Arnold Francart est un vieux monsieur malade, dont les jours sont comptés et qui trouve du réconfort à s'occuper de son jardin. Il vit avec sa femme, médecin, grâce à qui il peut éviter l'hospitalisation.
Barbara est une jeune étudiante qui prépare son mémoire en climatologie. C'est donc tout naturellement vers Arnold qu'elle se tourne, ce dernier étant un ancien explorateur des pôles. S'il est peu accueillant au début, refusant de parler de sa dernière expédition dans laquelle il a perdu son co-équipier, tué par un ours polaire, Arnold se laisse peu à peu apprivoiser et commence à raconter et se confier.
Mais réveiller les douleurs du passé peuvent parfois faire remonter les secrets pourtant bien gardés...
Il me faut dire tout d'abord que je ne m'attendais pas du tout à ce genre de lecture. N'ayant pas lu le résumé de la quatrième de couverture, ayant tout d'abord été attirée par la couverture et son titre, je n'ai fait que consulter les thèmes associés (Grand Nord canadien, aventurier, protection de l'environnement, écologie, solitude) et qui ont fini de me décider à l'emprunter. Ce fut donc une sacrée surprise de me retrouver dans ce qu'on appelle un thriller psychologique.
L'histoire oscille entre présent et passé, maladie et jardinage d'un côté, expédition dramatique de l'autre. Au fil des pages, on peut observer le jardin d'Arnold changer au gré des saisons, au gré de l'évolution de sa maladie. Début du printemps dans les premières pages, on observe la nature reprendre des couleurs, les animaux se réveiller, et Arnold se requinquer à l'idée de tout ce qu'il a à accomplir dans son jardin. Hiver en fin d'ouvrage, les couleurs s'estompent et la maladie gagne du terrain. le parallèle est subtilement bien fait, d'autant que les dessins sont superbes, fins et minutieux.
Côté intrigue, sont abordés des sujets qui me sont chers : la beauté de la nature, la protection de l'environnement, les conséquences du réchauffement climatique. Ajoutez à cela un drame, un secret, et un personnage taiseux et solitaire, vous obtiendrez de quoi vous garder en éveil jusqu'au bout. Cette BD n'a que 68 pages, mais est pourtant étoffée, tant en ce qui concerne la psychologie des personnages qu'au niveau de l'intrigue.
J'ai aimé le personnage d'Arnold immédiatement, sa solitude, ses regrets et sa culpabilité, son amour pour son jardin, pour la nature et les animaux plus globalement. J'ai aimé la façon dont il cohabite avec les insectes et les petits animaux de son jardin, dont il leur parle, dont il prend soin de leur environnement. Arnold est un vieux monsieur touchant, qu'on apprend à mieux connaître au fil des pages et qu'on peine à quitter.
Au fur et à mesure qu'il replonge dans ses souvenirs, ceux qui concernent sa dernière expédition qui a tourné court, on en apprend davantage sur lui, sur ses intérêts et inquiétudes face au réchauffement climatique, sur son besoin constant d'aller sur le terrain pour mieux prévenir le monde des dangers que la planète encourt, sur sa femme également, sur la préparation et l'expédition elle-même.
Qu'on soit dans le passé ou le présent, on reste aux aguets. La mise à nu du secret aux trois quarts de l'ouvrage est un choc, un retournement de situation comme on ne les voit pas venir. J'en suis restée coite mais enchantée.
On apprend, en fin d'ouvrage, que l'auteur s'est inspiré des différentes expéditions de l'explorateur polaire
Alain Hubert pour développer celles d'Arnold. Il a titillé ma curiosité, j'irai donc consulter mon ami Google sitôt ce billet terminé, afin d'en savoir un peu plus sur ce monsieur.
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Le jardin des glaces" est une très belle bande dessinée, touchante et percutante tout à la fois. Une ode à la nature. Une pensée pour notre planète qui va mal.