Whole Soyinka est né en 1934 à Abeokuta au Nigeria.
Que sait on de ces années là en ce là-bas ?
On réduit trop souvent la taille du monde à la sphère de notre histoire.
Si la planète est une sphère sa matière est une ronde.
On se tient trop à ce que l'on sait, on devrait toujours tendre à ce qui nous reste toujours à découvrir. C'est peut être la meilleure façon d'abattre une grille.
Bonheur de découvrir Whole Soyinka. le regard de son enfance.
Le monde est un géant lorsqu'on a dix ans.
Où que l'on naisse quelque soit l'heure...
Mais aux pays des hommes il est des matins qui plantent profondément dans la chair les épines de leurs chemins.
On regarde le monde et peu à peu on en devine le langage.
Puzzle d'émotions, de joies, de peurs. de révolte, de combat, déjà.
Les yeux d'un enfant sont des mains de géant.
Comprendre ceux qui nous entourent , y trouver sa place, traverser les douleurs, faire partager nos espoirs.
Comprendre ce qui comprime la diamètre de notre cercle, ce qui le forge, ce qui le fragilise, ce qui lui donne sa force. Et dans ses mains porter la poésie des hommes.
Tenter d'ouvrir le cercle, ouvrir une porte. recevoir la parole confiée d'un grand-père, entendre en soi-même croire le devenir de son être, voir la force nécessaire des femmes percuter l'éternité stupide des hommes. Donner au mots la rapidité d'une griffe. Ouvrir une porte comme on arrache les barreaux d'une cage.
Ce mettre en mouvement en comprenant la dynamique du monde. Quitter l'immobilisme, et devenir un autre possible. Faire de tout ce qui entoure une nourriture, et faire entendre les rugissements qu'elle nous inspire.
Aké, les années d'enfance, c'est entendre dans le regard d'un enfant la beauté naissante d'un tigre.
Wole Soyinka a reçu le prix Nobel de littérature, en 1986.
Aux pays des hommes il est des matins où certains jours tardent à venir.
Astrid Shriqui Garain