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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Le corps de Tequila Leila, prostituée, git au fond d'une poubelle, son esprit vagabonde encore 10 minutes 38 secondes... le temps pour elle de nous raconter sa vie...
Un parcours atypique fait de hasard, de mensonges, de séparations, de tragédies, une vie cabossée qui l'a mise au ban de la société.
Son enfance fut chaotique avec un père fanatique et un oncle pédophile qui a abusé d'elle. Sa décision de fuir à Istanbul n'a pas été plus heureuse, elle se retrouve à travailler dans un bordel...
Personne ne va se soucier de sa disparition, ni du fait et du pourquoi elle est morte dans cette rue glauque...

Ce roman rend hommage à toutes les femmes laissées pour compte et offre une peinture suggestive et sombre d'Istanbul et des contrastes de la société turque.
Le style est alerte et la première partie du livre est haletante. En effet la formule de narration de l'héroïne morte est originale et fonctionne à merveille ensuite quelques longueurs font lâcher le livre, rien de grave cependant.
Un beau portrait de femme.

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Du feel-good pas trop mal foutu, l'histoire d'une prostituée retrouvée morte dans une benne à ordures d'Istanbul.

L'occasion d'approcher la condition de la femme en Turquie et de donner la voix à celles (et ceux aussi) que l'on entend jamais.

Un livre gentil et bienveillant aux nombreuses ellipses sur les sujets trop glauques, et pour autant sans complaisance tant les non dits sont clairs (un exercice d'équilibrisme assez réussi)
Lien : https://www.noid.ch/10-minut..
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Tequila Leila est morte.
Mais ce n'est pas le cas de sa conscience.
Pas encore.

Leila l'ignore, mais il lui reste presque onze minutes, dix minutes et trente-huit secondes, une petite éternité au cours de laquelle son cerveau hébété aura tout le temps de se souvenir de sa vie, de ses errances, de ses points de bascule, dans une frise tout sauf chronologiques émaillées de magnifiques accidents et d'épouvantables traumatismes.
Elle se comprendra, un peu.
Elle n'aura pas même le temps d'éprouver des regrets.
Simplement de recomposer sa mémoire, alors même que le cours de sa vie s'interrompt.
Elle aura bien vécu, ça, c'est certain.
Reste à savoir ce que sera sa mort.

Leila est une femme à l'existence complexe, née dans la frustration et le mensonge, élevée à coup d'injonctions contradictoires et de plus en plus autoritaires, très vite larguée dans une vie dangereuse, exaltante, et ô combien désirée. Dans la Turquie en pleine mutation de la seconde moitié du XXème siècle, elle grandit, s'émancipe, brave tous les interdits et surtout les plus sévères, trouve sa voie, en tout cas, essaye.

Et c'est étourdissant.

La première moitié du roman, la plus importante et la plus réussie, dresse ainsi le portrait de Leila à travers les épisodes qui lui reviennent petit à petit en mémoire sans pathos ni lyrisme mal placé, un petit exploit quand on s'intéresse au sort d'un personnage en train de mourir. Elif Shafak présente sa Leila comme elle est : torturée, sincère, troublante, opprimée. C'est surtout l'histoire d'une femme qui arrive à chaque étape de sa vie à affirmer son humanité, à faire fi de la cruauté et de la brutalité des hommes qui l'entoure, à toujours faire de son mieux pour tendre vers son idéal, la liberté telle qu'elle a passé une vie entière à en rêver.
C'est une histoire violente, particulièrement douloureuse, au point d'en devenir parfois perturbante, mais qui n'en fait jamais trop, et compense son aspect sombre par le récit des cinq amitiés que Leila noue au fil des années, autant de destins parallèles qui parachèvent le tableau vivant brossé par l'autrice.

Vient ensuite la seconde moitié du roman, dont on peine parfois à intégrer qu'il s'agit bel et bien de la suite de cette histoire crue, authentique et mémorable qui constituait la première partie. le ton jusque-là cohérent et assuré bascule vers quelque chose de plus instable, allant parfois jusqu'au mauvais goût, à mi-chemin entre le récit fantastique un peu bancal, le vaudeville et la comédie mal dosée. On a en quelque sorte le sentiment de voire toute la noblesse distillée dans le récit de la vie de Leila s'évaporer d'un coup, pour laisser place à une sorte d'histoire de braquage improbable où on peine à reconnaître les thèmes jusque-là traités avec tant de finesse. C'est décevant, c'est certain, au point qu'on peut se retrouver à vouloir en finir au plus vite avec ce roman qu'on savourait pourtant tant dans ses 200 premières pages. On conserve néanmoins de ces 10 minutes et 38 secondes un souvenir largement dominé par la beauté de cette première partie, et ce roman restera avant tout celui de Leila, celui du souvenir, celui des rêves dangereux et un peu fous qui peuvent, parfois, avec le soutien de familles inventées, devenir une forme de réalité dans laquelle on parvient à s'épanouir. Une jolie proposition littéraire, moins réussie dans son dénouement que ce qu'on aurait pu espérer, mais tout à fait pertinente et sensible malgré tout.
Lien : https://mademoisellebouquine..
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Et si notre cerveau continuait à fonctionner pendant 10 minutes et 38 secondes, très précisément, après notre mort ? C'est l'incroyable pitch de départ du roman d'Elif Shafak.

Au-delà de cette idée de départ un peu loufoque, l'auteure va bien plus loin. Tequila Leila, rien ne la prédestinait à devenir prostituée. Née au sein d'une « bonne famille », elle se retrouve finalement perdue à Istanbul, sans autre choix que vendre son corps contre un toit et quelques billets. Heureusement, elle a quelques amis fidèles sur lesquels elle peut compter pour adoucir sa vie.

En racontant la vie de Leila, prostituée, c'est toute la condition féminine en Turquie, qu'Elif Shafak dénonce. Mais pas que ! Elle nous parle également des liens familiaux, de la religion, des croyances et des rituels de tout un pays.

Elif Shafak nous présente une Istanbul pleine d'ambiguïté, de charme, de violence, d'amour et de haine. Une ville dans laquelle se réfugient ceux reniés par leurs familles, ceux qui fuient leurs familles, ceux qui ont tout perdu, ceux qui viennent tout chercher.

J'ai adoré la première partie de ce roman, très intime et bien menée. Néanmoins, j'ai trouvé que les deux dernières parties trainaient un peu en longueur. Certains passages étaient, à mon sens, trop étayés, plombant parfois légèrement le rythme de lecture.

Sans être un coup de coeur, je garderai un beau souvenir de cette lecture et de la découverte de cette auteure… ainsi que d'Istanbul, une ville qui semble bouillonnante et intense, chargée d'Histoire et de paradoxes.
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Ce livre est une invitation aux voyages. Dans un premier temps, on voyage entre le passé et le présent à travers la vie de Leila mais également à travers celle de ses amis qui sont tous brisés par le destin. Tout au long de ce livre, l'auteure décortique la vie particulière de Leila depuis sa petite enfance jusqu'à son dernier souffle dans une benne à ordures. On assiste, médusés, au choix du père de famille de ne jamais révéler qui est la mère biologique de Leila ; on sent la colère monter lorsqu'un oncle fait passer Leila pour une vile tentatrice le poussant à se glisser dans son lit durant de nombreuses nuits…

Le second voyage que l'on effectue en lisant ce livre est une immersion totale dans la ville d'Istanbul, dans une ville à la toute-puissance, à la beauté trompeuse et cette société qui soumet les femmes à de dures épreuves, les laissant à la merci d'un père, d'un mari, d'un oncle ou bien encore de la religion.

Mais le sujet de fond de ce livre, c'est l'amitié, l'amitié contre vents et marrées. L'auteure démontre de façon magistrale que les liens du coeur sont parfois plus solides et plus sains que les liens du sang. Ici, c'est une ode au soutien, à l'entraide que nous livre Elif Shafak, Leila et ses amis sont toujours unis et présents les uns pour les autres même s'ils ne sont pas forcément d'accord sur la vision que peut avoir l'un ou l'autre sur la vie, l'amour, les liens familiaux…

Bref, ce roman a tout pour plaire. Une histoire captivante, dure par moment et qui montre que la religion et le progrès ne sont souvent pas compatibles ; des personnages torturés, qu'on a tenté de déshumaniser ; une très belle écriture qui rend vivants chaque histoire de vie et chaque environnement décrit.

Mais… il y a un gros mais pour ma part, je suis incapable de vous dire si j'ai aimé ou au contraire si j'ai détesté ce livre. En vérité, je n'ai ressenti aucune émotion particulière. Je ne sais pas dire pourquoi mais pour moi il manquait quelque chose. Serait-ce car je ne suis pas fan des allers-retours permanents entre passé et présent ? Ou bien encore parce que je ne connais pas la ville grisante d'Istanbul ? Bref, c'est un loupé pour moi…
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
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Téquila Leila c'est ainsi que la connaissent ses amis et ses clients, elle gît quelque part dans les faubourgs d'Istanbul au fond d'une benne à ordures. Pendant les quelques minutes qui suivent sa mort, Leila va se remémorer des choses de sa vie qu'elle croyait perdues à jamais. Une odeur, un goût et voilà ses pensées qui évoquent un souvenir surgi du passé. Tout commence dans une maison de vacances au bord de la mer, Leila a six ans, son oncle quarante-trois. Elle a de la saleté en elle, une saleté impossible à laver.

Elif Shafak nous offre un roman à la construction très originale. Dans une première partie, elle nous raconte la vie d'une jeune femme brutalisée, brisée, mais profondément courageuse qui conserve son humanité malgré un monde déterminé à l'écraser à chaque jour.
Au cours de ces années, Leila se fait cinq amis essentiels une famille de substitution dont les histoires sont brièvement entrecoupées des siennes. Une belle amitié entre six êtres vulnérables, écorchés par la vie
« Chaque fois qu'elle trébuchait ou basculait, ils étaient là pour elle, la soutenant ou adoucissant l'impact de la chute. »

Une fois que nous sommes arrivés à 10 minutes et 38 secondes, le cerveau de Leila rejoint son corps dans la mort, et le récit se transforme en une escapade comique des amis de Leila qui tentent de la sauver du cimetière des Abandonnés là où reposent tous les rejetés par leur famille ou leur village, les pouilleux, les malades mentaux, les épaves, les mères célibataires, les prostituées, les indésirables, les parias de la société, les lépreux de la culture.

Elif Shafak est une voix éminente pour les droits des femmes et des LGBTQ dans le monde, dans ce roman puissant et émouvant, elle donne la parole aux nombreux sans-voix et à travers eux aborde bien des sujets difficiles, la maltraitance des enfants, l'extrémisme religieux, le sexisme, le rejet du handicap et de la différence, l'homophobie, le sort des immigrants, la pauvreté et l'esclavage sexuel.

Portait aussi sans concession de la Turquie et d'Istanbul, la ville où finissent par aboutir tous les mécontents et les rêveurs
« Dans un pays où la justice arrivait souvent tard, quand elle arrivait, nombre de citoyens se vengeaient tout seuls, répondant aux coups par des coups encore plus violents. Deux yeux pour un oeil, pour une dent toute la mâchoire. »

Les dernières pages racontées à partir de l'ultime lieu de repos de Leila, sont d'une grande beauté.
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Tequila Leila, meurt assassinée à Istanbul en 1990, à l'âge de 43 ans. L'auteure construit sa narration autour d'une idée (non confirmée scientifiquement) qui prétend que le cerveau aurait une activité post-mortem de 10 minutes et 38 secondes pendant lesquelles Leila se remémore les événements marquants de sa vie. Nous nous immisçons dans le quotidien d'un famille Turque musulmane avec tout le poids des traditions qui rythment sa vie. La condition de la femme, dés la naissance y est inférieure à celle de l'homme. Leila, subit rapidement des outrages sexuels de son oncle qui seront ignorés par son père au nom de l'intérêt supérieur de la famille. Revendiquant une liberté de vie qu'elle ne pourra obtenir en restant chez elle, elle s'enfuit à Istanbul où son activité dans un bordel lui permet de survivre. La description de sa vie, des ses rencontres avec cinq amis qui lui resteront fidèles, son mariage heureux mais bref avec D/Ali, artiste révolutionnaire illustrent très bien les conditions de vie à Istanbul dans la deuxième moitié du 20ème siècle. La seconde partie du roman, après l'écoulement des 10 minutes et 38 secondes voit les cinq amis se regrouper pour offrir à Leila une inhumation digne qui lui a été refusée par sa famille et la société. L'intérêt de cette partie fantaisiste animée par ces « pieds nickelés » amis de Leila est moindre, mais on peut y voir un souci de compensation de la triste fin de Leila par des marginaux solidaires, bien vivants et faisant preuve d'une grande humanité dans un monde qui leur est plutôt hostile.
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Un roman qui, comme Notre Dame de Paris, donne la parole aux gens du peuple. Istanbul est à la fois belle et dangereuse dans l'ambiance de ce roman intense.
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