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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
À quoi se reconnaissent les grands auteurs?
Une réponse pourrait être leur capacité de créer des personnages dont la richesse les rend difficiles à interpréter.
En tout cas cela se vérifie bien dans cette tragédie du grand Will, qui n'est pas la plus connue. Elle ne m'a pas fait un effet très marquant, même si je dois reconnaître qu'elle magnifiquement construite et évocatrice.
C'est la mise en scène de l'assassinat de César. Mais ce qui le plus montré, ce sont les motivations et parfois les hésitations des conjurés, ainsi que les conséquences du meurtre.
J'ai été surpris que Brutus, souvent présenté comme le pire des traîtres, soit ici décrit comme le personnage le plus noble et le plus moral. Ses motivations dans l'assassinat sont le bien public: il faut barrer la route à la tyrannie. Il ne donne aucun motif personnel à son acte. Au contraire, il regrette d'avoir à accomplir ce qu'il considère comme son devoir. Cette complexité des motifs d'action se retrouve dans d'autres protagonistes comme Cassius et Antoine. Par opposition la populace est simplement versatile et suit le dernier qui parle.
Et au final, bien sûr, les conjurés sont vaincus et l'autocratie l'emporte en la personne d'Octave.
Se trouvent donc combinées dans cette pièce les complexités des personnalités et de l'action politique. En croyant sincèrement abattre la tyrannie, on génère le chaos et on n'empêche rien. Une vision lucide, pessimiste éventuellement, des actions des hommes, qui s'applique à l'Antiquité romaine, et sans doute aussi à l'Angleterre élisabéthaine.
Les passages poétiques sont peut-être moins nombreux dans cette tragédie que dans d'autres, mais ils servent l'action.
C'est à lire évidemment et à aller voir si possible. Si vous connaissez de bonnes adaptations à voir le net, n'hésitez pas à les signaler.
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D'un tout autre niveau que Titus Andronicus! Les trois premiers actes sont extraordinaires, et j'ai eu l'impression que c'était la meilleure pièce de Shakespeare que je lisais depuis la grande époque de mes découvertes de la Tempête, Roméo et Juliette, Macbeth, Othello...

L'écriture est un régal, et l'on retrouve tous ces personnages perpétuellement philosophes et poètes, qui font le succès et l'intemporalité du grand William. le contenu déjoue encore mes prévisions : Je ne connaissais César et Brutus que par le fameux "Tu Quoque Filii!", et pensais assister à une tragédie père/fils tourmentée. Ce n'est pas vraiment ça : Tout un groupe de conjurés veut faire tomber Jules César, avec des motivations diverses, qui relèvent en fait du théorique. Ils contestent surtout sa persona omnipotente divine, mégalomane, le culte autour de lui, et développent tout un argumentaire autour du tyran à défaire qui, comme d'habitude, multiplie les citations toujours magistrales en 2018. Ils agissent par prévention, dans le but d'éviter une ascension trop écrasante et il y a somme toute peu d'exemples concrets d'exactions injustes de César qui les pousseraient à l'insurrection... Mais quoi de plus normal, chez Shakespeare, qu'une conjuration métaphysique?

César est représenté par ailleurs de façon comique, certains critiques le qualifient de sénile, mais ses rares apparitions (car le personnage demeurera secondaire dans la présence) le laissent davantage paraître sur le déclin que détenteur de velléités autoritaires à empêcher! Brutus, lui, est dépeint comme influencé et entraîné progressivement dans le groupe par Cassius, mais véritablement préoccupé par le bien de Rome... Lorsqu'il décide, contre Cassius, de laisser Antoine en vie, on se doute de la suite de la tragédie qui va s'accomplir. Un certain nombre de scènes sont très marquantes, comme les discussions des conjurés, particulièrement la réunion nocturne sous les étoiles chez Brutus, le meurtre, les répliques d'Antoine pleurant César ou s'adressant au peuple... À ce dernier sujet, il y a un passage fameux où l'on voit la plèbe agir totalement en girouette sous l'effet d'un orateur! le parallèle avec notre époque et les médias de masse est inévitable...

En bref, j'ai adoré, et retrouvé William Shakespeare par rapport à Titus Andronicus, même si les actes IV et V sont moins marqués par le trait de génie. Cette révolution purement d'ordre intellectuel, et qui aboutit évidemment au chaos, est un spectacle toujours stimulant.
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Représentée en 1599, écrite sans doute la même année, la pièce est publiée pour la première fois en 1623, le texte est jugé excellent par les spécialistes avec peu de coquilles et de passages controversés. La pièce n'est pas aisée à caractérisée : tragédie basée sur des faits historiques, elle échappe en partie au genre du drame historique, de la chronique, pour se diriger vers la tragédie, sans en être complètement une. Elle est souvent qualifiée de « pièce de transition ». L'enchaînement des événements historiques est surtout vu à travers le retentissement qu'il a sur les personnages, auteurs et témoins, l'essentiel est la façon dont ils vivent et ressentent l'action, comment elle les transforme, le moment essentiel étant le meurtre de César.

Shakespeare, pour bâtir la trame de sa pièce, s'est largement inspiré de la traduction anglaise que North a effectué à partir de la traduction faite par Amyot des Vies des hommes illustres de Plutarque. Il suit de près sa source, la modifiant surtout pour resserrer l'action de son drame.

Au premier acte, César vient de rentrer après sa victoire sur Pompée. Il est au sommet de la puissance. Certains sénateurs romains craignent qu'il ne veuille devenir roi et enterrer définitivement la vieille république. Un devin met en garde César : il doit se méfier des Ides de Mars. César se rend aux jeux, où Antoine lui propose la couronne, que César refuse. Devant la menace, Cassius, qui mène les conjurés projette de gagner à leur cause Brutus, un proche de César, qui passe pour un modèle de vertu républicaine et qui donnerait un grand poids à la conjuration.

A l'acte deux, les conjurés amenés par Cassius se rendent chez Brutus, qui finit par se ranger à leurs raisons, le meurtre est décidé et organisé. César hésite à sortir, sa femme Calpurnia, qui a fait des rêves prémonitoires, veut l'en dissuader. Il cède dans un premier temps, mais Décius, l'un des conjurés, le fait changer d'avis. César se dirige vers le Sénat entouré par ceux qui veulent l'assassiner.

Au troisième acte, le meurtre à lieu. le population est terrifiée et partagée devant cet acte dont elle ne comprend pas les tenants et les aboutissants. Brutus se propose de parler à la foule pour expliquer l'acte des conjurés et rassurer tout le monde. Les gens se rendent à ses raisons. Mais il permet à Marc Antoine de parler à sa suite pour faire l'éloge de César. Ce dernier retourne le peuple, et le déchaîne contre les meurtriers de César.

Au quatrième acte, Antoine et Octave, à qui ils se sont adjoint pour un temps Lépide, prononcent les exécutions et proscriptions et préparent la guerre. Dans le camps des conjurés, une dispute éclate entre Brutus et Cassius. Ils finissent par se réconcilier et à décider le plan de bataille à venir. Brutus, seul dans sa tante, voit le spectre de César.

Au cinquième acte, le dénouement tragique arrive. Octave et Antoine sont vainqueurs, Cassius, puis Brutus se suicident.

La pièce est riche et complexe, elle comprend de très nombreux personnages, plus ou moins épisodiques pour certains. Elle se passe en deux journées, séparées par un temps indéterminé : celle de la préparation du meurtre, et des deux discours, puis celle de la bataille finale. A l'intérieur de ces deux moments, tout est extrêmement condensé.

Les caractères de tous les personnages sont très précisément dessinés : César, au faîte de sa puissance, inflexible, mais affectueux avec ceux qu'il aime, sensible aux présages, physiquement fragile (épileptique, sourd d'une oreille) reste une énigme : voulait-il vraiment devenir roi ? Ou les conjurés ont-ils anticipé un péril qui n'avait pas lieu d'être ? Brutus, honnête jusqu'à l'excès, jusqu'à la naïveté, se laisse un peu manoeuvrer par Cassius pour entrer dans la conjuration. Il provoque au final la guerre civile et ouvre la porte à la prise de pouvoir par le triumvirat, et porte dans sa conscience la mort de César. Cassius, envieux et peu scrupuleux, est un ami sincère. Tous ont leur petitesse et leur grandeur. La discordance entre les valeurs, les principes, qui poussent à l'action et les résultats de cette dernière, définissent l'essence même de la tragédie, qui met en valeur une forme d'impuissance humaine, sans intervention divine comme dans les tragédies antiques.

La question du pouvoir en semblerait presque au second plan, même si évidemment elle est présente. C'est l'incapacité de la foule, du nombre, à décider, à penser, à prendre la direction des événements, alors qu'ils en ont la possibilité, qui me frappe dans la pièce. le peuple romain ne sait que penser du meurtre, il suit dans un premier temps Brutus, avec de céder au discours faisant appel aux sentiments et à la flatterie d'Antoine. Un rien à un moment donné, fait pencher la balance.

Une pièce passionnante, même si difficile à représenter.
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Je me suis régalée avec la plume de Shakespeare. Ses dialogues sont poétiques, intelligents, emprunt d'une grande connaissance de l'histoire.
La tragédie monte en intensité au fur et à mesure qu'arrive le meurtre de Jules César puis la dernière partie est tout aussi intense dans la guerre que se livre Brutus et Antoine.

J'ai tout particulièrement apprécié la scène de la présentation du corps au peuple, les discours de Brutus et d'Antoine sont juste parfaits. On apprécie également l'image très volatile du peuple (mais n'est-il pas toujours un comme ça - à se faire amadouer par les belles paroles des politiques ?)

Et une dernière remarque, les femmes sont toujours bonnes conseillères et si les hommes les avaient plus écouté dans L Histoire, celle-ci serait bien différente de nos jours ! ;-)
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Après avoir vu l'excellent César doit mourir des frères Taviani, j'ai eu envie de retrouver le texte original de la pièce. En effet, le film qui ne dure que 1h15 ne présente pas l'intégralité de la pièce. C'est du cinéma, et du bon, très loin d'une captation de théâtre.

C'est avec grand plaisir que j'ai découvert la pièce. le film offrait une version très moderne, dépouillée, centrée sur les personnalités de Brutus, Cassius et Antoine, les scrupules de Brutus, les manipulations d'Antoine.La pièce est remplie de nombreux personnages et figurants.La présence des épouses de César Calphurnia et de Brutus, Portia, n'étaient pas envisageable dans le film.

L'ambiance est aussi fantastique, orages, lions, et augures, et même un fantôme, dressant un univers antique et élisabethain, très loin de celui de la prison de Rebbibia.

C'est surtout la lecture attentive des discours de Brutus et d'Antoine, éloges funèbres mais surtout manipulation du peuple qui m' a intéressée, son hypocrisie et son insistance à qualifier les conjurés d'hommes honorables, son habileté à en appeler au sentiments sans y toucher, montrer le manteau plutôt que les plaies retourner les assistants en leur faisant miroiter un testament De César, éloquence très maîtrisée "je ne suis pas un orateur" affirme-t-il pour mieux développer son discours.

A l' acte IV, le retournement de Cassius est également passionnant à lire

Le combattant intègre et soutient des valeurs de la république romaine est tenté par est soupçonné de trafic. Brutus, en tuant César n'a prolongé la République romaine que de peu. on connaît la suite de l'histoire. pièce tout à fait politique!


Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Ah quelle belle tragédie !

Certes on parle plus d'Hamlet, d'Othello ou de Roméo et Juliette, et pourtant, ici, il n'y a aucun temps mort, l'action se suit sans lasser, avec toujours cette très belle langue shakespearienne.

L'objet de la pièce n'est pas tant la vie de Jules César que sa mort et la guerre entre opposants qu'elle entraîna.

Assurément une très belle découverte et cette pièce se range certainement comme une de mes tragédies préférées chez cet auteur.
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Après le songe d'une nuit d'été, et la mégère, je me lance dans une pièce pas très connue certes mais diablement magnifique.
Jules César ne parle pas vraiment de lui mais plutôt du complot menant à sa mort et de la traque qui suivit, afin de faire tomber un à un les protagonistes de son meurtre.
Un polar caché dans une pièce de théâtre, écrite par un des maîtres en la matière, quoi de mieux pour une amatrice de ces genres.
Un véritable coup de coeur à n'en pas douter.
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Parlons un peu d'assassinat, de héros tragique fautif, de discours emblématiques ; parlons de Jules César de Shakespeare.

Une tension dramatique qui monte sans cesse jusqu'à l'acte III avec l'assassinat de César et qui se reconstruit jusqu'à la fin de la pièce avec la mort des conjurés. Tout cela joint à l'ambivalence de tous les personnages est absolument captivant.
La question est : son meurtre était-il justifié? Shakespeare se refuse à répondre. César est un tyran, oui, mais aussi un bon leader, et aussi un vieil homme fragile et plein d'orgueil. Jules César avait le support du peuple, le succès militaire et une ambition sans frein. Aurait-il accepté la couronne et aurait-il été un mauvais roi? Son hubris apparaît comme une faute tragique : il parle de lui à la troisième personne, est plus dangereux que le Danger personnifié, est constant comme l'étoile polaire, etc.
De même pour les conjurés, ont-ils agi pour le bien de la République ou pour des motifs égoïstes ou par envie? Là encore, le flou règne. On aurait pu appeler la pièce la tragédie de Brutus : il est réellement le héros tragique de la pièce parce que sa conscience le tourmente.

Un mot enfin sur l'ambiance froide de cette pièce : les protagonistes parlent toujours avec calme, avec une rhétorique magnifiquement travaillée, jusque dans l' ironie du discours de Marc Antoine ("un homme honorable dit que César était ambitieux"). A ce propos, l'interprétation de Marlon Brando dans le film de Mankiewicz est absolument hors pair.
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Le texte du Jules César de Shakespeare est la scénarisation géniale du récit de Plutarque, que le dramaturge avait sous la main dans la traduction de North, lui-même traduit de la version française d'Amyot. Des vies De César, de Brutus et de Marc-Antoine, l'auteur compose une tragédie parfaitement équilibrée, où l'assassinat du héros, à l'acte III, au centre de la pièce, ne fait que lui donner une dimension supérieure, une force accrue, une présence scénique encore plus pesante sur tous les protagonistes du drame. le texte est magnifique, comme toujours chez Shakespeare, et certaines représentations encore plus : que l'on pense au film "César doit mourir" des Frères Taviani, tourné sur ce texte dans une prison de haute sécurité d'Italie, et l'on mesurera la puissance et l'actualité éternelle du verbe shakespearien, même proféré en italien dialectal et argotique.
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Surement mon préféré de Shakespeare. L'écriture est très riche, et comme dans les écrits de Shakespeare, les images déferlent tout au long du texte, merveilleusement bien servies par un vocabulaire recherché et une poésie de qualité qui ne cesse de franchir les siècles en restant intacte.
Encore une fois avec Shakespeare, c'est les rêves de grandeur et de toute puissance qui sont remises en cause, et le même poncif qui revient : aussi puissant soit l'Homme, il n'en est pas moins mortel.
Il ne faut pas hésiter à ouvrir cette pièce trop méconnue!
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