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2,98

sur 120 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Une écriture déconcertante.
Au bout de quelques pages, j'ai dû poser sur le papier l'arbre généalogique de la famille pour mieux me repérer.
On trouve :
L'arrière-petit-fils, narrateur interne, tour à tour adulte, petit, adulte...
Son frère , qu'on voit enfant , plus grand , décédé, mais de quoi ? Hanté, étouffé par la Shoah , probablement.
Sa mère, son père,
Les oncles maternels:
Jean marié avec Anne,
Pierre marié avec Elisabeth,
Philippe, marié avec Clotilde,
Puis le grand-père Jacques, lui a été prisonnier de guerre en 40, la grand-mère qui termine ses jours en maison de retraite,
Et enfin l'arrière-grand-père Raoul H, qui a épousé Henriette , héritière d'une famille d'industriels, résidant au château De Beauvoir. Lui, c'est un homme « très bien, très intelligent ».
Le narrateur, apprend, par bribes que son bisaïeul a été en 1941 administrateur provisoire. Mais les renseignements recueillis auprès de ses oncles s'avèrent succincts et volontairement vagues. Par ailleurs, il est intrigué par l'attitude de sa mère qui témoigne envers la communauté juive bien plus qu'un intérêt, un réel engouement.
Ses recherches dans les archives du Commissariat général aux questions juives vont confirmer cette information. Raoul qui a peut- être été forcé d'occuper cette fonction pour faire revenir son fils de l'oflag (camp destiné aux officiers prisonniers pendant la seconde guerre mondiale) va continuer à assumer son rôle bien au-delà de la libération de son fils. Il découvre même, que Raoul n'a pas exercé ce mandat en toute honnêteté, en bon père de famille » : ses recherches pour la mise au point et la commercialisation d'un dendromètre (instrument pour mesurer les arbres) , s'avérèrent certainement coûteuses...
Ce livre se construit par des analepses, des prolepses successives, rendant la lecture quelque peu compliquée. Et puis, il y a l'esprit des disparus, ces juifs spoliés, expulsés, déportés, exterminés qui vient hanter le narrateur , qui vient nous percuter , nous aussi, peut -être coupables par générations interposées ?
Au final, un sujet intéressant permettant aussi de mieux appréhender le rôle de ces administrateurs provisoires.
Un roman pour mettre en scène de façon originale , prégnante ce que fut cette période noire, car il faut toujours écrire, raconter, et lire pour dire non à l'oubli.
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Mi-roman, mi-documentaire, « l'administrateur provisoire » nous entraîne dans un va-et-vient entre l'Occupation et notre monde contemporain. le narrateur part sur les traces de son arrière-grand-père. Cette quête le mènera aux archives du Commissariat général aux questions juives. Quel fût le rôle de son aïeul dans ce mécanisme de spoliation ? Comment les actes de nos ancêtres infléchissent-ils nos vies ? le poids de leurs actions pèse-t-il toujours sur les nôtres ? Est-il possible d'échapper à cette sorte de malédiction ?
Entre silences, non-dits et émancipation, les personnages tentent de trouver leur propre vérité. le lecteur découvrira surtout ce dispositif d'Etat qui a permis en toute légalité la confiscation des biens juifs français durant la Seconde guerre mondiale.
Si la partie romanesque reste un peu maladroite, la rigueur et l'intérêt du versant documentaire, pour glaçant qu'il soit, demeurent quoi en soit indispensable et salutaire.
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Seurat Alexandre – "L'administrateur provisoire" – Rouergue, 2016 (ISBN 978-2-8126-1104-9)

Selon une technique fort à la mode en ce moment, l'auteur produit ici ce qu'il est convenu d'appeler une "docufiction" ou encore un "roman documentaire".
Si j'ai bien compris, le procédé consiste d'une part à fouiller un dossier historique réel
– ici celui du collaborateur Raoul H. ayant réellement existé et contribué en tant qu'administrateur provisoire à l'accaparement des biens des citoyens de confession judaïque dans le cadre de l'aryanisation de l'économie prônée et mise en oeuvre pendant l'Occupation nazie de 1940-1945 –
tout en y intégrant d'autre part une dimension romanesque aussi proche que possible d'une situation qui pourrait exister
– ici la quête de l'arrière petit-fils de ce Raoul H. découvrant le passé de son aïeul et se confrontant au silence entretenu sur ce point dans la famille (on retombe ainsi dans un grand classique, le thème du secret familial honteux que le héros veut dévoiler).

Jusque la moitié environ du récit, j'ai trouvé ça bien ficelé, après quoi j'ai trouvé ça justement beaucoup trop bien ficelé, et cela m'a fortement déplu. D'abord parce que ça sent le travail millimétré de l'écrivain qui tient à instiller tant et tant de doses de tel ou tel sentiment en recourant à tel ou tel procédé littéraire, ensuite parce que l'auteur finit par en faire trop (le personnage du frère, par exemple) en accumulant trop de procédés d'écriture.

Ma désapprobation vient peut-être du fait qu'appartenant à la génération d'après guerre, je n'aime pas du tout que l'on construise un si tant plein beau récit à partir de cette horrible réalité que fut la "kollaboration" dans la chasse aux juifs : cela me fait penser à tous ces photographes de presse qui s'acharnent à produire de si belles photos si tant plein dramatiques de la misère des autres, dans le but de construire leur propre renommée si ce n'est leur fortune.

Mais l'auteur appartient à une génération bien plus jeune que la mienne, il est né en 1979. de surcroît, Wikipedia m'apprend qu'il serait le fils de Michel Seurat (1947-1986), qui fut enlevé puis séquestré au Liban par le Hezbollah, jusqu'à sa mort puis la restitution de ses restes vingt ans plus tard, en 2005. J'imagine combien un tel fardeau doit peser lourdement sur la jeunesse d'un être humain, c'est pourquoi je ne formule qu'une appréciation toute relative puisque totalement subjective.

Ceci étant, il me semble que – sur cette même période historique – Fabrice Humbert (à peu près du même âge) se montre nettement plus convaincant et mieux inspiré dans son roman "L'origine de la violence".
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Roman documentaire, enquête historique, quête de son passé, L'administrateur provisoire est tout cela à la fois.

Selon un modèle éprouvé, le narrateur remonte les traces du passé peu avouable de sa famille, de son arrière grand-père en particulier. Un passé que sa famille, parents, oncles ou tantes n'ont que peu connu, ou plutôt, n'ont jamais voulu chercher à connaître.

Le narrateur va alors se lancer sur les traces de cet aïeul, Raoul H., à partir de témoignages familiaux mais surtout, d'un travail de décryptage des archives de l'époque, révélatrices pour qui se donne la peine de les ouvrir.

On explore alors le quotidien des ces administrateurs, nommés pour gérer "temporairement" - un temporaire dont on sait aujourd'hui qu'il rimait trop souvent avec définitif - les biens retirés aux juifs pendant la guerre. Les archives sont parlantes, glaçantes mais parlantes.

Un témoignage de plus diront certains. Certes, et qui n'apporte rien de bien nouveau aux insoutenables horreurs tant et tant décrites ailleurs. Sauf que c'est bien cette accumulation de témoignages - qui sont autant de faits - qui constituent ce qu'il est convenu d'appeler la Mémoire. Et qui en s'étoffent devient chaque fois un peu plus inoubliable. Et, souhaitons-le, un peu plus inattaquable. La somme fait sens...

Pour le reste, je suis moins entré dans le mélange des genres que nous propose Alexandre Seurat lié à la disparition de son frère (même s'il est évident que la vie de Raoul H. a influé sur l'ensemble de cette famille), à la rédaction romancée et imaginée de certaines scènes passées ou aux digressions fantasmagoriques parfois surprenantes.
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J'aime beaucoup découvrir de nouveaux auteurs avec leur premier roman. En 2015 Alexandre Seurat m'avait beaucoup marquée avec son roman La maladroite, inspiré d'un fait divers récent, le meurtre d'une enfant de huit ans par ses parents. Il est toujours intéressant de voir comment ces primo-romanciers franchissent le cap du deuxième roman surtout quand leur premier titre a connu un certain succès.

Dans son deuxième roman, Alexandre Seurat s'attaque à un terrible secret de famille.

Qu'est-ce qu'un administrateur provisoire? C'est une personne chargée de "l'aryanisation" des biens des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale dans la France de Vichy. Cet administrateur gère l'entreprise à la place du propriétaire juif, négocie la vente des fonds de commerce ou d'immeubles à des non-juifs spoliant ainsi les juifs de leurs biens et de leurs sources de revenus.

A l'occasion de l'enterrement de son frère, le narrateur découvre grâce à son oncle Pierre que son arrière-grand-père Raoul H. a fait partie du Commissariat général aux questions juives et a donc été un administrateur provisoire.

Qui était cet homme qu'il n'a pas connu et dont la famille ne dit rien? Il se lance dans une grande enquête, va rencontrer d'autres membres de sa famille et entendre souvent "C'était l'époque, voilà tout.", se souvenir que son frère était hanté par la Shoah, consulter des livres d'histoire sur le Commissariat général aux questions juives, lire rapports et témoignages...

Aux Archives il retrouve les dossiers traités par Raoul H. et les rapports qu'il a rédigés "il y a son nom dans l'inventaire, son dossier H. Raoul… avec la honte : je viens de là, de Raoul H".
On découvre ainsi que Raoul H. s'est "occupé" en particulier de Ludwig Ansbacher déporté de Pithiviers le 17 Juillet 1942, mort à Auschwitz le 26 Août, et de Emmanuel Baumann "silhouette fantomatique dans les bruits de Drancy, le tumulte de Drancy, coupé de tout espoir, de toute attente". Des victimes que le narrateur tente de faire revivre...

Le fantôme de son frère l'accompagne lors de ces recherches, ce frère dont il est dit peu de choses dans le récit mais qui «était hanté par la Shoah, quand il est rentré de sa visite d'Auschwitz avec sa classe de lycée, possédé par la haine, un désir de vengeance… » et qui semble être mort de ce mal-être.

En Raoul le narrateur découvre un être abject qui n'a même pas été inquiété après la guerre pour son comportement envers les personnes dont il administrait les biens "il a le droit avec lui et la loi avec lui, et il ne fait que son travail, avec rigueur et diligence." Il a exercé son métier sans états d'âme n'hésitant pas à s'enrichir au passage et multipliant les irrégularités. Dans ce récit, Alexandre Seurat lui imagine un procès fictif.

C'est une quête de vérité menée par un homme seul envers et contre tous, la plupart du temps incompris par son entourage familial et amical. Un homme qui cherche à bousculer sa famille qui s'est toujours réfugiée dans le déni "ils les tenaient d'où, ces meubles? Est-ce qu'elle est sûre qu'ils venaient de la famille? Elle ne sait pas répondre, elle n'en sait rien, les questions l'effraient."

Ce récit dans lequel s'entremêlent enquête dans la mémoire familiale et enquête dans les archives et témoignages historiques est très bien documenté, il aborde un sujet grave qui est inspiré de la véritable histoire familiale d'Alexandre Seurat.
J'ai cependant regretté que la narration soit parfois un peu confuse, parsemée de rêves du narrateur. de plus, il ne m'a pas été toujours simple de m'y retrouver parmi les multiples personnages familiaux évoqués. Au final, un sujet intéressant mais moins bien maitrisé par l'auteur que celui qu'il avait abordé dans son premier roman.

Alexandre Seurat a été finaliste du prix du style qui a été attribué à Négar Djavadi pour Désorientale



Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Il s'agit d'une enquête menée par un arrière petit-fils, le narrateur, sur son aïeul, Raoul.
Qu'est-ce que faisait Raoul? le sujet est tabou. personne n'en parle.
Il était administrateur provisoire, fonction instituée par la loi du 22 juillet 1941 relative aux entreprises, biens et valeurs appartenant aux juifs.
Raoul, qui devait gérer en "bon père de famille", les biens des Juifs, en a profité allègrement, comme tous ses collègues.
Personnellement, j'ai eu quelques difficultés à suivre le cheminement de la narration.
Ce livre évoque les heures sombres de notre Histoire, le régime de Vichy.
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Un homme, dont le frère vient de mourir pour des raisons restées obscures, décide de faire des recherches sur son arrière grand-père, Raoul H., qui aurait collaboré pendant la 2nde guerre mondiale.

A force d'interroger ses proches, il obtient des bribes d'information sur ce Raoul H. La famille dévoile un secret tout en laissant planer le doute car elle n'assume pas les actes de Raoul. H. Il aurait été administrateur provisoire afin de permettre à son fils de revenir de l'oflag.
Les éléments recueillis ne sont pas suffisant pour reconstituer le parcours de Raoul H. et ses actes pendant la 2nde guerre mondiale. Une grande part d'ombre subsiste et le narrateur cherche à comprendre pourquoi.
Il décide alors de se rendre aux archives et espère découvrir la vérité en consultant les documents d'époque.
Ses recherches seront fructueuses et dévoileront un arrière grand-père dont la figure et les actes ne sont pas des plus glorieux.

Ces différents agissements sont amenés au fur et à mesure par un enchaînement déroutant d'analepses.
Pour le lecteur, il n'y a au final pas de grande surprise dans le déroulement des faits. La construction par les allers et retours entre présent et futur n'apporte rien au récit, si ce n'est de le rendre difficilement compréhensible.

Un livre particulier, très bien documenté, mais qui ne m'a pas convaincue contrairement à son premier roman, La maladroite.
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difficile cette quête pour notre héros d'apprendre la vérité sur ce que fut son arrière grand -père.
un roman sur les juifs très bien documenté
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J'avais adoré "La maladroite" paru il y a un an chez Rouergue - mon billet est ici -. J'étais impatiente de retrouver la plume d'Alexandre Seurat.

Un décès celui du frère du narrateur - il était hanté par la Shoah - va dévoiler un secret de famille. Un lourd secret. Son arrière grand-père était administrateur de biens provisoire sous le régime de Vichy. Sa famille a banalisé les faits, c'était comme ça à l'époque ...

Une claque pour le narrateur, arrière-petit-fils de Raoul H. Il veut savoir qui il est vraiment.

Avec l'aide de son oncle d'abord, puis d'un universitaire, il va avoir accès aux archives, celle de l'inventaire du Commissariat Général aux questions juives.

Raoul H était Administrateur provisoire de biens et dépendait directement du Commissariat aux affaires juives, c'est toute l'organisation économique sous le régime de Vichy.

Les entreprises juives sont répertoriées à l'automne 40, une affiche jaune mentionne qu'elles sont juives. Ensuite l'administrateur de biens prend possession du bien, en dresse un inventaire, cherche un repreneur - c'est ce que l'on nomme l'aryanisation économique - et revend l'affaire.

"La liquidation des biens juifs ne fut pas une spoliation - comme le fut la liquidation des biens des congrégations religieuses au début du siècle -, elle fut une transmutation où les biens mobiliers ou immobiliers étaient convertis en espèces dont l'Etat français garantissait la propriété aux Juifs."

Il faut donc distinguer spoliation (le vol légal) du pillage - car à l'époque, spolier est un travail. (Article 7 - L'administrateur provisoire doit gérer en bon père de famille.)

A l'époque c'était comme ça. C'est horrible car en prenant le contrôle et en revendant les biens les familles étaient sans ressources, puis ce fut le Vel d'Hiv, la déportation et l'envoi dans les camps sans retour le plus souvent.

Le narrateur ressent le poids de la culpabilité de ses ancêtres, et rend aussi hommage aux victimes à travers deux cas précis.

Le sujet est fort, très bien documenté. Alexandre Seurat semble avoir trouvé son style dans le docu-fiction. Son écriture est très belle, allant à l'essentiel : un livre indispensable qui lui permet de revisiter le passé.

Ma note : 7/10
Lien : https://nathavh49.blogspot.b..
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Un décès dans une famille est souvent l'occasion de révélations, ou du moins de petites phrases prononcées naïvement, de confidences… pont de départ de recherches approfondies sur les traces d'un passé caché, honteux que les générations suivantes portent souvent comme un fardeau.

L'administrateur provisoire, durant la seconde guerre mondiale, était chargé par le gouvernement de Vichy de de préempter les biens professionnels des juifs, d'en prendre le contrôle pour les revendre ensuite. Une activité, certes légale, mais fortement teintée de malhonnête, de haine, et fortement lucrative. Un des nombreux exemples de la collaboration.

L'objet de ce roman/documentaire est l'enquête que va faire le narrateur à propos de son arrière-grand-père. Alexandre Seurat mélange la narration aux extraits de documents officiels ainsi que des propos plus personnels. On y sent comme la nécessité d'expurger le passé, de le révéler pour se libérer d'une culpabilité insidieuse. L'humain doit –il porter le poids de la fautes, ou du moins des agissements de sa famille ?
A la lecture de cet ouvrage, j'ai ressenti une forme de frustration tant sur le court format de l'ouvrage, que sur sa forme un eu hybride, qui à mon sens ne laisse place ni aux émotions ni à une totale implication. J'ai donc eu du mal à me plonger véritablement dans ce livre, et ce malgré une écriture soignée, et un bel effort de documentation.

Je remercie les éditions du Rouergue pour l'envoi de ce livre .

Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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