Moi Jérusalem

Un pari raté, gâché..

L'idée était pourtant formidable, l'histoire, la vraie, raconté par la seule et unique intéressée, la seule ville dont on a envie d'écouter le récit. Un grand bravo à l'auteur pour l'idée. La premiere page ne nous promet ni parti pris, ni ingérence, c'est super, c'est exactement ce que l'on attend.

Mais alors pourquoi l'avoir gâché à peine quelques paragraphes plus tard? Pourquoi ne cesser de donner son avis sur tout ? On remarques ces petits paragraphe bordé d'astérisques, ces interventions incessantes et peu subtiles où la ville se met en retrait et laisse place à l'auteur. C'est flagrant, et c'est à l'opposé de la promesse. Et chaque interventions et suivi de petites phrases : "mais bon, je ne suis qu'une ville, je ne donnes pas d'avis", comme pour lever le doute de ceux qui ne se seraient pas laissé berner.
En pensant être invisible, mais avec une légèreté éléphantesque, l'auteur ne cesse de faire passer son avis et ses idées, sous couvert d'être la ville honnête et objective.

"La ville" ne cesse de remettre en question les récits et les textes, en essayant même parfois de les contredire scientifiquement. Mais la où l'auteur se trahi malgré lui, c'est en cherchant à se dédouaner du blasphème. Une ville à-t-elle besoin de se justifier ? Non. L'auteur lui en a le sentiment, il en à le besoin, car c'est lui qui raconte, car c'est son avis qu'il donne. Et ca se voit.

Alors oui, l'idée était superbe, mais tellement fragile: personifier une ville et la faire parler. Mais voila, a force de trop tirer sur la corde, l'écrivain nous ramène à la réalité, la magie s'efface peu à peu et fini par s'estomper entièrement. Jerusalem est muette et dans l'ombre, elle n'est plus une ville mais simplement la marionette d'un homme, un homme qui ne croit plus en rien, même pas aux miracles. Et il faut bien un homme pour retirer ses miracles à Jerusalem.

Quel déception. Ce livre est au final le récit d'un mauvais ventriloque.