Cela s’appelle légitime défense. Dans la vie, il faut savoir se mettre à l’abri des importuns. Et des imbéciles. Les éviter, dans toute la mesure du possible. Pas de pitié.
À partir de 1947 ou 1948, le gouvernement a commencé à organiser des shûdan miai, des rencontres de groupe pour faciliter les mariages. Parce que le nombre des jeunes filles en âge de se marier dépassait d’un million le nombre des jeunes hommes encore vivants. Un an après mon accident, ma mère m’a persuadée de m’inscrire à une de ces rencontres.
Il fallait que je garde quelque chose pour me rappeler que j’étais une jeune fille, Mathieu-san… La plupart des Japonaises après la guerre étaient sans maquillage, en gros pantalons, obsédées par leur seule survie, épuisées par la faim et le manque de sommeil… Nous perdions notre jeunesse, nous perdions notre beauté, nous perdions notre intelligence. Et les hommes étaient rares : des millions ne sont jamais revenus de la guerre… D’autres restaient encore dans les îles du Pacifique ou en Mandchourie, dans des camps de prisonniers, attendant d’être rapatriés… Ils mouraient lentement de faim, de maladie et de fièvres…
Les Japonais se nourrissaient également de souris, de rats, de chats à cette époque… Les scientifiques nous ont dit à la radio que souris et rats, bien cuits, ça a le même goût délicieux que les petits oiseaux !
J’en connais un bout, question armes à feu, et je n’eus pas de mal à identifier un automatique sistema Obregon de l’armée mexicaine. Au milieu des années 1960, on pouvait s’en procurer pour pas cher chez les petits armuriers de San Francisco. Extérieurement cet automatique ressemble beaucoup au Colt 45, et tire des balles de même calibre. Mais il est potentiellement plus précis, à cause d’une particularité dans le système de déverrouillage du canon, et suffisamment plat pour être dissimulé dans une botte.