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sur 120 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après une rencontre intéressante avec l'auteur à la fête du livre de Toulon en novembre 2016, son livre a patienté une quarantaine de mois dans ma bibliothèque, quelquefois il est bon de laisser attendre un livre, comme le vin, pour le déguster au meilleur moment.

Très riche dégustation que celle de l'écriture d'Alexandre Seurat sur un thème difficile, celui des mystères familiaux sur la collaboration de trop de français au génocide des juifs, quand le profit facile et spoliateur passe avant toute humanité, presque pire que la haine raciale des nazis qui, eux, l'assumaient.

La construction originale du livre d'Alexandre Seurat, qui a pu dérouter quelques lecteurs, m'a paru très réussie car, à travers la quête de l'arrière petit-fils de l'administrateur provisoire, c'est toute une progression dans les arcanes d'une famille qui va et vient, tantôt dans la pénombre des salons feutrés emplis de meubles anciens -- sont-ils biens de famille ou "prélevés" par cet homme? --, tantôt dans les cours d'immeubles désertes qui ont vu passer tant de valises remplies à la hâte de semblants d'espérance sur la route inconnue de Drancy, puis d'Auschwitz.

Les recherches de l'arrière petit-fils vont de l'exploration minutieuse des archives à travers le livre vert foncé de l'inventaire du Commissariat général aux questions juives, à la lecture du texte promulgué par un triste maréchal, avide d'un pouvoir illusoire, collaborant pleinement à liquidation des biens et des familles, en passant par le questionnement des oncles qui ont un peu connu ce grand-père austère et sévère, pointilleux dans les comptes des spoliations qu'il a réalisées et dont les crimes restèrent impunis.

L'alternance du propos d'Alexandre Seurat rend tout à fait intéressante cette tragique découverte des missions indignes de cet administrateur provisoire. C'est le genre de livre qu'il faut lire de temps en temps, pour apprendre si besoin, savoir et ne pas oublier.
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Peu après la mort de son frère, un jeune homme hanté par la Shoah, le narrateur apprend que son arrière-grand-père a été un collaborateur actif pendant la seconde guerre mondiale. Une famille bourgeoise aux liens distendus, un secret qui n'en n'est pas vraiment un, des aïeux à l'antisémitisme fossilisé dans le cortex, l'enquête sera historique et familiale.

C'est avec beaucoup de courage qu'Alexandre Seurat se tourne vers le passé et questionne l'Histoire pour mettre des noms sur le « travail » de Raoul H. administrateur provisoire chargé, sous Vichy, de recenser les entreprises détenues par des personnes d'origine juive , de les placer sous le contrôle du Commissariat, puis d'assurer leur vente forcée.

D'une écriture blanche et sobre, Alexandre Seurat dresse le portrait d'un monstre ordinaire, froid, rigide et sûr de son bon droit et d'une famille française devenue “amnésique”. Il décrit un enfer peuplé de petits fonctionnaires zélés qui ne font qu'appliquer la loi. Un livre émouvant, intime et universel.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le secret de famille court sous les peaux, dans les ombres, d'une génération à l'autre, jusqu'à ressortir violemment à la quatrième avec la mort du plus jeune des deux frères.
C'est l'aîné qui parle.
Un télescopage de souvenirs, de phrases dites à mi-voix, de mauvais rêves, de regards un peu fuyants, le parquet grince, l'horloge tique-tac un peu trop fort dans les sentiments étouffés…

Nié, balancé de l'un à l'autre comme une patate chaude, le secret de famille dévoile son ignominie au fil de recherches faites par le narrateur, mettant en lumière l'arrière-grand-père et son activité d'administrateur provisoire pour le Commissariat général aux questions juives mis en place par le régime de Vichy afin de dépouiller les juifs de leurs biens.

On ne saura pas tout de cette famille ressemblant à tant d'autres, les quelques centre-quatre-vingt pages de l'ouvrage sillonnent la période de découverte du secret, de mise en mots du secret, d'appropriation du secret sans pour autant en éprouver de soulagement.

Les relations garderont ce rien de trop convenu, ce soupçon d'artificiel si habituel qui devrait détourner le regard de l'éléphant qui trône dans le salon.
Parce qu'un secret de famille, c'est bien un éléphant dans le salon, dont on dit qu'il n'y est pas, d'ailleurs on ne voit aucun éléphant alors…

Alexandre Seurat parvient, dans une écriture rêche et suivant un fil qui se dérobe sans cesse, à traduire le malaise du narrateur face au silence puis face aux mots.
Il nous le fait éprouver aussi, reprenant les expressions d'un antisémitisme "ordinaire", relevant la bonne conscience de l'arrière-grand-père à profiter de la situation pour s'enrichir.
Ce n'est pas une lecture confortable, c'est âpre, ça pèse. J'en ressors un peu groggy, un peu écoeurée aussi, mais avec beaucoup de considération pour la démarche de ce narrateur orphelin de son frère.
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C'est vrai que beaucoup de choses restent assez floues dans ce texte, à mi chemin entre rêves et réalité, mais ce n'est pourtant pas le cas pour son style, précis et élégant. On n'est pas dans l'émotif malgré le sujet qui pourrait le permettre. Je suis donc resté un peu extérieur à cette histoire mais admiratif devant sa construction.
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Il m'avait bouleversée avec son premier roman, "La maladroite", j'ai donc, sitôt vu sur les rayonnages des nouveautés de ma médiathèque,sitôt emprunté son second roman "L'administrateur provisoire".

Dans ce second opus, nous partons avec le narrateur à la recherche des activités de son arrière-grand-père, pendant la seconde guerre mondiale, activités qui lui semblent la source des pesanteurs, des secrets enfouis, qui hantent sa famille ...

Il remontera la piste de cet "administrateur provisoire", en charge des "réquisitions et administration des biens des juifs partis à l'étranger', parcourra les archives familiales, celles du Commissariat Général aux questions juives, du Mémorial de Yad Vashem ... 

Un style toujours très factuel qui décrit sans juger

Des reconstitutions de ces vies, entrecroisées il y a plus de 80 ans, et de leur influence sur les trois générations qui les ont suivies 

Un roman poignant ... 
Lien : http://les.lectures.de.bill...
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J'avais beaucoup aimé et été touchée par le premier livre d'Alexandre SEURAT "la maladroite". J'ai bizarrement attendu pour lire son second texte et pourtant ...
Ici, l'auteur/le narrateur (?) plonge dans ses racines familiales, lorsque son grand frère décède soudainement (maladie mentale et suicide ?), racines qui comprennent un homme, qui avait réussi financièrement certes,semblait très imbu de lui-même : son arrière grand-père, Raoul H.
Il s'agit d'une enquête, d'une opération à coeur ouvert dans une famille repliée sur ses secrets, ses hontes, ses silences : Raoul H était administrateur provisoire du Commissariat à la question juive dés le début de la collaboration. Individu sans état d'âme, uniquement dévoué à sa propre cause, trouvant l'occasion de ce travail de satisfaire son amour de l'argent, Raoul H. va effectuer son travail avec beaucoup de zèle, n'hésitant pas à inciter un bijoutier fantaisie juif à fuir contre argent comptant pour mieux le dénoncer ensuite lors du passage de la ligne de démarcation. le narrateur va aux archives, posent des questions aux anciens, trouvent les noms de deux victimes entre autres de cet arrière grand-père à l'odeur de souffre. Raoul H qui finira par être démis de ses fonctions car l'administration française va trouver qu'il se sert un peu généreusement dans les biens qu'il est censé s'occuper en "bon père de famille". Avec l'aide de différentes personnes, le narrateur va faire le procès de Raoul H et prononcer la sentence.
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Le thème est simple et pourtant bien complexe, un jeune homme décide de fouiller dans le passé familial pour retrouver la trace d'un aïeul, et de traces il s'agit surtout de ses faits ou méfaits. Raoul H. est l'arrière grand-père du narrateur, nommé pendant la Seconde Guerre mondiale administrateur provisoire, en d'autres termes il gérait des biens juifs pendant l'occupation, une activité d'aryanisation des entreprises française que tous dans la famille préfèrent ignorer, comme un passé qu'il est nécessaire d'occulter car bien entendu Raoul H. ne se contenter pas du revenu verser par le gouvernement.
Il s'agit donc d'une enquête un peu romancée divisée en petits chapitres alternant entre différentes époques et personnages, chacun donne sa version sur cet arrière grand-père qui apparaît comme un tyran, malgré tout le narrateur ne peut tout expliquer. Pourquoi Raoul H. cet inventeur forcené croyant dur comme fer dans son invention s'est retrouvé administrateur provisoire et à réclamer des remboursement de frais bien après la guerre.

Cette enquête à la fois personnelle car familiale et collective car touche un pan de l'Histoire de France qu'il n'est pas bon ramener à la surface, reste un mystère. Un livre fort, terrible parfois mais très humain.
Lien : http://stemilou.over-blog.co..
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S'il y a un point commun entre "La maladroite" le si réussi premier roman d'Alexandre Seurat et celui-ci, son deuxième, en plus de ce mélange roman/documentaire, c'est sans doute l'incommunicabilité. Mais cette incommunicabilité au sein d'une famille bourgeoise va plus beaucoup plus loin que celles des personnages isolés de son précédent ouvrage, elle résonne sur plusieurs générations et s'appelle ici "secret de famille".
"L'administrateur provisoire" du titre se nomme Raoul H, bourgeois que l'on sent hautain et fermé. Il gère durant la dernière guerre les biens de juifs réquisitionnés par l'état français. L'époque sombre permet à ces personnes (10 000 administrateurs provisoires ont été ainsi nommés durant cette période), sous couvert de lois antisémites, de commencer par saigner économiquement ces populations avant que la France de Vichy ne les fasse monter dans les trains de la mort. Cette fonction a bien sûr permis toutes sortes de fraudes, de détournements et mais aussi d'enrichissements personnels des administrateurs. Quand le narrateur de l'histoire, homme un peu indéfini, juste arrière petit-fils de ce Raoul H, commence à s'intéresser au passé de sa famille, il se rend compte que cet emploi sulfureux a été bien camouflé au fond d'une mémoire collective préférant l'oubli ou les miettes réinventées d'un passé arrangé. Après avoir interrogé parents, oncles et grands-parents, ce sont les recherches dans les archives et l'exhumation de vieux dossiers qui révéleront au grand jour les agissements sans scrupule, sans une once d'humanité de l'ancêtre.
Ce passé peu glorieux a couru dans les têtes de cette famille dont les apparences parurent sauvés par ce passé enveloppé de silence. Mais le roman, par une construction beaucoup plus complexe que la simple narration d'une enquête historique, parvient à démontrer que le secret finit toujours par resurgir, voire être sans doute l'élément déclencheur d'une mort trois générations plus tard. En mêlant, exhumations de dossiers oubliés, présence rêvée ou fantasmée d'un grand frère décédé, moments d'un procès dont on ne saura l'exacte teneur qu'en fin de récit et reconstitution romanesque de la vie de juifs spoliés, Alexandre Seurat, ambitionne, avec ce subtil entrelacs de genres, de mener le lecteur au coeur d'un secret vénéneux. C'est grandement réussi tant le rappel historique de cette période si minable de notre histoire nous prend à la gorge durant notre lecture, même si parfois, surtout au début du roman, on se perd un peu dans cette lignée bourgeoise.
La fin sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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Dans ce roman, on suit un jeune homme (dont on ne connaît pas le prénom d'ailleurs) qui apprend que son arrière grand-père a été administrateur provisoire pendant la guerre. C'est-à-dire qu'il était chargé de confisquer aux familles juives leurs biens, et notamment les commerces tenus par des Juifs. L'oncle du narrateur lui apprend cela en précisant qu'il l'a fait car son fils avait été capturé par la police allemande, et cette collaboration était donc un moyen de le faire libérer. Seulement, en consultant les archives, le jeune homme se rend compte que le fils a été libéré en 1941, tandis que le père a continué à exercer cette activité d'administrateur provisoire jusqu'en 1943. Sans doute y a-t-il pris un peu trop goût...

Le narrateur se lance donc dans une quête de documentation sur ce tabou familial, très préoccupé sur le passif collaborationniste de sa famille. Dans cette quête, il s'intéresse de plus près aux destins de certains juifs dépossédés par son grand-père, et suit leur trace dans les Archives, ainsi que dans des musées.

Cette enquête est lourde de sens, et cela se ressent pleinement dans l'écriture, notamment par son aspect quelque peu impersonnel. Comme je le disais, on ne connaît pas le nom du narrateur, et cela rappelle au lecteur que la collaboration a pu s'insinuer un peu partout en France, pendant l'Occupation. Et même si le jeune homme rêve d'un procès imaginaire de son arrière-grand-père, dont les scènes sont intercalées entre celles de l'enquête, ce manque de précision empêche le lecteur de porter un jugement sur cette histoire familiale sombre.

J'ai beaucoup apprécié cette écriture, dont on sent qu'elle a été très travaillée, apportant une maîtrise incroyable. Dès les première lignes, on ne peut être qu'admiratifs devant ce rythme si haletant, qui laisse à présager d'un talent monstre...
Lien : http://chroniqueetudiantelet..
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Si les chapitres sont courts et l'écriture fluide, la narration, mélangeant fiction/histoire, fantôme/personnages réels, présent/passé, est parfois assez confuse. D'autre part, la famille du narrateur est grande et remonte sur plusieurs générations, ce qui par moment trouble la lecture.
Même si j'ai moins aimé L'Administrateur provisoire que son premier roman ( La maladroite), Alexandre Seurat fait preuve encore ici d'une écriture pointue. Il livre un témoignage nécessaire (sur des aspects historiques passés sous silence) et force le lecteur à s'interroger sur nos choix et sur l'importance de connaître son histoire pour ne pas porter en soi le poids sournois de la culpabilité.......................................
Lien : http://libre-r-et-associes-s..
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