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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Trois parties composent ce roman, véritable ode au cosmos et à la nature.
La première « À la dérive », est l'histoire d'une jeune femme Mary que son compagnon Pierre vient de quitter sans autre explication que ce message « Je n'aurais pas voulu mettre de tristesse dans ta vie mais je voudrais qu'on arrête. » suivi de cette phrase : « Je ne peux pas faire l'amour sans amour. » Lorsque sa psy lui demande si elle a eu déjà le sentiment d'être abandonnée, elle repense alors à son père qui s'est suicidé alors qu'elle avait 7 ans.
Il y aussi son fils Célian, 10 ans, cet enfant rêveur hypersensible, cet enfant surdoué qui s'ennuie à l'école, qui préférerait se promener dans la nature et observer les animaux. Tous deux souffrent.
Lors d'un court séjour chez sa mère dans le Morvan où ils retrouvent la nature, Mary se souvient alors : « Depuis l'allée, tandis que je fixais la constellation d'Orion au sud de la voûte étoilée a reflué le souvenir, dans ce même jardin, d'un ciel d'été trente ans plus tôt. le dernier souvenir heureux de ce père, qui m'avait enseigné le nom des constellations, et celui de Tycho Brahe. » « Tu sais Mary, il a été le premier à cartographier le Ciel si précisément. À sa mort il était le scientifique le plus célèbre du monde. » C'était au XVIe siècle.
Cette femme qui ne ressent que l'appel du vide et une extrême fatigue décide alors d'aller passer quelques mois avec son fils sur l'île de Ven, sur laquelle, grâce au soutien du roi Frédéric II du Danemark, Tycho Brahe avait fait construire le palais d'Uraniborg, un lieu d'études et un véritable centre de recherche avant l'heure, muni d'un observatoire, le plus grand de l'Occident, mais aussi d'un centre artisanal pour la confection des instruments et d'une imprimerie pour diffuser ses travaux. En donnant la priorité à l'observation, il rompait avec la tradition.
Ce sera donc le titre de la deuxième partie « L'île ». Une dernière intitulée « Un dernier rivage », le retour à Paris, sera en quelque sorte l'épilogue.
Maud Simonnot s'appuie donc sur la biographie de Tycho Brahe, cet astronome danois bien réel, précurseur de l'astronomie moderne, qui avait fait construire un palais pour observer les étoiles, tout en prenant la liberté de lui prêter des pensées et des sentiments comme à un personnage de fiction. C'est très réussi et je dois avouer qu'avant la lecture de cet ouvrage, je ne connaissais pas le personnage ni l'importance de ces travaux et encore moins les parallèles qui ont été faits entre la vie de ce grand astronome et le drame d'Hamlet, Shakespeare s'en serait inspirée pour l'écrire. J'ai donc beaucoup appris !
Mais ce que j'ai le plus apprécié, c'est d'abord toute la mélancolie qui se dégage des premières pages avec cette solitude dans laquelle sont plongés Mary et Célian et leur envie d'en sortir. Tout le roman baigne dans la tendresse et l'amour que cette mère porte à son fils et nous rappelle comment la lecture peut apporter l'évasion. Ce fils, véritable lumière, brille et illumine les pages par sa grande pureté et sa faculté d'émerveillement envers la nature. Ce séjour très contemplatif sera une véritable source de régénérescence, effaçant peu à peu leurs blessures.
L'abandon, la différence, la solitude sont les thèmes principaux de ce livre, véritable voyage en terre de poésie. Mais il s'agit aussi d'une quête d'autonomie, un départ et un voyage au coeur de la nature pour tenter de retrouver une quiétude de l'esprit et réaliser ce dont on a envie.
L'enfant céleste est un récit empreint de beauté, de douceur de sensualité et d'amour, d'une extrême délicatesse, porté par une avalanche d'émotions.

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L'école est une épreuve pour Célian qui, à huit ans, ne rêve que d'étoiles et d'observation animalière. Elle-même au creux de la vague après une rupture amoureuse, sa mère Mary décide de mettre leur existence sur pause en partant tous les deux quelques semaines sur l'île suédoise de Ven. Dans cet espace isolé de nature préservée où, au 16e siècle, l'astronome danois Tycho Brahe construisit son palais d'Uraniborg pour en faire un centre de recherche et un observatoire, la mère et le fils vont panser leurs blessures et retrouver la force de poursuivre leur chemin.


Toute la magie de ce roman, à l'intrigue très succincte et aux personnages anodins, provient de la délicatesse, aérienne et poétique, avec laquelle la plume de l'auteur entrelace les différentes thématiques abordées. le récit nous transporte dans le cadre naturel d'une île hors du temps et de la trépidation du monde, pour une jolie parenthèse au simple rythme des vagues et de la lumière. Loin de nous enfermer dans le huis-clos d'un sanctuaire, cette retraite s'avère l'occasion d'une exploration de l'espace et du temps, tandis que les ciels d'été étoilés de l'île de Ven nous ramènent dans les pas du mystérieux Tycho Brahe. L'étonnante découverte de cet homme peu ordinaire pare peu à peu le récit d'un parfum de légende. Non seulement ce personnage atypique marqua une rupture dans l'histoire des sciences et de l'astronomie, mais il aurait peut-être inspiré Shakespeare pour son personnage d'Hamlet.


Plongé dans un subtil mélange de nature, d'histoire et de poésie, le lecteur se retrouve à la fois séduit par les beautés de cette île scandinave, intrigué par les mystères laissés il y a cinq siècles par le plus célèbre de ses hôtes, et touché par la tendresse discrète qui entoure ses personnages. Ce livre aussi léger qu'un souffle est une bien jolie bulle de charme et de délicatesse, un petit moment de grâce tout de retenue et de simplicité.

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Une rupture amoureuse fait vaciller Mary et réveille des souffrances anciennes. Son fils Célian, sensible, entier, rêveur, souffre à l'école. Ils trouvent refuge sur une île de la mer Baltique, où vécut au XVIe siècle l'astronome Tycho Brahe pour lequel ils partagent une même fascination. Un lieu un peu hors du temps où l'on croise une logeuse géante, un spécialiste de Shakespeare, un marin taiseux et un certain nombre de fantômes…

Maud Simonnot parle avec justesse de la sensibilité exacerbée qui rend vulnérable, mais sublime la beauté du monde. Il est manifeste que comme Célian, Mary fut elle-même une "enfant céleste" ; on le ressent dans la finesse et la poésie avec lesquelles elle raconte l'île de Ven. En préservant de toutes ses forces l'enfance et les rêves de Célian, c'est aussi ses propres plaies qu'elle panse.

« J'ai rêvé, l'autre soir, d'îles plus vertes que le songe. » (citation de Saint-John Perse en incipit du roman)

Les voix entremêlées de la mère et du fils racontent le réconfort trouvé auprès de la beauté cristalline de l'île, ses vents qui balaient les tourments, sa forêt aux ramures protectrices, la proximité rassurante des animaux. Auprès de la figure de Tycho Brahe, aussi, dont le parcours montre si bien combien de force et de liberté peuvent être tirées de ses singularités : ce marginal préféra l'astronomie aux carrières prestigieuses auxquelles son rang le destinait, se battit en duel, bénéficia des faveurs d'un monarque qui lui permit de se réfugier dans l'observation du ciel dont il redessina entièrement la carte au mépris des dogmes en vigueur, avant de tomber dans la disgrâce et de devoir s'exiler…

C'est vrai que le monde cosmique a quelque chose d'apaisant, avec sa pureté et ses lois implacables.

Ce roman, en lice pour plusieurs prix dont le Goncourt, est de ceux qui se parcourent lentement pour laisser aux mots le temps de déployer leur puissance évocatrice. Moi qui suis plutôt portée sur les intrigues qui vous donneraient envie de savoir lire plus vite, j'ai été touchée par la fragilité et l'amour maternel de Mary, et fascinée par l'incroyable histoire de Tycho Brahe. Je reste sous le charme de la plume délicate de Maud Simonnot et de cette invitation à débrider sa sensibilité, à préserver la forêt imaginaire de son enfance, à rêver d'une île… pour mieux pouvoir s'ouvrir au monde.

Merci aux édition de l'Observatoire et à Babelio pour cette bonne pioche à la dernière Masse Critique !
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« Dès sa naissance on le sait.
On se dit que cet enfant-là est différent.
Pourtant on ne le formule pas, on vient d'une famille pudique, et puis bien entendu toutes les mères doivent éprouver ce sentiment d'être devant un être singulier, forcément merveilleux.
On le tient entre ses deux mains, ce nourrisson réfugié dans une noix, si petit, si doux. Les reflets d'or clair de ses cheveux. Et ce regard un peu voilé qui ne le quittera plus. Lunaire. Oui, c'est ça, un enfant céleste. »

Une lecture inattendue !

Je m'attendais à lire sur les difficultés rencontrer par une maman à élever et accompagner au quotidien son enfant surdoué.
Il y a de cela en effet dans cette lecture. « Qu'est-ce que cet enfant vient déranger pour susciter aussi peu de compréhension ? » Un manque d'empathie, de pédagogie qui provoquent souffrance et désarroi. La différence est une source de souffrance. le jugement des autres est dévastateur. Pas évident, peut-être, de se dire qu'elle est une source de richesse. On vit dans une société de compétition, intransigeante, où l'élite irréprochable est l' exemple à suivre. Tant de différences conduisent les hommes à porter un regard négatif ou positif sur son prochain. Stendhal écrit dans le Rouge et le Noir : « J'ai suffisamment vécu pour voir que la différence engendre la haine ». Homo homini lupus est... Que peut-on y faire ? Éduquer ? Rééduquer ? Repenser notre société ? Ou est-ce le propre de l'homme ? Une caractéristique intrinsèque avec laquelle il faut composer...

« Il m'a dit ce qu'il sait par expérience. Qu'un surdoué ce n'est pas quelqu'un de plus intelligent mais quelqu'un qui ne peut pas ne pas voir la fausseté du monde sans que ça lui soit insupportable. Qui réinterroge sans cesse le récif collectif, inepte, factice. Il faut juste aider Célian à rendre acceptable cette quête de sens, pour qu'elle ne devienne pas obsessionnelle. Lui apprendre à se laisser traverser par des émotions sans s'en aliéner, et en faire une liberté. »

Mais "L'enfant céleste", c'est aussi une immersion dans la nature, au contact des éléments entre ciel et terre, c'est la découverte d'une île préservée et légendaire de la mer Baltique, l'île de Ven, où il fait bon s'enivrer d'embruns, admirer le ciel étoilé et les planètes.
En parlant de planètes justement, "L'enfant céleste", c'est aussi la rencontre avec un astronome danois du XVIIème siècle, Tycho Brahe, celui qui aurait inspiré l'intrigue d'Hamlet. [ Saviez-vous que les personnages des oeuvres de Shakespeare tournent autour d'Uranus ? ;-) En effet, les noms de ses satellites découverts au XXème siècle sont tirés des personnages des oeuvres de Shakespeare (Puck, Titania, Ophélie, Cordelia...). ]
C'est l'émerveillement d'un enfant, un doux rêveur explorateur, observateur, collectionneur de la nature.
C'est l'amour inconditionnel d'une mère pour son enfant.
C'est une pause excentrée de la tumultueuse vie parisienne, une pause salutaire qui apaise les meurtrissures, une connexion essentielle avec le monde, une renaissance...
C'est un doux voyage à deux voix.
Ce sont de belles pages.

Je conseillerais une lecture lente pour en apprécier toute la substance. Les chapitres sont extrêmement courts, et de nombreux sujets sont abordés. Si l'on passe trop vite de l'un à l'autre, il est possible que l'on se perde en route à mon avis.
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Un roman empreint d'amour, de douceur, de mélancolie et de poésie. Avec l'astronomie et la nature en toile de fond, une très jolie balade sur les traces de Tycho Brahe, astronome danois de la renaissance, en compagnie de Mary que son amoureux vient de quitter et de son fils Celian, doux rêveur en banc du système scolaire.
Un très beau récit à deux voix, contemplatif et introspectif. Et cette couverture...Superbe !
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Le voyage initiatique de Mary et Célian

Dans son premier roman Maud Simonnot raconte la passion commune d'une mère et son fils pour l'astronome Tycho Brahe. Une passion qui va les pousser à entreprendre un voyage riche de surprises et d'émotions sur l'île de Ven.

Mary a du vague-à-l'âme. Pierre vient de la quitter avec un message sibyllin et son fils Célian a beaucoup de peine à l'école. Il rêve et est rapidement déconcentré. Il est cependant loin d'être stupide, se passionnant pour la nature qui l'environne et pour les étoiles du ciel. Il aime par-dessus tout l'histoire de Tycho Brahe (1546-1601) que lui raconte sa mère. Cet astronome danois aura connu bien des misères avant d'entrer dans la postérité grâce notamment à Kepler qui s'est appuyé sur son héritage.
Convoquée une énième fois par son école et fatiguée nerveusement, elle prend une grande décision: «je vais demander un congé, louer l'appartement, déscolariser Célian pour le temps qui reste avant les vacances d'été, et nous allons partir sous un ciel où nous respirerons mieux. Même si fuir ne résoudra ni les blessures de l'enfance ni celles de l'amour, tant pis, je ne peux pas continuer de me laisser aller ainsi à cette dévoration mélancolique.»
Commence alors la seconde partie du roman qui se déroule sur l'île de Ven, cette sur laquelle Tycho Brahe a fait édifier son château-laboratoire dont il ne reste rien aujourd'hui. En revanche, le lieu reste un endroit magique pour Célian et Mary auquel Maud Simonnot donne tour à tour la parole pour qu'ils nous transmettent leur vécu. Grâce à Solveig, qui les accueille chez elle, ils vont pouvoir enrichir leurs connaissances et développer leur imaginaire. Si quelques failles viennent ternir le portrait de l'astronome, ils trouvent quelques clés dans son musée et quelques interrogations. Comment a-t-il pensé à appeler l'île Uraniborg avant même la découverte d'Uranus? Et comment les personnages de l'Hamlet de Shakespeare ont-ils des noms inspirés des études menées ici? Les deux hommes se connaissaient-ils? Célian a peut-être la clé du mystère, lui qui adore parcourir la lande, s'émerveiller devant une mousse rose, regarder le ciel et la mer ou les oiseaux. «Voir l'invisible... J'ai passé des années à rêver à la destinée dramatique de Tycho Brahe, des journées entières à pédaler à la recherche de ces trésors et de ces débris que laissent derrière eux les hommes, de sorte que son nom sera toujours lié à l'esprit des lieux, aux forêts s'étendant à perte de vue dans la lumière de Ven, et à cet été en compagnie de Célian. Mais c'est en le regardant à l'affût, lisant l'immobilité apparente du paysage comme je serais incapable de le faire, que j'ai enfin saisi ce qui m'avait fascinée dans l'histoire de Tycho Brahe, plus encore que l'incroyable château, le nez en or ou ses découvertes scientifiques: il a su voir dans le Ciel ce que personne n'avait vu.»
Si le récit est parfaitement documenté, c'est d'abord le cheminement intérieur de la mère et de son fils que Maud Simonnot nous propose de partager, avec des mots simples, mais qui n'excluent pas la poésie. Amour, émerveillement et ouverture aux autres forment les clés de leur initiation.
Ils sont prêts à rentrer.


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"Les personnes libres trouvent ce à quoi elles aspirent  - c'est leur privilège.(p158)"

Mary et son fils Célian, 12 ans, vont rompre les amarres pour un voyage comme une dernière bouée jetée à la mer. Elle sort difficilement d'une relation amoureuse, lui est un enfant doué, intuitif mais qui ne correspond pas aux normes de l'école, il ne rentre pas dans les cases....  Alors elle décide de partir, de leur donner une dernière chance à lui pour sortir de l'échec scolaire et à elle pour trouver un nouvel élan. Et la destination n'est pas banale : l'île suédoise de Ven qui a accueilli au XVIème siècle l'astronome, Tycho Brahe, l'homme au nez d'or, dont son père lui avait parlé.

"(...) face aux courants marins et aux vents, tant qu'on lutte contre on n'avance pas, alors que si on les utilise on peut aller où on veut. (p35)"

Ce séjour va être l'occasion de rencontres : celle d'un universitaire anglais, Des Esseintes,  Le Professeur qui tente de prouver les liens entre Shakespeare et Tycho Brahe et en particulier à travers Hamlet, mais aussi de Solveig et Björn, l'Ours qui vont être ses guides sur le chemin de la paix.

Mary veut pour son "petit tigre", Célian, trouver la clé qui lui permettra de comprendre ce qui l'anime, l'intéresse et c'est au milieu de ces terres et de leur histoire qu'elle envisagera les réponses qu'elle attend pour lui mais aussi pour elle.

"Je ressens un grand bien-être et la même impression de retrouver un lieu familier, qui m'aurait attendue. Pourtant, j'éprouve aussi une nostalgie diffuse. (p120)"

Maud Simonnot fait de ce roman, aux courts chapitres, comme des instantanés, à la fois un magnifique récit d'un voyage sur des terres inconnues mais aussi un voyage initiatique et intériorisé, à deux voix, celles de Maud et Célian, qui chacun, tout à tour, observe, analyse ce que l'environnement, la nature et le cosmos leur offrent.

"On imagine que s'élever protège des dangers mais aucune ascension ne saurait prémunir contre sa propre mémoire. "Tu es comme les chiens, tu as besoin d'un environnement particulier pour être heure. (p37)"

Quel joli voyage tout en délicatesse, en observations et informations. Je ne connaissais rien, même pas de nom, de ce Tycho Brahe, de son Palais des Cieux construit sur cette île et la relation entre ce duo mère-fils qui va trouver sur ce bout de terre sous la bienveillance de ses habitants et de la voûte étoilée, le chemin de la réconciliation avec soi et le regard porté sur les autres. Une mère et son enfant qui vont apprendre à se connaître et à s'accepter pour ce qu'ils sont et non pour ce que les autres veulent qu'ils soient.

"Ce voyage laissera bien plus que des grains de sable et des fleurs séchées entre les pages de mes carnets. J'ai parcouru le cycle entier du chagrin, la souffrance s'est dissoute dans la pureté des paysages de Ven. (p157)"

Ils étaient tous les deux à la dérive, dans leurs vies, ils vont découvrir une île pour finalement explorer un dernier rivage, celui de la sérénité et du sens de leurs vies.

Dès les premières lignes, j'ai plongé sans retenue dans une écriture fluide, inspirée, douce, limpide comme un paysage, un lieu, dans lequel j'allais me sentir bien, en accord. Elle crée une atmosphère, une ambiance et m'a fait découvrir une personnalité très troublante, novatrice mais aussi contestée en la personne de cet astronome danois qu'était Tycho Brahe sans parler des controverses concernant Shakespeare et l'écriture d'Hamlet.

"Je comprends enfin cette notion enseignée dans un cours de philosophie : l'aventure, plus qu'une interruption du cours des événements ou un voyage vers un ailleurs inconnu et exaltant, est surtout une disposition à être dans le temps. (p130) "

Elle a concentré dans la quête de cette femme une somme de références entre autres avec le nom du Professeur, Des Esseintes, inspiré par Huysmans et Mary par un poème de Tennyson intitulé Maud :

"Mary aux ascensions aventureuses, aux chutes et aux escapades enfantines (p75)"

et un travail de recherches et de documentation autour de Shakespeare et ses mystères, en  les intégrant à son récit et les faisant correspondre à l'itinéraire de Mary et Célian pour trouver la paix, le tout avec cohérence et fluidité.

Je vous encourage à découvrir ce curieux Tycho Brahe sur lequel Maud Simonot se repose pour évoquer la beauté de la nature, l'amour maternel contre vents et marées mais également la recherche de soi sur un petit bout de terre au milieu de la Mer Baltique où paysages et habitants s'unissent dans des bonheurs simples.

J'ai beaucoup aimé, c'est une petite pépite et j'ai envie de découvrir d'autres romans de cette auteure dont j'ai apprécié l'écriture, l'univers et la sensibilité. Un roman à la forme d'un poème, d'un traité de philosophie et d'un document historique et géographique.....
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Maud Simmonot signe un roman tout en délicatesse.

J'ai aimé découvrir Célian, l'enfant différent, doux rêveur et Mary, sa mère qui le berce avec des histoires imaginaires avant de l'emmener sur une île au large du Danemark. C'est là qu'ils vont réapprendre à se connaître avec de belles rencontres et beaucoup de découvertes.

Ce roman est empreint de poésie.
Sous la puissance des nuits étoilées, avec les odeurs de la rosée du matin, ce texte sensoriel nous rapproche de la beauté de la nature.
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Pierre vient de quitter Mary avec cette unique explication " je ne peux pas faire l'amour sans amour.". Cette phrase dévastatrice atteint Mary au plus profond de son être et ravive un sentiment d'abandon déjà vécu dans l'enfance. Son fils Célian repéré comme un enfant surdoué,ne parvient pas à trouver sa place à l'école et souffre de l'incompréhension dont il est l'objet. Pour lui comme pour elle, s'impose alors le besoin de prendre de la distance avec le quotidien pour retrouver sens et goût de la vie. L'amour que Mary porte à Célian lui interdit toute dérive, leur destination sera l'île de Ven dans la mer Baltique même si cela implique des décisions radicales. Leurs deux voix construisent le récit. Bien loin d'un repli sur soi dans cette île fouettée par les vents et dominée par une nature enchanteresse et puissante,ils vont s'ouvrir à d'autres horizons,d'autres sensations et retrouver confiance en eux et aux autres. Cette île est mythique car elle fut le refuge de Tycho Braye,un astronome visionnaire qui redessinera la carte du ciel et transformera Ven par des travaux incroyables pour répondre à ses besoins. Mary et Célian font trois magnifiques rencontres : Solveig leur hôte,qui leur offre bien plus que le gîte et le couvert, le professeur Des Esseintes qui va les entraîner dans des discussions passionnantes sur cet astronome mais aussi sur Shakespeare puisque sa thèse est qu'hamlhet serait totalement inspiré de l'histoire de Tycho Brahe, et Björn l"ours" lui aussi en quête de réconciliation avec lui-même.
Maud Simonot a allié avec harmonie tout l'intérêt d'une documentation sur cet astronome et son influence sur Shakespeare avec la délicatesse d'une histoire d'amour entre mère et fils mais aussi la souffrance d'un chagrin d'amour. Les courts chapitres qui se succèdent à deux voix sont poétiques,tendres,sans jamais être larmoyants. le rapport à la nature est revigorant et apaisant. Les descriptions sont dignes d'un peintre et donc très belles. Cette poésie n'empêche pas une réflexion implicite mais très claire sur les risques écologiques engendrés par l'homme.
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Merci à Masse Critique Babelio et aux éditions L'Observatoire pour l'envoi de ce petit bijou.
Un titre poétique qui comme le halo lunaire va nous envelopper dans un doux cocon.
Mary maman de Célian doit affronter la rupture voulue par son compagnon Pierre et le mal-être scolaire de Célian.
Le mal-être de Célian fait écho en elle, et pas seulement parce qu'elle est fragilisée par sa rupture amoureuse.
« Alors que depuis tout ce temps j'essayais de vivre en évitant de penser à mon enfance, elle m'est remontée à la gorge et j'ai pleuré sans plus savoir sur quoi dans une nuit qui recueillait, absorbait toutes mes peines. »
La construction faite de chapitres courts, la typologie renforcent l'impression de voir l'histoire se dérouler en images, cet effet fait resurgir toute la douceur qu'il y a entre la mère et l'enfant.
Fuir Paris et son lot d'ennuis pour aller sur l'île de Ven, sur les traces de Tycho Brahe, la tête dans les étoiles.
Là c'est plus qu'un temps de pause c'est un temps où se recomposer, se réapproprier l'essence de soi-même, une évasion particulière.
Sur cet île Mary et Célian vont être moins fusionnels, chacun va développer ses aspirations et vivre avec des personnes qui par leur situation géographique sont ancrées.
Le lecteur ira, lui aussi, sur les pas de l'astronome avec bonheur, curiosité et regardera le ciel différemment. Cette figure emblématique sera divulguée par touche qui nuancera le scientifique de l'homme.
Ce qui est fascinant c'est de voir comment Mary et Célian se coule avec aisance dans le monde de Solveig leur logeuse sur l'île, d'un spécialiste de Shakespeare et de Brahe, et d'un marin.
C'est une découverte à deux voix : celle de Mary et de Célian.
« A chaque fois que Célian parle ainsi de l'effondrement du monde, avec cette lucidité, je me sens démunie : comment protéger cet enfant si fervent, si sensible… »
J'ai trouvé que ce roman est un hymne à la transgression, pour ne pas se laisser enfermer dans une vie dénuée de sens. C'est un cadeau qu'il faudrait recevoir tôt, même s'il n'est jamais trop tard. Offrir la capacité à se permettre des espaces de liberté salvateurs. Pouvoir ne pas se fondre dans la masse.
La poésie cet outil précieux : « Les akènes aux aigrettes gris perle, symbole de l'univers en expansion, montent très haut, jusqu'à disparaître dans le ciel. J'ai fait un voeu. »
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 16 octobre 2020.
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