Citations sur Le Silence (39)
En amour, ce sont les femmes qui conquièrent. Le reste ne fut qu'affaire de curiosités, de questions, d'approches. Oui cest moi qui tai fait prisonnier, Alexandre.
Contrairement à ce qu'espérait Phil, la destruction des archives n'a en rien refermé les plaies.
Il se sait observé. La complicité des corps, lorsqu'elle est dissimulée, tenue à distance par les vêtements, contrainte par la situation, a toujours fasciné Jessica. Les baisers réprimés sont parfois plus forts que ceux qui se posent sur les lèvres.
C'était fini. Et c'est bien ainsi. Samuel faisait son possible, je le lui accorde, pour ne pas m'apparaître en pleine lumière. Il s'est montré discret. Il t'appelait Abel, moi je disais Alexandre. Nous ne cédions ni l'un ni l'autre. Nous possédions chacun une moitié de toi. Nous n'avions pas envie de la lâcher. Nous n'étions pas encore prêts à recoller tes deux prénoms. À te reconstruire dans ta complétude.
À t'admettre tel que tu étais.
Jessica a renoué avec la duplicité. Cela lui fait du bien. Depuis trop longtemps elle encaisse sans esquiver. Tromper, illusionner, leurrer, se jouer, c'est important si l'on veut se sentir en vie.
Chaque époque ne fait que gratter en surface pour réécrire quelque chose de nouveau. En profondeur, c'est un millefeuille. Chez elle, dans l'Illinois, elle n'a jamais eu cette sensation de marcher sur un empilement de passés.
Je ne sais pas si tu me comprends. J’hésite devant les souvenirs que tu m’abandonnes. Je suis indécise, comme une femme qui doute de la sincérité de son séducteur. Il se pourrait que ce que nous avons accompli tous deux me fuie et s’échappe vers des territoires pleins de rancoeur. Il est possible aussi, et cela dépend de toi que tu réussisses encore à me toucher.
J’aimerais reconstruire l’histoire de nos vies. Respirer de nouveau librement.
Alexandre, toi. Quand as-tu cessé de respirer ?
Certains jours, elle se convainc qu’il n’y a rien à découvrir. Le silence d’Alexandre s’abîmera pour l’éternité. Cette perspective la désespère. Alors, elle recommence à chercher. Songer à sa quête l’éloigne de son chagrin. Reste l’espoir de comprendre, puisque admettre lui est refusé.
Je dois t'avouer quelque chose, Alexandre. Je suis lasse. Ecrasée de fatigue. De dégoût. Un grand froid me pénètre. (...) J'ai la tentation du silence. C'est une vieille tentation, je sais. Déjà, entre nous..., Nous faisions comme si elle n'existait pas, parfois nous forcions les mots. Le mal est ancien.
Se taire. Parce que tout ce qui m'affecte est parole. Bien au-delà des pauvres paroles que je pourrais rassembler. D'ailleurs, toi aussi tu as été un expert en mutismes.
Se taire. Parce que tout ce qui affecte est indicible. Bien au- delà des pauvres paroles que je pourrais rassembler. D'ailleurs, toi aussi tu as été un expert en mutismes. Que ne m'as-tu caché, Alexandre ? Au point que je me demande si le silence n’a pas été le ciment de notre union. Si nos aphonies ne nous liaient pas davantage que tout ce que nous avons pu nous déclarer.