Le rêve américain dans toute sa splendeur.. Ici vous n'avez que deux partis, celui du capitalisme et celui du capitalisme, vous n'avez qu'un modèle de vie, celui de crever au travail et de fermer votre gueule. le seul type de réussite en Amérique en tant qu'immigré, c'est la prostitution pour les femmes et de rejoindre la mafia des trusts et oligopoles pour les hommes. Un capitalisme sauvage poussé à son paroxysme, la corruption et le désenchantement sont partout, à chaque fois que vous croyez avoir vu la partie la plus ignoble, vous vous retrouvez avec une partie encore plus ignoble.
Un surenchérissement qui vous fera découvrir l'Amérique, arnaque sur le logement par endettement, banquier et avocat au sourire carnassier, mise en concurrences de la main-d'oeuvre, précarité des emplois, flexibilité des salaires et des horaires, fermeture d'usines pour restructuration, contrôle et inefficacité des syndicats... Jurgis et Ona et les quelques autres membres de leurs familles passeront par toutes les étapes, toutes les épreuves possibles et imaginables.
Au début, on ne parle que des conditions de vie désastreuses et de la souffrance de cette besogne à la chaîne. le respect qu'on a pour les animaux de l'abattoir et similaire à celle qu'on a pour ces immigrants. Les abattoirs sont le symbole de la déchéance moderne, le contrôle sanitaire est inexistant et laisse place à toutes les mesures ignobles possibles pour faire des économies. Même le consommateur est comparé à un bétail...
Les fléaux et dangers comme l'alcool, les jeux, le sexe, les drogues, l'analphabétisme, la misère, la malnutrition sont omniprésent dans cette description des classes populaires. Puis la rencontre de Jurgis avec la justice va nous permettre de rencontrer les vainqueurs de cet univers infernal. Ceux qui aident et encadrent cette misère, une forme de police parallèle ou de mafia. Club fermé de traîtres qui ont la mainmise sur toute la société, obéissant à leur conscience de classe, à la seul règle en vigueur, le toujours plus.
L'administration, les partis politiques, la presse, la gestion des ressources, les réseaux de communications, le contrôle des prix, des moyens de transports... Ces gens ont tout et spéculent, ils se contrefichent de la société, la seule chose qu'ils leur importent, c'est de voir leur capital économique croître. Et puis l'eldorado, la fin de ce voyage, après la souffrance et l'échec, la découverte du socialisme libertaire. La fin est un peu forcée et les personnages sont avant tout présents pour dénoncer un modèle inhumain et dévastateur, même si remarquable dans leur volonté de vaincre.
Lorsque ce livre est sorti, personne ne se souciait vraiment beaucoup que les pauvres mouraient. Tout ce qui importait aux Américains, c'était que leur viande était dégueulasse. Apparemment, ils ne voulaient tout simplement pas manger de la merde. Dommage également que l'auteur n'ai pas vu la vague du Maccarthysme, pas de fin aussi forcée comme ca.. Les Américains se contrefichent de la pauvreté, ils préfèrent
Ayn Rand au socialisme libertaire. On peut dire qu'ils sont restés fidèle au rêve américain.