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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Parmi la multitude de romans nés de la plume de Robert Silverberg, difficile de ne pas remarquer l'affection particulière que semble porter l'auteur aux civilisations anciennes, qu'elles soient romaines (Roma Aeterna), grecques (Le dernier chant d'Oprhée) ou encore sumériennes. Et c'est justement cette dernière qui est à l'honneur dans cette réinterprétation de l'une des plus célèbres épopées antiques de notre histoire, celle de Gilgamesh, roi d'Ourouk. Nous voilà donc transportés au coeur de la Mésopotamie du troisième millénaire avant notre ère, région prospère dominée par quelques grandes cités entretenant des rapports plus ou moins courtois selon les périodes et les souverains. Malgré le caractère très lacunaire des renseignements dont nous disposons aujourd'hui concernant cette époque et cette civilisation, Robert Silverberg propose une vision très réaliste de ce qu'aurait pu être la vie dans la Mésopotamie antique. Les coutumes, l'architecture, les croyances, la politique..., l'auteur nous dépeint avec un luxe de détails un univers d'une richesse incroyable et dont certaines traditions ne manqueront pas de surprendre le lecteur (imagineriez-vous, par exemple, un roi travailler aux champs ou se livrer à d'harassantes activités comme n'importe quel autre de ses sujets ?).

Mais au-delà de la qualité de sa reconstitution historique, le roman de Silverberg séduit également par le charisme de son protagoniste. Mais pouvait-il en être autrement lorsque le protagoniste en question se révèle justement être l'un des plus grands héros de notre histoire ? Souverain excessif mais dévoué à sa cité, homme doté d'une force exceptionnelle et n'ayant aucun égal parmi les mortels, moitié divin selon certains.., Gilgamesh fascine aussi bien ses contemporains que les générations futures qui en gardent aujourd'hui encore le souvenir, cinq millénaire après sa mort. Comme les douze travaux pour Hercule ou bien les étapes du voyage de retour vers Ithaque pour Ulysse, on retrouve ici les principaux événements qui forgèrent la légende de Gilgamesh : son affrontement avec le roi de la cité de Kish, son combat contre le démon de la forêt Huwawa, sa quête de la vie éternelle... du côté des personnages secondaires on pourrait regretter que deux seulement tirent à eux la couverture, Enkidou, le meilleur ami du roi, et la prêtresse Innana, même si la tumultueuse relation entretenue entre cette dernière et Gilgamesh constitue sans aucun doute l'un des aspects du roman les plus intéressants.

On pourrait cela dit regretter le ton assez distant employé par l'auteur qui, en adoptant une narration se voulant la plus proche possible de celle des épopées antiques, prend le risque de parfois perdre l'intérêt du lecteur. Certes, le récit des exploits accomplis par Gilgamesh est intéressant, mais l'auteur nous les rapporte de façon très sobre et ne donne ainsi pas l'opportunité au lecteur de bien saisir leur véritable signification et leur portée. La seconde partie du roman s'apparente par exemple un peu trop à une énumération des aventures vécues par le héros qui multiplie les exploits sans guère de difficultés, au point d'en devenir presque agaçant. L'arrogance dont il fait preuve à l'égard des autres, bien incapables d'égaler le colosse, fait notamment mauvais ménage avec l'égoïsme et la faiblesse dont il fait paradoxalement preuve dès lors qu'est évoquée la question de son propre trépas. La première partie du roman est en comparaison beaucoup plus captivante car consacrée à l'enfance du futur roi que l'on découvre sous un jour plus sympathique et plus humain, à la fois parce qu'on est touché de le voir emplis de doutes quant à son avenir et sa capacité à régner, que parce que l'auteur nous donne l'occasion de le voir interagir davantage avec les autres personnages.

Avec cette réinterprétation de l'épopée du roi Gilgamesh, Robert Silverberg signe un roman dépaysant qui nous transporte, l'espace de quelques centaines de pages, en un autre temps où héros et rois ne faisaient qu'uns, où les dieux pouvaient interférer dans les affaires des mortels et où les hommes avaient l'opportunité d'accomplir des exploits dignes d'être racontés bien des siècles après leur trépas. A réserver cela dit aux amateurs d'histoire et de récits épiques.
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Ce livre est d'abord un bel objet, relié en vert, aux pages propres et bien imprimées. C'est une édition différente de celle qui est présentée sur la fiche Babelio correspondante.
Silverberg, comme il l'a fait avec "L'homme dans le labyrinthe", reprend un mythe antique de la culture majeure pour en faire un roman d'aventures aux accents parfois fantastiques. Il reste fidèle aux épisodes de l'épopée de Gilgamesh, dont il fait un récit à la première personne, qui conduit le lecteur, un peu à la façon d'un touriste, dans l'ancien pays de Sumer. En ce sens, puisque rien n'est inventé et que la documentation est irréprochable, ce roman est une sorte d'ouvrage de vulgarisation archéologique parfois un peu fatigant tant le souci du détail est grand.
Cela dit, c'est bien du Silverberg, à savoir un roman "pulp" fortement érotique : la virilité extrême du héros rencontre la féminité extrême de certaines héroïnes (Inanna surtout) en des scènes torrides et fréquentes, avec nombre de femmes sorties des calendriers de charme des années 50. Silverberg reste fidèle à lui-même, à l'esthétique américaine "pulp" où le surhomme fait jouer ses muscles, mais il est fidèle aussi - c'est une coïncidence amusante - à la franchise sexuelle de la littérature mésopotamienne la plus ancienne.
Cependant, le récit à la première personne (anachronisme dont l'auteur a le droit d'user) aplatit le récit et lui donne une certaine monotonie. Prenant le parti d'adoucir ce que l'histoire de Gilgamesh a de surnaturel, l'auteur diminue son charme épique. Par moments, elle devient un peu trop rationnelle (pas trop quand même, car le roman est tout plein de présences divines et d'une religiosité extrême) et l'ensemble m'a un peu lassé.

Ce roman est quand même la façon la plus divertissante d'entrer dans l'univers de la plus ancienne épopée du monde. le passage du héros dans l'île de Ziusudra, le Noé sumérien, rappelle les meilleurs endroits du "Livre des Crânes", à mon goût le meilleur roman de Silverberg. Donc, ne boudons pas notre plaisir.
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Comme le titre du roman le suggère, le roman revisite le mythe mésopotamien de Gilgamesh et, pour celui qui ne le connaît pas, ce sera une façon ludique de le découvrir, façon qui n'empêche pas de se plonger dans les textes originels par la suite, même si le roman en soit ne laisse pas une trace impérissable.
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Je referme à l'instant ce livre en lambeau duquel toutes les pages se détachent tant il est vieux. Je ne l'avais pas relu depuis mes années de fac où j'ai découvert le mythe de Gilgamesh en suivant les cours d'antiquités orientales et d'épigraphie Akkadienne délivrés par Monsieur Ghadban, le professeur le plus inspirant que j'ai connu… « Aaah mes chers étudiants » disait-il en nous montrant des diapos où on le voyait devant un tombeau quelque part au Liban ou ailleurs, « vous imaginez ce que l'on ressent en posant les yeux le premier depuis bien longtemps sur quelque chose qui était caché jusqu'alors ? » ou encore « c'était le plus beau jour de ma vie mes chers étudiants ! » et il y en avait plusieurs, c'est ça qui était magique. Bref.
Je l'ai dévoré en quelques heures et je dois dire que la magie de cette épopée antique réinterprétée opère toujours, le lecteur est transporté au coeur de la Mésopotamie, bien longtemps avant notre ère… le récit, à la première personne, est très réaliste, pas poussiéreux pour un sous et ceci prouve une nouvelle fois que peu de choses ont changé depuis ce temps, les hommes sont toujours des hommes, les questions restent les mêmes, les sentiments, les motivations et les rapports humains aussi. Nous suivons Gilgamesh dans ses démêlés avec les Dieux et les Démons, son amour ambigu pour la grande prêtresse d'Inanna, son amitié pour le doux géant Enkidou et surtout sa quête de l'immortalité. Ce personnage mythique acquiert ici une dimension toute humaine : en effet, ne partageons-nous pas tous ses angoisses ? Cette quête de soi n'est-elle pas celle de toutes les vies ?
Après, cela reste une adaptation contemporaine d'un texte ancien (très ancien même) et donc ça ne plaira pas forcément à tout le monde, d'ailleurs si je n'avais pas connu cette histoire par un autre biais peut-être que je n'aurai pas apprécié autant cette lecture.
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Un livre assez secondaire dans la littérature de Sylverberg. On dirait qu'il s'essaye à quelque chose qu'il ne maîtrise pas encore totalement avec ce livre. Mais les échecs de cet auteur ressemble tout de même aux réussites de beaucoup d'autres, c'est livre qui mérite tout de même ses lecteurs.
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J'ai lu ce livre essentiellement parce que ma fille semble devoir étudier cette oeuvre l'année prochaine ... Mais j'y reviendrai.Il raconte donc la vie de Gilgamesh, devenu roi d'Uruk à la suite d'une habile machination d'un royaume ambitionnant de prendre de la place d'Uruk (première ville du monde à l'époque, semble-t-il). Il devient donc roi, dans une ville dominée principalement par la déesse de la Lune et sa déesse ... avec laquelle il a des relations amoureuses sacrées faciles, mais personnelles extrêmement ambiguës. Une fois roi, il fera la guerre, il partira faire des quêtes dans le but d'augmenter son prestige (et celui d'Uruk, bien sûr), et sera touché par un sort funeste.Bon.Silverberg est, de façon incontestable, l'un des plus grands auteurs de SF. Et je me demandai au début de cette oeuvre pourquoi il s'attaquait à un mythe aussi antique (6000 ans d'histoire, quand même). Après l'avoir lu, j'ai compris. Silverberg tente de nous démontrer que ce mythe est avant tout un formidable récit de la fantasy la plus archétypale qui soit. En effet, il nous montre un homme prenant en main son destin, comme un Conan, par exemple, et affrontant une suite d'étapes lui permettant d'assoir sa place dans l'univers, comme n'importe quel récit initiatique pourrait le faire. Evidement, il le fait en reprenant une écriture, ou plutôt des concepts, un peu datés. Ainsi, les malades sont soignés selon les oracles, et la vie de ce roi est rythmée non par son pouvoir absolu, mais par ses obligations sacrées, parce qu'il est avant tout le premier serviteur des dieux.D'autres choses sont intéressantes dans ce roman, au premier lieu desquelles la réutilisation de certains éléments de ce mythe. J'en ai noté au moins d'eux : l'un célèbre au-delà du possible, et l'autre beaucoup plus confidentiel.Le premier exemple est évidement le déluge, repompé tel quel dans la bible (enfin, sous sa forme mythique, et pas sous la forme qui sera finalement expliquée à Gilgamesh).Le second est l'ensemble de cultes présenté ici, qui sera, je pense, réutilisé dans le jeu de rôles Runequest : on retrouve en effet un panthéon solaire au milieu duquel une déesse de la Lune est apparu sous une forme faible, avant de s'élever dans le panthéon pour en devenir la déesse principale (oui, je parle de l'empire Lunar et de la Lune Rouge).Un troisième exemple me vient maintenant à l'esprit, mais il est beaucoup moins évident. J'ai bien l'impression que Gilgamesh et sa quête d'immortalité corporelle a servi de prototype au Jésus chrétien. Dans les deux cas, le héros est en quête d'immortalité. Dans les deux cas également, sa quête d'immortalité va l'emmener loin. Très loin.Allez, un dernier point. Je disais en introduction que je l'avais lu parce que c'était une oeuvre étudiée par les jeunes collégiens. Et même pas dans cette version très joliment romancée, hein. Non, dans une espèce de version aride, ne faisant pas de choix dans les différentes interprétations des différents épisodes de la vie du héros, bref, un truc chiant. Au-delà de la traduction, je ne vois pas l'intérêt de cette étude, à moins bien sûr de se placer dans une optique de déconstruction religieuse extrêmement douteuse. Parce que bon, nous faire un truc sur l'apparition de la civilisation en parlant de ce roman, ou sur le style de vie mésopottamien, me paraît également assez peu crédible. Alors ? Ca sert à quoi d'étudier ce mythe en 6ème ? C'est quoi la valeur éducative de cette histoire ?Parce qu'il ne s'agit finalement que d'une histoire sympathique, rempli de sentiments hyperboliques, mais qui franchement, sous cette forme (qui est une nette amélioration d'une traduction universitaire de ce mythe) n'a rien d'exceptionnel.
9782070449774"
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