AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,89

sur 548 notes
5
38 avis
4
49 avis
3
18 avis
2
2 avis
1
0 avis
Des baklavas qui fondent sous la langue aux eaux turquoise du Bosphore, j'ai voyagé grâce à la plume d'Elif Shafak. Ce roman est une découverte de l'auteure pour moi et je pense que je vais me procurer ses autres romans. 10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange retracent de façon fluide et juste de la vie de Leila. Issue d'une famille reconnue, sa naissance demeure cependant tragique pour celle qui lui a donnée la vie. Avec une note de mélancolie présente pendant la lecture, j'ai été sensible au parcours de cette gamine pour qui la vie bascule et finira prostituée dans les bordels d'Istanbul. Alors que sa vie vient de s'arrêter, son cerveau reprend le fil des souvenirs. Divisé en trois parties, ce roman est une ode à la femme parsemée de tristesse. Dans une Turquie où la femme n'est rien, Elif Shafak dresse un roman de dénonciation sous forme engagée. 



Commenter  J’apprécie          31
Première impression : la couverture, superbe. Rien que cet élément m'a poussée à l'achat.
Deuxième impression : le résumé. Surprenant, original, il m'a donnée envie de me plonger vite dans cette histoire.
Ressenti final : mitigée. Voici en quelques lignes pourquoi.
J'ai beaucoup aimé la première partie du livre, celle durant laquelle la personnage principale, Leila, fraîchement assassinée, se remémore des souvenirs marquants de sa vie. Ce n'est pas seulement un flash accéléré comme on pourrait l'imaginer, mais 10 minutes et 38 secondes, durant lesquels l'esprit fonctionnerait toujours, de souvenirs liés à des sensations, émotions ou odeurs que nous offre l'auteur, nous permettant de découvrir cette jeune femme dont le sort a mal tourné.
Plein d'ingéniosité, très poétique et tragique à la fois, écrit avec une jolie plume, cette première partie pourrait se suffire à elle même.
La deuxième partie est plutôt consacrée au corps et à ce qu'il en advient. Et ici, on change de registre ; ou comment des amis sont prêts à l'impensable pour rendre sa dignité à leur amie. Cette portion tend plus vers le tragi-comique, la situation étant tellement absurde et burlesque. On perd totalement la poésie et la beauté du début, comme si c'était un autre livre. J'ai été beaucoup moins emportée et touchée par ce passage qui tranche trop avec la première partie du roman.
Commenter  J’apprécie          31
Le corps d'une femme est découvert dans une benne à ordures; le cadavre est celui de Leïla Tequila, prostituée, brutalement assassinée dans une rue d'Istanbul.
10 minutes et 38 secondes, c'est le temps pendant lequel son esprit va continuer à fonctionner après sa mortbiologique, le temps pour elle de partager quelques souvenirs émouvants et nous raconter son histoire de 1947 à 1990: l'histoire de Leila, jeune femme d'une bonne famille originaire d'Anatolie, devenue prostituée en quittant les siens et arrivant sur les rives du Bosphore.
Dans ce 11ème roman, Elif Shafak, réussit brillamment à nous faire partager le parcours de Leila, sa vie et sa mort tragique, comme dans un conte.
En toile de fond, elle évoque l'histoire de sa Turquie d'origine (l'inauguration en 1973 du pont sur le Bosphore, reliant l'Europe au continent asiatique, ou aussi la répression sanglante d'une manifestation de 1977...).
Elle traite également de thèmes variés qui lui tiennent à coeur (la place de la femme dans la société turque, la place de la famille et des amis, l'égalité entre tous, l'homosexualité, la libération sexuelle dans les années 70, la transformation du pays, la montée de l'islam et la fragilité de la laïcité ...).
On sent que l'auteure aime Istanbul, cette ville incroyable, qu'elle arrive à rendre si réelle, vivante et attachante. La mégalopole ottomane est ici, un personnage à part entière.
A travers les personnages de Leila et ses cinq amis, tels des exclus de la société stambouliote, Shafak nous immerge dans cette cité tentaculaire, au carrefour de l'Orient et l'Occident.
On s'attache à ces personnages, "indésirables", pourtant bien "vivants"grâce à leur magnifique amitié pour la défunte Leila.
J'ai apprécié ce roman, profondément humain, cruel et tendre à la fois.
Une histoire d'amour et d'amitiés, dont on ne sort pas indemne.
Une fois de plus, Shafak réussit à peindre un beau portrait de ces laissés pour compte, relégués aux marges de la société stambouliote.
Pour ne rien gâcher, une magnifique couverture, clin d'oeil aux faïences d'Iznik (pour les connaisseurs).
Commenter  J’apprécie          150
Un livre difficile à noter pour moi car si la première partie "l'esprit" m'a emballée, le seconde "le corps" m'a terriblement ennuyée. En fait, c'est comme si ces 2 parties avaient été écrites par des auteures différentes.

L'esprit: c'est l'esprit de notre héroïne, Leila, retrouvée morte dans une benne à ordures. L'esprit de Leila continue de fonctionner précisément 10 minutes et 38 secondes suite à son décès et nous emmène, de sa naissance à sa mort, au fil de ses souvenirs. J'ai beaucoup aimé ces flash back, très bien amenés. Les liens avec les odeurs. Son enfance auprès de cette famille aux nombreux secrets, aux nombreux abus. J'ai moins aimé les 5 chapitres de 2-3 pages dédiés aux 5 amis de Leila (un peu courts pour s'y attacher, un peu longs pour les ignorer).

Le corps
La seconde partie est complétement différente. Il s'agit d'une sorte de rocambolesque périple mené par ses 5 amis. Je me suis vraiment ennuyée dans cette partie, en fait, je ne vois même pas ce qu'elle est venue faire là, je trouve qu'elle gâche cette très belle première partie. Idem pour l'écriture, que j'ai beaucoup appréciée dans la première partie, mais alors dans la seconde... les descriptions des actions de chacun des 5 amis à chaque moment de leur périple (l'ami no 1 qui conduit, le no 2 qui s'assied à l'arrière, le no 3 qui perd sa pioche, le no 4 qui picole, le no 5 qui pleure... et rebelotte pour l'action suivante), pas compris du tout.

Quoi qu'il en soit, je retenterai volontiers une lecture de cette auteure, Elif Shafak, car j'ai trouvé l'idée de ce roman excellente, ainsi que son écriture dans la première partie.

Commenter  J’apprécie          80
Deuxième lecture pour moi de cette auteure et deuxième réussite. Elif Shafak s'intéresse à des thèmes qui me tiennent à coeur : destins de femme, sort des laissés-pour-compte, aperçu de la grande histoire à travers celle de ses personnages.

Ici, elle nous retrace la vie de Leila qui est découverte assassinée au début du roman. J'ai été très touchée par Leila qui a connu des événements profondément injustes, et par le parcours qui a été le sien. Cette jeune fille devenue prostituée et reniée par sa famille va se forger sa propre famille avec cinq amis de coeur. Elle a une force de caractère incroyable et une gentillesse immense, toujours prête à aider son prochain, malgré les vicissitudes de la vie.

Elif Shafak rend ici un bel hommage à l'amitié, celle sans laquelle nous ne sommes rien.

Mais l'auteure dénonce également dans son roman : elle dénonce la structure de certaines familles (plusieurs femmes), les secrets profondément enfouis, le désir de garder une certaine harmonie au sein de la famille ce qui signifie ici cacher un fait grave. J'ai été bouleversée par Leila qui a eu le courage de dire à ses parents ce qui lui est arrivé mais propos dont on n'a pas tenu compte.
Elif Shafak dénonce également le massacre de 1977, les mauvais traitements subis par les prostitués et les travestis, la religion poussée à l'extrême.

Les personnages haut en couleurs étaient très attachants et c'est finalement un réconfort de se dire que Leila avait su bien s'entourer et remplir sa vie de petites joies. Je dois avouer avoir lu certains passages en riant, malgré la gravité du sujet.

J'ai été étonné de découvrir l'existence de ce cimetière des Abandonnés de Kilyos, près d'Istanbul. Quelle tristesse....
Commenter  J’apprécie          70
Une nouvelle plongée dans l'Istambul à la frontière entre occident et orient, des personnages hauts en couleurs, attachants et dont on découvre l'histoire au fil du roman.
Un roman d'Elif Shafak où les femmes sont à l'honneur, savent braver les vissicitudes de la vie, j'ai adoré !
Commenter  J’apprécie          00
Un roman qui me laisse mitigée.
J'ai beaucoup apprécié l'écriture,  poétique et fluide. L'ayant lu en français, je constate que le traducteur a fait un travail de grande qualité.  de même,  le pitch du roman et sa structure narrative, découpée en flash-backs sur les moments clés de l'existence de Leila, l'héroïne,  m'ont vraiment enthousiasmée et l'incursion dans la ville d'Istanbul m'a été très instructive.
Cependant, un manque de rythme s'installe au fil des pages et, vers le milieu du livre, mon enthousiasme s'est quelque peu émoussé. Également, j'en suis arrivée à confondre les personnages secondaires tant ils sont survolés. Difficile donc de s'y attacher.
Les dernières pages rattrapent un peu le reste, meme si le roman reste très inégal.
Commenter  J’apprécie          61
La prostituée Tequila Leila est retrouvée assassinée, son corps jeté dans une poubelle d'Istanbul. Comment cette femme a-t-elle pu finir si tragiquement sur les trottoirs de la ville ? Pendant les dix minutes qui suivent sa mort, soit le laps de temps pendant lequel des scientifiques ont constaté que l'activité cérébrale d'une personne décédée pouvait perdurer, Leila se remémore son parcours, depuis l'Anatolie jusqu'aux bas quartiers stambouliotes, là où après avoir rompu avec sa famille, elle a fini, dans son malheur, par trouver la solidarité et l'indéfectible amitié d'autres parias. Ils sont cinq : cinq amis qui vont tout faire pour lui éviter l'ultime infamie, celle du Cimetière des Abandonnés, à Kylios.


Une triste photographie figure à la fin du roman : un champ de mauvaise terre caillouteuse, boursouflé de vagues renflements agglutinés dans le plus grand désordre et piquetés de grossières étiquettes simplement numérotées. C'est dans cet équivalent très sommaire de nos carrés des indigents en France, que sont entassés après leur mort les indésirables de la société d'Istanbul, rejetés par leurs familles elles-mêmes. S'y côtoient misérables et marginaux, prostituées et travestis, délinquants et criminels, révolutionnaires « morts » en garde à vue, insurgés kurdes, bébés abandonnés… : tous mis au rebut à l'issue d'une existence de réprouvés. Cette histoire, fictive mais représentative, retrace le parcours de l'une de ces personnes abandonnées, prostituée tuée dans l'indifférence générale et simplement transférée, sans enquête judiciaire, de la poubelle où elle a été jetée à cet officiel terrain vague qui tient plus du dépotoir que du cimetière.


Leila n'est autre qu'une fille ordinaire, grandie dans une famille ordinaire, en Anatolie. Née en 1947, elle vit sous l'autorité d'un père pris d'une austère ferveur religieuse. Victime injustement sacrifiée à l'honneur familial, elle quitte la maison sans espoir de retour. Désormais proie facile puisqu'une femme seule osant prétendre à l'indépendance est déjà considérée « perdue » dans les années soixante en Turquie, sans ressources ni protection, elle rejoint bientôt la frange la plus méprisée de la société, que ni personne, ni la police, ne protégeront jamais des maltraitances, ni même des crimes.


L'histoire elle-même serre le coeur, pourtant aucune tristesse, aucun pathos, ne viennent charger une narration alerte, imprégnée de la chaleur humaine que partagent Leila et ses amis, déchus eux aussi. Après le frappant défilement d'une vie pendant le bref moment séparant l'arrêt cardiaque et la mort cérébrale, le récit se poursuit en compagnie des cinq amis de Leila, dans une folle équipée aussi hilarante dans ses macabres rebondissements que touchante dans sa fidélité à la disparue. Impossible de ne pas se prendre d'affection pour ces cinq autres personnages, - en tête desquels l'inénarrable trans Nalan -, désarmants de vulnérabilité, de sincérité et de dignité dans leur infrangible solidarité de pestiférés.


Exilée en Angleterre après avoir fait les frais en Turquie de sa libre expression littéraire, Elif Shafak continue de dénoncer l'hypocrisie d'une société turque qui n'en finit plus de renforcer sa violence autoritariste. Les femmes en sont les premières victimes, puisque, face aux rigueurs religieuses croissantes, beaucoup d'entre elles se retrouvent plus que jamais marginalisées et vilipendées lorsqu'elles prétendent à leur indépendance. Lucide, mais non dépourvu de drôlerie malgré la gravité de son sujet, ce livre qui se lit d'un trait exprime autant de révolte que d'attachement à une Istanbul que l'on découvre sous un jour sans fard. Nouveau coup de coeur pour cet auteur qui fait partie de mes favoris.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          776
Je suis agréablement surprise par ce roman.
L'écriture est fluide et intelligente, d'une grande justesse sans tomber dans le sordide gratuit... L'histoire est triste et joyeuse à la fois, poétique...
On rencontre des personnages atypiques, écorchés par la vie, qui se rencontrent, s'aiment et se complètent.
J'ai beaucoup apprécié les alternances entre les dernières pensées de Leïla, son enfance, son adolescence et la présentation de "sa famille de coeur", ses cinq amis jusqu'à la mort...
On apprend à découvrir une femme forte et libre malgré toutes les épreuves qu'elle traverse tout au long de sa vie de femme.
J'ai ressenti beaucoup de rage dans l'écriture... Cette rage à décrire les violences faites aux femmes, cette rage à décrire cette Turquie d'aujourd'hui...
Un roman sensible, touchant et envoûtant, où l'héroïne restera longtemps dans ma tête, comme ses amis farfelus.
C'est une ode aux femmes, à l'amitié, aux laissés pour compte 💓💓
Commenter  J’apprécie          00
10 minutes et 38 secondes, c'est le temps que met le cerveau de Tequila Leila, assassinée, pour se remémorer sa vie de son enfance à sa vie adulte.
À travers cette lecture, Élif Shafak nous dresse le portrait de cette femme prostituée à Istanbul.
Le livre est composé de 3 parties : l'esprit, le corps et l'âme.
On rencontre ses 5 amis tout au long de la première partie ainsi que la vie de Tequila Leila.
Dans les 2 dernières parties, on se trouve avec ses amis et leur projet commun.
Leila est une femme forte, qui m'a beaucoup touché par son histoire et son parcours.
L'auteure nous dresse également le portrait de la Turquie, que personnellement je ne connaissais que très peu : les bordels, les transsexuels,…
Elle a également inséré dans ces dernières pages la photo du cimetière, un acte que je trouve parlant.
La lecture est très intéressante, où j'ai aimé apprendre sur cette culture inconnue.
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (1163) Voir plus



Quiz Voir plus

Soufi, mon amour

Comment s'appelle la première femme de Rûmi?

Gevher
Gisha
Gozde
Kerra

10 questions
23 lecteurs ont répondu
Thème : Soufi, mon amour de Elif ShafakCréer un quiz sur ce livre

{* *}