AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,17

sur 526 notes
5
24 avis
4
18 avis
3
7 avis
2
2 avis
1
0 avis
Ce livre, bien documenté mais ne devant pas, je le pense,être pris au pied de la lettre tant le sujet est complexe et impossible à comprendre dans son intégralité la plus exhaustive, serait selon moi d'utilité publique, bien que potentiellement anxiogène (d'où l'avertissement de début de critique). On fait face au mystère pesant du futur, problème d'autant plus actuel en cette période de réchauffement climatique alarmant. Un constat catastrophique, qui mérite cependant une pensée plus optimiste, tournée au final vers l'action et l'acceptation, car j'en ai peur, ce livre est possiblement un frein à l'action aussi grand que celui venant des discours climatosceptiques de certains vendus, comme l'actuel locataire de la Maison Blanche.
Commenter  J’apprécie          31
Ce livre, écrit comme une thèse, fait froid dans le dos...
Et pourtant ce ne sont que des faits incontestables.
A lire absolument afin d'être en mesure de faire ralentir le véhicule...
Commenter  J’apprécie          50
Une amie avec qui j'ai fai un troc de livre m'a offert cet ouvrage que je lui avais demandé pendant un échange sur le sujet de la collapsologie.
La collapsologie est un sujet sensible face auquel je me sens bien seule, peu voir aucune personne de mon entourage ne l'envisage et je cherchais dans ce livre à avoir une vision plus factuelle que sensitive. Je trouve que ce livre s'adresse véritablement aux générations présentes même s'il date de 2015 et qu'une petite mise à jour aurait été bien venue. Je suis dans une situation un peu de malaise avec un positionnement pas évident finalement un sentiment de solitude également et qui manque de clefs pour voir une voie à suivre face à tout cela.
Lien : http://www.lesmiscellaneesde..
Commenter  J’apprécie          41
Un bouquin à ne pas manquer.
J'avais entendu une émission de F-Culture autour de Servigne et du coup ai eu envie de lire ses bouquins. Ce type m'a semblé tellement intelligent, curieux, logique... et bien je n'ai pas été déçu.
Je ne connaissais la collapsologie que de nom désormais je comprends mieux et n'ai aucun doute sur la fin inéluctable qui nous attend dans 2 ou 3 décennies.
Il me manque juste un inventaire des fins possibles, et des après... s'il y en a. Peut-être les trouverai-je dans ses autres livres.
Je recommande sans hésiter, sauf aux autruches qui veulent continuer de ne pas comprendre l'évidence.
Commenter  J’apprécie          90
Servigne démontre l'imminence d'une crise mais va plus loin que 'L'humanité en péril' de Vargas.

Se basant sur des modèles et sur la disparition de civilisations au cours de l'histoire, il élabore ce qu'il nomme la Collapsologie, les différentes phases et le comportement social lors d'un effondrement, comment y répondre en créant une résilience locale par des mouvements de transition autonomes.

Attention, ça donne froid dans le dos, j'en ai perdu le sommeil ;-)
Commenter  J’apprécie          301
La collapsologie désigne l'étude de l'effondrement de la civilisation industrielle et de ce qui pourrait lui succéder.
Dans cet essai, les deux auteurs font le constat alarmant des atteintes irréversibles à l'environnement et la biodiversité et de la multiplication des crises puis nous dressent le portrait d'une catastrophe annoncée.
Pablo Servigne (ingénieur agronome, docteur en biologie, spécialiste des questions d'effondrement, de transition, d'agroécologie et des mécanismes de l'entraide) et Raphaël Stevens (éco-conseiller et expert en résilience des systèmes socioécologiques) nous livrent une étude de collapsologie en 3 parties : en 1er lieu ils posent les faits et les chiffres pour établir quelles sont les différentes crises actuelles. Dans un 2ème temps, ils relèvent les indices qui tendent à envisager un effondrement. En dernier lieu ils s'interrogent sur l'immobilisme général face à la théorie de l'effondrement et sur comment réagir.
Un tableau bien sombre mais dont il est nécessaire d'avoir connaissance si l'on veut réagir et se préparer au mieux.
Lien : https://lectureenfantparent...
Commenter  J’apprécie          50
Cette critique peut heurter la sensibilité de certains lecteurs.

Climat : Psttttt….. Eh pstttttt

Capitalisme : Putain encore lui…

Politique : J'ai rien dit je te jure

Démocratie : ça sent la merde

Famine : A qui le dis tu

Climat : Je vais vous niquer vos races

Capitalisme : 50 ans que tu nous dis ça, à part quelques tsunami et autres banalités qui n'impressionnent plus grand monde… on s'en branle…

Misère : Nous on écope toujours…

Politique : Nous on ….

Capitalisme : Nous on …. Nous on rien du tout, alors tu fermes bien ta gueule

Démocratie : Va falloir raquer si vous voulez pas que je me barre

Capitalisme : on a besoin de toi, fais pas le con

Politique : plus que jamais…

J'en suis venu à lire ce bouquin pour donner suite à ma lecture de « Henri Laborit : L'éloge de la fuite », un essai de sociologie qui pourtant ne traite absolument pas du catastrophisme écologique, mais plutôt qui tente d'expliquer celui de l'humain : son imaginaire avec des trucs cognitifs qui nous polluent le cerveau, le tout pour inventer un tas de principes de merde : langage, dominance/dominé, éducation, échelle sociale, élite etc…

En croisant quelques recherches sur ces passionnants sujets, on finit par s'interconnecter avec la psychologie, la philosophie, l'anthropologie enfin touts les trucs un peu chiadés en « ie »… Pour raccourcir un peu il n'y a qu'à lire « Diamond, Jacquart, Reeves, Ziegler, Laborit et un tas d'autres auteurs tout aussi légitimes que je n'ai pas lu, en faisant abstraction d'un parti pris humain propre à chacun, mais dans les grandes lignes : Darwin a fait du bon boulot, les grands philosophes des bonnes bouffes, et tout ce petit monde a plus ou moins raison en fonction des découvertes et du temps qui trépasse, en bref ils racontent un peu tous les mêmes choses… si si quand même… je caricature ? Pense-tu, à un poil de cul près de ma médiocre vulgarisation : je suis dans le vrai.

Raccourcissons donc le passé et tout le reste parce que c'est trop long, si si mesdames, je vous assure, c'est des tas de bouquins, de réflexions, de pensées, de courants, de conférences pour aboutir tout simplement à notre mort qui quoi que l'on invente finira pas nous emporter dans l'oubli le plus complet :

Donc à mesure que les millions d'années se sont écoulées, nous sommes arrivés au pic de l'enculerie la plus spectaculaire, un paradoxe incroyable qui donne l'équation suivante :

pour s'en sortir, c'est trop tard, la mondialisation a cannibalisé tout sur son ambitieux projet d'enrichissement pour les dominants... pour des alternatives sérieuses et durables ? Faudrait encore plus accélérer l'effondrement avec une consommation d'énergie démesurée et une croissance toujours plus exponentielle, le capitalisme ou la loi de plus-value, « l'exploitation de l'homme par l'homme »...

On a colonisé, éradiqué au nom du seigneur pour prêcher la bonne parole, pour apprendre la civilisation aux sauvages, mais surtout pour épuiser toutes leurs richesses, ensuite on a manipulé, corrompue pour maintenir notre domination, les lobbys se frottent les mains et leur portefeuille.
On favorise la misère en créant des besoins, et des rêves toujours plus fous, toujours plus futiles, on invente des mythes et des contes de fées pour fédérer et asservir, pour dominer les masses...

On écrase les alternatives par la dépendance, on écrase la rébellion par la répression, les tours d'ivoires se dressent pour une élite minoritaire qui s'enrichit en s'appropriant la connaissance, toujours plus vite, toujours plus haut, toujours plus grand… pourtant avec un vrai partage des richesses, le capitalisme est un excellent système, voir le meilleur.

Et oui avec un vrai partage des richesses, plusieurs monnaies locales, des partenariats locaux avec une production locale on pourrait survivre, Cuba a bien réussi, même si il y a plus de misère sociale, ils ont su s'adapter, devenir débrouillards et auto suffisant, eux ils sont prêts à l'effondrement car ça fait un moment qu'ils ont trouvé des alternatives, peu importe ce que pensent les gens dans leur jacuzzi, à siroter des bulles spéculatives en attendant leur mort, la réalité c'est que tout est possible ; la permaculture, l'entraide, l'adaptation, l'imaginaire, il faut juste se réinventer, oublier nos rêves d'un confort sans limite qui nous pousse à chercher le bonheur dans la bêtise sans jamais profiter d'une réelle liberté.

Le problème c'est que notre inventivité se profite à court terme et se condamne à long terme, notre égoïsme, notre soif de domination nous a aveuglé, aujourd'hui il y des faits scientifiques et sérieux, comme toute théorie il y a des impondérables, des inconnus, mais quand bien même, nous sommes hermétique à la spéculation, pour prendre conscience d'une catastrophe, il faut un danger immédiat palpable, et là on panique, et là on sonne l'alarme, mais le bateau commence déjà à couler, les statistiques avaient pourtant calculé les dangers :

« quéquette ouais, plein gaz que je vous dis, je n'ai que faire de toutes ces conneries… » le Titanic a coulé , quand on veut montrer sa bite en public, en général on finit par avoir des problèmes, mais des fois ça passe…

Aujourd'hui tout est interconnecté partout dans le monde, Une crise, "pffff no problem", on réinjecte encore plus d'argent, on crée des tas de produits spéculatifs, on fou à la rue quelques prolétaires de plus, on crée de la misère, on robotise, on creuse plus profond, il nous faut de la croissance, de la consommation, donner l'envie aux pauvres d'être riche, aux riches d'être très riche, on maitrise l'art du sophisme, de la rhétorique, on occupe les masses à bosser toujours plus sur des machines toujours plus performantes, les gens subissent, survivent, ils perdent les connaissances, ils n'ont plus le temps d'apprendre, si demain le bateau coule, il ne savent plus nager…

Mais surtout on épuise la terre de ses ressources à grande échelle, et on s'enfonce la tête dans la sable jusqu'à l'agonie la plus perverse.

Aujourd'hui même les experts ne peuvent même plus anticiper ce qui va se passer dans les domaines de l'économie tellement c'est instable et fragile… le climat se dérègle, ça devient une banalité, on s'inquiète peu de la routine, les périodes migratoires s'accentuent, on est partagé entre notre confort et les droits de l'homme, mais quand le phénomène va s'amplifier, on va s'habituer à la répression, les extrêmes arrivent au pouvoir, les murs se dressent, et le déni des plus riches fait passer tout ça pour du catastrophisme à deux balles menés par des gourous scientifiques à la con qui nous emmerdent avec leurs théories fumeuses…

Pourtant le pétrole s'épuise, et sans pétrole, c'est guerre et guerre, maladies famine et un effondrement totale, le réchauffement nous brule les fesse, 2, 3, 4 degrés et la mer monte, les dérèglements climatiques s'amplifient, tout le système s'effondre, nous sommes trop dépendants de nous même à travers le monde, on ne sait plus se débrouiller tout seul…
Ce livre est un condensé de tous ces facteurs, de notre salut prochain étayés pas des études récentes, il explique clairement pourquoi et comment… Il répète ce que l'on nous a rabâché depuis 50 ans, il rejoint l'avis de nombreux sociologues, écologistes, scientifiques, philosophes, biologistes, économistes etc…

Il y a des solutions, compliquées, anxiogènes, car il n'y a plus de sens à notre vie présente comme on nous l'a éduqué et vendu depuis notre naissance et comme on l'a rêvé.

Moi je gagne bien ma vie, par contre je me fais chier dans mon taf, j'ai vendu mon âme au capitalisme pour payer les croquettes des chats et un tas d'autres trucs qui ne me servent que pour l'instant éphémère du bonheur déjà passé… mais de quoi je me plains moi ? hum de ma bêtise, de mon manque de discernement, de mon immaturité, de mon égoïsme, je travaille pour des multinationales immorales, condamnées parfois, et il faut aller toujours plus vite, avec toujours moins, dès l'école la compétion sonne comme la norme, on nous forme à aller vite, si on ne suit pas , nous ne sommes que de la merde incompétente, faut rentrer dans la spirale capitaliste.

Je me suis enfermé dans cette vie à la con qui me casse les couilles, devenu dépendant d'un niveau de vie ridicule, alors j'essaie de me soigner un peu, à mon échelle, le chemin est long, l'ennui au taf difficile, mais rien n'est perdu quand on a des rêves et un peu d'inventivité…

Bref lisez ce livre, ça parle d'écologie et c'est sérieux, mais vous avez droit de fermer les yeux, peu importe l'important c'est de le dire, le moment venu on s'adaptera dans la douleur certes mais on s'adaptera.

A plus les copains
Commenter  J’apprécie          8219
Travail sérieux, profond, qui permet de comprendre la complexité systémiques, l'interdépendance de l'écologie, de l'économie, du climat, des espèces... et comprendre les scénarios prêts à se produire. Approche exhaustive qui inclut notre relation psychique à ces futurs probables.
Commenter  J’apprécie          30
«NOUS ALLONS TOUS MOURIR !»

Les fans d'une certaine série télévisée crée par le metteur en scène et comédien Alexandre Astier auront évidemment reconnu l'une des phrases cultes attribuées au personnage de Bohort (chevalier d'ailleurs pour le moins oublié de la grande Geste Arthurienne). Blague et références populaire mises à part, s'il est une certitude, c'est bien celle-ci ! Il n'empêche : si nous avons individuellement la certitude de notre fin prochaine (malgré les délires trans-humanistes de certains), quelque chose en nous est pour ainsi dire "programmé" pour nous imposer cette idée que d'autres après nous poursuivrons "notre" oeuvre, à commencer par notre descendance directe et donc un peu de nous-mêmes à travers nos gênes, ainsi que la transmission de "valeurs", ou encore tel ou tel type d'éducation, de convictions (religieuses ou pas), et qu'ainsi nul ne meurt vraiment, même après l'arrêt définitif du muscle cardiaque et l'anéantissement du cortex cérébral. Las ! Tel le Bohort (ou Bors selon les versions) de la légende qui, seul des trois héros partis à la découverte du Graal (avec Galaad et Perceval) revint vivant de cette quête ultime afin d'annoncer aux hommes qu'il a été retrouvé, Pablo Servigné et son acolyte Raphaël Stevens nous sont revenus du pays des chiffres, des études statistiques, des ouvrages de spécialistes, didactiques ou non, vulgarisés ou savants, des conclusions d'expertises toutes plus pointues et précises les unes que les autres pour nous annoncer, en quelque sorte, qu'ils y ont vu la fin possible - probable ? - de NOTRE monde thermo-industriel et comment elle est sans doute sur le point d'arriver, que «nous allons tous mourir», mais cette fois possiblement de manière collective...! Ce qu'il ne faut, au passage, surtout pas confondre avec la fin DU monde - ce que le cinéma hollywoodien aime tant mettre en scène sous cette appellation biblique d'Armageddon -, cet effondrement annoncé ici devant assurément faire place à "autre chose", à d'autres manières inédites ou resucées de concevoir le monde, les rapports à l'autre au sein d'une société, le développement, etc. Inutile, donc, d'aller creuser un abri anti-atomique géant capable de durer mille ans ni de passer tous vos futurs week-end à apprendre comment survivre seul, sans eau et avec un simple couteau suisse dans la jungle : la résolution des problèmes à venir ne réside probablement pas plus dans ce genre d'approche "survivantiste" et, reconnaissons-le, terriblement égoïste.

Certes, ce genre de nouvelles alarmistes, catastrophistes, définitives ne sont pas, en elles-mêmes, inhabituelles. Les grands mouvements millénaristes reposent pour une grande part sur ce genre d'annonces. Mais, d'une part, le discours de nos deux chercheurs est bien plus subtil, modeste et documenté que ne le seront jamais les élucubrations de quelque gourou en mal de notoriété ou de toute puissance et, d'autre part, s'ils ont la quasi certitude d'UN effondrement à venir - avec cette autre certitude que ce n'est plus pour "après-demain" ni même pour un demain encore un peu lointain, mais pour un demain proche, à l'échelle d'une vie humaine -, ils n'ont ni la capacité ni le désir (par simple honnêteté intellectuelle) d'en annoncer la date pas plus que les modalités de cet effondrement. Mieux (ou pire, selon les points de vue), si toutes leurs conclusions les incitent à affirmer que notre actuelle civilisation thermo-industrielle telle qu'elle s'est développée depuis l'invention du moteur à vapeur il y a environ deux siècles (et qui a, en quelque sorte, inséré des millions d'esclaves carbonés et petro-chimiques dans nos moteurs à fabriquer de la "croissance") est sur le point inéluctable de basculer vers sa fin plus ou moins prochaine (mais plutôt plus que moins), cela ne signifie en rien, selon eux, qu'après ce sera juste la fin de tout ou "seulement" le chaos absolu. Toute l'histoire de l'humanité est parcourue par ces effondrements, souvent rapides et lents à la fois, de grandes civilisations. L'effondrement structurel, économique, culturel et sociétal le mieux documenté, sans doute, est celui de l'Empire Romain, qui s'est déroulé en l'espace de trois ou quatre générations (avec quelques moments d'accélération ici et là) peut déjà nous offrir quelques indices quant à notre propre effondrement à venir. Mais il nous dit aussi autre chose : c'est que les supposés "temps barbares" qui lui ont succédé ne sont pas, loin s'en faut, cette période affreuse de chaos total, de loi de la jungle irrémédiablement violente que les historiens d'antan se sont souvent complus à décrire. Si la disparition des grands États centralisés, des institutions administratives complexes, des corpus légaux byzantins, bref, de tout ce qui structurait l'existence de nos antiques, est avérée comme faisant suite à ces chutes civilisationnelles, il n'en demeure pas moins que d'autres manières de réguler les sociétés, de mettre en place d'autres types de "vivre-ensemble" pour reprendre une expression affreusement en vogue (et qui finit par ne plus vouloir dire grand chose à force d'être évoquée à toutes les sauces), de refonder le contrat social cher à Rousseau se mettent en place très vite, et pas forcément que pour le pire. (Voir à ce sujet, et pour les lecteurs pressés mais curieux, l'excellentissime quatrième volume de "L'histoire dessinée de la France" intitulé "Les Temps barbares". Il y est fortement question de la mutation de l'Empire romain en cette autre chose moins informelle mais tout aussi opérante, finalement) que furent les instables royaumes francs. de même, une importante documentation historique et scientifique prouve désormais avec certitude que dans des situations de catastrophes inattendues, et contrairement à tout ce que l'on pourrait penser et surtout voir (au cinéma, en particulier), des chaînes de solidarités spontanées se mettent alors en place, des actes parfois totalement inconsidérés de bravoure gratuite surgissent et, sauf exception individuelle, un véritable sens de l'empathie s'exprime lorsque tout le reste semble perdu. On est alors bien loin de ces spectacles filmés dans lesquels violence, lâcheté et égoïsme prendraient systématiquement le pas sur tout le reste (deux exceptions cependant : les catastrophes humaines liées à un enfermement concentrationnaire de même que les conflits armés complexes).

Mais soyons franc : Si cette partie plutôt conclusive de "Comment tout peut s'effondrer" veille à (re)donner quelques lueurs d'espoir (ou, du moins, à ne pas sombrer dans un désespoir totalement paralysant et déresponsabilisant), c'est après avoir assez longuement passé en revue toutes les raisons possibles et même, selon eux, probable, de l'effondrement à venir, qui est d'ailleurs, selon la thèse des collapsologues, déjà en cours. Car il est un autre écueil que l'ataraxie produite par l'annonce du pire, selon les deux auteurs, et c'est le déni de tout ce que nous avons pourtant presque quotidiennement sous les yeux (dans la presse, par les biais cognitifs, par le raisonnement, etc), refus d'admettre le réel que l'on peut illustrer par l'image de l'autruche qui met sa tête dans le sable pour fuir la réalité, ce qui ne l'a jamais empêché de se faire dévorer par un prédateur ni d'être écrasée par la chute d'un arbre.

Voici, en très résumé, les constats que font nos deux auteurs. que nous connaissons peu ou prou séparément mais qui, une fois assemblés, donnent une vision pour le moins cauchemardesque de notre réalité actuelle et prochaine :

- «Pour se maintenir, éviter les désordres financiers et les troubles sociaux, notre civilisation industrielle est obligée d'accélérer, de se complexifier, et de consommer de plus en plus d'énergie. Son expansion fulgurante a été nourrie par une disponibilité exceptionnelle - mais bientôt révolue - en énergies fossiles très rentables d'un point de vue énergétique, couplée à une économie de croissance et d'endettement extrêmement instable. Mais la croissance de notre civilisation industrielle, aujourd'hui contrainte par des limites géophysiques et économiques, a atteint une phase de rendements décroissants. La technologie, qui a longtemps servi à repousser les limites, est de moins en moins capable d'assurer cette accélération, et "verrouille" cette trajectoire non-durable en empêchant l'innovation d'alternatives.» Fermez le ban !

Ainsi, en à peine deux siècles de développement de notre civilisation thermo-industrielle - l'un ne pouvant aller sans l'autre pour être ce qu'elle est : industrielle quant à la norme de production ; thermique puisque sans cette énergie facile et d'un rendement jamais atteint jusqu'à ce jour, cette industrialisation de tous les aspects de nos existences n'auraient jamais pu voir le jour. Sauf que cette énergie a non seulement un coût (financier mais surtout climatique et environnemental) mais, surtout, qu'elle est en voie rapide d'épuisement -, et plus encore depuis le début des fameuses "trente Glorieuses" (une véritable anomalie en terme de civilisation : jamais aucune d'elles n'a connu une telle explosion de croissance, quelle qu'elle fut, jamais une telle apparence de progressivité sans fin), date à partir de laquelle le philosophe Dominique Bourg place d'ailleurs le début de l'ère Anthropocène (voir à ce propos son excellent ouvrage récent intitulé "Une nouvelle Terre"), nous sommes passés d'une croissance, d'une intervention sur, et d'une exploitation du monde qui nous environne qui étaient proches de zéro (en terme de pourcentage) à un ensemble invraisemblable d'exponentielles : que ce soit en terme de population (et son corollaire la surpopulation), d'exploitation des richesses des sols (combustibles fossiles, minerais, eau, sables, etc) et leur fin tout aussi programmée que de plus en plus prochaine, de complexification sans fin ni frein de nos sociétés (ce qui les rend à la fois plus soutenables et immensément plus fragiles), de financiarisation délirante mais sans le moindre lien véritable avec le réel, d'infrastructures omniscientes, omnipotentes mais à bout de souffle, de surexploitation démesurée et mortifère de la biosphère (avec, là aussi comme corollaire, la destruction irrémédiable de niches écologiques de plus en plus importantes), nous avons atteint et même, dans de nombreux cas, dépassés toutes les limites géo-biophysique possibles de notre petite planète. Et comme si cela ne suffisait pas, nous reculons sans cesse les frontières du raisonnable, même si celle-ci sont encore plus difficiles à définir que les limites pures - géo-biophysiques - liées à ce que la terre peut produire ou pas. Un peu comme si nous étions dans un véhicule que nous aurions préalablement débridé, que nous pousserions au-delà de ses limites structurelles, faisant ainsi surchauffer son moteur - au risque de le voir exploser - tout en sachant pertinemment que le réservoir est presque vide mais qu'en plus nous en aurions bloqué la direction, cassé les freins et que nous ne sommes plus sur la route mais en plein brouillard à dévaler une pente dont ne pouvons plus voir les contours, les obstacles ou les nids de poule !!! N'importe quel automobiliste, même le plus chevronné fut-il, sait comment ce type de conduite folle est susceptible de se terminer...

Pour filer un peu plus la métaphore routière, le soucis, désormais, n'est plus de savoir si nous allons droit dans le mur mais d'envisager l'allure à laquelle nous sommes en train de nous y projeter : à petite vitesse, il n'y a que des bobos superficiels, à allure moyenne, les handicaps s'annoncent important, à vive allure... Ce qui est terrible avec cet ouvrage c'est qu'il nous met sous les yeux ce que, dans nos quotidiens, dans nos vies de plus en plus sujettes à l'accélération, nous ne voulons plus ou que, souvent, nous ne pouvons même plus voir ! Nulle leçon de morale : les auteurs ne sont pas plus des gourous qu'ils ne se veulent dispensateurs de bonne notes, même si, comme expliqué dans cette longue introduction, ils estiment que de nombreuses pistes sont encore exploitable, à la condition expresse qu'on veuille bien les prendre en considération. Or, pour l'heure, il faut bien reconnaître que, ni à l'échelle des institutions, ni à celle des individus, rien ne semble devoir changer et que le mot d'ordre général demeure : «Business as usual». Jusqu'à disparition totale du dit business par manque de bons petits soldats consommateurs...

Pour cause d'Effondrement.

CQFD.
Commenter  J’apprécie          383
Ce livre nous ouvre les yeux sur le fait que la Terre n'a plus les capacités à supporter les Hommes, leur trop grande nombre et leurs activités. Cet Homme qui aujourd'hui n'a plus de lien avec la Terre et qui ne fait que s'alimenter via le supermarché.
Seulement voilà, comme l'Homme n'arrive plus à faire face à la réalité, il ne peut pas anticiper l'effondrement à venir. Il ne voit les choses qu'à court terme ou d'autres sont dans un déni complet. Faisons-nous face à un avenir à la The Walking Dead ? Est-il possible de s'en sortir ? le livre répond à l'ensemble de ces questions mais sans trop les développer non plus (le seul point négatif) et nous indique qu'il y a encore beaucoup de chemin à faire...
Commenter  J’apprécie          52




Lecteurs (1398) Voir plus



Quiz Voir plus

L'écologiste mystère

Quel mot concerne à la fois le métro, le papier, les arbres et les galères ?

voile
branche
rame
bois

11 questions
259 lecteurs ont répondu
Thèmes : écologie , developpement durable , Consommation durable , protection de la nature , protection animale , protection de l'environnement , pédagogie , mers et océansCréer un quiz sur ce livre

{* *}