Je n'ai rien compris à ce roman. Et je me sens très bête ou plutôt terriblement conventionnelle en mode plan-plan pour n'avoir pas succombé à cette oeuvre inclassable complètement barrée.
J'aurais voulu me glisser dans la peau d'une lectrice rock'n'roll capable de m'éclater en compagnie de Ionas le vampire centenaire skatteur, de Rebecka sa copine psy spécialisée dans les monstres en plein spleen ; j'aurais voulu m'attacher à la famille juive des Abergel. Au début, j'y ai cru. Je me marrais bien des délires échevelés de
Joann Sfar qui fait ressusciter Johnny par Macron, invente une France très contemporaine farcie de monstres qui se rencontrent via Monster Tinder. J'ai bien ri à suivre les aventures truculentes du père du narrateur, Désiré Abergel, qui récupère suite à une opération magique son prépuce pour ne plus souffrir d'être juif et tester la haine antisémite en se rendant à un stand up d'un clone de Dieudonné.
Rouch, je te sens perplexe là. Ben oui, moi aussi j'ai frisé l'indigestion à cause d'un trop plein de foutraque. C'est d'autant plus regrettable qu'il y a des saillies vraiment hilarantes et que, surtout,
Joan Sfar a des choses à dire sur notre France. Mais y a clairement trop de thèmes qu'il a voulu étreindre sans que la ligne directrice soit évidente à suivre : judaïté, montée de la haine antisémite, homosexualité, Gilets jaunes, Macron, BFM, les réseaux sociaux ... Je finis ce livre fatiguée par le foisonnement des pistes et le délire de ce style psychopathe.
Joan Sfar a l'intelligence et le talent, c'est évident. Je suis persuadée que ce roman, transformée en BD aurait été bien plus réussie. Forcément, il aurait été obligé d'épurer son propos, d'aller à l'essentiel pour dénoncer les travers de notre société avec une fantaisie déliée. Il y a bien, entre les chapitres, quelques dessins comme autant de portraits des personnages loufoques de ce roman. Je me suis raccrochée à eux pour parvenir à finir ma lecture.
Lu dans le cadre d'une Masse critique Babelio privilégiée