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sur 1423 notes
Je tourne la dernière page, le souffle coupé. Un silence flotte... mes pensées ne savent plus vers quoi se diriger... Je suis figée dans cet instant où en refermant le livre, je sais qu'il fera à jamais partie de ceux qu'on n'oublie pas.

Entre fascination et horreur, en totale immersion dans la psyché d'une mère qui se demande comment son fils a pu devenir un assassin.
Et avec le poids de sa culpabilité et de ses questions se posent aussi à nous des interrogations dérangeantes. L'amour entre un parent et son enfant est-il inné, naturel ? Est-il vraiment inconditionnel, tel qu'on voudrait se rassurer de le croire ? Une mère peut-elle, doit-elle aimer son enfant assassin ? Et s'il en est là, sont-ce ses manquements maternels qui l'y ont conduit ? le Mal qui coule dans ses veines est-il la résultante d'un désamour ? Ou était-il déjà là dès le départ ?
Tout ce que les parents - même si la mère est toujours d'abord pointée du doigt - infusent à leur enfant façonne-t-il un futur monstre ? Et le monstre a-t-il le choix d'être un monstre ?

Ce livre est brillamment écrit. D'abord parce qu'il est d'une profondeur dans l'analyse psychologique des personnages assez remarquable, mais il est aussi habile dans sa construction pour distiller touche après touche un tableau familial jusqu'au drame final. Tout est à sa place. Tout a son importance. Tout nous happe dans ces instantanés de vie où les moindres détails s'annoncent révélateurs.

C'est une histoire qui bouscule, perturbe, dérange et dans laquelle pourtant on s'enveloppe entièrement pour comprendre.
Une lecture absolument incontournable selon moi.

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Voici un roman qui décortique avec minutie une relation mère-fils pour le moins dysfonctionnelle. La mère s'exprime sans faux-semblants, ses ambiguïtés face à la maternité sont crûment dévoilées, et font voler en éclat le mythe de l'amour inné qu'est censé ressentir tout parent pour son enfant.

J'ai trouvé ce livre intense : chaque thème abordé l'est de façon puissante, chaque description touche au point sensible, rien n'est tu.

Sans amertume ni colère, la narratrice, et par-là l'auteure, nous demande : peut-on décider rationnellement d'avoir des enfants ? Cela permet-il vraiment de donner un sens à notre vie ? Est-on véritablement encore maîtresse de son propre corps lorsque l'on est enceinte, lorsque l'on porte un enfant conçu à deux ? Et bien sûr, puisqu'il est ici question d'un enfant qui commet une tuerie, quelle est notre part de responsabilité dans les actes de notre progéniture ?

Un livre difficile, difficile à oublier aussi.
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D'un point de vue strictement technique, et si l'on s'en réfère à mes meilleures indications statistiques, j'ai mis plus d'un mois à achever Il faut qu'on parle de Kevin, et j'ai même dû m'y reprendre à trois reprises pour dépasser les deux chapitres initiaux. Voilà qui n'est pas de très bon augure quant à la qualité de l'ouvrage, me direz-vous. Et pourtant.

Si j'ai mis plusieurs semaines à entamer vraiment le livre, ce n'est en aucun cas dû à sa qualité, assez étourdissante soit dit en passant. Non, si j'ai éprouvé pour ce récit une espèce de répulsion initiale, un inconfort, voire une quasi incapacité à me plonger dans ce qu'il esquissait en introduction, c'était purement et simplement parce que c'était trop bien.

Alors.
Je vous entends, là, déjà, me dire, mais enfin Capucine, tu es stupide ou quoi, les livres trop bien on adore ça nous, hein, et je vous dirai absolument, vous avez raison, mais là, dans ce cas très particulier, Il faut qu'on parle de Kevin, on est sur du trop bien limite douloureux.

Je ne suis résolument pas de ceux qui doivent, de façon très compréhensible, parfois faire une croix sur certaines lectures trop éprouvantes, violentes ou saisissantes, bien au contraire : j'ai un principe en littérature, plus c'est glauque, mieux j'aime. La sordide histoire de la mère de Kevin, adolescent incarcéré pour avoir assassiné sept de ses petits camarades de lycée, plus un employé de la cafétéria et sa prof de littérature (on est sur un cas), aurait donc instantanément dû capter mon goût pour l'insoutenable et l'irréparable, mais son incisivité, son âpreté, et surtout l'épouvantable et prodigieuse intelligence avec laquelle Lionel Shriver la raconte et la dissèque, ont été un gros coup de parpaing dans ma petite figure. Chaque paragraphe se reçoit, se digère, chaque chapitre est un roman en soi, et l'ouvrage entier d'une densité et d'une intensité assez incomparables. Rarement ai-je été confrontée à un tel degré d'analyse, à une telle exhaustivité dans le décortiquage d'un personnage et des tensions, secrets et ressentiments qui phagocytent sa famille. Rarement ai-je été frappée à ce point par l'exactitude des termes choisis par un ou une écrivaine, rarement ai-je été saisie à la gorge à ce point par l'injustice, l'horreur ou l'irréparabilité d'une situation. Voilà pourquoi il m'a fallu me casser un peu les dents sur ces chapitres introductifs, me laisser atteindre par la violence du propos, presque en rejeter ce bouquin si méchant, si noir, si empli de malheur et de regrets et de médiocrité, avant d'enfin l'embrasser et m'enfiler les 400 pages qu'il me manquait comme une course dont chaque kilomètre m'aurait autant éprouvée qu'exaltée.

Ce qui bouleverse, dans Il faut qu'on parle de Kevin, c'est l'amertume, le réalisme de cette mère simplement pragmatique face au désastre qu'est sa vie. On pourrait sans doute la trouver cynique, et en effet, il y a de cela dans la froideur parfois amusée avec laquelle elle analyse ses actions des vingt dernières années, mais elle n'est pas que cela, bien sûr, ce serait trop facile autrement. Non, Eva n'est pas blasée, elle souffre, encore, au très premier degré, et le raconte lettre après lettre à un ex-mari qui ne lui répond pas. Elle compose, souvenir après souvenir, une confession implacable, dont on ne saurait dire si c'est envers sa narratrice ou son destinataire qu'elle est le plus impitoyable. le texte, poisseux, étouffant, ne verse cependant jamais dans la facilité, la méchanceté gratuite, et certainement pas le manichéisme. On pourrait imaginer (et comprendre) qu'Eva se contente de décrire Kevin comme l'enfant mutique, puis l'adolescent brutal, provocateur et malveillant qu'il est, mais quelque chose d'infiniment plus ambigu surnage toujours dans le portrait qu'elle en brosse, un refus, bouleversant parce qu'indicible et incompréhensible, de le condamner tout à fait, de le haïr tout à fait, quand bien même la tentation en est immense. Eva s'accroche, et les 500 pages qu'elle passe à raconter Kevin sont la preuve ultime du fait qu'elle ne consent pas et ne consentira sans doute jamais à lâcher ce fils qui lui a pourtant brisé tout ce qu'elle avait réussi à constituer en garanties de son bonheur : son mariage heureux, son boulot galvanisant, ses voyages, sa vie à Manhattan, son insouciance. Ce n'est pas de l'aveuglement, encore moins un amour maternel inconditionnel, mais un besoin de comprendre, un refus d'abandonner, une injonction aussi, parce qu'elle est la mère de cet enfant et que personne ne l'autorisera jamais à l'oublier, en somme, un maëlstrom de besoins et passions contradictoires dans l'entremêlement desquels naissent parmi les questionnements les plus brutalement juste qu'il m'ait été donné d'affronter à propos de la maternité, de la famille, de la filiation, de la loyauté, de la transmission, de la trahison, du rejet, du devoir et de la faute.

Autant j'ai davantage pleuré face à un écran de cinéma qu'au cours de toutes les séances de psychothérapie de ma vie (et croyez-moi, c'est déjà beaucoup), autant les ouvrages capables de m'arracher de vraies larmes de stupeur, de peine ou de colère ne sont pas légion, et Il faut qu'on parle de Kevin en fait partie. Face à ces derniers chapitres, dont les pages, lourdes et solennelles, constituent un moment de lecture d'une immersivité assez inégalée, j'ai plissé les yeux comme si isoler les lignes une à une pouvait en diminuer l'impact, j'ai tourné les 100 dernières pages dans une espèce de transe littéraire comme on a rarement la chance d'en connaître. Lire ce roman est tout sauf une promenade de santé, mais bon sang, qu'est-ce que c'est bien.

Lionel Shriver a du génie, vraiment, dans la façon dont elle semble accommoder le lecteur pour mieux retourner ses préjugés contre lui au chapitre suivant, dans son art de créer l'évidence dans la surprise, dans la maestria de l'intrigue qu'elle compose et du rythme savamment étudié auquel elle abat ses cartes, chacune plus tranchante que la précédente. C'est un ouvrage qui demeure, un ouvrage qui n'assène pas ses réponses, vu les démons qui continuent de torturer sa narratrice pour le moins biaisée, voire pas toujours fiable, mais dresse un personnage redoutablement complexe, redoutablement convaincant (comment, en tant qu'auteur, parvient-on à inventer une telle vie avec de tels détails, une telle complétude de pensée, un tel don pour rendre compte des nécessaires contradictions qui forment la personnalité du personnage sans jamais laisser naître la moindre incohérence ? Je ne me l'explique pas), dont la voix désabusée mais pas désarmée fait naître autant de frissons que de questions chez un lecteur, pour le coup, franchement sonné. Un épouvantable, formidable roman.
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Bon bon bon…comment vais-je réussir à parler de cette histoire ?!

Mes débuts avec elle ont été assez laborieux. J'ai commencé par la trouver longue. Très longue. J'ai ressenti une profonde antipathie pour cette mère qui, les premiers temps, n'éprouve rien pour son enfant si ce n'est de l'embarras. D'ailleurs, une fois le livre refermé et maintenant encore je m'interroge sur son poids dans cette tragédie mais aussi et surtout sur la façon qu'à eu Kevin de grandir, de penser, d'agir. A-t-elle indirectement une part de responsabilité ? Je ne trancherai pas.

Aime-t-on un enfant qui vous rend la vie impossible ? Un être naît il mauvais ou finit-il par le devenir ? Kevin a été un bébé » difficile » et un enfant puis un adolescent marginal et extrêmement intelligent. Une intelligence hors du commun, utilisée à mauvais escient, combinée avec une personnalité machiavélique et un manque total d'empathie.

Pas de doute, Kevin fait vraiment très froid dans le dos. Il est imprévisible. Et ce, jusqu'au dénouement qui, au moment où j'écris ces quelques lignes, me perturbe encore. Une conclusion de la part de cet adolescent à laquelle je ne m'attendait pas une seule seconde. Mais, comme je vous le disais, Kevin est insondable.

La relation mère-fils. Parent – enfant. La plus belle, comme la nature le veut. Parfois aussi, la plus compliquée, bien que cette difficulté soit souvent tue. Celle qui revêt le plus de superlatifs. Ce lien indéfectible, quoi qu'on en dise.

Un livre poignant qui, personnellement, m'a beaucoup déstabilisée. Une lecture que j'ai parfois dû mettre en attente. Un duo de protagonistes, car c'est bien mère et fils qui mènent la danse, comme j'en ai rarement ( jamais ?) lu. de la cruauté, de l'amour, de la folie, de l'attachement. Et une profonde incompréhension de l'âme humaine.
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« Il faut qu'on parle de Kevin » est un livre complexe. J'ai d'abord détesté le style d'écriture qui diffère des lectures habituelles. Il est lourd, les phrases sont longues. Mais environ à la moitié de ce livre, la complexité de l'histoire prend le dessus sur celle de l'écriture.

Le sujet est riche, l'histoire est dérangeante. Je termine ce livre en me sentant vide. Vide de toute logique, de toute réflexion.

Je recommande vivement cette lecture à chacun. C'est déroutant, perturbant, vraiment dérangeant tout du long mais c'est exquis.
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Quelle claque ! Aucune chance d'oublier ce livre autant pour la qualité de l'écriture que pour le « glaçant « de l'histoire racontée.
En tant que parent, on craint toujours pour ses enfants, on espère qu'ils ne feront pas de bêtises et puis, pour certains d'entre nous, le pire arrive : un assassin a grandi dans notre sein. Les lettres d'Eva apportent un point de vue très intéressant et captivant sur le sujet.
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Un très bon bouquin sur un sujet casse-pipe : la relation parent-enfant qui se passe mal, l'origine du Mal ; le récit est parfaitement mené, avec un rythme presque de polar vous interdisant de lâcher le livre ; la vision est subtile sur des sujets tels que la relation parents-enfants au temps du règne tout puissant de l' Éducation positive (au détriment du respect de la paix d'autrui) et de la Psychologie (au détriment de la loi et du bon sens), le voyage, le vide existentiel, le politiquement correct, etc ...
Un livre dont vous vous souviendrez ...
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Il y a des lectures qui vous troublent, vous mettent mal à l'aise, vous font réfléchir à des questions inconfortables, et pourtant vous ne pouvez pas vous empêcher de lire, avide du prochain inconfort que vous réservera le prochain chapitre.
C'est exactement ce que j'ai ressenti à la lecture de ce roman dont j'entends parler depuis des années, sans oser me lancer. Ce qui m'a frappée, c'est que dans cette histoire personne n'a raison ou tort, personne n'est totalement bon ou mauvais, et j'ai aimé cette complexité, même chez Kevin qui passe d'abord pour un tortionnaire en couche taille 3 mois, avant de révéler progressivement certaines failles.
idem pour la mère, que j'ai parfois détestée, puis admirée, et le père que j'ai perçu tantôt comme un ravi de la crèche exaspérant ou comme un héros d'optimisme à toute épreuve….je repense souvent à cette histoire et à ces personnages que je n'ai toujours pas réussi à cerner, c'est une lecture qui me marquera longtemps !
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Ah Kevin, un sale petit bonhomme dès sa plus tendre enfance. du genre à crier sans cesse, à refuser le sein maternel, à faire fuir toutes les nounous, même les plus motivées. Disons-le sans détour : Kevin n'est pas aimable, Kevin a toujours été repoussant. Alors peut-on légitimement imaginer qu'Eva sa mère ait une quelconque responsabilité dans la folie meurtrière de son fils pour ne pas l'avoir vraiment désiré et s'être sentie incapable de l'aimer ? Son absence d'amour maternel est-il la cause de tout ou Kevin est-il né foncièrement mauvais ?

A ces questions Lionel Shriver tente des réponses en remettant en cause magistralement le rôle qu'une mère est censé remplir et les sentiments qui doivent l'animer, faute de quoi, elle risque de voir ses enfants devenir des détraqués. Pourtant chacun sait, ou presque, que l'amour maternel ne va pas toujours de soi. C'est un lien qui souvent se tisse (ou pas) au fil des jours. de même on sait certains enfants « indomptables », des graines de voyous, voir des incarnations du mal (cf Rosemary's baby), en dépit de toute l'affection dont ils sont l'objet.
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Le jeudi 8 avril 1999, Kevin Katchadourian, presque 16 ans, devient célèbre pour avoir massacré 11 personnes dans son lycée. Deux ans après le drame, sa mère, Eva, s'interroge toujours : elle écrit de longues lettres à Franklin, son mari dont elle est séparée, dans lesquelles elle retrace le fil de sa vie de femme, d'épouse et de mère pour tenter désespérément de comprendre pourquoi il est en arrivé à cet acte horrible, comment ce JEUDI a pu se produire.

Le roman de Lionel Shriver m'a complètement retourné les tripes et le coeur ! Pas une seule seconde je n'ai eu envie de le lâcher et pourtant il nous plonge au coeur d'un drame familial et humain cruel et parfois à la limite du supportable. Et tellement réaliste… malheureusement… Il y a un réel suspense entretenu par les confidences d'Eva dont on reconstruit la vie pas à pas et, plus j'avançais dans la lecture, plus je me sentais saisie d'horreur en voyant poindre le dénouement, caché dans l'implicite et les sous-entendus de cette mère meurtrie.

L'écriture de Lionel Shriver, sous forme de lettres qui tiennent surtout du journal intime, est poignante. Eva est sincère quand elle évoque ses souvenirs, ses actes, ses pensées, ses sentiments même si ses propos sont parfois difficiles à encaisser.

Car, dans cette fiction, il n'est pas seulement question pour l'auteur de se centrer sur la problématique des massacres récurrents dans les lycées et du port d'armes aux Etats-Unis. Il est surtout question du sentiment de culpabilité et de la remise en question d'une mère face à l'acte horrible de son fils. Et de tout un tas de questions corolaires : le désir d'être mère, l'attachement, la dépression, l'incompréhension face à un enfant qui ne correspond pas exactement à l'idée que l'on se faisait de lui avant qu'il ne naisse, la cruauté, la violence psychologique, l'amour et le pardon.

Je ne m'attendais absolument pas à me retrouver face à une lecture si poignante qui m'a émue aux larmes tout en me laissant en même temps un goût amer. Sincèrement, le roman de Lionel Shriver est dur, il me faudra un peu de temps pour le digérer mais il vaut clairement le détour.
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