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Ecrit en 1936.
Roman de l'intime et de l'égoïsme, roman d'une ville vouée à la mer et au crachin, Les demoiselles de Concarneau est aussi le portrait d'une époque et d'un milieu, celui de la pêche, où l'oeil de Simenon aura su, une nouvelle fois, voir tout ce que l'humanité aimerait tant cacher d'elle-même.
En perspective le récit évoque
le thème de l'homicide involontaire qui sert de révélateur au complexe de culpabilité liant le protagoniste à ses deux soeurs : c'est ce complexe, mis à nu, qui détermine l'évolution du drame.
Encore un roman compatible a' la notoriété de George Simenon
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Je connaissais Simenon pour ses célèbres aventures du commissaire Maigret, mais pas son talent de romancier exceptionnel. L'ouvrage est dans une collection polar, mais c'est en fait l'inverse : nous sommes dans la tête du "meutrier malgré lui", et nous ne suivons pas l'enquête mais les astuces inventées par le personnage pour cacher ses méfaits, et bien sûr ses remords et sa volonté de "réparer". le scénario est là, mais le décor vaut lui aussi le détour, avec une description très fidèle des moeurs et de la vie quotidienne de l'époque dans un important port de pêche français. le style est simple, efficace, et nous fait avancer à un rythme infernal dans ce petit roman qu'il est difficile de lâcher.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Simenon arrive à nous entrainer dans ses histoires. Il nous décrit très bien la vie de cette famille avec ses moeurs et les différentes couchent de la société.
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Bon
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Plaisir de relire cet auteur découvert pendant l'adolescence avec les « Maigret ». Replonger dans cette atmosphère un peu surannée et très réaliste de la vie provinciale des années 50-60.
Un soir, en rentrant de Quimper, Jules Guérec renverse un garçonnet de 6ans et s'enfuit : il rentre chez lui, où il partage son quotidien avec ses soeurs. Patron de pêche et propriétaire d'un magasin, ils font partie des notables de Concarneau. Rongé par la culpabilité, il fait en sorte de rencontrer Marie, la mère célibataire du garçonnet accidenté et de l'aider sans pour autant lui avouer être l'auteur de l'accident.
Englué dans ses mensonges, sous l'emprise de ses soeurs autoritaires qui veulent régenter sa vie et préserver leur réputation sous prétexte de le protéger, se croyant amoureux de Marie, il va faire voler en éclats toute sa vie.
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Concarneau ... Encore la Bretagne - et même le Finistère ... Et encore et toujours l'eau ... Dommage que, tout comme "Maigret & le Tueur" fait de l'ombre à "Maigret & le Marchand de Vin" , "Les Demoiselles de Concarneau" ont, de leur côté et pour les mêmes raisons, des raisons de simple chronologie éditoriale toute bête, à souffrir de l'éblouissant "Long Cours" qui les précède.

Après le climat pesant, écrasant de routine coloniale et de dépaysement systématique, après la vulgarité narcissique et boudeuse d'une Charlotte Godebieu bien déterminée à réussir, dût-elle, pour ce faire, écraser tous ceux qu'elle rencontre, après la mutation extraordinaire - et à rebours pourrait-on dire - d'un Jef Mittel qui, toute sa vie, fut d'une faiblesse navrante mais mourut pour ainsi dire avec la noblesse du lion abandonné dans la brousse par les siens, après la carrure, les braillements, les excès et la générosité de gros ours de Mopps le Placide, capable pourtant de se transformer en fauve parce qu'il a dans la peau une femme qui, moralement et sentimentalement ne lui arrivera jamais à la cheville,

Après un Dunkerque où la pluie s'amuse avec les vagues de brouillard, après un Panama accablant de moiteur et crucifiant de soleil, après le retour à la gaieté légère et bonne vivante de Tahiti,

Après les armes de contrebande dans les soutes du "Croix-de-Vie", après les fonctionnaires à demi-morts de chaleur et d'alcool qui ferment les yeux sur les éventuels problèmes judiciaires d'un tel ou d'une telle,

Après cette authentique tragédie grecque assaisonnée à la sauce Simenon,

L'auteur belge replonge son lecteur dans un paisible famille de marins. Mais pas n'importe quels marins, des marins qui possèdent deux bateaux et un troisième en préparation, sans compter des terres, là-bas, à l'extérieur de la ville, des marins aisés chez qui le chef de famille, Jules Guérec, vit littéralement cerné, malgré ses quarante ans, par ses deux soeurs encore célibataire, Françoise la paisible et Céline, dont la relation quasi-fusionnelle avec Jules éveille souvent, je l'avoue, de curieuses sensations d'ambiguïté. Il y a une troisième soeur, Marthe mais elle a épousé Emile Gloaguen, inspecteur à la police locale et elle a ses enfants et sa propre maison. Néanmoins, chaque dimanche, on échange le repas traditionnel. Et l'on parle et l'on reparle des affaires, de la mer et de ses marées, des filets qui doivent être réparés, des sommes qu'on peut espérer pour le mois ... Et tout ça au milieu des menus bruits traditionnels, qu'on entendait aussi du temps des parents : le balancier de l'horloge, les rumeurs du Concarneau dominical, les cloches qui sonnent, les porcelaines qui tintent, la soupe qui s'écoule doucement dans les assiettes, le vin blanc, toujours à température idéale et le rouge, toujours chambré ... Et tout ça dans une odeur d'encaustique qui parviendrait à faire croire au lecteur que la poussière et le désordre, ça n'existe pas - mieux : ça n'a jamais existé.

De temps en temps, quand il a, disons, certains désirs, Jules va à Quimper et il a bien du mal à cacher à Céline, qui tient les comptes, le modeste accroc fait au budget par ses fredaines déjà regrettées à peine accomplies. Céline, silencieuse, énigmatique, un tantinet méprisante, détourne les yeux : les hommes, n'est-ce pas ...

Et la vie continue, s'écoulant au rythme des marées et des départs en mer et pourtant s'écoulant aussi au goutte à goutte. C'est une Vie qui ne vit pas, en somme.

Jusqu'au jour où, par un hasard aussi stupide que terrible, Jules, de retour de Quimper, renverse l'un des petits Papin et, sous le choc, se demandant avec horreur ce que va dire Céline, prend la fuite. L'enfant décède le lendemain, laissant derrière lui son jumeau et sa mère, Marie, maigrelette, une vraie crevette, peu aimable de nature, une femme résignée, avec un frère, Philippe, bien gentil mais qui n'a pas toute sa tête et à qui personne ne propose de travail parce "c'est un débile."

Hanté par son crime involontaire et encore plus par sa fuite, Jules Guérec va tout faire pour, dans un premier temps, aider autant que faire se peut aider la famille endeuillée. A l'exception de Philippe, qui le regarde avec bienveillance, Marie et son dernier fils restent sur la défensive car, pour eux deux, Guérec restera toujours un riche tandis qu'eux sont pauvres. C'est ainsi, c'est la vie, c'est pour ainsi dire la loi : et les riches comme les pauvres se doivent de rester à leurs places respectives.

Et tout cela se passe dans l'espionnage incessant - voyez-vous un autre terme ? - dont Céline (on la dirait, je vous jure, à certains moments littéralement amoureuse de Jules) accable Guérec. Françoise ne fait que suivre - elle serait si heureuse si on la laissait s'occuper uniquement de son ménage ... Quant à Marthe, elle fait semblant de ne rien voir mais forcément, par son mari, elle apprend certaines choses.

Quel film aurait donné pareille atmosphère si Chabrol eût tenu la caméra ! Car c'est à ce cinéaste - auteur de la magistrale adaptation des "Fantômes du Chapelier"* du même Simenon - que font penser ces "Demoiselles de Concarneau" à la fois si bien élevées et si envahissantes. Famille, bourgeoisie ici maritime, convenances, ce qu'il faut faire, ce qu'il ne faut pas faire, ce qui est toléré (tout le monde s'en fout, finalement, que le petit Papin ait été tué accidentellement par le riche Jules Guérec), ce qui ne l'est pas (mais pas question que, en guise de "réparation", il épouse sa mère, la Marie, qui ne sera jamais que Marie-Papin-La-Fille-Mère, celle qui, selon l'expression de la région, "a percé son sabot" un peu trop jeune par un homme dont on ignore tout ou presque), cet entêtant parfum d'encaustique avec les patins qui vont avec (je ne me rappelle pas que Simenon en parle mais je puis vous certifier les avoir "vus" dans cette maison si soignée, si bourgeoise, si bien tenue) et surtout cette fin à l'image du destin étriqué des Guérec, cette fin qui les rapetisse jusqu'à ce qu'il n'y ait plus en lice - et pas à Concarneau mais en Provence - ce couple étrange, improbable et si dérangeant de Jules et de Céline Guérec.

Et quel dommage que, chronologiquement, sur le plan éditorial, "Les Demoiselles ..." viennent après "Long Cours." Tenez, je vous donne un conseil : arrangez-vous pour les lire éloignés l'un de l'autre car, à bien y réfléchir, bien que taillés sur des patrons bien différents, tous deux détiennent, dans le fond, la même efficacité, noire, désespérée, inflexible - avec néanmoins un peu plus de perversité, tout compte fait, dans "Les Demoiselles de Concarneau", en raison de ce sang fraternel qui coule dans les veines de Céline et de Jules.

Quoi qu'il en soit, là encore, c'est du grand Simenon qui nous prouve, si nous avions encore besoin d'être convaincus, que l'écrivain liégeois était un romancier universel. Bonne lecture - et n'oubliez pas mon conseil !

Nota Bene : il me semble d'ailleurs me rappeler que Chabrol a tourné son film à Concarneau. ;o)
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Ceci est un roman de Simenon, mais pas une enquête du commissaire Maigret : Simenon était un auteur très prolifique, et nombres de ses romans inspirent encore les cinéastes de nos jours.
Le lecteur sait dès le début qui est le coupable et qui est la victime. d'un côté, Jules, qui revient de Quimper où il a un peu trop traîné et surtout, trop dépensé (il va y voir des petites femmes, douces comme celles de Paris). Il se demande comment il expliquera les cinquante francs manquants à sa soeur Céline, qui tient les comptes avec beaucoup de compétence et de lucidité – si vous préférez « avarice », cela fonctionne aussi. de l'autre, nous avons un gamin qui revient de l'école, enfant naturel d'une toute jeune fille-mère, comme on disait à l'époque. Elle travaillait à la conserverie, qui a fermé (déjà, la crise, à l'époque). Elle a un frère un peu simple d'esprit, sur lequel elle veille, en plus de ses jumeaux. A Concarneau, tout le monde se connaît, ou presque.
Jules, qui était encore un conducteur novice, est face à deux dilemmes : cacher ce qu'il a fait à ses soeurs, surtout à Céline, si perspicace, si observatrice, et apaiser sa conscience face à la mort du petit garçon. La première tâche sera beaucoup plus difficile que la seconde, tant les soeurs ont imposé leurs règles de vie. Avoir des secrets, un peu d'intimité est impossible. Sur les trois soeurs, seule Marthe, la seconde, est mariée, et comme le veut la tradition, sa fille se prénomme Françoise, comme la soeur aînée, et si elle devait avoir une seconde fille, elle se nommerait sans doute Julie, version féminisée du prénom de son frère. Françoise et Céline ne sont pas seulement les soeurs, ce sont aussi les bateaux que possèdent les Guérec. Seule Marthe, celle qui a quitté la boutique et la maison au rythme de vie si étouffant n'a pas eu droit à un bateau à son nom. Mise à l'écart (bien involontairement) du clan Guérec, elle est la seule à avoir pu se construire une vie en dehors du cercle de famille.
Jules pourrait, lui aussi, s'il n'était pas si lâche, s'il n'aimait le petit confort douillet que lui procure ses soeurs. Céline le pense, et le lui dira : pourrait-il vive avec une femme qui ne prend pas soin de lui constamment, comme elle le fait ? Supporterait-il de ne pas avoir un déjeuner abondant, au retour de la pêche, voire même que ses chaussons ne soient pas soigneusement chauffés ? Guérec n'est pas sans me rappeler Joseph, le héros de Maigretchez les flamands. Adulé par ses soeurs, velléitaire, il a pourtant fait un enfant à une petite ouvrière qu'il est hors de question qu'il épouse. Il est arrivé la même « aventure » à Jules, mais lui a eu plus de chance (je précise, pour ceux qui auraient des doutes, que je cite les soeurs de Jules) : l'enfant était mort-né. Pour Jules, qui n'a jamais eu une décision à prendre de sa vie sans avoir à obtenir l'approbation de ses soeurs, cet accident est presque la grande aventure de sa vie. Pour lui, tout fut aisé, facile, il a toujours eu beaucoup de chance.
A Concarneau, ce sont deux mondes qui s'opposent, le sien et celui de Marie, qui n'a jamais eu de chance. Devenue ouvrière par nécessité à la mort de ses parents, elle est devenue mère de jumeaux à seize ans, tout en ayant la charge de son frère. Pas de jouets, pas de chocolat, pas de tendresse pour ses enfants. Pas de joie non plus, ce que Guérec appelle son inaptitude au bonheur, et presque une incapacité à ressentir des émotions, une résignation. Parce qu'elle a trop souffert dans sa vie ? Elle ne va plus à la messe, contrairement aux Guérec : la religion n'est pas pour les ouvriers. Pas d'introspection non plus, tout juste quelques questions sur les causes des visites régulières de Jules.
Un autre dénouement que celui de ce roman était-il possible ? Non. La révolution n'aura pas lieu, le poids des habitudes, du regard des autres aussi, est toujours là. Et si changement il y a, il n'est pas celui qu'attendait Guérec.
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Jules Guérec, riche patron-pêcheur, renverse en voiture un enfant dans les rues de Concarneau. Après s'être enfui du lieu de l'accident, il se trouve progressivement tourmenté par sa conscience et se prend d'amitié pour la famille de sa victime. Il finit par tomber amoureux de la mère de l'enfant, mais la fratrie ne l'entend pas de cette oreille. En particulier, sa soeur Céline va tout faire pour préserver la cellule familiale.

Chez Simenon, dans ce texte paru en 1934, l'enfer c'est les autres, peu avant Sartre dans Huis-Clos (1943). Et comme souvent chez Simenon, c'est le premier cercle avant tout qui est la cause de tous les maux: la famille, les très proches. Les soeurs Guérec de Concarneau et leur frère Jules n'échappent pas à la règle. Ce roman va bien au-delà de l'analyse fine des remords d'un homme après son forfait et sa lâcheté. Simenon décrit avec acidité le quotidien des protagonistes, véritable prison sans barreaux. Ce quotidien détruit, étouffe, tue dans l'oeuf la moindre des initiatives personnelles. Pour Jules Guérec, l'accident malheureux agira comme un révélateur. Au prix d'efforts surhumains pour lui, il tentera d'utiliser cet évènement tragique pour s'extirper de ce quotidien et du carcan imposé par ses soeurs. Il entreverra brièvement une autre existence, une possibilité vers autre chose, une bifurcation dans sa vie monotone…

Mais le quotidien est tenace, et Simenon n'est pas connu pour son optimisme. Simple, efficace, et beaucoup plus complexe qu'il n'y parait, un bon roman au final, malgré le fait qu'on puisse aussi y voir une certaine forme de misogynie.
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Dans un ville de province (Concarneau), dans les années 30, un homme veule vit dans un véritable gynécée. En tant qu'eunuque. En effet, Jules partage la maison familiale avec ses deux soeurs (la troisième a épousé le flic de service). D'abord, il y a l'aînée. Céline. Sèche, avaricieuse, terre-à-terre, autoritaire et castratrice. Elle veille au grain (ce qui est normal, nous sommes en Bretagne). Puis il y a Françoise. Effacée, besogneuse, soumise mais sensible et compassionnelle. Enfin, Marthe. La diplomate, celle qui a été sauvée (ou qui s'est sauvée, on en vient à se le demander), celle qui a sa famille à elle. Et Jules qui, à cause des circonstances, rêve d'une autre vie, avec une autre femme (avec ou sans ses soeurs ? c'est la question) ... Evidemment, elles seront les plus fortes et détruiront ses velléités d'indépendance. D'un autre côté, Jules fantasme cette nouvelle vie : il n'envisage rien d'autre que celle qu'il a toujours connue, une vie de petit bourgeois, médiocre et étriquée, avec son petit magasin, ses petits bateaux, ses plaisirs hebdomadaires (le repas lors duquel toute la famille est réunie), ses parties de belotes.
Une fois de plus, dans un de ses romans, Georges Simenon nous dépeint le destin d'un homme victime des femmes de son entourage. Ici, aucune n'est épargnée, même la bien-aimée se révèle être vénale.. Misogynie ou triste et noire réalité ? Je vous laisse le choix de la réponse.
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Quel scénario, bravo et merci Mr Simenon.......
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