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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un livre si lumineux ! Beaucoup de douceur dans cette histoire où l'on suit, après une difficile rupture amoureuse, la reconstruction de Mary. Son fils Célian est un être très attachant : petit naturaliste en herbe, il partage la passion de sa maman pour le ciel et notamment pour Tycho Braha, astronome au destin incroyable. Les éléments biographiques sur ce personnage servent le récit avec un juste écho, sans prendre trop d'espace.
La nature occupe une place majeure, elle est rendu vivante par la plume de son autrice qui la connait avec beaucoup de sincérité. Quel magnifique voyage entre les mousses du Morvan et celles de ce joyaux de la mer Baltique. Nous sommes comme au coeur d'un tableau parsemé d'embrun, nous naviguons entre les sensations émanant de ces différents éléments.
Les phrases s'enchainent avec grâce dans ce premier roman où tout n'est qu'horizon à saisir.

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Célian est un petit garçon qui ne parvient pas à trouver sa place à l'école, trop sensible, trop rêveur, il ne rentre pas dans les cadres. Cette situation affecte sa mère Mary, qui se remet difficilement d'une rupture sentimentale. A quelques mois de l'été, elle décide de prendre le large avec son petit garçon, sur une île légendaire de la baltique. C'est en effet au coeur de l'île que Tycho Brahe, astronome de la Renaissance a imaginé un observatoire pour redessiner une carte du ciel. Dans ce lieu particulier, hors du temps, lovés au coeur de cette île, Mary et Célian pansent leurs blessures et s'épanouissent.

"Tandis que nous longeons un champ de blé d'un blond laiteux, nous nous arrêtons pour boire à l'ombre d'un pommier. dans le vaste silence de cette campagne, on n'entend que le craquement des céréales sous l'effet du soleil. Un couple de lièvres pointe leurs nez, le visage de mon fils rayonne. je souffle sur les graines d'un pissenlit pour qu'elles s'envolent. Les akènes aux aigrettes gris perle, symbole de l'univers en expansion, montent très haut, jusqu'à disparaitre dans le ciel. j'ai fait un voeu." p 80
Cette parenthèse enchantée résonne en nos âmes tourmentées, elle teinte le quotidien de Célian et Mary de magie, les enveloppe dans un cocon protecteur au coeur de la nature et les rend plus forts, jours après jour, face à l'adversité du monde.
Un roman d'une grande pureté.
Lien : http://www.lecturissime.com/..
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Editrice chez Gallimard, Maud Simonnot s'est décidée à franchir le pas en se lançant avec brio dans l'écriture. Dès son premier roman elle rencontre un franc succès puisque L'Enfant Céleste a fait partie des livres sélectionnés pour le prix Goncourt 2020 et a aussi été finaliste du Goncourt des lycéens et a gagné le Prix Goncourt de l'Italie. Beaux débuts, très prometteurs !

Mary apprend brutalement, sans aucun signe avant-coureur, par un message laconique, que Pierre ne l'aime plus « Je n'aurais pas voulu mettre de tristesse dans ta vie mais je voudrais qu'on arrête. Je ne peux pas faire l'amour sans amour ». Sombrant dans la mélancolie, Mary se refugie d'abord chez sa mère dans le Morvan. Elle y reprend goût au plaisir de marcher dans l'herbe et se souvient que son père, mort suicidé quand elle avait 7 ans, lui racontait l'histoire du savant danois Tycho Brahe, le premier à avoir -cartographié précisément le ciel au XVIe siècle. Son fils, Célian, enfant surdoué, s'ennuie terriblement à l'école, où il subit des brimades. Hypersensible, capable d'éclater en sanglots suite à la mort d'une sauterelle, il appartient à « ce peuple d'écorchés, épris de justice », « qui ne peut pas ne pas voir la fausseté du monde sans que ça lui soit insupportable ». Devant ces difficultés rencontrées par Célian, elle décide de partir sur l'île de Ven, une île isolée, au large de Copenhague, l'île où Tycho Brahe avait établi son observatoire astronomique. Ils logent chez Solveig, une hôte bienveillante, y rencontreront Des Esseintes, un professeur de littérature à la retraite passionné par Shakespeare, Mary y retrouvera l'amour, l'estime de soi, entre les bras de Björn. Mary a "parcouru le cycle entier du chagrin, la souffrance s'est dissoute dans la pureté des paysages de Ven". En faisant cette retraite, ce séjour très contemplatif, pour être en paix avec elle-même, elle accompli un chemin spirituel nécessaire pour elle après sa rupture amoureuse. Eloignement aussi nécessaire pour Célian, incompris dans le milieu scolaire. Ce séjour lui permettra de devenir autonome « auto-nomos : qui se donne à soi-même sa propre loi ». Célian a enfin un espace à sa mesure car « Peu d'adultes connaissent encore au contact de la nature ces émerveillements de l'enfance ». La mère et le fils vont panser leurs blessures et retrouver la force de poursuivre leur chemin.

Le roman alterne les prises de paroles de Mary et celles érudites de Célian. Dans le premier récit sont intégrés des éléments biographiques sur l'astronome. Y transparaît l'amour inconditionnel de la mère pour son fils, un personnage d'une grande pureté qui donne toute sa lumière au roman. L'Enfant céleste s'attache à un sujet sensible, celui des enfants surdoués, dits précoces ou encore différents. C'est un petit livre plein de poésie, plein d'espoirs, porté par une écriture délicate, sensuelle. Un roman tendre, un moment hors du temps dans un cadre exceptionnel. Une invitation à la rêverie "Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves".
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Une très belle page de vie que nous conte Maud Simonnot. le style très simple mais aussi très poétique de l'auteure a fait mouche : dès les premiers chapitres, j'ai été ému par ses personnages dont elle dresse le portrait avec beaucoup de finesse et de nuances.
J'ai découvert avec ravissement les paysages sauvages de l'île de Ven. le climat est sans doute un peu rude pour moi, mais je l'ajouterais volontiers à la liste des lieux que j'aimerais découvrir.
J'ai trouvé le scenario, mêlant astronomie, écologie, poésie, psychologie..., particulièrement intrigant et attachant. On navigue sans heurts de la description des émotions ressenties par les personnages centraux de cette histoire (tous deux confrontés à des événements douloureux dans leur histoire proche) à des fragments de l'histoire de ce grand astronome qu'était Tycho Brahe. D'autres figures historiques sont d'ailleurs évoquées au fil des pages et des rencontres avec les résidents de l'île : Shakespeare, le mal connu, ou Copernic, le disciple de Tycho Brahe par exemple. Ces portraits énigmatiques apportent de nouvelles touches d'originalité au séjour des deux héros de ce récit. Les "second rôles" aussi ont leur importance dans l'histoire.
Le lien presque magique existant entre la mère et l'enfant reste cependant l'un des faits marquants de ce récit plutôt singulier. Bref un premier coup de coeur pour cet automne 2020, un livre que je rangerai sans doute non loin de "la calanque de l'aviateur" tant aimé l'année passée. Il s'agit là d'un premier roman et je suis à l'affût des prochains écrits de Maud Simonnot...
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To be or not to be ?
J'ai terminé coup sur coup deux romans qui mettent en scène d'une manière ou d'une autre l'une des plus fameuses tragédies de Shakespeare, Hamlet.
Or c'est un pur (et heureux) hasard puisque le second livre m'a été offert par une amie qui ne savait pas du tout que je venais de terminer Hamnet de Maggie O'Farrell.
Je vais donc vous parler de ce livre cadeau : L'enfant Céleste de Maud Simonnot car je viens juste de le terminer et je suis encore troublée par cette lecture…

Mary vient de vivre une terrible désillusion amoureuse et elle ne semble pas s'en remettre ; quant à son fils Célian, s'il est très intelligent c'est aussi un enfant lunaire qui préfère parcourir la campagne et observer les animaux que d'être assis sur une chaise de classe toute la journée (comme on le comprend)…

Ce quotidien peu motivant va décider Mary à tout plaquer pour aller s'installer pendant quelque temps sur une île danoise, en suivant les traces de l'astronome Tycho Brahe

Quel rapport avec Shakespeare me direz-vous ?
Selon certains spécialistes, c'est la fin de Tycho Brahe (un pionnier de l'astronomie moderne) qui aurait inspiré notre tragédien pour l'écriture d'Hamlet, pas moins que ça !

Si ce livre est empreint d'une poésie certaine, il nous apprend aussi beaucoup de choses sur la vie de l'astronome, j'ai trouvé cela particulièrement intéressant d'autant qu'en France il est très peu connu (au Danemark il est presque plus connu que la petite sirène).

Ce formidable astronome, qui a inspiré son élève Kepler, avait construit un château des étoiles, Uraniborg, un observatoire sur l'île de Ven, qui fut malheureusement détruit : depuis cette île qui lui était dévolue, il cartographia le ciel.
Il fut même l'un des premiers à décrire précisément une supernova dont il étudia les changements de couleurs pendant 18 mois, notant scrupuleusement chaque variation dans son journal d'observation : aujourd'hui les astronomes l'appellent la "Nova de Tycho".

Aujourd'hui encore sa mort est une énigme (empoisonnement ou pas ? quel en serait l'auteur et pourquoi ?), on a récemment procédé à des tests ADN qui pourraient être corrélés à ceux de la reine du Danemark (si tant est qu'elle les accepte) ; Tycho Brahe serait-il le véritable père du roi Christian IV ? L'avenir le dira peut-être.
En tout cas c'est ce drame non élucidé qui aurait pu servir de trame à Shakespeare

T(ych)o B(rah)e or not T(ych)o B(rah)e ?
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« Étendez-vous sur le sol, la nuit, loin des lumières. Fermez les yeux. Après quelques minutes, ouvrez-les sur la voûte étoilée...Vous aurez le vertige. Collé à la surface de votre vaisseau spatial, vous vous sentirez dans l'espace. Goûtez en longuement l'ivresse. » - Hubert Reeves

« Les personnes libres trouvent ce à quoi elles aspirent - c'est leur privilège. »

Ce premier roman vient de recevoir le Prix Choix Goncourt de l'Italie et ce sont les mots économes d'Erri de Luca, auteur italien que j'affectionne, qui peut-être en parlent le mieux :

« En tant que lecteur et résident d'îles, je retrouve dans les pages de ce roman l'intacte merveille des nuits d'été, les yeux grands ouverts sous la mystérieuse procession des étoiles. »

Avant même la lecture, l'écrin du 1er roman de Maud Simonnot, L'Enfant céleste, publié l'été dernier aux éditions de l'Observatoire, est une invitation à la rêverie. La texture de la photographie de Tristan Hollingsworth en couverture sied à merveille au monde secret que nous allons pénétrer. Ce roman est à lire toutes affaires cessantes quand l'envie de mettre la vie sur pause devient impérieuse. Autant vous dire que ces temps-ci...
Une pause. C'est ce que vont s'offrir Mary et Célian, son fils d'une dizaine d'années ; c'est ce que je me suis offert, pendant deux (trop) petites heures, lovée dans ce cocon littéraire, où rêve et poésie racontent combien les jours sont fragiles, combien la liberté est un privilège qui se gagne chèrement.

Mary et Célian. Deux êtres à tanguer dans la tourmente.
Pierre, écrivain, « se tenait au bord de l'amour ». Sans courage, il vient de quitter (congédier ?) Mary par un SMS foudroyant :

« "Je n'aurais pas voulu mettre de tristesse dans ta vie mais je voudrais qu'on arrête." Et cette phrase, qui me pulvérise : "Je ne peux pas faire l'amour sans amour." Il n'y aura jamais d'autre explication. »

Il faut dire que ces deux-là étaient bien mal assortis, comme chien et chat dit-on :

« Pierre avait ri : "Tu es comme les chiens, tu as besoin d'un environnement particulier pour être heureuse. Je serais plutôt un félin, les lieux me sont indifférents." »

Pour Célian aussi, la vie cahote. La maîtresse juge que cet enfant précoce, volontiers distrait lors de cours qui ne l'intéressent guère, est un « touriste paresseux ». Cynique, elle ne rechigne pas à l'humilier

« Puisque tu es si intelligent prouve-le. J'attends ta réponse, monsieur de génie. »

faisant de lui la risée des autres élèves quand les larmes jaillissent sous l'affront

« Oh, le pauvre bébé… »

Partir, comme une évidence. Ouvrir une parenthèse loin d'un monde peu amène, jonché d'« oiseaux crevés et [de] corps recroquevillés ».

Ce qui compte demande que l'on suspende le temps. Mary le sait.

« Je vais demander un congé, louer l'appartement, déscolariser Célian pour le temps qui reste avant les vacances d'été, et nous allons partir sous un ciel où nous respirerons mieux. Même si fuir ne résoudra ni les blessures de l'enfance ni celles de l'amour, tant pis, je ne peux pas continuer de me laisser aller ainsi à cette dévoration mélancolique. »

C'est un « je » à plusieurs voix qui raconte, Mary et Célian se partageant la parole pour dire, en trois parties et de très courts chapitres, la fragilité des jours chagrins, entre un amour défunt et une enfance malmenée parce que différente et incomprise :

« Dès sa naissance on le sait.
On se dit que cet enfant-là est différent. [...]
On le tient entre ses deux mains, ce nourrisson réfugié dans une noix, si petit, si doux. Les reflets d'or clair de ses cheveux. Et ce regard un peu voilé qui ne le quittera plus. Lunaire. Oui c'est ça, un enfant céleste. »

L'autrice fait se succéder avec bonheur l'écriture douce et délicate de Mary et celle, simple et pourtant érudite, de Célian, sans jamais renoncer au trait poétique. Voilà un futur collégien qui parle juste, avec des mots et des phrases d'encore enfant : on « écrabouille » la main, on ne masque pas ses fréquents « il y a » sous des tournures plus travaillées, on laisse sans coordination ses phrases courtes. Il est toujours périlleux, je pense, d'apprécier quelle parole donner à un enfant, de surcroît quand il est surdoué ; Maud Simonnot réussit parfaitement à trouver le phrasé authentique de cette période de la vie quand l'adolescent ne sait plus trop qui il est, surtout dans ce roman où il est pris entre enfance et précocité.

Après un séjour sur les lieux de l'enfance, chez Granny, dans le Morvan,

« En l'accompagnant dans ce jardin qu'elle crée par tous les temps, je songe que la vitalité organique des plantes doit être un remède à la mélancolie. Se fondre dans la simplicité d'un jardin, retrouver chaque jour cette nature généreuse, est peut-être une façon de consentir encore au monde. »

ces deux cabossés d'un quotidien « stagnant », passionnés d'astronomie depuis toujours, vont se laisser dériver jusqu'à l'île de Ven « à mi-chemin entre Copenhague et Elseneur dans le détroit de l'Øresund, perle aujourd'hui suédoise de la mer Baltique », sur laquelle Tycho Brahe, astrologue du XVIe siècle, a fait construire un observatoire pour redessiner la carte du Ciel. Sa vie, qui ne dépare pas les meilleures légendes, ne peut qu'être « une source de rêveries intarissables » pour Célian, comme elle l'a été pour Mary avant lui.

« Combien de fois dans une vie réalise-t-on vraiment ce dont on a envie ? »

Une île. Tout un symbole : microcosme isolé, terre d'oubli, une île où faire retraite pour être en paix avec les autres, avec soi-même, pour panser les blessures d'amour et celles d'enfance, au plus loin des obligations scolaires ou sociales, au plus près de la réconfortante grandeur de la nature et de la bienveillance des habitants, peu nombreux. L'accueillante Solveig, propriétaire de la pension où ils ont déposé leurs lests, l'« ours » Björn, cousin revenu restaurer la maison de famille dont il vient d'hériter, ainsi qu'un professeur de littérature anglaise à la retraite, « homme élégant, vêtu de blanc, très pâle » surnommé Des Esseintes d'après le dandy cynique et désabusé d'À rebours. Épris de Shakespeare, cet érudit tient que Hamlet retracerait la controverse opposant Tycho Brahe, l'homme « qui a su voir dans le Ciel ce que personne n'avait vu », à ses détracteurs. Sans oublier Loki, le briard de la pension qui ne quitte plus Célian. Autant de personnages que Maud Simonnot a pris soin de révéler dans leur complexité, évitant de rester à leur surface.

Le monde de Ven est petit, les ciels d'été, immenses et les étoiles, complices. À l'âge où tout se vit intensément, Célian « a enfin un espace à sa mesure » : il jouit d'une totale liberté pour « s'adonner complètement à l'univers secret de l'enfance » et à la photographie animalière, sa grande passion, et il partage la vie d'îliens qui se soucient comme d'une guigne de sa précocité. Mary trouve dans la peinture d'aquarelles le calme pour faire refluer « la souffrance [qui] s'est dissoute dans la pureté des paysages de Ven » et, dans les bras de Björn, l'abandon au désir, le battement de l'existence qui passe.

« La forêt bordant la pension est exactement celle où j'ai marché dans mes rêves cet hiver mais c'est, aussi, celle de mon enfance. C'est le même feuillage argenté des bouleaux contre le ciel pur, les mêmes petites stellaires à la blancheur éclatante parsemant les talus, les mêmes rayons du soleil sur la mousse. D'odeur en odeur ainsi se reforme ma mémoire de fille aux cheveux emmêlés et aux bras égratignés à force de grimper dans les arbres, de franchir les buissons de ronce en espérant disparaître avec les animaux sauvages, jusqu'à ce que les fins d'été viennent contraindre mes jeux et ma liberté. »

La nature, l'émerveillement, la compagnie conviviale des îliens,

« Je me demande quels souvenirs Célian gardera de ces conversations, elles l'aident à grandir autant que l'air et le soleil de cette île. »

la réconciliation, la résilience, et le vent du large chargé d'embruns qui cicatrisent les plaies du coeur sous la protection d'une myriade d'étoiles.

L'Enfant céleste est un roman tendre et flottant. À l'image des maisons de Ven, il décline « des tonalités douces, assourdies, reposantes ». le lire, c'est s'accorder un moment léger et aérien, hors du temps, dans un cadre exceptionnel et préservé, empreint de sa part de mystère comme le suggère le flou lumineux de la couverture, décidément très réussie.

J'aurai une réserve, une seule : l'artificialité des passages qui racontent Tycho Brahe, utiles certes pour qui, comme moi, ignorait tout de l'homme « qui un jour a demandé une île en cadeau pour mener la vie qu'il voulait. » Aussi instructifs soient-ils, ils peinent à se glisser harmonieusement dans le flux du récit. L'emploi du passé simple, érudit et encyclopédique, n'est sûrement pas étranger à l'impression tenace que ces incursions dans la truculente biographie de cet astronome de la Renaissance manquent de spontanéité. N'allez pas penser que je suis une exaltée militant pour la disparition du passé simple, cependant Maud Simonnot semble avoir oublié qu'ici une mère s'adresse à son enfant. Bien plus juste est la parole au présent du jeune guide suédois, quand elle captive Célian par son immédiateté pour le plonger in medias res dans la vie de Tycho Brahe.

Il reste que l'écriture poétique de Maud Simonnot a la limpidité des ciels de Ven, la sérénité du jardin de Solveig et la légèreté du vol des libellules.

« Je souffle sur les graines d'un pissenlit pour qu'elles s'envolent. Les akènes aux aigrettes gris perle, symbole de l'univers en expansion, montent très haut, jusqu'à disparaitre dans le ciel. J'ai fait un voeu. »

Quel serait le mien ?
Je forme le voeu que vous suiviez le conseil de Hubert Reeves cité en ouverture de cette chronique. Après avoir refermé ce livre - oui, je sais que vous le lirez - étendez-vous, levez les yeux vers les étoiles et laissez la magie de L'Enfant céleste faire le reste. Vous sentirez le sel des embruns, la fraîcheur du vent et les parfums pénétrants de la forêt. Vous vous noierez dans l'azur limpide du jour et la noirceur lumineuse du ciel nocturne. Vous entendrez le rire des mouettes et le clapotis des vagues sur la grève, auxquels se mêlent les éclats sourds et rassurants de lointaines conversations bon enfant. Enfin, abandonnez-vous au vertige et vous éprouverez combien nous sommes insignifiants face à l'immensité céleste.
Ce roman, lent et contemplatif, à l'intrigue certes ténue, nous emmène loin, très loin. Si loin que l'on y reste encore un peu, mélancolique d'avoir tourné la dernière page.

1er roman, lu pour la session 2021 des #68premieresfois
Lien : https://www.calliope-petrich..
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🌟 C'est une histoire d'étoiles, d'astres et de terres éloignées. C'est l'histoire d'une incompatibilité, d'un trop plein de quotidien morose, de la fin d'un amour. C'est aussi l'histoire d'une échappée, d'une voie de secours, d'une renaissance. C'est l'histoire d'une mère et son fils, d'un amour plus fort que tout, d'un besoin de respirer, de reprendre son souffle, inspire expire, pour se dire que tout ira mieux. Tout ira bien, et tout ira mieux. Il faut parfois une parenthèse, une pause, une fuite, pour revenir, plus fort, plus confiant, plus heureux.

🌟 Il y a, dans ce court roman, beaucoup de délicatesse, de poésie, énormément de douceur et de la légèreté ... beaucoup de thèmes sont évoqués, la maternité, la quête de l'amour, la déception, la solitude aussi, et c'est comme si l'auteur levait le voile sur chacun d'eux, les évoquant avec tendresse ou regret, parfois avec de l'amertume, mais jamais pleinement...

🌟 C'est un voyage d'un autre temps, la quête des étoiles, l'immensité de l'univers, notre petitesse face à lui, et notre impossibilité à vivre sans lui. C'est un roman plein d'espoir, c'est un remède, je ne sais pas comment vous le dire, il m'a fait du bien.


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Mon coeur a fondu pour cette petite merveille baignée de douceur, de sensibilité et de lumière.

On y rencontre une mère et son fils ; elle veut partir, fuir vers un ailleurs meilleur ; lui est hypersensible, incapable de faire les compromis qui rendent la vie acceptable.

Leur refuge sera une île de la Baltique, sauvage et accueillante à la fois, une sorte de paradis perdu à la nature intacte, où il n'y a personne pour faire souffrir ou pour juger, où l'on peut vivre une vie à la Robinson au milieu des habitants d'aujourd'hui et ceux d'hier aussi : un professeur âgé, une chaleureuse hôtesse, un fameux astronome danois du 16e s qui ouvrit la voie à Copernic (il est également question de Shakespeare...).

L'écriture mélange l'intime et l'universel et dit à merveille la puissance de la nature autant que la poésie des lieux, les sentiments des personnages et la découverte de la liberté.

Lire ce beau roman, c'est s'offrir un moment captivant et hors du temps, une expérience particulièrement bienvenue par les temps qui courent.
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un très beau roman ! une belle écriture.
Mary a du mal à se remettre de sa rupture amoureuse. Célian, son fils n'est pas un enfant tout à fait comme les autres. Dans son monde, il a du mal à s'intégrer à l'école ou plus exactement, l'enseignante à du mal à avec lui contrairement à celle de l'année précédente. Mary décide de partir sur l'île de Ven pour oublier tous les soucis. Cette île leur apportera beaucoup à tous les deux.
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Lâchez tout, tout ce que vous êtes en train de faire.
Lâchez tout et lisez L'Enfant céleste. Lâchez tout et partez.
Partez avec Mary et Célian. Mary, la femme blessée, dont l'amour n'est plus. Et Célian, l'enfant différent, l'enfant curieux, qui ne cesse de rêver, mais à qui l'on assène qu'il serait temps d'arrêter. Alors ils partent, sur une île du Nord gorgée d'écumes, d'histoires et de présence. D'abord celle de la mer, qui imbibe de ses embruns les jours et les nuits lunaires des marcheurs et autochtones. Celle de Tycho Brahe, l'astronome fou, imbu, génial, qui arpentait et avait érigé son domaine en cette île.
Mary et Celian conteront les étoiles d'un présent fastueux. Fastueux par l'univers qui s'offre à eux, par le vide, hôte de leurs espoirs. Ils arpenteront les sols, les falaises et les planètes pour un voyage en soi et être enfin dans le temps. Shakespeare est alors convié au récit, car singulièrement lié à Brahe. Je ne pourrais vous dire pourquoi, tant je vous perdrais à trop en dévoiler. le voyage littéraire doit réserver ses surprises.
L'écriture de Maud est pure, cristalline. C'est doux, c'est une vague qui vous lèche les pieds. C'est la surface azuréenne qui vous caresse lorsque vous êtes allongé dans la nuit salée, alors que la marée s'éveille. C'est la vie qui s'écoule avec ses portes qui se ferment et qui s'ouvrent sur les renaissances. C'est la serviette sur vos épaules quand la chair de poule vous enlace, et que le soleil dénoue les fils, un par un, pour ne plus vous gorger que de quiétude. L'écriture de Maud, c'est un rendez-vous. Partout, n'importe où, parce qu'elle saura vous emmener dans son monde, où que vous soyez. Merci pour ce si beau voyage et toute cette grâce, Maud.
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