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Histoire mythique que celle de Jules César, amant de Cléopâtre, reine d'Egypte, avec laquelle il a eu son unique fils : Césarion. En effet, il n'a pas eu d'enfant avec son épouse Calpurnia. On ne parle pas de Jules César sans évoquer Brutus l'un de ses meurtriers. Ici Shakespeare a évité toute allusion à cette paternité supposée dont Servilia serait la mère d'après Suétone (Jules César, 82).
Cette tragédie ne se déroule que sur quelques jours, le temps de mettre en place l'attentat contre César et de poursuivre les agresseurs. Pas de Cléopâtre donc, mais un César et un Brutus au premier plan. C'est d'ailleurs lui-même qui a sa place en quatrième de couverture puisque c'est une de ses répliques qui est mise en avant. Réplique que j'avais cochée, tant elle est forte et émouvante à la fois et qui fera partie de mes citations.
J'aurais dû lire ce livre avant Antoine et Cléopâtre, mais à l'époque je ne le possédais pas encore, donc lecteur, tu sauras dans quel ordre lire ces deux tragédies si le coeur t'en dit. Bien mieux écrit (ou traduit) qu'Antoine et Cléopâtre, Jules César se lit vite et passionne rapidement. En effet, il n'y a pas de temps mort, on démarre par le complot orchestré par Marcus Brutus, Cassius, Casca, Trébonius, Ligarius, Décius Brutus, Métellus Cimber et Cinna qui s'opposaient à ce que César puisse hériter de la couronne de Rome, qu'il avait pourtant lui-même refusé par trois fois alors que Marc-Antoine la lui tendait. Bien entendu, nul ne prêtera suffisamment attention au Devin qui les priera de craindre les Ides de Mars, expression bien connu depuis. Ce qui est bien connu de tous arrivera, César périra sous les coups de poignards de ses assaillants. Ses amis s'engageront alors dans une terrible vendetta qui n'épargnera personne.
La préface d'Yves Bonnefoy est réellement très intéressante mais je vous conseille de la lire après la tragédie. En effet, il y a des extraits du roman qui sont expliqués plus en détails et qui sont très importants. Aussi est-il préférable de ne pas savoir en avance ce qui va se passer pour ne pas gâcher notre bon plaisir de lecture. Yves Bonnefoy ajoute des petites touches historiques et corrige même certaines erreurs.


Place maintenant comme d'habitude à quelques citations :

Acte 1 scène 1 :
Un ouvrier : Je ne vis que pour mon alêne. Les artisans, les femmes, je ne me mêle pas de leurs affaires : et pourtant je les tiens tous en haleine. Je suis le chirurgien des vieilles godasses. Oui, monsieur. Si elles trépassent, qu'on me les passe ! Ah, combien d'hommes ont passé sur le travail de mes mains ! Jamais plus élégants n'ont marché sur de la vache !

Acte 1 scène 3 :
Casca : N'êtes-vous pas ému, quand tout l'ordre du monde tremble, porte déjointe ? O Cicéron, j'ai vu des ouragans dont les vents pleins de cris fendaient le tronc nouveau des chênes. J'ai vu, parfois, l'ambitieux océan se gonfler, de rage, d'écume, jusqu'à toucher les nuées menaçantes. Mais jamais avant cette nuit, jamais jusqu'à présent je n'avais traversé de tempête de feu… Soit la discorde est dans le ciel et le déchire, soit le monde trop insolent a irrité les dieux, qui lui envoient mort et désastre.

Acte 2 scène 2 :
Calpurnia : César, je n'ai jamais cru aux présages, mais aujourd'hui ils m'effrayent. Un homme est là qui, à ce que nous avons vu et entendu, ajoute de terribles merveilles vues par le guet. Une lionne a mis bas dans la rue, des tombes ont bâillé et vomi leurs morts, et des soldats en feu ont heurté dans les nues les farouches rangées de leurs bataillons. le brouillard de leur sang couvrit le Capitole, le bruit de leur combat transperça le ciel, et l'on a entendu leurs chevaux hennir, leurs mourants geindre et des spectres glapir et siffler dans nos rues ! O César ! Tout cela dépasse la nature et me fait peur !
Acte 3 scène 1 : César vient d'être assassiné :
Antoine : Oh César, il est vrai que je t'aimais, et ton esprit, s'il nous contemple maintenant, ne s'afflige-t-il pas, bien plus que de ta mort, de voir ton cher Antoine avec tes adversaires faisant sa paix, serrant leurs doigts sanglants, ô très noble ! et cela devant ton corps ? Si j'avais autant d'yeux que toi de blessures, et pleurais aussi fort que ton sang coule, cela me siérait mieux que de venir ainsi faire amitié avec tes ennemis. Pardonne-moi, César. Ici tu fus aux abois, brave cerf, ici tu es tombé. Et voici tes chasseurs, souillés de ta dépouille, empourprés de ta mort. Monde, tu as été la forêt de ce cerf, et lui, c'était ton coeur. Ah, que tu sembles, pauvre bête abattue, le hallali d'une chasse de princes !

Antoine : Ô peu de terre ensanglantée, pardonne-moi si je suis aussi humble avec ces bouchers ! Tu es la ruine de l'homme le plus noble qui fut jamais dans le cours des temps. Malheur à qui versa ton sang précieux ! Sur tes plaies, ces bouches muettes, mais qui ouvrent leurs lèvres de rubis pour réclamer le secours de ma voix, je prophétise qu'une malédiction va fondre sur les hommes. Domestiques fureurs, âpres guerres civiles vont désoler la terre d'Italie. Sang et ruine seront monnaie si courante, les spectacles affreux si familiers que les mères n'auront plus qu'un sourire quand leurs enfants seront écartelés par les mains de la guerre. Toute pitié s'étouffera dans le pli de l'horrible, et l'âme De César en quête de vengeance, avec Até surgie brûlante de l'Enfer, criera : « Pas de quartier ! » de sa voix de monarque, lâchant sur nos pays ses chiens de combat. Ô puanteur qu'exhalera ce crime sur la terre chargée de débris de corps implorant sépulture !

Acte 3 scène 2 :
Brutus (extrait quatrième de couverture) : Romains, mes concitoyens, mes amis ! Ecoutez-moi plaider ma cause, et taisez-vous pour mieux entendre je vous prie. Je vous demande de me croire sur l'honneur. Et d'avoir égard à mon honneur pour me croire. Jurez-moi dans votre sagesse. Et pour juger le mieux possible, tenez vos sens en éveil. S'il y a parmi vous quelque vrai ami De César, eh bien, qu'il sache que l'amour que Brutus portait à César n'était pas moindre que le sien. Et s'il demande pourquoi Brutus s'est dressé contre César, voici ma réponse : je n'aimais pas César moins, j'aimais Rome davantage. Préférez-vous César vivant, et mourir esclaves, ou César mort, et tous vivre libres ? César m'aimait, je le pleure. Il connut le succès, je m'en réjouis. Il fut vaillant, je l'honore. Mais il fut ambitieux et je l'ai tué. Pour son amitié, des larmes. Pour sa fortune, un souvenir joyeux. Pour sa valeur, du respect. Et pour son ambition, la mort. Qui parmi vous est assez vil pour accepter d'être esclave ? Si un tel homme existe, qu'il parle. Car lui, je l'ai offensé. Qui est assez grossier pour ne pas désirer d'être un Romain ? Si un tel homme existe, qu'il parle. Car lui, je l'ai offensé. Qui est abject au point de ne pas aimer son pays ? Si un tel homme existe, qu'il parle. Car lui, je l'ai offensé. Je m'arrête et j'attends.

Antoine : Si vous avez des pleurs, préparez-vous à les répandre. Vous connaissez ce manteau. Je me souviens de la première fois que César l'a porté. C'était un soir d'été, sous sa tente, le jour de la défaite des Nerviens. Voyez-le, maintenant. Ici a pénétré la dague de Cassius. Ici, cette déchirure, c'est de Casca, le fourbe. Et là, Brutus, le bien-aimé, a frappé. Quand il retira son fer maudit, voyez comment le sang De César s'est jeté à sa suite, au-dehors, pour se convaincre que c'était bien Brutus qui avait frappé. Car César le tenait pour son ange, vous le savez : jugez, ô dieux, comme il devait l'aimer. Certes ce fut l'atteinte la plus cruelle. Quand César eut compris, l'ingratitude, plus forte que les bras perfides, l'a vaincu. C'est alors qu'a cédé son vaste coeur. Dans son manteau il a caché sa face, et sous la statue même de Pompée, qui ne cessait de répandre du sang, le grand César est tombé. Quelle chute, citoyens ! Moi, vous, nous tous sommes tombés avec lui, sous la sanguinaire trahison… Mais vous pleurez. Je vois que la pitié vous a touchés au coeur. Ô pieuses larmes ! Et de notre César pourtant, âmes aimantes, vous ne pleurez que le manteau blessé. Mais voyez-le lui-même, ici, navré par la main des traîtres ! (Il arrache le manteau).

Acte 4 scène 1 :
Antoine : Je compte plus de jours que vous, Octave ! Si pour nous libérer de la calomnie nous plaçons sur lui tant d'honneurs, c'est pour qu'il les transporte comme l'âne, tiré, poussé, suant et gémissant, porte l'or où nous le voulons. Mais quand Lépide aura mis en lieu sûr notre trésor, nous le déchargerons pour qu'il s'en aille, comme l'âne au repos, paître au pré communal en remuant les oreilles.

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Tragédie intéressante sur le concept de tyrannicide, sur le sujet classique du complot contre César. Brutus y est dépeint comme un personnage intransigeant quant au respect des libertés publiques qui n'agit que dans la défense de l'intérêt général, les autres semblent plutôt guidés par leurs intérêts particuliers. le spectacle et touchant, d'une ampleur qui doit rendre difficile toute représentation (et non moins sanglant que le reste de l'oeuvre de Shakespeare). J'ai énormément apprécié les discours de Brutus et d'Antoine, qui se succèdent, se répondent, et sont d'une habileté immense. On se sent tellement happés qu'on suivrait presque la foule qui approuve tour à tour les orateurs successifs.
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Honneur, amitié, trahison, grandeur d'âme... Une pièce que j'ai aimée lire et qui m'a happée par son souffle épique et dramatique.
Shakespeare se révèle une fois de plus comme un fin connaisseur de l'âme humaine.
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William Shakespeare a choisit pour sa pièce consacrée à Jules César la période de sa vie où justement il la perd cette vie. Tombé au deuxième acte de la pièce. Assassiné de la main de Brutus, maître d'oeuvre d'une conspiration qui réunit Cassius, Casca, Trébonius, Ligarius, Décius Brutus, Métellus Cimber et Cinna.
Brutus s'impose comme le nouvel homme fort de Rome mais Marc Antoine saura retourner le peuple a son avantage et venger César aidé d'Octave et Lépide avec lesquels ils font le triumvir vengeur. Brutus et Cassius y laisseront leur vie.
C'est là par la plume de William Shakespeare l'occasion de vivre à la fois les dernières heures De César et aussi la vengeance du triumvir qui suivie.

Certainement l'une des pièces les plus réussies de Shakespeare qu'il faut avoir lu avant de visionner les différentes adaptations cinématographiques dont celle de Mankiewicz, avec Marlon Brando (réalisateur également du péplum magnifique « Cléopâtre » et pourquoi une version plus récente et plus libre des frères Taviani (2012)
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Je l'ai lu en surveillant les salles d'un musée, c'était très dramatique. La mort de César était quelque peu prévisible mais j'adore le drama, encore plus en toge de sénateur.

C'est un bon ouvrage à emporter avec soi dans les transports ou au travail, ça donne un air intellectuel, alors qu'en réalité vous êtes surtout en train de lire les ragots et potins de l'Antiquité.
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Une tragédie historique comme on l'aime. J'ai vraiment adoré. Une tragédie simple mais efficace. La personnalité des personnages qui évolue au fil de la pièce m'a donné l'envie de la lire encore plus vite pour connaître la fin. J ai vraiment adoré. du grand Shakespeare.
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Une splendeur que la pièce dediée à ce grand empereur romain par Shakespeare qui se plonge donc dans la Rome antique et sort de son univers habituel pour notre plus grand plaisir !
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Il est stimulant d'avoir entre les mains des livres situant l'action dans la Rome antique à l'approche de Noël, cela permet de donner une tournure un peu plus édifiante à ces événements dont on ne sait, chaque année, faire ressortir la moindre authenticité.
Bien que le sujet de la pièce soit politique et que celle-ci mette en scène les manoeuvres propres à évincer l'ennemi, se dégage de l'oeuvre une grandeur liée peut-être à la stature du personnage faussement central, Jules César. L'Empereur sur le déclin va connaître ses dernières heures peu avant le milieu de la pièce. Sa souveraineté tyrannique ne permettant pas une approche horizontale des rapports qu'il entretient avec les tribuns, il devient alors souhaitable pour le bien commun qu'il disparaisse. Cassius se charge de fomenter un plan qui conduira à sa destruction. Dans ses moments de diablerie rageuse et emportée, il fait penser un peu à Jaffar dans l'Aladdin de Walt Disney. Généreux, l'auteur a soigné ses personnages qui sont tous d'une flamboyance étourdissante. César est grand, impérial mais sourd d'une oreille, irrésolu et mal inspiré. Casca est acerbe et drôle mais il est aussi le plus dangereux des conspirateurs. Cassius est un intriguant déterminé mais qui se donnera la mort pour avoir trahit la confiance de son plus grand ami Brutus. le plus impressionnant est Brutus, le vrai héros de la pièce. Tout son être est enveloppé dans un voile dense lui autorisant de réaliser des actes pendables tout en gardant la confiance entière et partagée de ses proches. Sa réussite repose sur l'éloquence dont il use pour parvenir à ses fins. Sa postérité il l'a doit à son puissant désir de liberté. L'écriture de la scène où il se justifie devant la foule à l'extérieur du Capitole, au moment même où l'assassinat De César vient de se produire, est à ce point fine et maîtrisée que l'on ne sait plus si l'on a à faire à un tueur sanguinaire et fou, ou à une libérateur juste et éclairé.
Dans la même idée, la scène où l'on doit se mettre d'accord sur la manière d'annoncer la mort De César peut faire penser, par la modernité de l'appréhension des ressorts psychologiques liés au traitement de l’information, à Mad men ou House of cards. Même si l'écart est osé, la pertinence du propos que le divin anglais amène depuis le fond de sa Renaissance natale en fait un auteur éternel, indépassable. Il faut rendre à César...
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Pour moi, le meilleur de Shakespeare
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