Citations sur Le Chat du Rabbin, tome 2 : Le Malka des Lions (29)
(Le Chat du Rabbin discute avec le lion de Malka.)
- Tu as vu, les gens n'ont pas peur de toi. On dirait que c'est normal, pour eux, de voir un lion.
- Je ne vois pas en quoi ma présence est incongrue.
- Je ne sais pas. Moi, les animaux dans une maison ça me choque.
Mon maître a reçu deux lettres ce matin. Il ne les ouvre pas tout de suite. Il commence par faire sa prière.
Puis il prend son petit déjeuner.
Une des lettres vient de Paris. L'autre est tellement abîmée qu'on dirait qu'elle a traversé le désert.
Zlabya, ma maîtresse, est curieuse de connaître le contenu des lettres, et moi aussi, car les chats sont encore plus curieux que les filles.
Le rabbin met les lettres dans sa poche et sort, il dit qu'il les lira plus tard.
En fait, je pense qu'il fait durer le plaisir. Zlabya n'ose pas lui courir derrière. Moi, si.
Ecoute, maître adoré, on n'a pas besoin de respecter la loi des fous.
Tu es rabbin ici depuis trente ans et ceux-là qui n'ont jamais fichu un pied chez nous veulent dire qui est rabbin ou pas. Et pour faire la prière en hébreu à des juifs qui parlent arabe, ils veulent que tu écrives en français ; alors pour moi, ce sont des fous.
"Bien. "Le chat, la belette et le petit lapin", ça vous va ?
- Oui.
- Non, parce que si vous voulez, je peux chercher une fable composée uniquement d'animaux cashers.
- Ah ! Tais-toi et lis.
- Je me tais ou je lis ?
- Lis."
Alors ils ont prié. Tous les deux. L'un tourné vers Jérusalem, l'autre vers La Mecque.
Et ils ont dansé.
Le cheikh a pris son oud et il a prêté une tarboukah au rabbin et ils ont dansé et chanté et rigolé et ils étaient plus ivres que s'ils avaient bu.
- C'est un âne étrange. Figure-toi qu'il sait lire mes partitions et qu'il peut chanter en trois langues
- Incroyable !
- Non, c'est plutôt un souci. Il chante faux.
- Donne la parole à un âne, ça sera toujours un âne.
- Tu crois qu'il ne faut pas éduquer tout le monde ?
- Si. Même les ânes, il faut. Mais sans illusions.
- Tu ne t'en sortiras jamais sans moi.
- Quoi, je n'écris pas si mal ?
- La calligraphie est bien maître, mais dans une dictée, c'est surtout l'orthographe qui compte.
- Tiens, rends-toi utile. Dicte-moi.
- Bien ... "Daphnis et Alcimadure ..."
- Qu'est-ce que c'est ?
- C'est le titre.
- C'est une fable de La Fontaine qui a un titre pareil ?
- Oui.
- Choisis-en une autre.
- Bien. "Le cierge"
- C'est tout ce que tu as trouvé ? Une autre fable, vite.
- Hmf ... "Jupiter et le Passager". "Ô combien le péril enrichirait les dieux ...
- Les dieux ?
- Oui.
- Non, ça ne va pas. Trouve-moi une fable monothéiste. Avec des animaux. Des animaux normaux, dont on sait le nom.
- Bien. "Le chat, la belette et le petit lapin", ça vous va ?
- Oui.
- Non, parce que si vous voulez, je peux chercher une fable composée uniquement d'animaux cashers.
-Tu sais quoi, on devrait vivre dans une grotte et juste être dans notre coin. J'apporte mes Livres, toi, tes chansons...
-Non. Un jour, Allah nous le reprocherait. Nous serions comme Jonas qui accordait plus d'importance à un arbre qu'aux gens.
-Et alors? Est-ce qu'on n'a pas le droit de dire qu'on a beaucoup fait pour les autres et qu'ils nous fatiguent et qu'on est vieux et qu'on veut être tranquilles?
-Non.