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4,11

sur 1291 notes
La journée banale d'un bagnard banal dans un camp Russe ...

Une longue journée que nous raconte Soljenitsyne.
Celle d'Ivan Dessinovitch Choukhov.

Il se retrouve là, car il a été fait prisonnier pendant la guerre, et donc aussitôt soupçonné d'espionnage.
Il est devenu un simple matricule , sans histoire.
Il fait ce qu'on lui demande de faire, se soumet à la discipline et à la rigueur absolue de l'hiver, ne se révolte pas, ni ne se plaint vraiment.
C'est un doux parmi les brutes, qui se réjouit du moindre petit plaisir, du moindre instant volé , car il sait ( le sait- il ou est-il vraiment naïf , ) qu'il y en a si peu et qu'il faut en profiter, comme un Sage .
C'est cette abnégation, cette soumission totale qui m'ont le plus étonnée.
Il y a même une certaine forme de gratitude dans ce pauvre bougre.
Il trouve le moyen de se contenter de ce qu'il a , et trouver qu'une journée où l'on travail en mettant tout son coeur à l'ouvrage... c'est pas si pire...
Se coucher le soir en ayant pas grand chose dans le ventre, c'est mieux que rien....
Une belle lecture que je recommande.
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Avec "Une journée d'Ivan Denissovitch", Soljenitsyne dissèque la réalité implacable des goulags.
Mémoire des camps pénitenciers où il a séjourné, l'auteur dépeint un zek s'adaptant à la machine impitoyable de ces camps de travail.
La voix et les yeux de Choukhov témoignent du système inhumain du régime soviétique de Staline.
Durant vingt-quatre heures, du lever au coucher, on suit cet homme sur une journée programmée au cordeau.
D'abord au rassemblement le froid vous saisi avec un -38° dehors. Puis le travail harassant de maçonnerie vous appelle laissant peu de temps pour une kacha claire.
Brimades, humiliations, représailles et magouilles font parties de la vie de forçat.
Choukhov n'aspire pourtant qu'à peu de choses: survivre à ses deux dernières années de camp. Les seuls moyens pour s'en tirer: manger davantage si cela est possible, fumer des cigarettes, exécuter les ordres et éviter de trop penser.
Son réconfort s'appuie non pas sur les colis de son épouse mais sur la solidarité et surtout la protection du brigadier Turine.

Cette lecture d'hommes voués au tombeau m'a agréablement surprise par son style et par sa facilité .
Elle correspond à une vie d'homme simple
Soljenitsyne bâtit ici un mausolée à des destins entremêlés sur le mode argotique, qui fait le sel de ce roman.

"Une journée d'Ivan Denissovitch" est désormais un tatouage indélébile sur cette U R S S qui a brûlé à vif des êtres humains, pions de l'échiquier russe de l'époque.




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Difficile de faire une critique de ce livre qui est devenu un grand classique. Pour être honnête je m'attendais à autre chose, à un autre style. Ce livre ne sera pas un coup de coeur, cependant c'est un excellent livre. le lecteur ne s'ennuie pas en le lisant. La seule chose qui m'a dérangée c'était son style, un livre écrit en argot des camps, ce qui peut déconcentrer un peu le lecteur, surtout dans les premières pages... ensuite on s'habitue... et on lit jusqu'à la dernière ligne cette journée particulière du prisonnier Ivan Denissovitch.
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Une journée, celle de Chouchov, bagnard déporté pour « trahison ». En fait de trahison, le camarade Choukhov est fait prisonnier pendant la seconde guerre mondiale, ça suffit pour l'envoyer au goulag, dix ans.
Aujourd'hui son groupe est affecté à la maçonnerie, un mur à monter, même par moins 28 degrés y'a pire comme boulot alors Choukhov se plaint pas.
Lui le paysan russe sans histoire, n'a plus que deux ans à tirer. C'est qu'il est débrouillard Ivan Denissovitch Choukhov, honnête et travailleur, des qualités qui le feront peut-être tenir encore une journée, entre les fouilles, la peur des vols, peur de l'adjudant, peur de ne jamais sortir vivant d'ici, le comptage interminable dans le froid, le réfectoire où il faut jouer des coudes, les combines pour améliorer l'ordinaire, les cachettes pour le croûton de pain.
Du lever au coucher, tout est décrit par le menu sans aucune fioritures, dans une langue teintée d'argot.
Une journée ordinaire d'un homme au camp de travail, routine aliénante terrible de réalisme, qui m'a happé.
A lire.
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La littérature russe aura sorti de son chapeau quelques noms bizarres et compliqués pour les francophones que nous sommes. Dostoïevski, Maïakovski, Tolstoï, … C'est qu'il faut de la concentration pour écrire, d'une traite, les noms de famille francisés des Fiodor, Vladimir et autres Léon. Un moment d'inattention et c'est toute la fine mécanique d'un nom russe qui se dérègle. Les lettres deviennent alors des pièces détachées mises au sol, dans le camboui, sans aucun manuel de montage. Que faire du ï ? Combien de y ? Ou placer ce petit monde et dans quel ordre? La première fois qu'on écrit le nom de certains auteurs russes on recompose les lettres à la va comme je te pousse et c'est de cette manière que l'auteur de Crime et Châtiment se voit affubler d'un nouveau nom des plus créatifs. Doïstoïfsky. Aïe!

Au firmament des noms russes imprononçables, il y a Alexandre … Soljentsine? Non. Soljtsyne? Encore moins. Solejtsynine? On racle le fond là. SOLJENITSYNE. Bingo! Cet auteur, moins connu par les jeunes générations, fut de ceux dont l'existence est plus parlante qu'un manuel d'histoire. Il aura étiré sa vie depuis la naissance de l'URSS jusqu'à l'ère post-soviétique. Mais c'est surtout ses récits de l'intérieur du Goulag qui auront fait de Soljenitsyne un homme qui a marqué le XXème siècle. Une journée d'Ivan Denissovitch, paru pour la première fois en 1962 a été le premier roman autobiographique qui décrivait les conditions de détentions réelles au sein des tristement célèbres camps du Goulag. Comme à l'accoutumée, je vous propose ici une analyse personnelle de cet oeuvre qui fut une des pierres angulaires de la dissidence russe. Un premier pas dans la dislocation du bloc soviétique...

Point d'introduction pour ce roman, le lecteur se réveille aux côtés d'un détenu dans le baraquement d'un camp. Son nom, Ivan Denissovitch Choukhov, a été remplacé par un numéro: M.854. C'est que l'Union Soviétique savait s'y prendre pour effacer la moindre trace d'humanité chez chacun de ses condamnés. Et quoi de mieux que tenir un homme par la faim pour l'asservir à sa guise. Il ne faut pas tourner des dizaines de pages pour se rendre compte que l'appel du ventre était une problématique quotidienne dans les camps du Goulag. Un quignon de pain, une arête de poisson, un bol de soupe, la moindre chose comestible devenait le but ultime d'une journée.

“La seule bonne chose dans la soupe, c'est qu'elle est chaude, mais à présent, celle de Choukhov est complètement refroidie. Malgré tout, il prend bien son temps pour manger, en faisant durer le plaisir. Dans ces cas-là, même si la maison brûle, c'est pas la peine de se dépêcher. Sans compter les heures de sommeil, le gars qui est dans les camps, le laguernik, il n'a vraiment à lui, pour vivre, que dix minutes le matin au petit déjeuner, et puis cinq à midi et cinq au souper.”

Faire l'expérience de la faim se traduit difficilement en mots. L'agencement des phrases ne rendra jamais compte de l'exactitude d'une sensation corporelle telle que celle du ventre vide. Mais Soljenitsyne réussit malgré tout à décrire jusqu'au moindre de ses gestes lors des rares moments où il pouvait se mettre se mettre quelque-chose sous la dent. Cette sacralisation alimentaire démontre à quel point la privation de nourriture était oppressante pour les détenus. En effet, quoi de plus efficace que d'enfermer un homme et de l'asservir par ses besoins naturels pour lui enlever tout désir de rébellion.

“Il faut concentrer cet instant-là, tout entier, sur le manger : recueillir sur le fond la mince couche de bouillie, l‘enfourner avec soin dans sa bouche et bien malaxer avec sa langue […] Il fouille dans sa poche intérieure, sort de son petit chiffon blanc le bout arrondi de croûte tiède et se met à essuyer avec, bien soigneusement, le jus de cuisson collé au fond et sur les bords évasés de la gamelle. Il le ramasse sur son croûton qu'il lèche, puis en recueille presque autant encore. »

Une journée d'Ivan Denissovitch a aussi valeur de témoignage sur les conditions du travail forcé. Les détenus, en sortant des camps, abattaient de longues distances dans les steppes glacées avant d'arriver sur les chantiers. Ces travailleurs forcés s'improvisaient en maçons, couvreurs, façadiers, conducteurs de travaux, et y érigeaient des bâtiments à la force de leurs bras. le tout dans un désordre ordonné dont seul les russes ont le secret. Il n'est donc pas étonnant que les constructions de cette époque furent des plus élémentaires et sans réelle qualité architecturale.

De plus, il me semble aussi important de souligner que la population des camps du goulag comportait non seulement des russes mais aussi — et on a tendance à le sous-estimer — des estoniens, lituaniens, moldaves, etc. En d'autres mots, des personnes dont leur pays venait d'être récemment annexé à l'URSS et qui joueront, dans les années quatre-vingt, un rôle prépondérant dans la chute de l'Union Soviétique. Dans son récit autobiographique, Soljenitsyne fait référence à ces nationalités qui gonflaient le rang des détenus du goulag.

Enfin, il est intéressant de relever une analogie que Soljenitsyne a peut-être fait bien malgré-lui dans Une journée d'Ivan Denissovitch. Celle du régime communiste et de la religion chrétienne. On peut y déceler un même pouvoir de soumission avec les mêmes ressorts psychologiques qui forcent l'être humain et à s'annihile en acceptant l'inacceptable

« Qu'est-ce que ça peut te faire, la liberté ? En liberté, le peu de foi qui te reste serait étouffé sous les épines! Réjouis-toi d'être en prison! Ici, tu as le temps de penser à ton âme! Voici ce qui disait l'apôtre Paul : « Pourquoi pleurez-vous et affligez-vous mon coeur ? Non seulement je veux être prisonnier, mais je suis prêt à mourir pour le nom de Notre Seigneur Jésus! »

Lien : https://lespetitesanalyses.c..
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La lecture de ce court roman m'a fait penser tout le long au film "la vita e bella" de Roberto Begnini. Parce que le héro raconte sa journée en trouvant un peu de bonheur dans les choses simples (un bout de pain économisé, un morceau de scie trouvé, avoir pu acheter un peu de tabac,...) et en relativisant énormément les conditions effroyables dans lesquelles il vit.
C'est avec un langage simple, copié au langage parlé pour les dialogues, et une ironie grinçante envers ceux qui encadrent ce camp, que Soljenitsyne dépeint un quotidien qu'il connait bien et qu'il est parvenu à transmettre malgré les censures diverses et variées. La violence de cette vie, l'auteur l'a suggérée, à de nombreuses reprises, sans la montrer. On pourrait sans doute passer des heures à décortiquer l'ouvrage pour en extraire les essences.

Ce roman, je l'ai pris comme un hymne à la vie, à la volonté farouche de rester un homme, quoi qu'il arrive, et à l'honneur qui reste, au final, la seule chose qu'on ne peut pas nous retirer.
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Une journée, c'est le temps qu'il m'a fallu pour lire ce roman qui révéla l'enfer du Goulag et les atrocités du régime soviétique. C'est comme si j'avais passé ma journée dans ce camp de travail en Sibérie en compagnie de Ivan Denissovitch Choukhov, comme si j'avais eu faim et froid avec lui, comme si j'avais subi les mêmes brimades, usé des mêmes combines pour survivre dans cet univers hostile. Ce récit nous amène à mieux comprendre un système concentrationnaire, son organisation mafieuse où règnent la délation ou les privilèges pour quelques uns. Ivan Denissovitch est résigné, victime d'une injustice flagrante, il accepte les règles absurdes du totalitarisme, mais peut-il faire autrement ? Une journée ordinaire, presque heureuse dans la mesure où ses petites combines n'ont pas été démasquées, où il a pu se procurer un peu de tabac et avoir une double maigre ration.
Pas de jugement, pas de considérations politiques, juste un témoignage glaçant, sans jeu de mot. C'est ce qui fait la force de ce texte.

Challenge multi-défis 2021.
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Avec la déstalinisation entreprise par Khrouchtchev, il était devenu possible de couvrir la réalité de la vie soviétique de manière plus critique. La publication du roman de Soljenitsyne Une journée d'Ivan Denissovitch, en 1962, a pourtant constitué une déflagration. Il faut se rappeler que d'autres livres critiques du régime, comme le docteur Jivago de Pasternak ou Vie et destin de Grossman, ne sont parus en URSS que dans les années 1980.
Le livre de Soljenitsyne raconte l'histoire d'une journée au goulag d'un ancien soldat, Ivan Denissovitch Choukhov, condamné pour avoir été fait prisonnier par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Pour la première fois dans l'histoire soviétique, une oeuvre littéraire témoignait de la vie dans les camps de travail. Ce livre exposait clairement ce qui avait été couvert pendant les années terribles du stalinisme.
L'histoire du matricule CH-854 touche par sa profondeur et sa véracité. On y découvre des choses terrifiantes sur les conditions de vie des détenus et leur indicible souffrance. Si pour certains, trouver un morceau de pain supplémentaire ou une paire de bottes percées constitue la seule préoccupation, pour Ivan seule compte la préservation de sa dignité d'homme.
Passez une journée avec Ivan Denissovitch, je vous promets qu'après vous regarderez vos petits problèmes quotidiens sous un angle très différent. Et, à la toute fin, vous découvrirez une dernière phrase en forme de coup de poing…
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Critique virulente du stalinisme , ce roman semi-autobiographique de Soljenitsyne a obtenu l'autorisation de publication du dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev, qui souhaitait mettre en avant le caractère libéral de sa politique. le récit décrit une journée d'un innocent enfermé dans un goulag, Ivan Denissovitch Choukhov. Tout en inventoriant les punitions, les épreuves et les cruautés subies, il évoque la solidarité, la loyauté et l'humanité qui unissent les prisonniers, sans lesquelles il leur serait impossible de survivre.
Histoire de la littérature

Il est bon d'ajouter que certes Khrouchtchev dans le cadre de la déstalinisation donna personnellement son accord à la publication de ce brûlot, mais que la censure passa par là, il ne l'évita pas. On peut néanmoins sans risque de se tromper dire que dans les années 60 soufflait un vent nouveau en Russie soviétique. Il faudra cela dit encore une génération pour que le communisme mette un genou à terre.

D'autre part, semi pas semi, cette oeuvre a bien été perçue comme un document à charge contre le régime soviétique, et en tout cas, fut le lancement éprouvé pour Soljenitsyne à toute une série de témoignages accablants. La noirceur de son analyse méthodique fut même dépassée au niveau de son ampleur car il parle si je ne m'abuse de 11 millions de victimes des purges staliniennes suivies de déportations, on peut en avancer probablement le double. Et ajouterai-je que la portée de ce brûlot fut mondiale puisque comme on sait les partis communistes internationaux inféodés à Moscou étaient présents dans la plupart des pays. Je ne dirai pas que Soljenitsyne a tapé dans le mille, mais a trouvé résonance à ses propos de manière formidable à travers les divers peuples du monde, qui signa leur désillusion et leur désenchantement. le parti communiste français fortement influent fut très long à la détente, puisque dans les années 70 bon nombre d'intellectuels communistes qui savaient ou devaient savoir n'en avaient cure ; c'est à ce titre qu'il fut qualifié de parti communiste stalinien.. L'invasion de la Tchécoslovaquie quelques années après la publication du livre de Soljenitsyne agita la conscience des peuples si ce n'est celle de ses mandants. Il y eut de véritables schismes dans les diverses cellules communistes de l'ouest ..
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Bien-sûr, nous sommes loin du roman d'aventures ou du thriller haletant où plein de rebondissements surprennent le lecteur. Nous sommes dans un livre au rythme lent et dans les descriptions d'un quotidien, Mais pas n'importe lequel : celui d'un homme, d'hommes, enfermés dans un goulag. Mais le rythme est là justement, dans ce temps qu'il prend à nous conter l'horreur de l'Homme. Ce livre est une oeuvre monumentale. Une pépite de réflexions. Je sors bouleversée de ma lecture. Mais je crois que la lecture en est nécessaire. Pour se rappeler les conditions effroyables qu'on vécues ces hommes et pour se souvenir de ne jamais y revenir.
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