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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ecrit en 1961
Une « récréation » de Maigret qui, sans qu'il en soit chargé, se donne le plaisir d'élucider le meurtre d'un mort presque anonyme, en marge d'une enquête qu'il mène tambour battant dans une affaire spectaculaire. Allusions aux nouvelles méthodes en matière de procédure, sous une ironie discrète qui oppose l'expérience des policiers et l'opinion péremptoire des magistrats.
Une nuit, un homme est découvert, le crâne défoncé, au Bois de Boulogne. le Parquet trouve sur les lieux Maigret que l'inspecteur Fumel, du XVIe arrondissement, a cru bon d'appeler, mais ces messieurs laissent entendre au commissaire qu'il a d'autres tâches à accomplir en un temps où les hold-up se multiplient. Maigret va devoir mener ces deux enquêtes de front.
. Y a-t-il un rapport avec entre ces deux dernières ?
Arcanes,énigmes ,dédales omnipresents le long de recit tres attrayant a' parcourir Compatible a' la notorièté de George Simenon.
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Maigret se rebelle…

Le roman comporter deux enquêtes, la première sur l'assassinat d'un voleur, Honoré Cuendet, que connaissait et respectait Maigret mais dont il ne peut s'occuper car celle-ci est jugée peu importante par le Parquet, une seconde, la traque de malfrats responsables de hold-up sanglants, qui est elle considérée prioritaire par les autorités. Celle-ci va constituer une longue parenthèse avant que le commissaire puisse à nouveau se consacrer à l'affaire qui l'intéresse en premier lieu ; question de curiosité mais aussi de respect, de fidélité au passé. Les deux enquêtes seront résolues, en partie seulement toutefois, de par la difficulté à obtenir des aveux de truands chevronnée ou de disposer de preuves tangibles.
Histoire d'un demi-échec, Maigret et le voleur paresseux revient sur les désillusions de Maigret devant l'évolution du rôle et du travail de la police. On put même parler de rébellion devant l'importance croissante que prend un Parquet composé de jeunes gens bardés de diplômes mais peu familiers du terrain, obsédés qui plus est par la peur d'être pris en défaut (1). Une rébellion qui conduit celui qui « continue de croire à l'homme » à confier à son ami Pardon son écoeurement devant une police qui n'a plus pour objectif principal de veiller sur la vie des individus, mais de protéger « l'Etat, d'abord, le gouvernement, quel qu'il soit, les institutions, ensuite la monnaie et les biens publics… »
« Maintenant, on les obligeait à tricher. On, c'était le Parquet, les gens du ministère de l'Intérieur, tous ces nouveaux législateurs enfin, sortis des grandes écoles, qui s'étaient mis en tête d'organiser le monde selon leurs petites idées.
La police, à leurs yeux, constituait un rouage inférieur, un peu honteux, de la Justice avec une majuscule. Il fallait s'en méfier, la tenir à l'oeil, ne luis laisser qu'un rôle subalterne. »
Les deux enquêtes ne sont pas mises sur le même plan par Simenon : avec ses filatures, ses témoignages et le travail de la police scientifique, la procédure prévaut pour l'affaire des braqueurs de banque ; d'autre part, Maigret travaille patiemment pour découvrir qui a bien pu assassiner son voleur, selon la « méthode Maigret » qui l'amène à monter les étages et à pénétrer dans l'intimité des résidents pour de longues conversations. Tout cela dans la plus grande discrétion, sans instructions et surtout sans autorisation, pour ne pas heurter la dignité et la respectabilité de ces « magistrats sérieux, appartenant à la meilleure bourgeoisie de Paris. »
Roman d'une désillusion certaine, Maigret et le voleur paresseux est également un témoignage sur les changements que connaît la société. Ceux concernant le travail de la police, déjà mentionnés, mais aussi les truands, qui autrefois « savaient à peine lire et écrire » et « portaient leurs profession sur leur visage » et qui sont devenus des « techniciens ». Même les petits établissements populaires, les « restaurants de chauffeurs », qu'affectionne le commissaire disparaissent, bientôt remplacés par des self-services.
« En réalité, c'était une récréation qu'il s'était offerte, comme à la sauvette, et il en avait un peu de remords. Pas trop cependant parce que d'abord, Olga n'avait pas exagéré quant à l'andouillette, ensuite parce que le beaujolais, encore s'un peu épais, n'en était pas moins fruité, enfin parce que dans un coin, devant une table sur laquelle le papier rugueux tenait lieu de nappe, il avait pu ruminer à son aise. »
Maigret et le voleur paresseux m'a fait un peu changer d'avis sur les enquêtes de Maigret chez les truands, que j'ai toujours considérées marginales dans l'oeuvre et peu convaincantes. Celle-ci est bien menée et crédible. La description des filatures et la mise en place des sourcières pour « loger » et « serrer » les truands sont spectaculaires et décrivent bien la coordination entre les services. On peut y voir la démonstration – ce n'est pas la première dans l'oeuvre de Simenon – de l'expérience et du métier des policiers face à l'opinion péremptoire assortie d'une frilosité maladive des magistrats. Parallèlement, Maigret se fera plaisir en élucidant le meurtre du voleur paresseux, crime qui restera certainement impuni, et en témoignant à sa manière son empathie pour les « femmes » de Cuendet ; une dernière pique contre une magistrature bien pensante soucieuse d'éviter tout remous quand les intérêts de la haute société sont concernés.
Signe de cet antagonisme, la longue conversation entre le commissaire et Mme Maigret, dans laquelle il résume la vie de Cuendet et fait le point sur son enquête. Comme si, privé par le parquet d'investigation officielle et donc de la possibilité de mettre ses inspecteurs en mouvement, son épouse devenait alors le seul interlocuteur avec qui il puisse confronter ses hypothèses. (815…)
(1) le roman a été écrit en 1961. L'Ecole nationale de la magistrature (alors Centre national d'études judiciaires a été fondé en 1958. Pour une fois, Simenon colle à l'actualité…

Lien : http://maigret-paris.fr/2019..
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Maigret est un commissaire de romans bien spécial. Il fait des erreurs, s'accommode d'affaires non résolues, de tueurs impunis, de butins non récupérés, de voleurs en liberté… Tant que cela lui semble juste ou pas trop déraisonnable.

Maigret (même s'il s'en désole et s'en réjouit à tour de rôle) n'est pas le juge, il n'est même pas la justice. Il est le flic !

Et comme il le dit dans ce voleur paresseux :
En réalité, notre rôle principal est de protéger l'Etat, d'abord, le gouvernement, quel qu'il soit, les institutions, ensuite la monnaie et les biens publics, ceux des particuliers et enfin, tout à la fin, la vie des individus…
« Avez-vous eu la curiosité de feuilleter le Code pénal? Il faut arriver à la page 177 pour y trouver des textes visant les crimes contre les personnes. Un jour, je ferai le compte exact, plus tard, quand je serai à la retraite. Mettons que les trois quarts du Code, sinon les quatre cinquièmes, s'occupent des biens meubles et immeubles, de la fausse monnaie, des faux en écritures publiques ou privées, des captations d'héritages, etc., etc., bref, de tout ce qui se rapporte à l'argent… A tel titre que l'article 274, sur la mendicité sur la voie publique, passe avant l'article 295, lequel vise l'homicide volontaire…»

Un commissaire bien désabusé !

Avec une vision bien cocasse des femmes…
Lien : https://www.noid.ch/maigret-..
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Un Maigret, c'est un peu comme une paire de vieilles charentaises. C'est confortable, indémodable, un peu poussif, cela pousse à la paresse et à un mode de vie un peu désuet...

C'est tout ce que j'ai ressenti au début de la lecture de ce livre.

Style... indémodable. On reconnaît tout de suite la patte de Simenon. Cette lenteur, ce fatalisme, cette sorte de force tranquille qui nous dit que les assassins sont mal barrés, parce que l'enquête sera méthodique, lente, précise...

L'histoire... là, il y a du neuf... j'ai apprécié les petites entorses faites par Simenon à son univers... ou plutôt le fait de faire évoluer les choses d'une certaine manière.

Un corps est retrouvé au Bois de Boulogne. Maigret est appelé par un collègue, même si cela ne relève pas de sa juridiction. La victime est un voleur "sans histoire", Honoré Cuendet, un homme qui sait se faire oublier, une sorte de fonctionnaire du larcin. Mais Maigret a une autre enquête, des hold-ups commis en grande pompe dans les rues de Paris. Il doit s'en occuper, mais va mettre un pied dans l'enquête sur la mort de Cuendet, car comme lui ce voleur fait partie de l'ancienne génération. Cette génération qui est (comme Maigret... et peut-être comme Simenon le ressentait en 1961) peu à peu évincée, écartée, dépassée, contrainte par de nouvelles règles.

Maigret est aigri. Il est atteint dans son amour propre. On le sent heureux de n'être plus qu'à 2 ans de la retraite, même s'il aime encore son métier. Ou plutôt l'idée qu'il se fait de son métier. Son métier tel qu'il aimerait pouvoir le faire. D'ailleurs,

Et Simenon, très posément, oppose les hold-ups et les vols de Cuendet. Tout comme on voit l'opposition entre le boulot de Maigret et les nouvelles méthodes de la police. La vision passé-futur culmine dans les coupables du meurtre de Cuendet. Raison d'Etat oblige. Qui se ressemble s'assemble semble nous dire Simenon... et le lecteur se sent attiré (comme Maigret) par cet étrange personnage de Cuendet, voleur paresseux... pas si paresseux que cela finalement.

On a un Maigret très humain. Un brin désabusé. Et qui retrouve plusieurs fois auprès de sa femme une raison d'aller de l'avant. Une agréable surprise qui me réconcilie un peu avec l'univers (souvent un peu prévisible) de Maigret.
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Rien que le titre donne envie d'en savoir plus: un voleur paresseux ? Qui donc peux bien mériter ce qualificatif peu flatteur ? Et puis celà semble antinomique au possible ! Bref comme toujours l'auteur nous fait replonger dans 'ambiance de Maigret qui fleure bon les bistrots et la vie heureuse de l'après guerre ! Un succès assuré de mon coté !
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