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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Gimpel le naïf est un recueil de 11 nouvelles écrites par I.B.Singer entre 1947 et 1957, aux États-Unis où il a émigré en 1935. Une seule d'entre elles a été écrite en Pologne.
Celle qui donne le titre au livre l'a rendu célèbre en 53.
Ces textes présentent une grande homogénéité. Forme, fond, personnages et thématiques sont proches. Ils se déroulent en Pologne dans les shtetls où vivaient les communautés juives.
Ce sont des petits contes, drôlatiques, grotesques, fantastiques pour certains, qui mettent souvent en scène des hommes et des femmes en prise avec des problèmes de mariage, divorce ou adultère.
Son père, rabbin hassidique, conseillait les couples confrontés à des questions matrimoniales et les situations observées par le jeune Isaac ont dû être une grande source d'inspiration.
Nous rencontrons également des rabbins qui se posent de nombreuses questions métaphysiques, tiraillés par le doute, enclins à faire le bien mais susceptibles d'emprunter de curieux chemins.
Les temps sont durs dans les shtetls, les épidémies et les famines font rage, les familles sont décimées, les enfants meurent en grand nombre, les villages vivent repliés sur eux, sans contact avec les autres groupes religieux. Pour faire face à ces périls, et sortir du cadre strict des coutumes et traditions ancestrales qui rythment toute la vie, les protagonistes semblent mûs par une sorte d'urgence qui les poussent à vivre intensément, à commettre des actes répréhensibles, quitte ensuite à se morfondre, pétris de culpabilité. Ce sont des marionnettes, manipulées par des puissances occultes, diaboliques souvent.
Je me demande parfois les raisons qui me font me sentir si bien dans les textes de cet auteur. Il a un don unique pour raconter des histoires et pour plonger les lecteurs dans un concentré d'humanité, dans un bain bouillonnant de passions et de désirs. Surgit notamment le thème récurrent de l'homme écartelé entre deux ou trois femmes qui traverse toute son oeuvre.
Je préfère ses grands romans comme La famille
Moskat ou Ombres sur l'Hudson, mais ces récits ont bien du charme.
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Avec beaucoup de tendresse et d'humour, l'auteur dans ce recueil de nouvelles ou plutôt de petits contes, nous fait découvrir les règles et les croyances de la société juive polonaise du début du XXe siècle. Et voilà le démon qui bouleverse la vie d'un couple bien assorti et qui a fêté ses 50 ans de mariage ; un fossoyeur heureux qui ne peut plus vivre avec la peur d'avoir enterré un vivant et devient mendiant ; et encore, un naïf, abusé par tout un village...
Entre la rigidité d'une religion bien codifiée, la notion d'un destin qu'on ne peut changer parce que de tout temps il en a été ainsi et la certitude de l'existence d'êtres maléfiques, l'homme, riche ou pauvre, s'en sort plus ou moins bien ! Ici, il est question de luxure, d'avarice, de méchanceté pure, de jalousie, de gourmandise ; ici, les hommes savants sont sages de religion, les femmes belles sont parfois bien laides et les laides ma foi, souvent poissonnières ; ici, lutins et démons sont omniprésents pour rire de la fragilité morale de l'homme...

« Gimpel le naïf » : la sagesse vient à qui sait attendre ;
« Le Tueur de Femmes » : à méchant homme finalement revient méchante femme !;
« A la lumière des bougies commémoratives » : souvenirs d'un fossoyeur qui a vu un fantôme ;
« Le miroir » : ou quand la vanité mène droit en enfer ;
« Joie » : sans foi l'homme pieux pleure;
« Extrait du journal de quelqu'un qui n'est pas né » : pas né, pas vu, pas pris, mais si vilain ;
« Le viel homme » : il n'y a pas d'âge pour engendrer un fils ;
« Le feu » : et le destin veut que tu sois toujours le mal aimé !;
« Celui qui voit sans être vu » : le démon de minuit frappe sans crier gare... ;
« Un conseil » : à faire semblant d'être bon, on le devient !;
« A la maison des pauvres » : si c'était écrit, c'était écrit et rien ne pouvait changer.
A travers ces récits, je me suis un peu retrouvée au temps de ma grand-mère, où il ne fallait pas croiser un chat noir, où passer sous une échelle était signe d'accident, où le lait renversé avait une signification et où les meilleurs chrétiens n'étaient pas ceux qui allaient tous les jours à messe :-)
Moi qui n'aime pas trop les nouvelles, je me suis régalée de ces tranches de vie tragico-comiques. Un sacré auteur qui mérite bien son Nobel :-)
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GIMPEL LE NAÏF d'ISAAC BASHEVIS SINGER
11 nouvelles dans ce livre dont celle de Gimpel, un brave garçon qui croit tout ce qu'on lui dit, alors il subit les sarcasmes, se voit affublé des pires surnoms et va épouser Elke, vieille et laide qu'on lui dit être vierge!..
Il y a un certain Pelte qui vit à Turbin, laid, avare, méchant, il épousera deux femmes laides qui mourront rapidement puis plus tard, à la surprise générale, il se mariera avec une beauté, Finkl qui périra à la naissance du premier enfant et enfin il vivra avec une marchande de poissons, pire que lui, il trouvera son maître…
Plusieurs mendiants autour de la synagogue racontent comment ils en sont arrivés là, l'un particulièrement qui enterrait les gens et avait la sensation qu'ils n'étaient pas morts…
Quand un démon s‘ennuie il a toujours la possibilité de s'installer dans un miroir pour charmer une jolie femme, Zirel par exemple, et la détourner de son mari à son profit…
Rabbi Banish de Komarov, homme très respecté, voit ses enfants mourir, il s'enferme, ne mange plus, ne boit plus, ne s'occupe plus de ses hassidins. Des mois plus tard il appelle Reb Moshe et lui dit »au début était l'ordure » stupéfaction le Rabbi ne croit plus…
Il y a l'histoire du démon pas né suite à l'onanisme du père qui passe son temps à faire de méchantes farces…
Il a 90 ans, il a survécu à ses enfants et petits-enfants dans une Varsovie où il n'y a plus rien à manger. Il entend dire que de l'autre côté de la frontière, il y a abondance de tout, il part, est recueilli par des hassidins, se mariera aura un fils…
Le cadet n'est pas aimé par son père qui adore son aîné. Excèdé, des années plus tard il décide de brûler leur maison, mais quand il arrive elle brûle déjà…
Écrites en Yiddish à l'origine ces nouvelles nous ramènent au coeur de la Pologne, à Varsovie ou alentours, où Singer aime à croquer ces personnages singuliers dont il est un des derniers à décrire leur mode de vie. Témoignage d'un monde disparu qu'il sait rendre extrêmement vivant. Captivant.
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Encore de bons moments passés à la lecture de ces onze nouvelles d'Isaac Bashevis Singer!
Dans un style toujours aussi agréable, il nous raconte des histoires de personnages juifs : Gimpel est un homme à qui l'ont fait tout croire ; on se moque de lui, lui fait tout avaler, au point de lui faire épouser une femme qui le trompe allègrement, fait des enfants qui ne sont pas de lui... Il est aussi question d'un tueur de femmes : toutes celles qu'il épouse sont tellement maltraitées qu'elles en meurent, jusqu'à ce qu'il tombe lui même sur une sorte de sorcière, marchande poissons.

Il y a le fossoyeur qui a vu, alors qu'il veillait une morte, celle-ci se lever et crier : "A boire! A boire!"
Une de mes préférées est "Le miroir" : un démon caché derrière un miroir décide de séduire une jeune femme orgueilleuse...

Les démons reviennent dans "Extraits du journal de quelqu'un qui n'est pas né", nouvelle très plaisante elle aussi où l'on voit un diable faire ses premiers pas dans le mal, se cachant dans la barbe sous la forme d'une puce, étant l'auteur de tous les petits incidents du quotidien jusqu'à ce que ce soit l'heure de commettre un plus grand mal en épousant une vieille fille de trente ans et la condamnant à être la risée du village.

Rabbi Bainish a tout perdu : sa femme, ses enfants sont tous morts. Il perd peu à peu la foi jusqu'à rencontrer ce qui provoquera en lui une grande joie, l'annonce de sa propre mort... Il ressemble à ce vieil homme ("Le vieil homme") seul au monde, son fils étant même mort avant lui. IL cherche à atteindre un but : Abraham n'est-il pas devenu père à cent ans?

On a l'histoire de deux fils, dans "le feu", proche d'une parabole : l'un est odieux, l'autre est généreux mais il est le bouc-émissaire. Son père le hait aveuglément, quoi qu'il fasse. Son destin est de ne jamais échapper au malheur malgré le bien qu'il fait.


"Celui qui voit sans être vu" vit heureux avec son épouse : tous deux aiment manger, ils se portant à merveille. Ce vieux couple est attachant. Un jour, la servante décide de séduire Nathan, le mari : il se prend d'un désir fou pour elle qui ne se donnera à lui que s'il divorce de Roise, son épouse.

Avant de finir dans la maison des pauvres, où trois mendiants se racontent comment ils en sont venus là, un beau-père colérique accepte de rencontrer un rabbin qui lui prodigue un sage conseil :

"Et il en est ainsi de toutes choses. Si vous n'êtes pas heureux, comportez-vous comme si vous l'étiez. le bonheur viendra plus tard. Il en est de même pour la foi. Si vous êtes désespéré, faites comme si vous croyiez. La foi viendra après."
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La figure du naïf, de l'innocent, de l'idiot est largement présente dans la littérature. Avec Gimpel, la figure est ici traitée de façon paradoxale. Celui qui porte le salut n'est pas celui que l'on croit. C'est toute l'originalité de celui-ci.L'homme simple a toute sa place dans la société juive. Gimpel habite le monde et le rend plus humain.
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