Citations sur La fin de l'histoire (29)
Pour retrouver une aiguille dans une botte de foin, il faut d’abord découvrir la botte de foin, et cela doit se faire avec calme.
Je leur expliquai brièvement le pétrin dans lequel je me trouvais, et l’obligation de localiser ces deux hommes pour qu’on me laisse tranquille dans mon ermitage de guérillero à la retraite. Les retrouver et rien de plus. C’était toute ma mission.
Il y a des années, j’avais un ami dans le quartier. Un homme, un vrai. Un type droit. Il s’appelait Aliro. Aliro el Flaco. Il avait plusieurs fils, et il est possible que l’un d’entre eux soit encore vivant.
Mentionner le nom d’Aliro el Flaco, le Maigre, fit l’effet d’un atout bien posé. Chaque communauté a ses saints. Les buveurs de bières chuchotèrent entre eux jusqu’à ce que la voix d’el Gordo s’impose.
-Et qui cherche le parent d’Aliro ?
-Belmonte. Je m’appelle Juan Belmonte.
Regarde ta compagne et ne t'avise pas de me contredire. Nous avons besoin de toi. Tu es l'un des meilleurs tireurs d'élite formés en Union soviétique. Nous pouvons tous nous en tirer vivants si tu fais bien ton travail, camarade.
Cette affaire empestait l'excès de facilité. Ils m'avaient remis dix mille euros, vingt billets violets de cinq cents, et, connaissant la manière de raisonner méthodique de Kramer, cela voulait forcément dire qu'ils avaient prévu de grandes difficultés pour retrouver les deux hommes.
Les temps ont changé et, de nos jours, il est relativement facile d’acheter un Uzi en Colombie, ou même un fusil d’assaut moderne comme le Galil. Les fabricants d’armes colombiens fournissent plusieurs armées nationales, et il est assez courant qu’une partie des armes n’existent que sur les listes d’inventaire. Tu en achètes une quantité discrète, de quoi équiper une équipe de huit ou dix tueurs, tu les expédies au Panamá, de là à Belize ou au Paraguay, et il n’y aura plus moyen de déterminer leur destination finale. Il suffit d’avoir assez d’argent pour arroser les bonnes personnes au passage.
Le pire abandon, c’était d’être privé de liens avec le parti, sans ordres, sans instructions, sans savoir si le camarade tombé avait résisté à la torture ou s’il s’était mis à table et que, de tous les militants, il ne restait plus que lui, seul comme un naufragé au milieu d’un océan aux eaux denses et profondes.
Elle est une ombre parmi tant d’autres de la destinée de l’ataman et, fidèle à sa condition, elle le suit en Italie. La rumeur selon laquelle la guerre est perdue s’impose comme une évidence sous les bombardements continus des Alliés. En Italie, les cosaques enfilent l’uniforme de l’armée allemande, tandis que les véritables Allemands battent en retraite. L’ataman montre des signes d’épuisement, les fascistes italiens manquent totalement de discipline et les soldats de l’armée régulière du Duce n’aspirent qu’à se rendre aux Américains qui remontent depuis le Sud.
Elle est une femme, oui, et c’est pour cela qu’elle a obéi aveuglément quand on lui ordonnait d’ouvrir les cuisses, d’enfanter, de coudre et de garder le silence pendant que l’ataman lisait à voix haute ses écrits décrivant la beauté de ses hommes, de ses soldats aux visages de jeunes filles, de leurs uniformes plus faits pour être portés dans les palais de Saint-Pétersbourg que sur le champ de bataille, et elle a même réprimé un rire en l’entendant déclarer que la nuit de noces était un avilissement et qu’un cosaque ne connaissait que l’amour de Dieu, du tsar et de son ataman.