AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,76

sur 95 notes
5
8 avis
4
9 avis
3
3 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ça commence comme un  polar à l'ancienne.

Tous les bons vieux clichés du genre, et qui rassurent: Séverin Chanfier, un flic usé, radié pour obsession sexuelle, devenu privé ( et déjà sur un siège éjectable) voit sa caisse rendre l'âme dans un petit bled innommable et innommé. Il pleut, il a faim, pas le moindre garage en vue : il  s'arrête donc quelques jours, croit-il. Le voilà contraint de vivre la vie provinciale bien huilée dudit bled.

Un féminicide tous les jeudis soir.

Il est pris comme un moucheron dans un pot de miel.. .

Notre ex-poulet se pique au jeu et du cinoche  à la salle des fêtes, du restaurant bourgeois au buffet de la gare, du chocolatier au magasin de Nouveautés, des chambres d'hôtes au lupanar du coin,  il a tôt fait de faire le tour des points névralgiques de cette petite ville où la routine si grise semble avoir pris le mors -ou la morte?- aux dents.

 Assez vite, on comprend que nous aussi on s'est fait faire aux pattes dans ce faux  polar à l'ancienne..

Tout y est en trompe-l'oeil: noms de famille tarabiscotés et qui semblent  faux comme des pièces de 13 francs, personnages sans plus de psychologie que des automates, qui agissent mécaniquement comme des marionnettes dont on actionnerait les ficelles,  mobiles obscurs et irrationnels,  rituels aberrants, obsessionnels, concaténés comme des rouages d' horlogerie.

 Tout cela pimenté par les remarques décalées,  ironiques ou saugrenues , du narrateur ou de son "héros",  égratignant au passage les moeurs et usages de la petite bourgeoisie provinciale bien-pensante, bien-mangeante, bien- faisante et bien-baisante...à la façon d'un Chabrol au meilleur de sa forme.

Comme chez Chabrol, la fine gueule, et de l'avis de Gaston Cantoiseau, restaurateur de son état. :"la bouffe, la bonne bouffe ,  c'est beaucoup plus important que vous croyez".

La cuisine a ses raisons que la raison ne connaît pas! Ainsi en va-t-il, par exemple,  du lapin chasseur...

La fin, hallucinante, de ce polar iconoclaste  et volontiers surréaliste, atteint des sommets de drôlerie absurde!

J'ai adoré ce premier Siniac, (sûrement pas le dernier) ,  chaudement recommandé par deux experts, Pecosa et Koalas! Qu'ils soient remerciés pour cette lecture spirituelle et décapante!

Commenter  J’apprécie          572
Une ville de province qui, comme le déclare un personnage, pourrait disparaitre du jour au lendemain de la carte de France sans que personne ne s'en émeuve. Une bourgeoisie provinciale y prospère langoureusement en veillant à la bonne santé de ses intérêts. Une panne de moteur contraint Séverin Chanfier s'y arrêter. Mais l'intérêt de ce détective au C.V. chargé (érotomane saqué de la Police à la suite d'une bavure) va être titillé par les faits divers qui secouent la tranquillité de cette cité de la France profonde. Une jeune femme est assassinée chaque jeudi soir. le tueur pose un éventail à proximité des cadavres. La liste des crimes s'allonge et ce sont désormais les as de la P.J. parisienne qui sont chargés de démasquer celui que tout le monde surnomme « Jack l'éventeur ». Chanfier mène sa propre enquête. Il choisit de la commencer par un dîner au restaurant gastronomique puis par une visite au bordel. C'est un bon début pour découvrir les dessous d'une ville qui s'est engourdie dans ses habitudes, à tel point qu'une mécanique des comportements s'est instituée.
Présenté ainsi, le polar pourrait donner l'impression d'être d'une facture très classique. Or, c'est tout le contraire, mais il est essentiel de ne pas trop en dire pour ne pas tuer l'intrigue. Pierre Siniac fait preuve d'une inventivité remarquable. Il reprend les codes du polar et parvient à créer une histoire totalement originale. Alors oui, le livre a été écrit il y a trente-six et doit être resitué dans le contexte des années 70-80. Mais cette satire de la bourgeoisie provinciale reste très plaisante à lire. Comme quoi, l'humour et la créativité vieillissent plutôt bien !
Commenter  J’apprécie          322
Chanfier, ancien flic aux moeurs douteuses, devenu détective échoue par hasard dans une petite ville de province où des crimes effroyables sont commis le jeudi par un mystérieux tueur, surnommé Jack l'éventeur, qui laisse près de ses victimes blafardes, un éventail ouvert.
Qui est ce frappeur fou? Est-ce le patron du restaurant "aux trois couteaux" qui régale ses convives de son plat fétiche, le lapin chasseur, l'ouvreuse du cinéma Hollywood qui a des sueurs froides, la panthère qui raffole des cadeaux du magasin des nouveautés de la capitale, l'astrologue extralucide Emilienne de Chamboise, Mésange, l'accordéoniste clochard qui louche sur la serveuse du restaurant de la gare, un corbeau qui n'aime pas le lapin du jeudi, le barman du Dahlia-club ou un notable ou notaire de la ville?
Dans "Femmes Blafardes", Pierre Siniac brosse un portait chabrolien au vitriol de la petite bourgeoisie de province. J'ai adoré ce roman noir, son humour malicieux, sa logique implacable et délirante. Il y a du Céline dans le style et du surréalisme dans les personnages.
Commenter  J’apprécie          325
Séverin Chanfier est un drôle de type. Ancien flic, viré pour bavure et un peu trop porté sur le sexe opposé, il arpente désormais la France pour le bien de particuliers recherchant un proche. le hasard d'une panne de voiture va l'immobiliser dans la petite ville de Jussier-Vintreuil. Il apprend que des femmes y sont assassinées tous les jeudis et, petit à petit, il va se mettre à enquêter.
Pierre Siniac nous livre là un grand travail d'horlogerie. Peu importe l'enquête de Chanfier, c'est tout le rythme de la vie d'une petite ville, du clochard à la haute-bourgeoisie, en passant par les prostituées et les commerçants, qui se retrouve méticuleusement exposé et mis à mal par ce petit détail : quand un restaurateur met au menu du lapin chasseur, et bien un tueur exécute des femmes.
Avec une rare maîtrise, l'auteur nous fait entrer dans le système, le fait fonctionner, dérailler, redémarrer puis, alors qu'on pourrait croire que tout est dit, il pousse la machine à fond jusqu'au point de rupture, dénonçant la bêtise et la vanité que l'on retrouve dans l'obsession des notables de vouloir maintenir les apparences coûte que coûte, afin de préserver un système qui leur profite, en dépit de l'enfermement maniaque dans lequel il les confine.
Et il restera du monde sur le carreau, à Jussier-Vintreuil, on tire les bonshommes et les bonnes femmes autant que les lapins.
Commenter  J’apprécie          80
Femmes blafardes, Pierre Siniac COUV x / publiée sur babelio
J'aime beaucoup le point de vue de Siniac sur cette petite ville très française où tout tourne autour de deux restos et d'un claque. Les Français, ces obsédés du cul et de la bouffe façon cuisine bourgeoise. A chacun sa maîtresse et pour les ados, les vendeuses du rayon pantalon hommes taillent des pipes. Tout va donc pour le mieux, jusqu'au jour où Chanfier convainc Cantoiseau d'enlever le lapin chasseur à sa carte du jeudi afin d'essayer de piéger le corbeau qui sévit...
Magnifique satire "mockienne"* du fonctionnement d'une petite ville, des pouvoirs publics, du monde économique..
Crimes = Ordre
Pas de crimes = Désordre = Anarchie = Baisse des Profits.
Donc, vive le crime institutionnalisé par les notables et les pouvoirs publics.
Mais ils sont bêtes et incompétents, ils voient à court terme. Donc, ça ne marche pas.
Donc, en haut lieu, après les avoir couverts sans se mouiller, on les lâche. Tant pis pour eux.
Belle morale, belle satire.
L'humour, l'absurde, la mise en exergue de toute une série de traits de la franchouillardise (et notamment la cuisine de terroir) font également toute la force de ce livre génial.
* Voir les films de JP Mocky

Lien : http://polaroides.blog.lemon..
Commenter  J’apprécie          50
Description pointue voire pointilliste de ce que pourrait ou pouvait être une ville moyenne française au début des années 80, avec en toile de fond, à mois que ce ne soit l'inverse, un serial killer qui s'en prend aux jeunes filles, dans la nuit du jeudi au vendredi.

Écriture ciselée, sens du détail, des patronymes d'au moins 3 syllabes, voilà le parcours de Pierre Siniac dans cette ville imaginaire.

C'est assez jubilatoire, je dois reconnaître que je n'ai pas eu de compassion particulière pour les victimes, ni pour les autres personnages, car c'est plutôt anecdotique.
Commenter  J’apprécie          50
Un tueur en série dans une petite ville de Vendée, il y a de cela des années. Ce n'était pas encore la mode ! Pierre Siniac était en avance sur son temps. Qui est Jack l'Eventeur (oui, avec un seul "r"), qui signe ses crimes en laissant sur place un éventail ? Allez donc trouver un suspect dans cette ville sans histoires, et qui pourtant en a à raconter, des histoires. Pierre Siniac met en scène une galerie de "personnalités" de la ville : directeur du journal, de l'usine, commerçants, chef de gare, restaurateur, assureur, voyante (la meilleure de France !), maire et adjoints, un ancien flic échoué là et même, au coeur du dispositif, la mère maquerelle qui sait tout voit tout, encadrée de ses fidèles collaboratrices. Dont celle du jeudi soir, qui ne travaille que ce soir-là, allez savoir pourquoi. Les travers de ces personnages savoureux sont des secrets de polichinelle qui s'imbriquent les uns dans les autres d'une façon assez extraordinaire. Et le "serial killer", dans tout ça ? Eh bien justement, c'est bien l'un des intérêts principaux du livre (qui n'en manque pas) de montrer comment un tas de petits riens mis bout à bout finit par rendre possibles (et même, inévitables) une série de crimes incompréhensibles et pourtant d'une logique sans faille.
C'est superbe, drôle, chaque page contient son lot de pépites, j'aurais aimé que la promenade en ville ne se termine jamais.

Un gros coup de coeur.
Lien : http://hervesard.blogspot.co..
Commenter  J’apprécie          30
Qui n'a pas un jour mis en corrélation un fait banal personnel avec un événement plus général de l'actualité, marquant voire dramatique, et ne s'en est pas étonné (on parle en psychanalyse de « coïncidences signifiantes ») ? Pierre Siniac fait sûrement partie de ceux-là.
Des morts violentes concomitantes avec le menu d'un restaurant d'une petite ville de l'Ouest de la France, telle est l'idée qu'il exploite ici. du lapin chasseur annoncé et voilà un meurtre. Pas de lapin, pas de mort…
Dans un style jubilatoire, il nous narre les méfaits d'un tueur en série qui dépose auprès de ses victimes molestées un éventail (devinez l'astuce étant donné qu'on le compare à un certain londonien impuni surnommé Jack !).
« Toute cette histoire, tout ce processus, nous montre de façon parfaite que les petits travers humains ont dans le contexte social une importance considérable… diabolique ».
En termes scientifique, c'est « l'effet papillon » qui stipule que les petites causes peuvent avoir de grosses conséquences…
Voilà donc la nouvelle recette de l'auteur, mélange de synchronicité et de causes cachées, (elle date de 1981), pour nous embarquer à bord de sa machine infernale « au mécanisme d'horlogerie » parfaitement huilé, en un thème récurrent qu'il sait si bien exploiter.
Une occasion rêvée pour donner libre cours à sa peinture acerbe des turpitudes humaines, toutes individuellement anodines, mais qui, lorsqu'elles s'enchaînent, peuvent conduire au pire : à savoir « les meurtres du jeudi » dont la petite ville « malade » tire un tel profit qu'elle ne peut plus s'en passer…
Tout cela pour notre plus grand plaisir même si la fin de « cette chienlit sanglante » (sic) n'est pas à la hauteur de ce qu'elle laissait promettre.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (196) Voir plus



Quiz Voir plus

Quel est le bon titre des livres de Pierre Siniac ?

… blafardes ?

Maîtresses
Princesses
Femmes
Filles

10 questions
11 lecteurs ont répondu
Thème : Pierre SiniacCréer un quiz sur ce livre

{* *}