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Souvent, je lis mes bouquins des lustres après les avoir achetés, énorme pal oblige...
Ce qui fait que je ne sais plus "pourquoi" je les ai achetés. Et comme je les lis, la plupart du temps, sans lire le quatrième de couverture, il m'arrive d'être fort surprise par le contenu.

Cela a été le cas ici. Je dois dire que j'ai été un peu déçue au départ, car je ne m'attendais pas à tomber sur un dragon qui roupille depuis des millénaires. Ce qui fait que je n'ai que très moyennement apprécié les trois premières "nouvelles", puisque, de fait, on n'a pas là un roman mais bien un recueil de nouvelles, toutes axées sur Griaule, et dans l'ordre chronologique des événements autour de "sa mort"...

Les premières nouvelles sont assez lentes, il n'y a pas vraiment d'action, et comme j'attendais autre chose, je me suis un peu ennuyée, surtout dans "Le père des pierres", qui ne devient intéressante que dans son dernier tiers... Mais c'est formidablement bien écrit et traduit, ce qui fait que je n'ai pas abandonné en cours.

J'ai bien fait, car les événements se précipitent quand on avance dans les nouvelles, et l'action se réveille, enfin, dans les trois dernières ! Par conséquent, j'ai fini sur une excellente impression, qui rattrape ma déception des débuts !

Il y a quelques questions existentielles abordées dans le bouquin, mais ça demeure superficiel, de mon point de vue trop pour en faire un argument suffisant pour son intérêt. L'intérêt de ce livre réside dans les histoires, encore faut-il apprécier les histoires plus contemplatives que réellement "actives", ce qui n'est guère mon cas. C'est donc quand même un tour de force de l'auteur que d'être arrivé à me faire apprécier son livre, et, pour finir, son dragon Griaule ! (Ma note : 3,5/5, 4 sur Babelio)
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Pétrifié.

XIXème siècle dans un monde alternatif. Dans une vallée d'Amérique du Sud, un dragon gît. Il est pétrifié depuis des millénaires. Son influence maléfique impacte toute la vallée.

Je me suis enfin attaquée au grand oeuvre de Lucius Sheppard. Après avoir lu indépendamment la nouvelle "L'Homme qui peignit le dragon Griaule", j'ai découvert les autres nouvelles gravitant autour de Griaule. J'ai globalement apprécié ce recueil.

L'Homme qui peignit le dragon Griaule: voir ma critique de "Le chasseur de jaguar". La traduction est bien meilleure dans le présent recueil, la lecture est plus agréable et fluide.

La Fille du chasseur d'écaille: Une jeune femme est contrainte de se réfugier dans les entrailles de Griaule. C'est ma deuxième nouvelle préférée du recueil. L'auteur nous immerge à l'intérieur de Griaule et nous décrit son fonctionnement interne. L'ensemble est non seulement immersif, mais est également émouvant lors de certains passages.

Le Père des pierres: Un procès à lieu dans une vallée lointaine de Griaule. L'objectif est de savoir si son influence a causé un meurtre. C'est la nouvelle que j'ai le moins aimée du recueil. Je l'ai trouvée bien trop longue à démarrer, sans compter que l'intrigue est peu intéressante.

La Maison du Menteur: La rencontre entre un homme et une dragonne. J'ai trouvé que cette nouvelle était très touchante. Deux êtres différents apprennent à vivre ensemble pour servir les desseins de Griaule.

L'Écaille de Taborin: Cette nouvelle décrit les événements après la mort de Griaule. Elle se laisse lire, mais je l'ai également trouvée un peu longue.

Le Crâne: une centaine d'années après la mort de Griaule, son corps a été disséminé dans le monde entier. Nouvelle intéressante qui mêle fantasy et métaphore politique. En quoi l'influence néfaste du dragon impacte t-elle la politique d'un petit État d'Amérique du Sud ?

Bref, un recueil de nouvelles sympathiques, bien qu'inégales.
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Suite à l'avant-dernière Masse Critique de Babelio, j'ai eu la chance et l'immense honneur de recevoir ce recueil de nouvelles de l'auteur Lucius Shepard. Un grand merci aux éditions J'ai lu et à Babelio pour ce plaisir de lecture.

J'ai beaucoup aimé ce recueil. Ne serait-ce que parce qu'il nous offre une vision totalement différente de ce monstre de légende qu'est le dragon, trop souvent relégué à un simple monstre couvant son trésor, ou à un être supérieur à l'homme. Il est bon d'explorer cette face sinistre, mauvaise, complexe, qui pèse de tout son poids sur nous et nous oppresse. L'auteur arrive à nous faire ressentir la masse énorme de la bête, tant dans l'atmosphère générale de la plupart des histoires, qu'à travers l'angoisse que suscite Griaule auprès des différents protagonistes qui peuplent ce recueil. Plus qu'un rassemblement de différentes histoires sur un même thème, les nouvelles répondent chacune à une question sur Griaule, qu'il s'agisse de l'époque où il a été pétrifié, de celle d'avant sa pétrification, ou encore de son influence jusqu'à son état de démantèlement. Sa puissance paraît sans limite, et nous frappe dans toute son horreur. Lucius Shepard atteint le tour de force de nous faire peur avec une bête si légendaire, si fantastique, si populaire, qu'elle en avait justement perdu de sa superbe. Et si vous cherchez à retrouver cette puissance écrasante, incommensurable, difficilement envisageable tant qu'elle n'est pas vécue, alors plongez-vous dans ce recueil sans plus tarder, ne serait-ce que pour rencontrer Griaule. Plus jamais vous ne regarderez les dragons comme avant…
Je ne mettrai pas la note maximum à ce recueil, car il reste, tout comme n'importe quelle épopée, un poil lourd en fin de compte, au fil de toutes ces nouvelles que l'on enquille sans pause. Mais il n'empêche que chaque histoire apporte un univers différent dans un monde commun, un autre tour de force réussi par l'auteur. Pour ceux qui veulent lire une histoire au long cours, n'hésitez pas. Pour ceux qui veulent de l'action rapide, efficace et sans réflexion, passez votre chemin (mais revenez-y dès que vous vous sentirez d'en attaquer sa lecture quand même).
Lien : http://ylgana.blogspot.fr/20..
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En 1984, Lucius Shepard publie sa première nouvelle mettant en scène le dragon Griaule. Et puis, suite au succès du texte et à sa propre envie d'étoffer un peu plus l'histoire de cette gigantesque créature, l'auteur s'est lancé dans l'écriture de plusieurs autres récits se déroulant dans le même univers, réunis ici dans un seul ouvrage considéré comme son chef-d'oeuvre. le fil directeur qui unit les six novellas présentes au sommaire est donc un énorme dragon, Griaule, vaincu il y a bien longtemps par un puissant sorcier qui est parvenu à le paralyser mais n'a pas réussi à lui ôter la vie. Sur son corps immobile se sont peu à peu développées une faune et une flore variées, bientôt suivies par une poignée d'humains qui n'ont pas tardé à fonder une ville toute entière. Bien qu'ayant toutes les apparences de la mort, le dragon n'en reste cependant pas moins vivant, et, si son corps ne répond plus à sa volonté, son esprit, lui, n'a rien perdu de sa puissance. Et ils le savent, ceux qui ont choisi de vivre dans l'ombre du dragon : son influence néfaste s'exerce insidieusement partout et sur tous, bien au-delà même des limites de la vallée dans laquelle son corps s'est effondré. Chacun des textes nous dévoile un aspect différent de l'histoire du dragon et du pouvoir qu'il exerce sur les mortels à proximité, et ce de manière chronologique. La première rencontre du lecteur avec Griaule se fait dans « L'Homme qui peignit le dragon Griaule », par l'intermédiaire d'un artiste qui ambitionne de venir définitivement à bout de la bête en le peignant dans son intégralité. « L'homme qui peignit le dragon Griaule » pose les bases d'un décor captivant qui s'inspire largement des paysages d'Amérique centrale et emprunte beaucoup à la période pré-industrielle. Si on pourrait dans un premier temps parfaitement se croire dans un univers de fantasy déconnecté de notre monde, l'auteur nous détrompe rapidement en insérant ici ou là quelques références historiques ou géographiques qui nous invitent à reconsidérer notre vision de cette cité bâtie sur le corps du dragon, finalement moins éloignée de nous qu'il n'y paraissait.

Dans « La fille du chasseur d'écailles », Lucius Shepard met cette fois en scène une jeune femme qui, pour échapper à des poursuivants, va s'aventurer dans le gosier du dragon, là où personne n'est jamais revenu. Et pour cause, puisque Griaule a su s'entourer de quantités de créatures, parasites ou protecteurs, qui veillent à préserver l'intégrité de son corps et éloignent les indésirables. Catherine comprend toutefois bien vite qu'elle n'a rien à craindre de cette étrange faune qui, au contraire, semblait attendre sa venue avec impatience, et refuse désormais de la laisser partir. le récit s'inscrit davantage dans de la fantasy « classique » et se révèle être une belle réussite. Lucius Shepard y fait la part belle à l'exploration scientifique et nous permet de nous familiariser encore davantage avec l'anatomie du dragon, mais aussi avec sa mentalité particulièrement retorse. Changement d'ambiance avec « Le Père des pierres » qui se déroule dans une ville éloignée de la vallée dans laquelle repose Griaule, mais où son influence s'exercerait pourtant bel et bien selon certains. C'est en tout cas le point de vue défendu par un lapidaire accusé du meurtre d'un de ses concitoyens, et qui se prétend innocent car manipulé par le dragon. L'histoire nous est relatée par le point de vue de l'avocat de l'assassin, qui va tenter de mener l'enquête pour estimer si son client est bel et bien la victime de Griaule, ou un manipulateur exceptionnel qui cherche à se dédouaner. le texte s'apparente cette fois davantage à un thriller, et le résultat est là encore remarquable. L'auteur s'amuse à faire osciller son lecteur entre l'une et l'autre des deux théories, et pousse un peu plus loin ses réflexions déjà amorcées dans les deux récits précédents sur le libre-arbitre et la notion de responsabilité. Car après tout, n'est-ce pas bien commode d'avoir ce gigantesque dragon immobile à blâmer pour tous les actes répréhensibles commis par les humains ? Les deux histoires suivantes nous entraînent à nouveau au coeur de la vallée de Carbonales où l'on fait d'abord la connaissance d'une brute n'attendant plus grand-chose de la vie et dont le quotidien va être bouleversé par sa rencontre avec une authentique dragonne (« La Maison du Menteur »). Car Griaule n'est pas le seul dragon à peupler la Terre, et il semblerait que ses congénères soient aussi sensibles à son influence et sa volonté que les simples mortels qui vivent à ses pieds. Plusieurs années plus tard, un petit bourgeois en voyage d'affaires et une prostituée se voient propulsées par magie dans une sorte de no man's land de toute évidence façonné par le dragon qui a ici un plan bien précis en tête (« L'écaille de Taborin »). Bien plus que le cadre étrange dans lequel les protagonistes se voient ici forcés d'évoluer, ce sont les relations ambiguës entretenues entre les personnages qui donnent tout son sel au récit.

La novella chargée de clore l'ouvrage (« Le Crâne ») est aussi la plus longue et la plus impressionnante de toute. L'auteur y opte pour un changement d'ambiance et de décor puisque l'histoire se déroule au Guatemala, ravagé par la corruption, la violence et la drogue. C'est là que l'on fait la connaissance de deux personnages qui n'ont, à priori, pas grand-chose en commun : le premier est un Américain paumé et défoncé qui s'est installé au Guatemala pour y mener une petite vie insouciante, bien éloignée de toute considération politique ; la seconde est une autochtone dotée d'une aura particulière et désireuse de changer en profondeur son pays, quitte à aggraver encore un peu plus la situation déjà catastrophique. L'ambiance poisseuse et malsaine qui règne dans cette ville rongée par la violence exerce une fascination certaine sur le lecteur qui se prend rapidement d'intérêt pour ce nouveau décor dont on devine cependant bien le lien avec le précédent. La tension y est presque palpable, notamment dans la seconde moitié au cours de laquelle la situation se dégrade un peu plus pour tous les opposants, ou identifiés comme tels, par le régime, qu'il s'agisse des homosexuels, des journalistes ou des citoyens un peu trop curieux ou critiques. Lucius Shepard y aborde les mêmes thématiques que précédemment, mais de manière bien plus explicite. La dimension politique de son oeuvre saute alors très nettement aux yeux, Griaule devenant une métaphore particulièrement forte de tout régime dictatorial et de la manière dont réagissent les individus et les collectivités prisent dans son étau. Les sujets traités dans l'ensemble de l'oeuvre sont variés, et toujours en simple filigrane, ce qui permet à la réflexion du lecteur de se développer et de se complexifier au fil des récits. Tous se révèlent passionnants, et la plume de Lucius Shepard n'y est sans doute pas étrangère, à la fois prompte à enflammer l'imagination du lecteur et à l'inciter à la réflexion. le seul aspect qui m'a quelque peu dérangé concerne le traitement réservé aux personnages féminins qui, bien que loin d'assumer uniquement le rôle de potiches, n'en demeurent pas moins en permanence sexualisées.

« Le dragon Griaule » est sans conteste une oeuvre majeure de la fantasy dans laquelle Lucius Shepard déploie des trésors de talents pour nous narrer les différentes facettes de cette créature terrible et de ses pouvoirs, fantasmés ou non. L'auteur en profite pour aborder une multitude de thème, à commencer par celui de la dictature, et de la place qu'elle laisse au libre-arbitre chez les individus qui doivent se résoudre à vivre dans son ombre. Une très belle découverte !
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Lorsque je me suis inscrit pour ce livre dans Masse Critique je l'ai fait uniquement sur le titre et l'éditeur, n'ayant jamais rien lu de son auteur. Je m'attendais donc plutôt à un bon gros roman de Fantasy comme je les aime et j'avoue avoir été un peu déçu lorsque j'ai réalisé que c'était un recueil de 6 nouvelles même si toutes tournent autour d'un même sujet, le dragon Griaule. Je me suis quand même rapidement lancé dans la lecture et là seconde déception, ce dragon n'a rien de ceux auxquels on est habitué, il serait plutôt le reste immense de ce qui fut un dragon, et qui immobilisé par un sort mais ne pouvant mourir se contente de grandir et d'influencer le monde qui l'entoure.
Et voilà comment parti pour un bon vieux roman de Fantasy plein de fureur et de combats je me suis retrouvé à lire des nouvelles pleines de questions et d'introspections. Car si toutes ces nouvelles tournent autour de Griaule, elle permettent surtout à l'auteur de disserter sur le libre arbitre, depuis celui de l'individu jusqu'à celui des peuples à disposer d'eux-même.

Dans l'ensemble j'ai surtout apprécié deux de ces nouvelles, "Le Père des pierres" et "Le Crâne", sans doute les plus dynamiques du lot. Dans la première, une enquête dans le ton des romans noirs Américains va nous faire suivre un enquêteur dans une histoire qui sent la manipulation bien menée, et dans la seconde nous allons plutôt assister à une révolution guère reluisante dans une Amérique centrale que l'auteur semble bien connaître.

Sinon le vrai point positif de cette lecture pour moi restera l'auteur dont le style clair et entraînant, et surtout le ton jamais trop sérieux m'ont permis de ne jamais m'ennuyer même lorsque les histoires me correspondaient un peu moins.

Au final je ne peux que remercier le Bélial et Babelio pour cette sympathique découverte d'un véritable auteur, et que les Masses Critiques continuent longtemps de m'apporter leurs rafraîchissantes découvertes.
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C'est avec une certaine appréhension que j'ai commencé ma lecture du Dragon Griaule. En effet, outre le sujet des dragons qui est un thème qui m'intéresse au plus haut point comme vous pouvez vous en douter, la couverture m'avait littéralement tapé dans l'oeil. Hop, achat, triple dédicace, place de choix dans la PàL. Et du coup grosse pression. Je craignais que le bouquin ne soit pas à la hauteur de mes attentes, qu'il ne me plaise pas, que le style de l'auteur me donne envie de fuir en courant dans la direction opposée ou que sais-je d'autre qui aurait pu me faire regretter mon acquisition et devoir ranger ce superbe objet dans ma bibliothèque en sanglotant " t'es beau mais t'es nul".

Force est de constater que mes craintes étaient infondées : le Dragon Griaule est un sans faute. L'écriture / la traduction sont parfaites, la narration prenante et très construite, explorant différentes facettes du dragon et de la population qui vit alentour. Des six textes présentés, je serais bien en peine d'en choisir un préféré, tellement chacun est original.

Mais qui est donc ce fameux Griaule ? C'est un dragon gigantesque pétrifié il y a fort longtemps par un magicien qui tenta de le tuer. Mais Griaule n'est pas mort. Son corps ancré au milieu d'une vallée sud américaine fait partie du paysage à présent. Quant à son esprit, il distille son venin à la population établie alentours.

"En 1853, dans un lointain pays du Sud, en un monde séparé du nôtre par la plus infime marge de possibilité, la vallée de Carbonales, une région fertile entourant la cité de Teocinte et réputée pour sa production d'argent, d'acajou et d'indigo, était placée sous la domination d'un dragon nommé Griaule." [L'homme qui peignit le Dragon Griaule]

Au travers de six récits, rassemblés dans un même recueil pour la première fois, Shepard nous conte la terrible influence de ce dragon fabuleux et effrayant qui n'a d'égal que sa taille impressionnante.

L'homme qui peignit Griaule. Vaste entreprise de peindre les écailles du dragon millénaire qui inflige sa néfaste influence sur les habitants, dans le but de le faire mourir à petit feu, empoisonné par les toxines de la peinture.

"Quoi que un peu là de s'émerveiller de tout, Méric ne put s'empêcher de tomber en arrêt devant l'oeil. Large de soixante-dix pieds et haut de cinquante, il était protégé pas une membrane opaque et luisante, étrangement vierge d'algue et de lichens; derrière laquelle on devinait des masses de couleur. Alors que le soleil rougeoyant achevait de sombrer entre deux lointaines collines, cette membrane frémit puis s'ouvrit en son centre. Avec la lenteur cérémonieuse d'un rideau de théâtre, les deux moitiés s'écartèrent pour révéler la lumière de l'humeur aqueuse." [L'homme qui peignit le dragon Griaule]

La fille du chasseur d'écailles. Catherine a grandi en dormant tout contre les écailles du dragon. Suites à certains concours de circonstances malheureuses, elle se retrouve littéralement à l'intérieur du dragon. L'atmosphère de cette nouvelle est aussi moite et brûlante que les organes internes de la bête.

Le père des pierres. Un homme tue l'amant de sa fille, une espèce d'illuminé qui a créé un secte dont le culte tourne autour du dragon. L'histoire est racontée du point de vue de l'avocat du meurtrier. La ligne de défense de l'accusé est de mettre en cause le dragon qui, par son influence pernicieuse, l'a poussé à commettre ce crime.

La Maison du Menteur est une auberge qui porte ce nom car son propriétaire dit l'avoir construite avec du bois prélevé sur le dos du dragon. Ce que personne ne croit. Hota, qui a fuit sa ville d'origine après en avoir tué un dignitaire, vit dans cette auberge. Un jour, il rencontre une étrange femme sur le dos du dragon ...

Si vous n'avez pas lu le recueil : possibles spoilers dans les deux paragraphes suivants.

L'écaille de Taborin. George Taborin fait l'acquisition d'un morceau d'écaille de dragon, lors d'une de ses visites à Teocinte, ville limitrophe du monstre. Il rencontre la prostituée Sylvia à qui il promet l'écaille si elle lui consacre quelques semaines de bon temps. Un jour il frotte l'écaille et se retrouve en compagnie de Sylvia projeté dans une sorte de savane, semblant venue d'un autre temps.

" Nous l'avons toujours sous-estimé. En le débitant en pièces et en transportant celles-ci aux quatre coins du monde, nous avons fait exactement ce qu'il souhaitait. Désormais, il règne que la terre tout entière". [L'écaille de Taborin]

Le crâne. Griaule est mort et ses restes ont été dispersés aux quatre coins du monde ... Son crâne défie le temps et les hommes au milieu d'une jungle. Une communauté d'illuminés vit à ses alentours, guidé par une jeune fille qui semble agir sous l'influence du dragon.

" de toutes les choses que j'avais vues, le crâne était la première qui parût en mesure d'ébranler ma vision du monde. Sa taille et son apparence incroyable, les décorations barbares dont l'homme et la nature l'avaient orné au fil des siècles, ces graffiti de mousse et de lichen, ces enluminures de jade laiteux et d'onyx noir, ces crocs gainés de vert-de-gris, cette gueule recouverte d'arabesques fanées, appliquées par quelque tribu disparue depuis des lustres, tout cela éclairé par la lueur mouvante des torches ... à un instant donné, je croyais découvrir le visage grotesque d'un clown, un gigantesque masque de mardi gras en papier mâché, l'instant d'après je frémissais de terreur, persuadé qu'il allait s'animer et hurler. "[Le crâne]

Le thème récurrent des nouvelles est l'influence qu'exerce le dragon sur les hommes. Suggérée dans la première nouvelle, elle monte crescendo au fil des cinq suivantes. La question est : ce que fait cet homme ou cette femme est-il dicté par sa propre volonté ou par celle du dragon ? Voilà une bien étrange - et passionnante -façon de métaphoriser le concept du libre examen.

Dans sa postface, Shepard parle de métaphore politique, en pensant en particulier à administration Reagan pour la première nouvelle. Cela m'a un peu échappé à la lecture, sauf dans la dernière nouvelle où l'on n'est plus dans la métaphore mais dans la réalité. Cela dit, au final, on parle bien de la même chose.

Parlant de la postface, elle est tout à fait éclairante sur la genèse du dragon dans l'esprit de l'auteur et de chacune des nouvelles. Shepard nous propose un travail assez personnel sur ce qu'il a mis dans ces textes, au fil des années. Et d'en venir à la conclusion :

"Je pense à présent que je n'en aurai jamais fini avec Griaule."


Lien : http://ledragongalactique.bl..
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Une colline reculée avec quelques villages de-ci, de-là, un dragon échoué là, allez savoir pourquoi. Terrassé pas un charme, mais toujours l'esprit vivant, le dragon Griaule hante les habitants.
Et moi, simple lecteur, je dois désormais chanter ses louanges.

Quelques lieux, en France ou dans le monde, sont rattachés à une légende autour d'un dragon : le puits du dragon de Cordes-sur-ciel; la Fosse au Dragon, à Mézières; le lac de Sameura au Japon; ou encore le Rio Sao Francisco au Brésil, photographié vu du ciel par notre astronaute national. Ces contes locaux enjolivent la réalité historique, nous savons tous que les dragons n'existent pas, n'ont jamais existé. Tous sauf un, dont Lucius Shepard va nous narrer quelques épisodes. Ce dragon véritable est située dans une réalité parallèle à la notre, dans une Amérique du Sud. Il se nomme Griaule. Voici son histoire.

Sous forme de nouvelles et de novellas, l'influence maléfique du dragon Griaule nous est conté durant ces deux derniers siècles. La force de ce recueil de fantaisie est de ne pas offrir la sempiternelle histoire de dragon, mais d'emprunter le chemin des légendes anciennes. Y a toujours il réellement un dragon ou n'est ce que la forme de la montagne qui a nommé le lieu, une lointaine rumeur ridicule ? Pas de chevaliers, de trésors, de combats épiques. Juste la réalité. Jouant sur différents genres, du roman noir à l'enquête judiciaire, du conte à la réalité la plus sordide, chaque texte apporte un éclairage différent sur la banalité du mal. Car Griaule est mauvais, foncièrement. Et de son aura maléfique, il influence l'humanité, son jouet. Ou bien est-ce les hommes qui se cherchent une excuse face à leurs bassesses ?

Le style de l'auteur est tout en poésie, mais qui se permet des notes de familiarité, de crudité. L'écriture toute en finesse qui m'avait déjà plu dans Les attracteurs de Rose Street est ici toujours présente. Dans la novella, nous avions quelques éléments politiques, ce recueil enfonce le clou. L'auteur était un bourlingueur qui s'est un peu attardé en Amérique du Sud, ce qu'il y a vu, le totalitarisme, les juntes militaires, le pouvoir, les relations riches/pauvres, les relations Amérique du Nord / Sud, transparaissent dans les textes, dont le dernier, le crane, éminemment politique et sûrement biographique.

Ce recueil ce clôt sur une petite postface en forme de notes sur chaque texte, de quoi comparé son ressenti à celui de l'auteur. Une impressionnante bibliographie termine l'ensemble.

L'Homme qui peignit le Dragon Griaule
Une courte nouvelle dont le titre résume parfaitement le propos. Premier texte de cet univers, je pensais y trouver un texte bluffant, ce qui n'a pas été le cas. Juste un récit plaisant. Une mise en bouche pour connaitre un peu mieux la légende et le paysage où dort le dragon. C'est aussi l'un des textes politiques du recueil.

La Fille du chasseur d'écailles
Après avoir parcouru les environs géographiques du dragon, une petite incursion dans ses entrailles est nécessaire. Une expédition assez cauchemardesque qui m'a fait penser à certaines chimères du film Annihilation avec cette symbiose organique et végétale.
Prix Locus, novella / Court roman, 1989

Le Père des pierres
Un culte voué à la grandeur de Griaule, teinté d'occultisme, de magie noire et de luxure. le prêtre est tué par le père d'une de ses ouailles. A t-il agit par vengeance ou sur la volonté de Griaule ? Nous suivons les pas d'un avocat aux dents jadis longues et qui se fait une raison sur comment fonctionne la société. Les pauvres restent pauvres les riches restent riches. Une enquête judiciaire en forme de lutte des classes.
Prix Locus, novella / Court roman, 1990

La Maison du menteur
Petit cour de biologie ici : comment naissent les enfants dragons ? de bien belle manière en tout cas. L'occasion d'en découvrir un peu plus aussi sur l'Amour chez les dragons.

L'Ecaille de Taborin
Les dragons controlent-ils l'espace temps ? Un texte qui permet d'en apprendre beaucoup sur la mythologie de notre dragon.

Le Crâne
Alors que les autres textes nous contaient des temps anciens, le crâne nous transporte aujourd'hui au Temalagua (toute ressemblance avec des pays existants ou ayant existé....) le texte le plus politique du recueil, le plus dur, le plus cynique, mais aussi l'un des meilleurs pour moi. Une sorte de conclusion de tous les sujets que l'auteur voulait parlé à travers son dragon : origine du mal, junte militaire et libre arbitre. Bien que très ancré dans la réalité, le récit n'oublie pas cependant que cela reste une histoire.
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En Résumé : J'ai passé un excellent moment avec ce livre qui nous offre six textes sur Griaule et son influence. Chaque texte est vraiment dense, bien construit et travaillé le tout porté par des personnages vraiment complexes et possédant chacun une psychologie propre. L'auteur à travers ces textes nous fait réfléchir sur notre libre arbitre et nous offre une critique intéressant d'un point de vue sociale et politique. le tout est porté par une plume vraiment intenses, soigné et jamais lourde ou ennuyeuse, un véritable régal. Seule petit hic une nouvelle que j'ai trouvé un ton en dessous des autres.

Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Le Dragon Griaule est un recueil de nouvelles ayant pour dénominateur commun un dragon nommé Griaule, ensorcelé et donc en repos depuis plusieurs siècles. La vie s'est installée sur lui que ce soit la végétation ou même la population humaine.

Parlons d'abord du style de Lucius Shepard. Il a une plume très riche et sait décrire les lieux et le dragon avec brio même si parfois, je me demandais pourquoi il insister autant sur ces détails. Mais cela permet vraiment de découvrir Griaule et tous ceux qui l'utilisent comme hôte avec complexité.

Les nouvelles se suivent et sont loin de se ressembler. L'auteur trouve toujours un nouvel angle pour nous présenter son dragon. Evidemment, certaines m'ont moins touché comme celle qui a pour sujet un tribunal.

J'ai toutefois deux bémols avec ce livre. le premier est le manque de liens entre les différentes nouvelles. Alors oui, ok, Griaule est toujours là en filigrane mais j'aurais aimé que les personnages des nouvelles se croisent plus souvent, que l'ensemble forme un tout cohérent mais ici, on pourrait très bien imaginer que l'auteur décide d'écrire d'autres nouvelles sur Griaule car ici, cela ne forme pas un puzzle assez complet à mon goût.

Bref, vous l'avez compris, malgré sa couverture enchanteresse qui laisse peut-être penser à un récit accessible aux adolescents, le Dragon Griaule reste un récit mature et violent à ne pas mettre en toutes les mains et qui risque d'en déboussoler plus d'un.

Je suis contente d'avoir découvert ce récit mais j'avoue que je ne vous le recommanderais pas plus que ça, à part peut-être pour les fanas de fantasy qui désireraient découvrir un roman qui sort un peu des carcans du genre mais alors ils peuvent se tourner (selon moi) sur tout le catalogue des éditions le Bélial.

Autre défaut qui lui m'a vraiment plus gênée dans ma lecture, c'est l'omniprésence de scènes sexuelles. Autant certaines étaient justifiées autant d'autres étaient vraiment sans intérêt voir hors de propos. J'ai fini par me demander si l'auteur pouvaient brosser ses personnages sans parler de leur appétit sexuel et j'ai vraiment l'impression que non en refermant ce recueil. Je trouve que ça alourdit le récit quand ça n'apporte rien à l'histoire, dommage.
Lien : http://iluze.eu/?p=8589
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Les hommes sont intrigants et attirés par le profit, au point d'aller vivre sur un dragon presque mort de la taille d'un pays, afin d'en retirer de temps en temps des écailles, malgré l'influence néfaste reconnue de ce dragon.
On suit alors la lente évolution, -très lente mais quand on est un dragon qui vit au rythme d'un battement de coeur tout les 100 ans, le temps, ce n'est pas la même chose- des plans de domination de Griaule.
Ces plans ne sont pas dévoilés par eux même, mais par les actions des hommes dans ce monde vicié
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