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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un grand merci à Babelio pour l'envoi de ce roman...

Abbaye de Sean Cross en Irlande. C'est par un jour orageux de juillet 1952 que naquit le petit Anthony Lee, fils de Philomena Lee. Malheureusement pour elle, parce qu'elle a péché aux yeux de l'église, elle a été rejetée par sa famille et vit recluse dans cette abbaye. Etre fille-mère en Irlande à cette époque était très mal vu, ainsi l'état s'occupait de ces enfants nés hors mariage et les plaçait dans des familles, la plupart étrangères. Philomena restera trois ans aux côtés de son fils, dans cet établissement. A l'instar de ses amies, elle participera au bon fonctionnement de l'abbaye, à savoir travailler à la cantine ou à la blanchisserie. Elle vivra dans des conditions précaires, de façon à lui faire comprendre qu'elle a fauté et qu'elle doit en payer le prix. de plus, elle n'aura le droit de passer qu'une heure par jour avec son fils. La jeune femme se liera d'amitié avec Margaret, maman d'une petite Mary, âgée seulement de quelques mois de moins qu'Anthony. Les deux bambins ne se quittent pas, jouent très souvent ensemble et semblent ainsi être comme frères et soeurs.
Aux Etats-Unis, à la même époque, Marge Hess, déjà maman de trois garçons, voudrait tant faire plaisir à son mari, Doc, en lui offrant une petite fille mais malheureusement, elle ne peut pas lui en donner. Aussi, décident-ils tous les deux d'en adopter une. Parce que cela semble bien plus compliqué aux Etats-Unis, ils se tournent vers l'Irlande, un pays très peu regardant sur les conditions d'adoption. Moyennant finance, les couples Américains pouvaient ainsi librement disposer des enfants nés dans le péché. C'est ainsi qu'elle se rend dans ce pays et plus précisément à l'abbaye de Sean Cross où elle est reçue par Mère Barbara et Soeur Hildegarde. Son regard se porte aussitôt sur la petite Mary et elle n'en doute pas un instant: c'est elle qu'elle désire. le petit Anthony étant souvent avec la petite fille, Marge craque pour lui et convainc son mari d'adopter les deux enfants qui semblent inséparables. Sous la contrainte et parce qu'elles n'ont pas d'autre choix, Philomena et Margaret signent les papiers d'adoption et font le serment de renoncer à leurs droits de mère. C'est ainsi qu'en 1955, Anthony et Mary quittent l'Irlande et leurs mamans pour une toute autre vie...

Voici une bien triste histoire que nous livre le journaliste Martin Sixsmith. Contacté par Philomena qui veut à tout prix savoir ce qu'il est advenu de son fils, le journaliste a enquêté, farfouillé, s'est documenté sur les pratiques d'adoption alors en vigueur dans l'Irlande des années 50 et au prix d'efforts mérités, il a retrouvé ce petit garçon devenu Mickael Hess. C'est ainsi toute la vie de cet homme qui nous est conté, une vie à la fois tragique, éprouvante, émouvante, dramatique, riche et hors norme aussi bien professionnellement qu'intimement. Mais c'est aussi la vie politique qui est décrite dans ce roman. En effet, alors que les démocrates et les républicains se chamaillent pour le découpage électoral, le sida fait son apparition dans les années 80, essentiellement dans le milieu gay. Se sentant très peu concerné par le problème, le gouvernement, quelque peu homophobe, mettra du temps à se rendre compte de la teneur de cette maladie. Evidemment, l'on ressort de cette lecture avec beaucoup d'émotion, de tristesse, de rancoeur, d'admiration, d'amertume, de désarroi ou de sympathie. Martin Sixsmith a, d'une certaine manière, su rendre un bel hommage à cet homme. D'une écriture prenante et entraînante, l'on ressent que l'auteur y a mis tout son coeur. Seul petit bémol: une quatrième de couverture trompeuse et des photos trop explicites au milieu du roman qu'il est préférable de regarder une fois la lecture terminée.

Philomena... un destin incroyable...
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Pour ma dernière contribution de 2013, j'ai décidé de finir l'année sur une note d'émotion avec un roman certainement voué à un joli succès quand il va sortir en librairie le 2 janvier 2014. J'ai reçu Philomena dans le cadre d'une opération Masse Critique "privilège", c'est bien tombé car j'avais vraiment envie de découvrir ce live donc je remercie mille fois Babelio de m'avoir sélectionnée ainsi que les Presses de la Cité pour cet envoi.

En 1952, Philomena Lee, une jeune Irlandaise, se retrouve enceinte par accident. Dans un pays où les filles mères sont très mal-vues par la société, la jeune femme, abandonnée par sa famille, est placée au couvent de Roscrea, où elle donnera naissance à un beau bébé, le petit Anthony. Comme les autres pensionnaires du couvent, Philomena est considérée comme une pécheresse par les soeurs qui vont lui mener la vie dure. Contrainte à demeurer trois ans dans cet endroit sordide, Philomena se verra dans l'obligation de travailler dur à la blanchisserie du couvent pour expier sa faute, quand à son petit Anthony, elle aura à peine le droit de le voir une heure par jour. Des femmes comme Philomena, il y en a des centaines en Irlande, réparties dans différents couvents et l'Eglise, qui a le monopole dans les démarches d'adoption, n'hésite pas à profiter de la détresse de ces jeunes femmes placées contre leur gré afin de leur prendre leurs enfants qui seront envoyés dans de riches familles américaines en l'échange d'une généreuse contribution financière.
La pauvre Philomena n'échappera pas à cette triste règle, quand Marge Hess arrive à Roscrea pour adopter une petite fille, elle jette également son dévolu sur Anthony. Les soeurs voyant là une bonne affaire vont cruellement arracher Anthony à sa mère, Anthony qui deviendra Michael A. Hess une fois arrivé aux Etats-Unis... Cette séparation douloureuse, changera alors ces deux êtres à jamais...

Âmes sensibles préparez les mouchoirs !
Martin Sixsmith retrace avec exactitude cette histoire bouleversante que l'on ne peut pas lâcher avant de savoir la fin. le titre et le résumé en quatrième de couverture sont susceptibles d'induire le lecteur en erreur car l'histoire n'est pas centrée sur Philomena mais sur Anthony/Michael. Nous assistons à la vie de ce dernier de 1955 à 1995. de son enfance à sa vie d'adulte, j'ai été touchée par ce garçon qui a toujours réussi tout ce qu'il a entrepris et en même temps n'a pas pu s'empêcher de se détruire car tourmenté par les démons et les doutes qui l'ont toujours habité concernant sa mère biologique, signant lui-même son arrêt de mort...
En plus d'être envoûtant, le récit est également une triste fresque qui nous montre les dessous de l'Eglise en Irlande. Je n'ai déjà pas une grande estime pour les membres du clergé mais là j'ai été vraiment écoeurée de voir à quel point ces hommes et femmes de Dieu peuvent être pourris et corrompus. Avec leurs principes moyenâgeux, leurs oeillères, ils ont détruit des vies pour de l'argent, vraiment minable !
L'auteur nous emmène aussi dans les coulisses du pouvoir aux Etats-Unis où l'homophobie est omniprésente et quasi-obligatoire pour survivre au milieu des requins. Nous sommes aux premières loges pour constater le laxisme dont les politiques ont fait preuve quand le Sida a commencé à se propager dans les années 80...
Le contexte général du livre m'a révoltée, tant de connerie humaine ça me rend malade(d'où les quatre étoiles de notation). Néanmoins je tire mon chapeau à l'auteur qui a su rendre ce récit vivant, j'ai failli en pleurer tellement cette lecture m'a touchée et je suis curieuse de savoir ce que l'adaptation cinématographique va donner, réponse le 8 janvier dans les salles obscures !
A lire !
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C'est un bien triste visage de l'Irlande que dévoile Martin Sixsmith dans cette poignante reconstitution. Sous couvert de morale religieuse, l'opprobre jeté sur les filles-mères par l'Eglise catholique jusque dans les années 60 servait un lucratif trafic d'enfants. Rejetées par leur famille, ces femmes — très jeunes pour la plupart, parfois victimes d'inceste — étaient enfermées dans un couvent spécialisé, exploitées et forcées de renoncer à tout droit sur leur enfant. Celui-ci pouvait alors être adopté, en échange d'une généreuse donation, par des couples d'Américains.

C'est ainsi que la jeune Philomena Lee, pour avoir approché de trop près un séduisant postier de Limerick, se retrouva enfermée à Roscrea pour 3 ans. Suant sang et eau à la blanchisserie de l'abbaye, elle paya son tribut pour la naissance du petit Anthony, qu'elle pouvait voir un peu moins d'une heure chaque soir. Contrainte d'abandonner son enfant, elle ne fut même pas informée de son adoption, si ce n'est par sa disparition soudaine du couvent en décembre 1955. Adopté par un couple aisé du Missouri en même temps que la petite Mary, Anthony devint Michael A. Hess et connut une brillante carrière d'avocat au Parti républicain. Malgré ses recherches, il ne revit jamais sa mère biologique. Quant à Philomena, après 50 ans de silence, elle finit par charger un journaliste de l'aider à retrouver son fils. Voilà comment Martin Sixsmith se lança sur sa piste.

Le titre anglais "The Lost Child of Philomena Lee" est plus juste que sa traduction écourtée, car "Philomena" couvre en réalité la biographie de Michael et non celle de sa mère qui n'intervient que dans la première partie et dans l'épilogue. Hanté par l'abandon, Michael éprouve un besoin compulsif de plaire, d'abord à ses parents adoptifs, puis à ses supérieurs, servant les républicains alors que sa sympathie va aux démocrates. Homosexuel, il ne peut se satisfaire de partenaires stables et s'avilit dans des relations à risque, jusqu'à contracter le sida. Alcool, drogue et sexe extrême : les virées de Michael dans les bars gays SM sont à réserver à un public averti.

Pour reconstituer le parcours de Michael et celui de sa soeur Mary, l'auteur s'efface devant son sujet, donnant juste quelques indications sur les documents et entretiens nécessaires à l'élaboration de chaque partie. Tous les personnages prennent vie avec intensité et leurs sentiments sont exprimés au plus juste. Les photographies au milieu du livre sont très bien choisies pour illustrer cette histoire tragique qui se lit d'une traite. En toile de fond, on trouve une analyse politique de l'Irlande au temps de la promulgation de la loi mère-enfant, et surtout des Etats-unis sur les questions de société, pointant les lacunes du gouvernement dans la gestion de l'épidémie de sida des années 80.

Rompant le silence coupable entretenu par l'Église, cet hommage littéraire est une façon de rendre Anthony à sa mère. Un lien posthume qui redonnera, je l'espère, un peu d'espoir à tant de vies brisées au nom d'une morale d'un autre temps.

Un grand merci à Babelio et aux Presses de la Cité pour la découverte de ce livre en avant-première, en attendant la sortie du film éponyme de Stephen Frears.
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Merci à Babelio et aux Presses de la Cité …pour l'envoi de ce récit très prenant…et bouleversant, en sachant que ce livre enquête sur un drame humain, sujet délicat, qui n'a pas fini ses ravages… Des enfants, largement adultes aujourd'hui n'ont toujours pas réussi à retrouver leurs mères biologiques et à prendre connaissance de leur filiation.

En découvrant le parcours de cet enfant adopté, Anthony-Mickael, arraché à sa terre natale d'Irlande pour partir dans une autre vie , en Amérique… nous sommes interpellés par tout le déchirement d'un homme qui réussira socialement, au-delà de toutes les espérances (proche collaborateur au sein du gouvernement de Ronald Reagan) mais qui trainera avec lui une douleur de vivre intense, qu'il jugulera par des excès, des périodes de dépression intense, des séparations provoquées, etc.

Cela fait plusieurs jours que j'ai rédigé ma critique de ce livre… mais j'en suis profondément mécontente…J'ai fini par la détruire, pour la reformuler… Déjà plus de 20 critiques de ce récit-enquête ont été rédigées sur BABELIO. Ce livre me pose quelques problèmes… car il soulève plusieurs réalités politiques et humaines, inacceptables…découvertes au fil de ce récit-enquête…

Que mettre en avant ?? il y a de nombreux sujets graves,qui méritent ,chacun, que nous les soulignions...

Réalités scandaleuses tant en Irlande qu'en Amérique, couvrant les années 1952-2004, qui mettent à mal et la toute puissance de l'Eglise Irlandaise, mercantile, et puritaine… et les coulisses très sombres du monde politique américain…

Je parlerai donc un peu plus des mes impressions sur ces informations découvertes, en sus du parcours douloureux de cet « enfant perdu »..…

Comme plusieurs babéliens, je suis d'accord, avec le fait que retranscrire fidèlement le titre original de ce texte aurait été plus explicite et plus conforme à son contenu : « L'Enfant perdu de Philomena »…Alors que l'adaptation cinématographique de Stefan Frears, offre un regard différent mais très complémentaire du récit du journaliste, Martin Sixmith, mettant au centre du long-métrage, la vie, le portrait et les recherches de la mère, Philomena, le livre narre le destin fulgurant de « cet enfant perdu », brillant avocat… mais être humain brisé à l'intérieur, à qui le silence de ses origines… a laissé une hantise de l'opinion , du regard des autres, de l'abandon et d'une solitude infinie, inguérissable…

En juillet 1952 Philomena accouche seule d'un petit garçon, Anthony…mise à l'écart par sa famille, qui s'en remet aux religieuses du comté, pour cacher cette honte. Etre fille-mère en Irlande à cette époque est un véritable crime….où la « fille-mère » [aujourd'hui appellation plus respectueuse,de « mère célibataire »] se retrouvait exclue de la société, devant payer seule « sa faute »… Les plus zélés en la matière étaient les instances religieuses. Nous lisons avec effarement comment ces religieuses et la supérieure de l'institution, en question, font travailler ces jeunes filles « perdues », en les exploitant, et en faisant constamment pression sur elles. Quelques rares figures de religieuses bienveillantes, dont cette jeune soeur qui aidera Philomena à accoucher de son petit garçon… et qui en cachette, le prendra en photographie… pour que la maman puisse avoir un souvenir…

Cette histoire bouleversante que le journaliste Martin Sixsmith narre est celle de Philomena, mais surtout de son fils, avec en arrière-plan le très grand nombre de femmes qui n'ont pas eu la possibilité comme Philomena d'aller au bout de recherches complexes que le journaliste a pu faire aboutir, avec une ténacité incroyable, vu les résistances et mensonges perpétrés par L'Eglise irlandaise…
Celle-ci ayant posé l'interdiction absolue que les mères et les enfants renouent contact…

Cet ouvrage très vivant et détaillé, retrace aussi la vie politique aux Etats-Unis, dans les années 1980, alors que les démocrates et les républicains se battent pour le découpage électoral, les éternelles compromissions liées aux milieux politiques…Au nom du pouvoir et des ambitions individuelles, on constate que les républicains pour flatter leur électorat, agissent comme l'Eglise Irlandaise, dans un puritanisme et une morale extrêmes . Ainsi un rapport initial signale un véritable drame médical et sanitaire… On cache, on oublie…on fait l'autruche…Le sida a fait son apparition essentiellement dans le milieu gay, mais pas uniquement, et le gouvernement ignore l'étendue de cette maladie…Les gouvernants se contentent d'accentuer dans leurs discours et programmes, leur homophobie, et de fustiger la population homosexuelle… dans son ensemble.

Notre protagoniste, Michael Hess, doit louvoyer entre ses fonctions prestigieuses, ses responsabilités au sein du Parti républicain, avec lequel, personnellement il n'est pas en accord… louvoyer avec ses amis… et au fond de lui, trainer son besoin lancinant et récurrent de savoir d'où il vient… l'histoire est bouleversante, tant par le destin exceptionnel de Michael, foudroyé par le sida, à 41 ans….et Philomena, la maman, de son côté, dans la même quête et le même besoin de retrouver son fils…
Intriguée par la toute puissance de l'Eglise irlandaise, et de celle d'un archevêque qui fit pression un grand nombre d'années sur le gouvernement de son pays, John Charles McQuaid, je me suis mise en quête de faire quelques recherches sur ce personnage-clef. Ce dernier a sévi au sein de l'Eglise irlandaise de 1940 à 1971…a été mis en cause plus tardivement dans un autre scandale que les enfants « du péché », vendus » aux riches américains…celui de la dissimulation de délits graves concernant des prêtres…

Entre les méfaits, les mensonges de l'Eglise irlandaise, et les ignominies des politiques américains, tout cela au nom soit disant de la « Morale »…nous ne ressortons pas indemnes de ce récit-enquête très dense et bouleversant… Systèmes clérical et politique ayant broyé , ou du moins fortement amputé les destins d'une mère et d'un fils… ; sans oublier tous ceux, encore vivants… qui ne sauront jamais d'où ils viennent.
Le récit de cette recherche d'un fils « faussement abandonné » a le grand mérite d'avoir été publié et d'exister …
Le style de Martin Sixsmith, ou du moins ce que nous en percevons par cette traduction, est très vivant, enrichi de nombreux dialogues… Sans omettre la présentation des résultats de ses recherches, en Irlande comme en Amérique…qui nous apprennent un grand nombre de choses sur les coulisses de la vie politique, en Amérique, ainsi que les coulisses et les stratégies ecclésiastiques irlandaises

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C'est un roman intense qui laisse sur les genoux époustouflé, mal à l'aise.
Philomena, jeune irlandaise se retrouvant enceinte est envoyée au couvent où elle doit, pour expier sa faute, offrir trois ans de travail pénible. En contrepartie, elle peut voir son fils une heure par jour. Elle se voit contrainte de signer un acte d'abandon pour qu'Anthony soit adopté par un couple d'américains.
Cinquante ans plus tard, un journaliste l'aide à retrouver son fils.
Partant d'enquêtes et de documents, ce livre est superbement monté.
Martin Sixsmith a su faire de cette histoire vraie qu'il a reconstituée, un magnifique roman dans lequel on est emporté. Il a su retracer la vie d'Anthony, devenu Michael, nous faisant tourner les pages avec avidité, avec révolte.
Quoi ? En 1952, en Irlande, on en était encore là ?
Ce n'est pas si loin pourtant.
La religion catholique était-elle ainsi toute puissante ? Aussi dévastatrice ? A t-elle pu briser autant de destins ?
Et plus tard, dans les années 80/90, aux Etats-Unis, comment la religion toujours, représentée par la droite religieuse conservatrice, a-t-elle pu laisser mourir tant de gens du sida en refusant de débloquer des fonds pour la recherche, en stigmatisant la société homosexuelle ?
C'est une histoire vraie, c'est un roman, c'est un cri de révolte qui nous laisse sans voix, avec un goût de gâchis dans la gorge.
Le style est simple, les mots coulent tout seuls, l'écriture est presque orale.
Un tour de force, à partir de quelques documents et de nombreux témoignages, d'avoir su reconstituer avec autant de crédibilité une vie d'homme, une vie très particulière.
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Quelle histoire incroyable!! Si un auteur l'avait imaginé on l'aurait accusé d'exagérer. Mais c'est une histoire vraie. True story!

Les méchants y sont méchants. Très méchants. Sans remords, ni envie de pardon. Jusqu'au bout. Sans une once de pitié.

Les gentils y sont gentils. Pathologiquement gentils. Gentils jusqu'à la souffrance.

C'est d'ailleurs un des points qui m'a troublée. Anthony ne trouve jamais vraiment le repos, la sérénité alors que plus innocent que lui ... c'est difficile à trouver. Alors que les soeurs qui l'ont vendu ne semblent pas souffrir de remords. C'est injuste.

Il y a aussi le magnifique parcours de Anthony/Michael. IL pense lui-même qu'il n'aurait pas eu ce parcours-là dans son pays natal. Mais ça aurait été le même garçon, aussi gentil et intelligent; pouvant de surcroit se construire dans l'amour de sa mère. Bien sûr qu'il aurait réussi. Réussi sa vie ou réussi dans la vie? Aux USA il a réussi "dans la vie" mais a-t-il "réussi sa vie"? Peut-on vraiment heureux quand l'envie de plaire à tous prix pousse un homme au grand écart comme il l'a fait pendant sa carrière au sein de parti républicain, activement homophobe?

Jusqu'à quel point l'appat du gain de l'Eglise catholique irlandaise a-t-il ruiné ses chances d'être heureux?

Une histoire qui ne peut pas laisser indifférent. C'est impossible! Elle peut vous émouvoir, vous choquer, vous troubler ... voire vous indisposer. Mais vous ennuyer, c'est absolument impossible.

Les personnages sont fabuleux, attachants. Vrais. Forcément.

Un livre très intéressant du point de vue psychologique ... qui permet de se poser beaucoup de questions.

Un livre passionnant d'un point de vue historique (la gestion des enfants nés hors mariage à la mode irlandaise d'après guerre, la gestion républicaine du début d'épidémie de SIDA ...).

http://touteseule.over-blog.com/2014/01/sixsmith-martin-philomena.html
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Ce livre est un chassé-croisé entre une mère et son fils. L'histoire débute en 1952 en Irlande où, Philomena Lee, une jeune femme se retrouve enceinte et confiée aux bons soins du couvent de Roscrea jusqu'à l'accouchement. Ledit couvent recueille toutes les jeunes mères, délaissées par leur famille. Et au bout de quelques années (généralement 3 ans) après la naissance, les enfants sont confiés à d'autres familles, avec le "consentement" forcé des mères souvent sans le sou.

Anthony, le fils de Philomena, garçon angélique et plein de tendresse, est adopté en même temps que sa compagne de jeu, Mary. Philomena ne le sait pas encore mais Anthony changera de nom mais aussi de continent. le jeune garçon candide de Roscrea est bien loin de tout et surtout de ses amours premières (l'intimité des nonnes, la présence d'une mère, les jeux innocents).

Il traverse l'Atlantique et est adopté par une famille déjà composé de cinq membres (3 grands garçons et un couple de parents). Il grandit choyé par sa mère mais endurci par un père plus intransigeant. Son coeur reste toujours en Irlande d'où il a été expulsé sans bien comprendre, gardant des souvenirs d'une mère biologique pourtant présente. Il se réalise dans un parcours dans le droit, couronné de succès, et est ensuite engagé au service du parti républicain. Mais il est aussi tiraillé par des préférences inassumables pour d'autres hommes. C'est encore l'époque où l'homosexualité est considérée comme un péché et Anthony, devenu Michael, cultive l'angoisse d'être une fois de plus abandonné en ayant semé le mal (par son parcours professionnel ou amoureux).

Le récit est centré sur l'enfant qui devient homme dans un climat familial tantôt délétère tantôt plus insécure. La mère apparait à quelques reprises mais c'est davantage le personnage de Michael qui occupe la narration. Nous le suivons perdu, en quête d'identité et fragilisé par le déracinement. le fait que le livre soit tiré d'une histoire vraie rend l'ensemble plus poignant et personnel.

J'ai été voir tout de suite après lecture le film car l'histoire était encore très fraiche dans ma tête. Eh bien j'ai été relativement déçue car le film se concentre davantage sur l'histoire entre le journaliste (ici Martin Sixsmith) et la mère. le fils (Anthony, puis Michael) apparait dans des vidéos courtes ou sur des photos mais n'occupe pas la place centrale comme c'est le cas dans le roman. Ainsi, le livre et le film sont complémentaires même s'ils n'ont pas la même approche de la rupture familiale. Je conseillerais toutefois davantage la lecture du roman qui m'a semblé plus profonde, plus caractéristique d'une époque, d'un contexte social et d'une l'incertitude liée à l'émergence d'une maladie dévastatrice, le SIDA.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Presses de la Cité pour l'envoi de ce livre !
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L'histoire est tragique, un enfant qui voit sa vie brisée, arraché à sa mère, et devenant un adulte qui se cherche en vain malgré une carrière incroyable et fait de nombreuses tentatives pour retrouver sa mère biologique.
Un destin brisé jusqu'à la fin de ses jours par le silence des religieuses...
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« Philomena» de Martin Sixsmith est un livre qui m'a attiré part son adapation au cinéma et que j'ai pu également découvrir via l'opération Masse Critique de Babelio (Merci !)

Adapté cette année au cinéma, j'ai découvert au fil des pages l'histoire de « Philomena» les larmes aux yeux.

« Philomena» c'est l'histoire d'une jeune adolescente qui va tomber enceinte en 1951 en Irlande et qui rejetée par les siens sera envoyée au couvent de Roscrea pour expier son péché et y faire adopter son enfant après l'avoir élevé pendant 3 ans. Croyante et dévouée, Philoména ne peut que subir les événements et va voir partir Anthony son fils de 3 ans avec une femme inconnue.

Lire "« Philomena»" c'est en fait découvrir surtout 'histoire d'Anthony... Anthony qui n'est pas orphelin et dont les souvenirs de cette enfance irlandaise n'aura de cesse de le hanter.

« Philomena» n'est pas une histoire classique et romancée, c'est une histoire vraie qui nous ai raconté sous la forme d'une enquête qui fait le lien entre les personnes et les événements. Une enquête mené par le journaliste Martin Sixsmith qui tire les larmes pour cette jeune femme qui ne se doute de presque rien et qui élèvera son enfant jusque c'est 3 ans... Et pour cet homme qui a cherché à se construire sans racine et qui a recherché sa mère biologique tout en faisant face à l'homophobie américaine dans le milieu américain des années 80. Une livre sur la quête du soi et du combat quasi quotidien pour être soi.

Mais « Philomena» c'est aussi surtout aussi l'histoire d'un homme qui a changé l'histoire de la politique américaine avec le rédécoupage électoral. Petit orphelin irlandais il cotoiera le président des états-unis et assumera rapidement son homosexualité dans un contexte difficile...

L'épilogue est un véritable déchirement mais il est rapidement un peu appaissé par les dernières rencontres de Philomena...

Le style est fluide et plaisant et on avance rapidement dans l'histoire de Philomena et Anthony tout en découvrant un pan de l'histoire politique américaine.

Pour finir, avec ce titre, je m'attendais à plus de Philomena mais finalement il y a beaucoup plus d'Anthony dans ce livre...

Et puis petit coup de coeur, le livre se termine sur une autre enquête... Je vous laisse découvrir laquelle mais elle m'a fait naitre un sourire sur les lèvres...


En bref : Une histoire bouleversante. Une enquête qui remonte le fil d'une vie. de deux vies. On tombe vite sous le charme d'Anthony, on partage son histoire, ses souffrances et ses manques. On découvre également une partie de l'histoire irlandaise qui sous couvert de la religion séparait mère et fils. Construit comme une enquête on tourne les pages très rapidement et on tourne la dernière les larmes aux yeux mais le sourire un peu aux lèvres...
Lien : http://noaetsonmonde.blogspo..
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Philomena jeune femme acouche d'un petit garçon dans un couvent sinistre tenu par des religieuses en Irlande. Elle vivra trois ans à ses côtés avant que celui-ci ne soit adopté par une famille américaine. Des années plus tard elle cherchera à retrouver celui qui lui manque.

ayant beaucoup aimé le film, mené par l'excellente Judy Dench, j'avais vraiment envie de me replonger, en lecture cette fois dans cet univers.

La première partie de l'ouvrage est vraiment abominable. L'histoire de Philomena et de ses années de servitude au couvent prend vraiment aux tripes.

La seconde et dernière partie est consacrée à Anthony, alias Michael, le fils de Philomena. de son enfance avec sa soeur adoptive également, Mary jusqu'à son décès dû au sida, en passant par sa carrière politique et son homosexualité.

La personne est très touchante. On sent dès l'enfance la problématique de son adoption, le manque et l'incompréhension lié à celui-ci d'autant plus que l'attitude de son père adoptif n'est pas vraiment safe.

On sent la personne très à fleur de peau, même si j'avoue avoir été aussi très agacée par le personnage, par sa tendance à saboter ses relations personnelles.

J'ai été très surprise également de ne pas suivre l'enquête en direct de la recherche d'Anthony. Philomena est finalement assez peu présente, si ce n'est dans la première partie du livre.


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