On ne déroge pas à la règle, ce neuvième tome de L'atelier des sorciers est encore une réussite. Si à première vue, la participation de notre petite troupe à la Fête de la nuit pourrait faire penser à un tome d'entre deux, il n'en est rien. Les interrogations de Coco continuent de troubler la jeune fille mettant en avant les travers de la société, et de nouveaux ennemis pointent le bout de leur nez. de quoi donner du fil à retordre à nos héros.
Si dans sa première partie le tome neuf se montre plutôt sous un jour joyeux, on ne peut pas ignorer les ombres qui pèsent sur notre petit Coco. Depuis un certain temps maintenant, notre héroïne prend conscience de beaucoup de choses et cela lui pèse énormément. Pour une si jeune fillette, c'est un poids difficile à porter. Elle qui voyait en la magie un monde d'émerveillement, déchante maintenant. Elle comprend les règles qui lui sont imposés car elle a appris depuis pourquoi elles existent, mais cela ne les rend pas plus supportables pour autant. S'il est difficile pour le lecteur de la voir souffrir ainsi, je trouve que le choix de
Kamome Shirahama d'intégrer cette vision est très intéressante. Elle rend son monde plus tangible, plus adulte, plus réel. La magie n'est pas perfection et enchantement, loin de là.
Dans une optique plus plaisante, et pour alléger l'histoire sans en doute, la Fête de la nuit nous offre aussi un peu de magie. L'enthousiasme de nos jeunes sorcières est palpable, et il est agréable de ressentir de l'émerveillement et l'excitation dus à cette fête. Les inventions de nos héroïnes rendent aussi leur formation plus concrètes. Outre le fait qu'elles peuvent aider les humains lors de dangers divers, elles sont aussi les créatrices d'objets qui peuvent rendre la vie de tous les jours plus faciles ou plus joyeuses. le fait d'explorer le côté bénéfique de la magie donne un contre-effet moins lugubre.
A contrario, et via la milice, nous voyons aussi des inventions ou des agissements liés à la magie qui la pervertissent.
Kamome Shirahama en profite d'ailleurs pour "redorer" un peu notre ressenti vis-à-vis des sorciers "policiers" du monde magique. Il y a toujours une balance dans
L Atelier des sorciers et encore une fois, ces nuances sont quelque chose que j'apprécie vraiment. La mangaka ne voit pas ses personnages comme des êtres blancs ou noirs, elle exploite vraiment la psychologie de ces derniers pour nous montrer qu'il y a autant de noirceur que de lumière en chacun d'entre nous.
La seconde partie du tome, entre intrigues politiques et rencontres de nouveaux ennemis nous plongent dans une ambiance plus sombre. Je pense que c'est quelque chose à laquelle nous devons de toute façon nous préparer plus nous allons avancer dans l'histoire. L'existence des sorciers est précaire. Les règles sont autant là pour protéger que pour restreindre. C'est un parallèle d'ailleurs très intéressant avec la science. L'atelier des sorciers, bien qu'étant dans un univers fantaisie, trouve énormément d'échos avec notre vie. le fait que
Kamome Shirahama ne se montre pas hypocrite en nous vendant exclusivement du rêve est bien entendu un des points forts de son manga.
Un tome qui mêle habilement beaucoup d'émotions et qui ne fait pas avancer l'intrigue liée à la Confrérie du Capuchon, mais qui offre encore une vision de ce monde plus riche et intrigante. de quoi clairement donner envie pour la suite.