AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,78

sur 85 notes
5
6 avis
4
3 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
J'ai une tendresse particulière pour Madame de Sévigné. Cette pauvre femme a accumulé les malheurs dans sa vie. Jugez plutôt : Née le 05 février 1626, celle qui se nommait alors Marie de Rabutin-Chantal perd son père un an plus tard et sa mère à l'âge de sept ans. Elle est alors élevée par sa famille maternelle et recevra son éducation des religieuses de la Visitation dont la fondatrice n'était autre que sa grand-mère paternelle, Jeanne de Chantal.

Belle et cultivée, (et je ne parle pas de sa fortune), elle attire inévitablement les partis. A dix huit ans, elle épouse le marquis Henri de Sévigné. Hélas, il la ruine à moitié et la délaisse. Une des ses aventures amoureuses le conduira d'ailleurs en duel au cours duquel il perdra la vie. La Marquise devient veuve à vingt cinq ans avec deux enfants à charge, Charles et Françoise.

Dès lors, elle n'aura de cesse de bien élever sa progéniture et de remettre de l'ordre dans ses affaires. Lorsque sa fille épouse M. le Comte de Grignan et que le couple déménage en Provence, Madame de Sévigné en éprouve une tristesse extraordinaire, un déchirement des plus douloureux. Les lettres à sa fille sont parmi les plus émouvantes. Cependant, le genre épistolaire ne lui servait pas qu'à communiquer avec sa descendance. Elle lui permettait également de retranscrire tous les événements que vivait sa société.

Cette correspondance, d'une richesse inouïe, ne fut publiée que bien après sa mort (celle-ci étant survenue en 1696, ses lettres ne furent publiées qu'à partir de 1725). J'aime beaucoup lire et relire ces textes.

Lien : http://www.lydiabonnaventure..
Commenter  J’apprécie          716
Un grand classique de la littérature du XVIIe et un grand classique de la littérature française tout court. Grande dame de la bonne société fréquentant la cour, aux premières loges pour suivre les évènements de son siècle, Marie de Rabutin-Chantal, marquise De Sévigné, n'était à priori pas un écrivain, mais a écrit beaucoup de lettres, ce qui n'avait rien d'exceptionnel à son époque. Une partie de cette correspondance a survécu, presque par hasard, car au XVIIe on ne gardait pas les manuscrits ni les lettres. Ainsi, sur les milliers de lettres écrites par Racine, seules 225 nous restent, grâce à ses fils, très dévoués à la mémoire de leur père. Dans le cas de Madame de Sévigné, c'est sa fille, Madame de Grignan, qui a gardé toute la correspondance envoyée par sa mère. La marquise a pourtant écrit toute sa vie à toute sorte de gens, mais peu de ces missives nous sont restées. Parmi elles, certaines des lettres adressées à son cousin, Bussy-Rabutin. C'est le premier à avoir publié sa cousine, il a inséré dans ses Mémoires quelques lettres de la marquise. Et ce sont ces dernières qui ont été remarquées, au point d'éveiller la curiosité et donner envie d'en éditer d'autres. Quelques éditions d'un nombre restreint de lettres paraissent, d'une manière quelque peu anarchique et sans l'accord de la famille. Pauline de Simiane, sa petite fille, charge donc un certain Perrin d'établir une édition « autorisée ». Un choix de 772 est établi, et les originaux sont brûlés. Perrin se permet des grandes libertés avec le matériel d'origine : il coupe, réécrit. Il faut être conscient que ce qui nous reste n'est qu'une sélection, et parfois infidèle à l'original. Il ne reste actuellement que 1120 lettres dont 764 à sa fille, 126 à Bussy-Rabutin et 220 à vingt-neuf autres destinataires. Pour seulement 15 % d'entre elles, le texte autographe a survécu.

L'essentiel de ce qui reste sont donc les lettre à Madame de Grignan. Tout simplement parce qu'elle les a conservées, ce qui n'a pas été le cas de tous les correspondants de sa mère. Et puis, parce qu'écrire à sa fille a été la grande occupation de la marquise, à partir de la séparation, suite au mariage et au départ dans le sud de la jeune femme. Deux, puis trois services postaux par semaine, aucun sans une lettre. Et cela pendant 25 ans. Les lettres ne s'interrompent que lorsque les deux femmes sont réunis, soit à Paris, soit en Provence. On a beaucoup écrit sur cet amour fou de la mère pour sa fille, qui s'oppose tellement à l'attitude raisonnable de la marquise par ailleurs, qui semble prendre la vie comme elle vient, avec une forme d'optimisme et d'enjouement. Les lettres à son cousin révèlent beaucoup d'esprit, une sorte de coquetterie élégante, une mise à distance. C'est une fine observatrice, par exemple ses comptes rendus du procès de Fouquet sont remarquables d'intelligence et de finesse. L'air de rien, sa vision de la cour, des maîtresses royales, montre qu'elle n'est pas dupe, qu'elle juge, mais tout est en suggestion, dans le choix des mots, qui laisse entendre, n'assène pas. Évidemment, on imagine que si certaines ont été plus explicites ou plus féroces, elles n'auraient pas été publiées, mais cela ne semble pas être dans la manière de la marquise.

Celles qui restent, disent le grand amour qu'elle éprouve pour sa fille. Elles sont plus caustiques vis-à-vis de son fils, et d'autres personnes. Étonnement libres aussi : elle n'hésite pas à évoquer les maîtresses du jeune homme, les maladies vénériennes, à se moquer de son peu de succès dans ses amours. On suit son existence, l'âge qui avance, les difficultés de gestion, les soucis d'argent aussi, la vie quotidienne dans sa propriété de Bretagne, les potins parisiens. Les petites choses de la vie en somme, qui rendent le XVIIe siècle si concret, qui le rapprochent de nous.

A découvrir, peut-être dans une sélection, si on ne sent pas le courage d'une trop longue lecture.
Commenter  J’apprécie          358

Je vois que cette chère femme n'a pas beaucoup de lecteurs, 256 sur babelio.

Une fois n'est pas coutume, ce passage que l'on m'a cité :

LETTRE de Mme de Sévigné à sa fille, le jeudi 30 Avril 1687.


« Surtout, ma chère enfant, ne venez point à Paris ! Plus personne ne sort de peur de voir ce fléau s'abattre sur nous, il se propage comme un feu de bois sec.
Le roi et Mazarin nous confinent tous dans nos appartements. Monsieur Vatel, qui reçoit ses charges de marée, pourvoie à nos repas qu'il nous fait livrer, Cela m'attriste.
Je me réjouissais d'aller assister aux prochaines représentations d'une comédie de Monsieur Corneille "Le Menteur", dont on dit le plus grand bien.
Nous nous ennuyons un peu et je ne peux plus vous narrer les dernières intrigues à la Cour, ni les dernières tenues à la mode. Heureusement, je vois discrètement ma chère amie, Marie-Madeleine de Lafayette, nous nous régalons avec les Fables de Monsieur de la Fontaine, dont celle, très à propos, « Les animaux malades de la peste » ! « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés ».
Je vous envoie deux drôles de masques ; c'est la grand'mode. tout le monde en porte à Versailles. C'est un joli air de propreté, qui empêche de se contaminer. »
Je vous embrasse, ma bonne, ainsi que Pauline. »

C'était il y a 333 ans ...

Commenter  J’apprécie          131
A l'heure des mails rapides et irréfléchis, cela fait du bien de se replonger dans des textes épistoliers de grande qualité. On y traite de tout, de choses plus ou moins importantes.
En tout cas cela donne envie de reprendre du papier et sinon une plume, au moins un stylo et d'écrire à nouveau à quelques connaissances.
D'autant quand cette lecture correspond à une période de voeux.
Commenter  J’apprécie          121
Lu chez la Pléiade, cela va sans dire. Il fallait que l'extérieur soit digne du contenu. En tant que dix-septièmiste revendiquée je suis tout sauf impartiale, alors disons simplement que cette édition est comme toujours plus que parfaite, et que l'auteur, si elle n'était pas une mère plus que parfaite, fut une conteuse, une mémorialiste, une pipelette absolument délicieuse. Il faut prendre le temps de savourer la lecture, d'éplucher les notes, de rêver les costumes, les châteaux, les mets, les musiques, en essayant de reconstituer le langage étonnamment rocailleux et « terrouère » de l'époque. Vaut le voyage, vraiment.
Commenter  J’apprécie          102
Madame de Sévigné, une grande dame qui fut une infatigable épistolière, une pionnière des reportages. Un grand art du récit, qu'elle sait rendre captivant (voir citation: le suicide de Vatel).
Un grand art pour manier le sensationnel.
Que de talent déployé pour maintenir l'intérêt (et l'amour) de sa fille Madame de Grignan, exilée en Provence...!!
Le XVIIème siècle a été une période importante pour la correspondance privée: Louis XIII crée la Poste aux Lettres, qui facilite la centralisation du pouvoir mais aussi la libre circulation des idées, ce dont a bénéficié notre intarissable marquise.
Enfin pour souligner encore plus, si besoin était, le talent de notre marquise, citons Virgina Woolf qui, en 1942 s'exprimait au sujet de Mme de Sévigné:
"Cette grande dame, cette robuste et féconde épistolière, qui, à notre époque aurait sans doute été une romancière parmi les plus grands, prend plus de place dans la conscience vivante des lecteurs d'aujourd'hui que tout autre personnage de son époque disparue.." (The death of the Mother and Other Essays 1942)
Commenter  J’apprécie          80
Tout me va très bien chez madame La Marquise , j'aime son esprit , j'aime la classe avec laquelle elle peint son entourage ,j'aime la vacherie raffinée qu'elle met dans ses portraits de la Cour ( quelle Youtoubeuse elle aurait fait ! ) , j'aime cette langue merveilleuse du 17ème . Et puis c'est une voisine, je vais souvent me promener dans les jardins de Grignan qu'elle décrit si bien . Respect Madame ! C.
Commenter  J’apprécie          70
Les lettres de Mme de Sévigné, c'est un peu l'ancêtre de la presse People, en plus classe !
Certaines lettres sont drôles et légères, d'autres sont plus angoissées : l'amour, la mort, la famille, le mariage, tous les grands thèmes passent sous la plume légère mais juste de Mme de Sévigné !
J'avoue ne pas avoir lu l'entièreté de l'oeuvre : cette correspondance se savoure par petites bouchées, entre deux romans, lorsque l'on a envie de s'immerger dans le xviie, pas toujours si différent de notre xxie siècle...
Commenter  J’apprécie          70
Etant moi-même une intarissable épistolière j'ai évidemment adoré l'esprit si brillant de cette femme et je relis ce recueil de lettres de temps en temps, en piochant au hasard.
Commenter  J’apprécie          50
Lorsque je suis lasse de mes lectures en cours, lorsque je suis fatiguée et que j'ai envie de changer de sujet, je ressors cet ouvrage, que je relis un peu au hasard.
Et à chaque fois, je ressens la même joie à retrouver le style si vivant, si brillant, si "grand siècle" de Madame de Sévigné. Quel esprit !
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (335) Voir plus



Quiz Voir plus

Madame de Sévigné

Madame de Sévigné est née ...

Françoise d'Aubigné
Marie de Rabutin-Chantal
Marie Mancini
Françoise de Mortemart

12 questions
24 lecteurs ont répondu
Thème : Madame de SévignéCréer un quiz sur ce livre

{* *}