La Poisse, ou la poétique d'une drôlerie fataliste. Voilà ce qui m'a plus. Tout cela ne pouvait qu'avoir le goût décapant d'un corrosif, doux et poétique, aux vues d'une vie de dissident, voilà un double littéraire qui en est le reflet dans un humour abracadabrantesque !
La Poisse, André de son petit nom, maudit soit-il, car il fera de vieux os en cette terre aux teintes de réalisme magique, hoffmanesque à souhait, ainsi contre un voeu qui se voulait heureux : le malheureux verra mourir les gens autour de lui et à l'amour de lui être refusé, même celui de sa propre mama.
Quelle diablerie poursuit notre humble héros dans sa destinée d'homme voulant être libre ? Asphyxié d'amertume, mais oxygéné d'impertinence, avec l'humour sarcastique d'un génie, mais poissard ?
Eh bien notre André aura eu la bonne idée de faire un voeu, celui de perdre son bégaiement, un choix à un âge enfantin où l'on ne mesure pas les conséquences d'une décision si opportune. Car floué, sera notre André si singulier, le sera dans les grandes largeurs, au mécontentement t'en désiré de son bonheur.
Il perdra le sel de la vie. Gagnera des pleurs que nous lecteurs, nous ferons rire, mais pas d'un rire jaune, au contraire tout cet humour, nous ferons sourire, car cette histoire, mise dans un contexte historique qu'a vécu notre Auteur, et à lire comme une révolte, une fantastique dépossession du moi réelle, pour mieux ce réinventé aux files de ses péripéties fatales.
Il faut dire qu'
Andreï Siniavski fuira la Russie après plusieurs années de goulag, sans perdre son humour salvateur, et, exilé en France, notre bien nommé écrivain, n'aura que des rejets face à ses écrits trop satirique… c'est dans l'apatride que naîtra la Poisse.
Enfin, ce livre que j'ai beaucoup aimé, nous parle aussi du pouvoir puissant de l'écriture. D'une quête d'un père si éloigné, que notre André poursuivra sans relâche. La fin de ce beau roman, si sensible, délivrera une chute sublime ! Je m'arrêterai là car je ne veux plus vous en dévoiler sur cette affaire ! Ainsi, ami(e)s de la Poisse, la poisse nous appelle entre ses belles phrases de ce beau roman !