Souvent, je lis mes bouquins des lustres après les avoir achetés, énorme pal oblige...
Ce qui fait que je ne sais plus "pourquoi" je les ai achetés. Et comme je les lis, la plupart du temps, sans lire le quatrième de couverture, il m'arrive d'être fort surprise par le contenu.
Cela a été le cas ici. Je dois dire que j'ai été un peu déçue au départ, car je ne m'attendais pas à tomber sur un dragon qui roupille depuis des millénaires. Ce qui fait que je n'ai que très moyennement apprécié les trois premières "nouvelles", puisque, de fait, on n'a pas là un roman mais bien un recueil de nouvelles, toutes axées sur Griaule, et dans l'ordre chronologique des événements autour de "sa mort"...
Les premières nouvelles sont assez lentes, il n'y a pas vraiment d'action, et comme j'attendais autre chose, je me suis un peu ennuyée, surtout dans "Le père des pierres", qui ne devient intéressante que dans son dernier tiers... Mais c'est formidablement bien écrit et traduit, ce qui fait que je n'ai pas abandonné en cours.
J'ai bien fait, car les événements se précipitent quand on avance dans les nouvelles, et l'action se réveille, enfin, dans les trois dernières ! Par conséquent, j'ai fini sur une excellente impression, qui rattrape ma déception des débuts !
Il y a quelques questions existentielles abordées dans le bouquin, mais ça demeure superficiel, de mon point de vue trop pour en faire un argument suffisant pour son intérêt. L'intérêt de ce livre réside dans les histoires, encore faut-il apprécier les histoires plus contemplatives que réellement "actives", ce qui n'est guère mon cas. C'est donc quand même un tour de force de l'auteur que d'être arrivé à me faire apprécier son livre, et, pour finir, son dragon Griaule ! (Ma note : 3,5/5, 4 sur Babelio)
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Une colline reculée avec quelques villages de-ci, de-là, un dragon échoué là, allez savoir pourquoi. Terrassé pas un charme, mais toujours l'esprit vivant, le dragon Griaule hante les habitants.
Et moi, simple lecteur, je dois désormais chanter ses louanges.
Quelques lieux, en France ou dans le monde, sont rattachés à une légende autour d'un dragon : le puits du dragon de Cordes-sur-ciel; la Fosse au Dragon, à Mézières; le lac de Sameura au Japon; ou encore le Rio Sao Francisco au Brésil, photographié vu du ciel par notre astronaute national. Ces contes locaux enjolivent la réalité historique, nous savons tous que les dragons n'existent pas, n'ont jamais existé. Tous sauf un, dont Lucius Shepard va nous narrer quelques épisodes. Ce dragon véritable est située dans une réalité parallèle à la notre, dans une Amérique du Sud. Il se nomme Griaule. Voici son histoire.
Sous forme de nouvelles et de novellas, l'influence maléfique du dragon Griaule nous est conté durant ces deux derniers siècles. La force de ce recueil de fantaisie est de ne pas offrir la sempiternelle histoire de dragon, mais d'emprunter le chemin des légendes anciennes. Y a toujours il réellement un dragon ou n'est ce que la forme de la montagne qui a nommé le lieu, une lointaine rumeur ridicule ? Pas de chevaliers, de trésors, de combats épiques. Juste la réalité. Jouant sur différents genres, du roman noir à l'enquête judiciaire, du conte à la réalité la plus sordide, chaque texte apporte un éclairage différent sur la banalité du mal. Car Griaule est mauvais, foncièrement. Et de son aura maléfique, il influence l'humanité, son jouet. Ou bien est-ce les hommes qui se cherchent une excuse face à leurs bassesses ?
Le style de l'auteur est tout en poésie, mais qui se permet des notes de familiarité, de crudité. L'écriture toute en finesse qui m'avait déjà plu dans Les attracteurs de Rose Street est ici toujours présente. Dans la novella, nous avions quelques éléments politiques, ce recueil enfonce le clou. L'auteur était un bourlingueur qui s'est un peu attardé en Amérique du Sud, ce qu'il y a vu, le totalitarisme, les juntes militaires, le pouvoir, les relations riches/pauvres, les relations Amérique du Nord / Sud, transparaissent dans les textes, dont le dernier, le crane, éminemment politique et sûrement biographique.
Ce recueil ce clôt sur une petite postface en forme de notes sur chaque texte, de quoi comparé son ressenti à celui de l'auteur. Une impressionnante bibliographie termine l'ensemble.
L'Homme qui peignit le Dragon Griaule
Une courte nouvelle dont le titre résume parfaitement le propos. Premier texte de cet univers, je pensais y trouver un texte bluffant, ce qui n'a pas été le cas. Juste un récit plaisant. Une mise en bouche pour connaitre un peu mieux la légende et le paysage où dort le dragon. C'est aussi l'un des textes politiques du recueil.
La Fille du chasseur d'écailles
Après avoir parcouru les environs géographiques du dragon, une petite incursion dans ses entrailles est nécessaire. Une expédition assez cauchemardesque qui m'a fait penser à certaines chimères du film Annihilation avec cette symbiose organique et végétale.
Prix Locus, novella / Court roman, 1989
Le Père des pierres
Un culte voué à la grandeur de Griaule, teinté d'occultisme, de magie noire et de luxure. le prêtre est tué par le père d'une de ses ouailles. A t-il agit par vengeance ou sur la volonté de Griaule ? Nous suivons les pas d'un avocat aux dents jadis longues et qui se fait une raison sur comment fonctionne la société. Les pauvres restent pauvres les riches restent riches. Une enquête judiciaire en forme de lutte des classes.
Prix Locus, novella / Court roman, 1990
La Maison du menteur
Petit cour de biologie ici : comment naissent les enfants dragons ? de bien belle manière en tout cas. L'occasion d'en découvrir un peu plus aussi sur l'Amour chez les dragons.
L'Ecaille de Taborin
Les dragons controlent-ils l'espace temps ? Un texte qui permet d'en apprendre beaucoup sur la mythologie de notre dragon.
Le Crâne
Alors que les autres textes nous contaient des temps anciens, le crâne nous transporte aujourd'hui au Temalagua (toute ressemblance avec des pays existants ou ayant existé....) le texte le plus politique du recueil, le plus dur, le plus cynique, mais aussi l'un des meilleurs pour moi. Une sorte de conclusion de tous les sujets que l'auteur voulait parlé à travers son dragon : origine du mal, junte militaire et libre arbitre. Bien que très ancré dans la réalité, le récit n'oublie pas cependant que cela reste une histoire.
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Les hommes sont intrigants et attirés par le profit, au point d'aller vivre sur un dragon presque mort de la taille d'un pays, afin d'en retirer de temps en temps des écailles, malgré l'influence néfaste reconnue de ce dragon.
On suit alors la lente évolution, -très lente mais quand on est un dragon qui vit au rythme d'un battement de coeur tout les 100 ans, le temps, ce n'est pas la même chose- des plans de domination de Griaule.
Ces plans ne sont pas dévoilés par eux même, mais par les actions des hommes dans ce monde vicié
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Des nouvelles inégales, mais ce livre vaut pour son postulat de départ qui renverse les clichés habituels : le dragon a été vaincu, que faire après ? Comment continuer à vivre, alors que son influence s'étend toujours ? Les nouvelles présentent une atmosphère, un cadre assez poétique.
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