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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Serais-je Siniacosceptique ?

C'était avec ce questionnement que je me plongeais dans ce roman de Pierre Siniac.

Effectivement, n'étant pas convaincu par mes précédentes lectures de romans de l'auteur, titres sélectionnés un peu au hasard des rencontres, je décidais, pour confirmer ou infirmer mon hypothèse liminaire de choisir un roman de Siniac plébiscité par les lecteurs.

C'est ainsi que je décidais de lire « Femmes blafardes », publié en 1981.

Pour rappel, Pierre Siniac (1928-2002) est un auteur de romans policiers qui fut publié dans la mythique collection « Série Noire » des éditions Gallimard, mais également au « Masque » et il est l'auteur de « Les Morfalous », adapté au cinéma par Henri Verneuil en 1984 avec, au casting, Jean-Paul Belmondo, Jacques Villeret, Marie Laforet, Michel Constantin ou encore Michel Creton.

Il est également l'auteur de la série « Luj Inferman ' et La Cloduque », une série de 7 romans iconoclastes pour la « Série Noire ».
Séverin Chanfier, ancien flic poussé à la démission pour une bavure et son obsession sexuelle, travaille pour une boîte privée de recherches en l'intérêt des familles. Pour son travail, il parcourt le pays au volant de sa vieille voiture.

Un soir de pluie et de brouillard (il a le blues sur le trottoir…) il tombe en panne à l'orée d'un bien étrange village dans lequel il se rend, à pied, pour y trouver un garagiste qui lui annonce qu'il lui faudra attendre 5 jours pour les réparations.

5 jours à passer dans ce trou ? Chanfier n'a d'autre choix et loue une chambre chez l'habitant et commence à observer la population et les habitudes de ce bien étrange village, tellement étrange que, tous les jeudis soir, de jeunes femmes sont retrouvées étranglées dans la rue, un éventail à leur pied. Mais « Jack l'éventreur », comme est surnommé l'assassin, ne tue que les jeudis soir, oui, mais seulement les jeudis où Cantoiseau, le patron du restaurant « Aux 3 couteaux » met, à sa carte, du lapin chasseur… Or, Cantoiseau déteste cuisiner le lapin chasseur et, pourtant, il en met à la carte tous les jeudis soir… ou presque.

Voici un bien étrange roman (pour moi) qu'il m'est difficile de chroniquer et encore plus de critiquer tant j'ai l'absolue certitude que mes réticences envers le texte ne sont pas dues à des défauts de l'auteur et de sa plume, mais à mon propre ressenti.

Suis-je Siniacosceptique ? Me demandais-je en préambule ? Il me semble que je peux désormais répondre par l'affirmative.

Effectivement, suis je suis allé au bout de ce roman (ce qui prouve que je lui trouve des qualités), je n'ai pour autant jamais pu entrer totalement dans l'histoire à cause du traitement, de l'histoire, des personnages.

Iconoclaste, on pourrait le qualifier ainsi, mais je ne suis pourtant pas contre l'iconoclasme.

Intrigue loufoque à la narration sous forme de mécanique huilée. Là non plus, je n'ai rien contre, bien au contraire.

Personnages à la fois hétérogènes, bien que caricaturaux… pourquoi pas.

Beaucoup de personnages. Trop ? Là, je suis moins fan même s'il faut bien avouer que l'intrigue et la narration nécessitent un grand nombre de personnages puisque l'histoire s'appuie sur l'interaction, au sein d'un village, du comportement de l'un sur l'autre avec réaction en chaîne.

Ainsi, bien difficile, pour moi, de cibler une raison ou une autre qui justifierait mon manque d'enthousiasme.

Quand on aime un roman, il s'agit d'un tout, bien souvent. L'inverse est également vrai.

Certes, je pourrais pointer du doigt cette propension de l'auteur de demeurer sur un fil sans jamais basculer d'un côté ou de l'autre entre réalisme et bouffonerie, comme une blague racontée avec un sérieux indéboulonnable.

Pas assez loufoque et décalé pour faire rire, trop pour le considérer comme un réel roman policier, cet entre-deux est bien souvent, chez moi, une difficulté à surmonter qui nécessite, chez l'auteur, un petit plus qui n'est pas présent chez Siniac.

N'adhérant pas à cet état intermédiaire, difficile d'apprécier, par la suite, les passages répétitifs où l'auteur énumère la réaction de chaque protagoniste en fonction du comportement de l'un ou de l'autre.

Ces passages devenant, ipso facto, rébarbatifs, comment, alors, prendre un réel plaisir à cette lecture.

Alors, pourrais-je conclure de ces différentes lectures décevantes que Pierre Siniac était un mauvais écrivain ? Bien évidemment non !

La seule conclusion plausible demeure celle évoquée au départ, le problème vient de ma propre perception de l'auteur. Ainsi, je suis, apparemment, bien Siniacosceptique.

Dommage d'autant plus que l'auteur, en lui-même, m'est plutôt sympathique. Que les ingrédients de sa plume, dans d'autres proportions, auraient pu me séduire. Que Pierre Siniac a su dépeindre des personnages atypiques (pas forcément dans ce roman), une qualité que je plébiscite généralement.

Mais non, rien ne me convainc, un problème de dosage, sans doute.

Tant pis. Peut-être reviendrais-je un jour rendre visite à Siniac pour voir si, avec le temps, ma perception peut évoluer dans le sens positif.

Au final, probablement un bon roman, mais dont les dosages ne me correspondent pas et qui pâtit d'un trop grand nombre de personnages.
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Pierre Siniac - "Femmes blafardes" - réédition chez Payot-Rivages, 1997 (ISBN 2-7436-0203-1) - première édition publiée chez Fayard en 1981.

Ce roman policier fait quasiment partie des classiques de ces années là : la qualité de l'écriture rejoint celle de la narration et de l'art de dresser un portrait en quelques lignes. La première lecture est plutôt plaisante.
A la relecture cependant, le lecteur perçoit combien ce que l'auteur nomme "la mécanique de la ville" repose sur un catalogue de préjugés et de lieux communs typiques de la littérature française dès que l'on aborde le thème de "la-petite-ville-de-province" : la liste canonique des notables nous est fournie dans le chapitre 19 (p. 238), et ils sont "bien évidemment" tous clients du bordel local tenu par la Balbaupoul. Dans l'unique usine, la cheftaine régentant le personnel féminin, Marie Morandier, nous est dépeinte comme un véritable dragon oppresseur (milieu du chapitre 11, pp. 159-160), mais abandonnant sans scrupule son travail dès que l'occasion se présente de rejoindre son amant, car elle aussi s'adonne à des étreintes torrides.
Bref, nous barbotons dans le cadre habituel des notables de province perclus de vices, tel que déjà décrit par exemple dans le "Journal d'une femme de chambre" de Mirbeau (voir recension). L'auteur semble lui-même prendre ses distances avec cette suite de caricatures vers la fin de l'ouvrage, en poussant le grotesque jusqu'à l'absurde.

La littérature française, qu'il s'agisse de la "grande" ou de la "secondaire" dans laquelle il est d'usage de ranger le roman policier, se croit obligée de dépeindre "la province" et tout particulièrement les "sous-préfectures" comme des endroits d'un ennui et d'un conformisme mortels, un objet en quelque sorte de mépris de bon ton. Pour ne prendre qu'un exemple, le roman "la guerre des vanités"d'un certain Marin Ledun, publié en 2010 (voir recension) attribue carrément à la petite ville de Tournon (i.e. à ses "notables") la responsabilité du suicide de ses adolescents.

Avec l'affaire de Bruay-en-Artois (ou plus récemment l'ignoble fiasco judiciaire d'Outreau), on pouvait pourtant penser que ces préjugés à la limite du racisme social auraient tendance à s'estomper. Hélas, aujourd'hui encore, peu d'auteurs échappent à ce lieu commun : dans le roman policier on peut toutefois citer au tout premier rang Pierre Magnan et sa série du commissaire Laviolette.
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