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sur 376 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
En 2006, les êtres humains sont devenus les toiles sur lesquelles les peintres dessinent leurs oeuvres. Mais pas seulement. Au nom de l'art, ils deviennent aussi des luminaires, des fauteuils, des tables, … signées par de grands noms. Clara Reyes est une de ces toiles qui a déjà une belle carrière mais son rêve est de devenir modèle pour un des plus grand peintre du moment : le maître van Tysch. Et pour ça, elle est prête à tout.
Mais dans ce monde, où le corps humain est devenu une marchandise comme les autres au nom de l'art, quelqu'un semble décidé à détruire les oeuvres de l'inventeur de cet art qu'on appelle l'hyperdramatisme : Bruno van Tysch. Deux tableaux ont déjà été massacrés de manière horrible mais la fondation van Tysch souhaite garder le secret. La frontière devient floue entre l'art et le meurtre : ce ne sont plus des humains qui sont morts mais des chefs d'oeuvre valant beaucoup d'argent qui ont été détériorés. Il faut donc retrouver le coupable de manière urgente, d'autant plus que la nouvelle exposition de van Tysch est sur le point d'être inaugurée à Amsterdam et représentera des tableaux de Rembrandt de manière hyperdramatique à l'occasion du 400ème anniversaire de sa naissance. Pour l'équipe chargée d'assurer la sécurité des oeuvres, il ne fait aucun doute que le criminel va à nouveau agir …

J'avais acheté ce roman juste après mon coup de coeur pour La dame n°13 du même auteur. Bien entendu, j'ai encore attendu des années avant de le commencer et après l'avoir refermé, je me demande pourquoi ! Car, c'est à nouveau un coup de coeur mais aussi une claque magistrale que je me suis prise à la lecture de ce roman du cubain José Carlos Somoza.

Le romancier repousse les limites de l'imagination jusqu'à faire de l'homme un objet de consommation consentant, volontaire et fier de l'être. Au nom de l'art, les personnes se soumettent à des actes de tortures et d'humiliation et se déshumanisent pour devenir une toile entre les mains d'artistes. Et c'est d'ailleurs en tant qu'objets qu'ils sont considérés par la société d'Art qui voit leur destruction comme une perte financière et non pas comme le meurtre d'êtres humains. J'ai complètement adhéré au message de l'auteur, car il reflète selon moi la réalité de notre société qui ne voit plus l'homme que comme un objet utilisable, que ce soit les ouvriers des pays pauvres qui fabriquent des vêtements à prix réduits ou même nous ici, qui devenons des travailleurs que l'on peut licencier pour un oui ou un non. Il utilise pour cela le monde de l'art et de la peinture et construit un univers cohérent dans lequel se côtoient les personnages les plus vénaux et les plus horribles avec ceux plus purs et habités par une vraie passion.

Encore une fois, sa plume alerte et poétique m'a transportée. Les scènes de peinture, de créations et d'expositions des tableaux sont magnifiques, débordantes de détails artistiques et époustouflantes d'intensité. Malgré les 600 pages, on ne se lasse pas un instant. L'équilibre entre tension dramatique, vies des personnages, art et avancement de l'intrigue est idéal. L'histoire se déroule de manière ingénieuse sans que l'on ne devine qui se cache derrière la machiavélique machination visant les tableaux humains.

Sous la plume de Somoza, ses personnages prennent vie et on les voit se débattre dans leur combats intérieurs où la moralité se dispute avec leur vision de l'art avec un grand A, et devant lequel tout doit s'effacer. Mais aussi la société corrompue par le dieu argent est arrivée à son paroxysme. La psychologie de chacun est brillamment déployée. le lecteur comprend comment chaque protagoniste réagit, ses démons intérieurs à l'oeuvre et la manière dont son vécu l'a amené à penser de cette façon. Mais le romancier, en effaçant subtilement le reste du monde, à l'exception d'une évocation ou l'autre de réactions de petits groupes, montre que les gens sont prêts à accepter n'importe quelle évolution et n'importe quelle énormité dans une société où la consommation effrénée est devenue la norme.

En deux romans, José Carlos Somoza s'impose parmi mes auteurs favoris et je compte bien poursuivre ma découverte. L'appât m'attend déjà dans ma PAL.
Lien : http://www.chaplum.com/clara..
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2006. Nous sommes dans un présent parallèle au notre.
Dans celui-ci les humains sont des toiles laissées à l'inspiration de maîtres célèbres tel que van Tysch.
Cet art se nomme l'hyperdramatisme.
Les personnes souvent des jeunes femmes à peine sorties de l'adolescence sont "apprétées", "tendues" pour que l'artiste parvienne à représenter ce qu'il ressent. "Monstres" et "Fleurs" sont les expositions qui possèdent les toiles les plus coûteuses de l'histoire de l'art.
Annek la toile du tableau "Defloration" vient d'être découverte atrocement mutilée. La fondation van Tysch est sur les dents et April Wood ainsi que Bosch tous deux responsables de la sécurité veulent trouver l'assassin le plus vite possible. Il faudra faire vite car van Tysch est déjà en train de préparer sa nouvelle exposition, la plus coûteuse, un hommage à Rembrandt.
Essayez d'imaginer un monde dans lequel l'être humain aurait moins de valeur qu'une oeuvre d'art.

Somoza a poussé à son paroxysme cette idée à la fois fascinante et terriblement effrayante.
"La seule chose que faisait l'Europe était ce que l'on fait toujours dans ce cas : protéger les biens de l'humanité, l'héritage que l'humanité se transmettait à elle-même de génération en génération.
Devant cet héritage, on pouvait faire abstraction de l'humanité elle-même."
"Clara et la pénombre" m'a permis de découvrir un auteur que je ne connaissais pas encore mais qui m'a totalement convaincu.

Lien : http://l-ivresque-des-livres..
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Ce livre est intense, riche, prenant. Mais aussi violent, à la limite du supportable. Il fait appel à notre instinct de voyeur, tout comme le fait "l'art hyperdramatique". Mais plus encore, il fait appel à notre imagination, car l'auteur souvent ne fait que suggérer, notre imagination faisant le reste.
On ne sort pas indemne de la lecture de ce livre.
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L'auteur a écrit un ouvrage sur l'Art et en particulier la peinture mais pas comme nous la connaissons.

Les tableaux sont des êtres vivants ; vendus, torturés, peints, apprêtés, ratés, choquants, alternatifs, violents. Les humains sont transformés en chose, à la merci des créateurs.

D'autres sont transformés en meubles, en domestiques déshumanisés mais de luxe.

Lorsqu'une jeune fille est assassinée de manière très violente, certains parlent de l'assassinat d'une personne alors que d'autres ne parlent que de la destruction d'une oeuvre d'art très chère sans tenir compte de l'humain.

Avant de lire "Clara et la Pénombre", je ne connaissais pas José Carlos Somoza. Il a écrit là un livre dérangeant, qui fait froid dans le dos. Son écriture est fluide, prenante.
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C'est un roman absolument remarquable, à la fois un excellent thriller – un vrai page-turner – et une réflexion sur l'« art contemporain ».
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Voici un livre terriblement terrifiant, mais tout aussi passionnant. Je découvre par ce livre l'écriture de Somoza et j'adore! Il sait nous embarquer dans le monde de l'art avec facilité et nous le suivons jusqu'au bout. le personnage de Clara m'a habité pendant quelques jours encore après la lecture de ce roman. Vraiment un très très bon roman.
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Un roman extraordinaire, construit de façon magistrale avec un style magnifique ! Précipitez-vous !!!
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Une histoire étrange et captivante.
Lu il y a plusieurs années, c'est la deuxième oeuvre de Somoza que j'ai lue, après La Caverne des idées, pour ensuite en dévorer toute la production !
Clara et la pénombre est un roman contemporain, de l'écrivain José Carlos Somoza, né à La Havane en 1959. Il a cependant vécu la plus grande partie de sa vie en Espagne. Il est diplômé de psychiatrie. Eh oui, ceci explique cela, vous comprenez si vous connaissez se écrits ! Il dit lui-même que tous ses romans ont le mystère et le jeu en commun.

Pas de Spoil dans cette critique.
L'action se situe en 2006. L'Art a changé. Aujourd'hui, l'art HD, pour HyperDramatique, est devenu l'art dominant, les oeuvres des peintres HD s'arrachent à prix d'or, et les simples peintures sur toiles sont devenues totalement has been.
Des toiles humaines sont apprêtées, peintes et exposées. C'est un métier. Des enfants, des adultes, des femmes, des hommes sont exposés, le plus souvent nus.
Différents courants existent, plus ou moins orthodoxes, plus ou moins violents, plus ou moins interactifs et plus ou moins légaux...
Toute une économie, tournant autour de la sécurité, du bien-être, de la vente et de l'entretien des toiles vivantes est née.
Mais une toile vivante du célèbre peintre HD Bruno van Tysch, Annek Hollech, est assassinée (détruite ?) de manière particulièrement sadique (mais peut-on parler de sadisme en parlant de la destruction d'un tableau ?).
Quoi qu'il en soit, elle ne sera pas la première. Un ou des tueurs très malins semblent vouloir faire passer un message aux peintres HD et à leur microcosme.
Clara de son côté veut devenir une célèbre toile, un original, peinte par un grand maître. Ce moment semble être arrivé et elle est prête à tous les sacrifices.


Ce roman est à la fois un roman policier, un thriller haletant, un roman presque philosophique et une réflexion sur l'art, la nature humaine et la relation qui existe entre ces derniers. le pouvoir de l'argent et la manière qu'a chacun d'appréhender la vérité sont aussi des thèmes omniprésents.
On ne peut nier sa dimension très dure, les images et les situations qui ne sont parfois que suggérées peuvent être choquantes.
Quelqu'un de très sensible serait à mon avis au bord de la nausée à lire certains passages, surtout au début du livre, car c'est un univers tellement particulier qu'il demande à ce qu'on s'y habitue, qu'on s'y plonge et qu'il devienne notre.
Ce roman est violent, surtout sur le plan psychologique, et surtout dans la première moitié du livre. Il peut être perçu éventuellement comme érotique, puisque la nudité est omniprésente. Et enfin, certains le trouveront sans doute malsain, mais ce n'est pas la sensation que j'ai moi-même éprouvée.
C'est sublimement bien écrit (et bien traduit), un vocabulaire précis et bien choisi. Un décor planté de main de maître : on en apprend au fil des pages de plus en plus sur l'univers de l'art HD dans lequel l'auteur nous plonge.
La Fondation qui gère les intérêts du grand peintre Bruno van Tysch est délicieusement effrayante.
L'action se situe en 2006. Je crois que c'est à la fois secondaire et significatif. Secondaire, parce qu'il fallait bien situer l'action, et qu'aucun accent n'est mis sur l'année qui se déroule. Mais pourquoi une date si proche ? le roman a été publié en 2001, donc écrit peu de temps auparavant.
Je crois que l'auteur veut nous faire prendre conscience que des dérives sont vite arrivées, que ce qu'il dépeint n'est pas improbable.
De plus cela offre l'avantage de se sentir proche de l'univers qui est décrit dans ce roman, ce qui est à la fois rassurant et très inquiétant.

Certains codes, certains gadgets décrits paraissent si saugrenus que l'action semble lointaine et invraisemblable. J'ai d'ailleurs à plusieurs reprises pensé à l'Univers d'Asimov, célèbre auteur de science-fiction, à cause des matériels parfois employés, de la Fondation tentaculaire et presque omnisciente à certains moments…
Mais l'instant d'après, une situation familière, un endroit, un objet nous ramènent à la réalité et on comprend de nouveau que le monde de Clara est aussi le nôtre, en tout cas il le pourrait.
Les personnages ont tous une personnalité propre, la manière de les présenter est toujours virtuose. Clara, la toile, ne commence à prendre une proportion humaine que vers le milieu du roman. Avant, sa manière d'être, d'agir et de parler la situe dans le registre des tableaux, d'une chose vraiment mi-humaine, mi-objet. C'est la peur qui lui fait prendre dimension humaine.
Les autres personnages, Lothar Bosch en prise avec sa conscience, Melle Wood pathétique et froide, le peintre van Tysch à peine humain, Paul Benoît hypocrite et calculateur…et bien sûr les toiles humaines, tous sont brossés de manière magistrale.
On baigne continuellement dans les champs lexicaux des couleurs, des formes et de la peinture et des arts plastiques, c'est un enchantement à lire. Parfois tout un paragraphe peut être lu soit au premier, soit au second degré, celui de la création, c'est extraordinaire.
Et bien sûr l'histoire est très prenante, entraînante et multi facettes. le côté policier prend davantage d'importance à partir des 2/3 du roman, moment à partir duquel on a de plus en plus de mal à décrocher !

(Lien vers une critique que j'avais écrite à l'époque sur un autre site, dont j'ai ici repris l'essentiel.)
Lien : http://www.ciao.fr/Clara_et_..
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Ce roman est foisonnant par sa narration et par son histoire. Difficile de lui attribuer un genre. Uchronie, thriller, enquête policière, réflexion sur l'art et sur la valeur de la vie. le monde de Clara et la pénombre est identique au nôtre à une exception près : la peinture ne se contente plus des toiles et des murs. Les peintres peignent des supports vivants et les mettent en scène dans des installations invraisemblables. Les toiles sont humaines, l'art est fou, c'est l'hyperdramatisme.
L'histoire suit Clara, toile pour artiste, engagée par la fondation van Tysch, une organisation majeure d'hyperdramatisme en Europe. Parallèlement, l'histoire nous fait suivre l'enquête menée au sein de la fondation pour retrouver le meurtrier d'une célèbre toile du peintre van Tysch.
L'histoire de Clara permet de comprendre le travail d'une toile et l'hyperdramatisme ; et l'histoire des enquêteurs de la fondation nous annonce constamment que Clara court à sa perte. L'alternance de ces deux histoires fait monter la tension crescendo tout au long du roman. Durant toute ma lecture, j'ai attendu le pire. Loin d'être une lecture reposante, Clara et la pénombre crée une histoire où s'immerger totalement. En un mot : prenant.
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Un roman absolument époustouflant. Si au début, j'ai été très surprise et assez perturbée par l'histoire, et s'il m'a fallu beaucoup de temps pour m'y habituer, je ne regrette pas d'avoir insisté ! C'est à la fois de l'anticipation, du polar, un traité d'esthétique : une sorte d'OVNI littéraire. le style est extraordinaire. On se laisse prendre dans l'intrigue policière et on peine à lacher le livre avant la fin. Un texte d'une extrême intelligence, un véritable chef-d'oeuvre.
Lien : http://madimado.com/2011/03/..
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