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Citations sur Sonnets (199)

CLIII
Ni le marbre, ni les mausolées dorés des princes ne dureront plus longtemps que ma rime puissante. Vous conserverez plus d’éclat dans ces mesures que sous la dalle non balayée que le temps barbouille de sa lie.

Quand la guerre dévastatrice renversera les statues, et que les tumultes déracineront l’œuvre de la maçonnerie, ni l’épée de Mars, ni le feu ardent de la guerre n’entameront la tradition vivante de votre renommée.

En dépit de la mort et de la rage de l’oubli, vous avancerez dans l’avenir ; votre gloire trouvera place incessamment sous les yeux de toutes les générations qui doivent user ce monde jusqu’au jugement dernier.

Ainsi, jusqu’à l’appel suprême auquel vous vous lèverez vous-même, vous vivrez ici sous le regard épris de la postérité.
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CLII
Oh ! comme la beauté semble plus belle lorsqu’elle est embaumée par la vérité ! La rose paraît charmante, mais nous la trouvons plus charmante à cause du suave parfum qu’elle recèle.

L’églantine a des couleurs aussi vives que la teinte parfumée de la rose ; hérissée d’épines comme la rose, elle a la même coquetterie, quand l’été soulève de son souffle le masque de ses bourgeons.

Mais, comme l’apparence est sa seule vertu, elle vit dans le délaissement et se fane dans l’indifférence. Elle meurt tout entière ! Il n’en est pas ainsi de la rose suave ; car de ses feuilles mortes est faite la plus suave odeur.

De même, quand votre belle et aimable jeunesse sera fanée, mon vers en distillera l’essence.
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CXLIX
Quand je vois la main cruelle du temps dégrader dans le sépulcre la coûteuse parure de la vieillesse usée ; quand je vois les hautes tours rasées, et le bronze éternel sujet à la rage de la mort ;

Quand je vois l’Océan affamé empiéter sur le royaume du rivage, et la terre ferme s’étendre sur le domaine liquide, augmenté de la perte ou diminué du gain de l’autre ;

Quand je vois tous ces changements d’état, et les États eux-mêmes s’écrouler, ces ruines me font songer que le temps viendra pour emporter mon bien-aimé.

Cette pensée me met la mort dans l’âme, en la réduisant à pleurer d’avoir ce qu’elle craint tant de perdre.
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CXLVIII
Ou je vivrai pour faire votre épitaphe, ou vous me survivrez quand je serai pourri en terre ; ainsi la mort ne peut effacer d’ici votre mémoire, quand même tout mon être serait livré à l’oubli.

Votre nom tirera de mes vers l’immortalité, lors même qu’une fois disparu je devrais mourir au monde entier. La terre ne peut me fournir qu’une fosse vulgaire, tandis que vous serez enseveli à la vue de toute l’humanité.

Vous aurez pour monument mon gentil vers, que liront les yeux à venir : et les langues futures rediront votre existence, quand tous les souffles de notre génération seront éteints.

Et vous vivrez toujours (telle est la vertu de ma plume !), là où le souffle a le plus de puissance, sur la bouche même de l’humanité.
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CXLVII
Mais résigne-toi : quand le fatal arrêt, qui n’admet pas de caution, m’emportera de ce monde, ma vie se retrouvera dans ces vers qui resteront toujours avec toi comme un mémorial.

Quand tu les reverras, tu reconnaîtras la part même de mon être qui t’a été consacrée. La terre ne peut avoir de moi que le peu de terre qui lui est dû ; toi, tu auras mon esprit, la meilleure partie de moi-même.

Ainsi tu n’auras perdu de ma vie que la lie, la proie des vers, mon corps mort, lâche conquête du couteau d’un misérable (17), trop vile pour mériter ton souvenir.

La seule chose précieuse est ce que ce corps contient ; et cette chose est à toi, et elle te reste à jamais.
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CXLVI
Oh ! de peur que le monde ne vous somme de raconter quel mérite vivait en moi pour que vous m’aimiez ainsi après ma mort, — cher amour, oubliez-moi tout à fait ; car vous ne pourriez montrer en moi rien qui vaille,

À moins que vous n’inventiez quelque vertueux mensonge, pour m’attribuer plus que je ne mérite, et que vous ne couvriez ma vie éteinte de plus de louange que n’en accorderait spontanément l’avare vérité.

Oh ! pour que votre amour si vrai ne paraisse pas menteur dans un éloge immérité fait de moi par votre indulgence, que mon nom soit enterré avec mon corps, plutôt que de me survivre pour votre confusion et pour la mienne.

Car j’ai honte du peu que je vaux, et vous auriez honte aussi de votre amour pour un être indigne.
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CXLV
Quand je serai mort, cessez de me pleurer aussitôt que le glas sinistre aura averti le monde que je me suis enfui de ce vil monde pour demeurer avec les vers les plus vils.

Non, si vous lisez ces lignes, ne vous souvenez pas de la main qui les a écrites, car je vous aime tant que je voudrais être oublié dans votre douce pensée, si cela doit vous attrister de penser alors à moi.

Oh ! je le répète, si vous jetez l’œil sur ces vers, quand peut-être je serai confondu avec l’argile, n’allez pas même redire mon pauvre nom : mais que votre amour pour moi finisse avec ma vie même ;

De peur que le monde sage, en regardant vos larmes, ne vous raille à mon sujet, quand je ne serai plus là.
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CXLIV
Le péché d’amour-propre possède mes yeux tout entiers, et toute mon âme, et toutes les parties de mon être : et pour ce péché il n’est pas de remède, tant il est profondément enraciné dans mon cœur.

Il me semble qu’il n’est pas de visage aussi gracieux que le mien, pas de forme aussi pure, pas de perfection égale, et, dans l’opinion que je me fais de ma propre valeur, je me place à tous égards au-dessus de tous les autres.

Mais, quand ma glace me montre à moi tel que je suis, flétri et altéré par le hâle des années, j’y lis le démenti donné à mon amour-propre, et l’inique méprise de ma vanité.

C’est toi, autre moi-même, que je louais au lieu de moi, fardant mes années de la beauté de tes jours.
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CXLIII
Ma glace ne me persuadera pas que je suis vieux, tant que la jeunesse et toi vous serez du même âge ; ce n’est que quand je remarquerai sur toi les sillons du temps que je m’attendrai à voir la mort terminer mes jours.

Car toute cette beauté qui te couvre n’est que le vêtement visible de mon cœur, qui bat dans ta poitrine, comme ton cœur dans la mienne. Comment donc puis-je être plus vieux que toi ?

Ainsi, ô mon amour, veille sur toi-même, comme je veille sur toi, non pour moi-même, mais pour toi. Car je porte ton cœur, et je le préserverai de tout mal, avec la vigilance d’une tendre nourrice pour son marmot.

Ne réclame pas ton cœur quand je n’ai plus le mien. Tu me l’as donné, ce n’est pas pour le reprendre.
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CXLII
Comme un père en sa décrépitude prend plaisir à voir son enfant alerte faire acte de jeunesse, de même, moi, que la rancune acharnée de la fortune a rendu boiteux (16), je trouve toute ma consolation dans ton mérite et dans ta perfection.

Car, quel que soit celui des biens de ce monde, beauté, naissance, richesse, esprit, qui, ennobli en ta personne, ait sa couronne en toi, je greffe mon amour à ces trésors.

Alors je ne suis plus boiteux, pauvre, ni méprisé ; car je trouve sous ton ombre une telle sève que je suis rassasié par ton abondance, et que je vis d’un peu de toute ta gloire.

Pense à ce qu’il y a de meilleur, je le désire en toi ; et mon désir est d’avance exaucé ; donc je suis dix fois heureux !
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