains.
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Cette légende, Histoire d'une baleine blanche, parfaitement amenée puis racontée par Luis Sepúlveda permet de prendre conscience de l'absurdité de la chasse à la baleine. C'est simple et émouvant à la fois.
Sur une plage du sud du Chili, en plein été austral, est trouvée une baleine échouée. Un enfant lafkenche (gens de la mer) est là. Il donne une coquille de loco au narrateur lui disant que la baleine parlera.
En quatorze chapitres assez courts, superbement illustrés en noir et blanc par Joëlle Jolivet, la baleine parle de son monde, de sa découverte des hommes qui réussissent à se déplacer sur les mers et les océans.
Certains peuples comme les lafkenche respectent la nature et le vivant mais d'autres, par nécessité puis par cupidité, chassent les baleines.
La légende des lafkenche et de l'île Mocha où quatre vieilles femmes se transforment en baleines pour emmener les morts sur l'île est touchante, émouvante, pleine d'une infinie tendresse.
La baleine qui conte l'histoire est en réalité un cachalot, une baleine blanche d'une taille imposante. Elle s'est vu confier la mission de protéger le détroit pour que les traditions lafkenche s'accomplissent.
Hélas, les baleiniers viennent et reviennent, harcèlent Mocha Dick, comme ils le nomment et j'ai vibré en lisant cette bataille gigantesque. L'auteur précise, après la fin du conte, qu'un baleinier, l'Essex, a été attaqué le 20 novembre 1820 par un énorme cachalot qui l'a coulé. C'est cet événement qui inspira le romancier américain Herman Melville pour écrire son fameux roman, Moby Dick, paru en 1851.
Je précise enfin que, si Moby Dick est une fiction, le cachalot Mocha Dick a bien vécu dans les eaux, autour de l'île Mocha, comme dans le conte.

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"On raconte beaucoup d'histoires au sud du monde".
Par exemple celle d'une vieille baleine blanche, un cachalot couleur de lune. Approchez de votre oreille un coquillage ramassé sur une plage chilienne et écoutez cette voix venue de la nuit des temps... La baleine parle...
Depuis l'aube du monde, les baleines blanches se transmettent une mission, née d'un pacte mythique avec les Gens de la Mer : protéger les eaux du détroit qui sépare la côte et l'île sacrée de Mocha. C'est sur cette île que les Gens de la Mer emmènent leurs morts, et c'est là qu'ils se rassembleront tous quand viendront la fin des temps et le moment de partir au-delà de l'horizon, guidés par la baleine blanche. Mais depuis le 19ème siècle, cette croyance, ce pacte séculaire sont bouleversés par l'arrivée des baleiniers dans la région. Là où les Gens de la Mer ne prennent à la Nature que ce dont ils ont besoin pour vivre tout en la remerciant du fond de leurs âmes, les hommes des baleiniers ne sont que convoitise, ingratitude et irrespect. Mais ils comprendront vite, à leurs dépens, que la baleine blanche se battra pour les chasser de ce sanctuaire. Ils la nommeront Mocha Dick, et celle-ci, implacable justicière, leur livrera une guerre sans merci.

Pour une fois, la parole est donc donnée à la baleine et non aux baleiniers, n'en déplaise à Melville. A travers elle, Luis Sepúlveda évoque quelques-uns de ses thèmes de prédilection, le respect et la conservation de la nature, les peuples autochtones, la cupidité des étrangers, la résistance. le texte, illustré par les dessins en noir et blanc de Joëlle Jolivet, est très simple, délicat, poétique, beau à en pleurer de désespoir, parce que les hommes n'ont toujours pas appris la leçon. Tant qu'ils exploiteront sauvagement la Nature, avec "convoitise et ingratitude", celle-ci se vengera, encore et encore...

Et l'on se demande si un jour, guidés par une baleine passeuse d'âmes,
les Gens de la Mer s'en iront dormir dans le paradis blanc,
Où les nuits sont si longues qu'on en oublie le temps
Tout seuls avec le vent
Comme dans leurs rêves d'enfant
Ils s'en iront courir dans le paradis blanc
Loin des regards de haine
Et des combats de sang
Retrouver les baleines
Parler aux poissons d'argent
Comme, comme, comme avant...

En partenariat avec les Editions Métailié.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Ce que j'ai ressenti:

▪️La Fée parle de sa rencontre avec la Baleine Blanche.

Un soir de l'été 2019, j'ai décidé de faire une rencontre exceptionnelle. Elle nous vient de loin cette histoire, du sud du bout du monde. Elle prend vie dans les eaux de la Patagonie, et emprunte la voix d'un cachalot, couleur de lune…

J'avais envie d'extraordinaire…D'ouvrir les pages de cette histoire, me laisser charmer par les illustrations de Joëlle Jolivet, et j'avais hâte de découvrir le mystère et les mémoires d'une baleine blanche. Ce n'est pas commun en plus, une baleine blanche, et ce qu'elle ressent non plus, alors j'ai écouté la beauté de cette âme de cétacé. Même si elle s'en est allée, il va me rester son message d'amour pour la mer, pour les hommes, pour ses semblables…

C'était une belle rencontre. Quand une telle créature marine te parle avec tant de douceur, de sa vie, de son expérience et de ses combats, il ne peux en être autrement, tu t'assoies, tu fais silence, et tu admires la grandeur de cet animal. Elle a des choses à nous apprendre cette baleine blanche, une philosophie à transmettre, des contrées à nous faire visiter…Si seulement, vous la rencontriez aussi, sur des pages blanches ou pourfendant les flots, peut être que vous aussi, vous seriez émerveillés…

Je voulais de l'extraordinaire. Et j'ai eu l'Histoire d'une baleine blanche. On raconte beaucoup d'histoires au sud du monde. Des histoires extraordinaires.

« Moi, la baleine couleur de lune, j'habite la mer limitée par la terre où commence la clarté du jour et par l'horizon où le soleil s'enfonce pour laisser la place aux étoiles. »

▪️La Fée parle de ce qu'elle appris de la plume de Luis Sepúlveda.

C'est le premier roman que je lis de cet auteur, et quelle surprise! C'est joli, simple, efficace et en même temps, c'est engagé. Sous des airs de conte, il y a des alertes intenses, des flash-backs qui crèvent le coeur, un avenir orageux, si la folie des hommes continue encore…Ces Hommes qui ne respectent pas l'équilibre de la Nature. D'histoires en Histoire, il n'y a souvent qu'une vague de sang innocent versé au nom du profit et de l'ignorance. C'est triste et c'est beau, comme il écrit cet auteur, j'ai été très touchée. C'est sans doute le meilleur moyen de faire passer le message, cette simplicité…Et l'avantage de cette collaboration avec cette artiste, c'est que c'est joliment mis en valeur, et qu'on peut le lire en famille…J'ai adoré.

On raconte beaucoup d'histoires au sud du monde, mais celle ci, il vous faut la lire de toute urgence, l'admirer dans ses dessins monochromes, la ressentir dans vos coeurs.

Oui, on raconte beaucoup d'histoires au sud du monde, mais celle ci, elle est extraordinaire. Parole de fée.

« Et sous le ciel gris du sud du monde une voix m'a parlé dans le vieux langage de la mer. »

Ma note Plaisir de Lecture 9/10
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Pour l'enfant « lafkenche », c'est-à-dire gens de la mer, la baleine échouée sur les galets de ce petit bout de côte chilienne est bien plus qu'une baleine morte. La couleur du ciel se confond avec le gris étrange de ce cachalot couleur de lune alors que des hommes l'amarrent à une petite embarcation afin de lui offrir la sépulture qu'il mérite « dans l'obscurité froide de l'océan ».
Pour faire comprendre l'ampleur de sa peine à un observateur triste, l'enfant lui tend une coquille de loco d'où la voix de la baleine s'élève.
Cette voix venue des profondeurs océaniques parle d'un temps lointain où l'homme, ne pouvant évoluer dans l'eau, trouva la possibilité d'y flotter. Son obstination, sa ténacité, ont remporté l'admiration de la baleine qui restait cependant méfiante vis-à-vis de cet être vivant. Comme elle qui a appris des autres baleines, l'homme a partagé ses connaissances de la mer pour aller plus loin que l'horizon. Alors le cachalot disait d'eux « Je respectais leur courage et je les ai aussi considérés comme des habitants de la mer », sauf que l'homme ne s'est pas arrêté là…

La baleine nous parle de son habitat, ce monde de silence juste traversé de loin en loin par ses claquements agissant comme un sonar ou par des chants et sifflements marins de quelques autres cétacés.
Ses paroles reviennent ensuite sur l'homme, cette espèce bizarre, aux agissements incompréhensibles qui vont confirmer sa crainte et la transformer en cris de colère. Alors le chant lugubre du mal perpétré par les baleiniers se fera entendre jusqu'aux confins des mers.
Un vieux, un très vieux cachalot, son grand âge inscrit dans la multitude d'hôtes collés sur son corps, certain de l'avidité des hommes, donne alors à notre jeune baleine blanche une mission.

Du naufrage d'un baleinier en 1820, éperonné par un énorme cachalot, il peut sortir beaucoup d'histoires racontées par un rescapé, ou quelqu'un qui en a entendu parler, mais avez-vous déjà prêté l'oreille à la baleine couleur de lune « dans le vieux langage de la mer » ?
Ici, l'histoire est portée par le souffle de la baleine pour rappeler, s'il était besoin, l'absurdité du comportement humain qui s'obstine à se croire au-dessus de la nature alors qu'il eut été si simple de rester immergé dans le vivant, prélevant juste le nécessaire à la survie.
C'est une histoire de peur des ténèbres, de sortes d'étoiles qui brillent dans les foyers, de frénésie de l'homme devant l'abondance, de la diversité des humains qui ne se ressemblent pas dans leurs actes.
Pourtant, Louis Sepúlveda, dans ce conte plein de douleur et de cruauté, laisse une très belle place à l'harmonie possible entre ces espèces si différentes. La complicité et l'ampleur du respect que les gens de la mer témoignent au monde marin transparaissent magnifiquement dans la cérémonie du deuil des uns et des autres.
Bien que tristement réaliste, donc pessimiste, c'est un livre qui gagnerait à être lu dans les écoles afin d'ouvrir les yeux de nos enfants sur le monde qui les entoure.
Si l'on pouvait regarder dans l'oeil de la baleine le reflet du film de sa vie, comme elle le fait elle-même dans celui de ses congénères, on lirait l'espoir déçu d'une vie harmonieuse que l'homme a stupidement gâchée. Étymologiquement, l'Homo sapiens porte bien mal son nom, ici la baleine fait preuve de bien plus de sagesse.

À noter que dans cette très belle collection des Éditions Métailié, les nombreuses illustrations en noir et blanc de Joëlle Jolivet, à la fois naïves dans le trait et pourtant tellement expressives, collent parfaitement à ce tragique sujet.

Adorant la mer et très sensible au monde marin, j'ai été profondément émue par ce conte. L'écriture est douce et merveilleuse de poésie, malgré un constat désastreux qui laisse peu d'espoir.
Puissent les forces maritimes ou terrestres, autres que l'homme, poursuivre sans trêve la justice de la mer et de la terre…
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critiques presse (1)
Actualitte
20 novembre 2019
Avec ses illustrations de Joëlle Jolivet et sa police de caractères relativement importante, il pourrait laisser croire qu'il est destiné aux enfants. Mais de toute évidence, le texte possède une profondeur que les adultes ne manqueront pas de décrypter et de recevoir sans ambiguïté. [...] Au fond, tout le monde devrait lire ce conte merveilleusement raconté.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
[La baleine blanche parle, à propos d'un bateau qui en attaque un autre:]
Dans cette rencontre en mer le comportement des hommes me parut très étrange. La minuscule sardine n'attaque pas une autre sardine, la lente tortue n'attaque pas une autre tortue, le requin vorace n'attaque pas un autre requin. Il semble que les hommes sont la seule espèce qui attaque ses semblables, et je n'ai pas aimé ce que j'ai appris d'eux.
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Dans cette rencontre en mer le comportement des hommes me parut très étrange. La minuscule sardine n'attaque pas une autre sardine, la lente tortue n'attaque pas une autre tortue, le requin vorace n'attaque pas un autre requin. Il semble que les hommes sont la seule espèce qui attaque ses semblables, et je n'ai pas aimé ce que j'ai appris d'eux.
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Mon monde n'est que silence. Pas un être ne se plaint, crie, grogne ou hurle sous la surface des eaux. Nous seuls, les êtres les plus grands, brisons parfois le silence. Moi qui suis de l'espèce des cachalots je laisse s'échapper mon claquement, les baleines bleues et baleines pilotes s'orientent et se guident avec une série de chants harmonieux qui réjouissent la solitude nocturne, et les rapides dauphins se convoquent pour leurs longs voyages avec des sifflements aigus qui réunissent le groupe.
On n'entend rien dans les profondeurs marines. A la surface, en revanche, la voix du vent est incessante, le choc des vagues, les cris des mouettes et des cormorans et parfois la voix de l'être le moins apte à vivre en mer.
L'homme.
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La minuscule sardine n'attaque pas une autre sardine, la lente tortue n'attaque pas une autre tortue, le requin vorace n'attaque pas un autre requin. Il semble que les hommes sont la seule espèce qui attaque ses semblables, et je n'ai pas aimé ce que j'ai appris d'eux.
P. 37
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Il semble que les hommes soient la seule espèce qui attaque ses semblables, et je n’ai pas aimé ce que j’ai appris d’eux.
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