Et L'intégrale Maus?
Dans cette bande-dessinée, tout sauf ordinaire, la lectrice ou le lecteur retrouve tous les volumes de la célèbre série. J'ai décidé d'acheter l'intégrale car je voulais posséder toute l'histoire de Maus.
Maus, c'est le vécu des parents d'
Art Spiegelman qui ont connu les camps de concentration durant la Deuxième guerre mondiale. Ainsi, Vladek, le père, Artie, le fils et son épouse française Francoise vivent à New York. Artie décide de créer une bande-dessinée pour raconter l'histoire de son père et de sa mère Anja qui ont connu les camps de concentration. Pour ce faire, il passe du temps avec son père et il enregistre leur conversation pour ne rien perdre de ce précieux témoignage. Il aurait bien voulu avoir accès aux journaux intimes de sa mère, mais après son suicide, son père les a brûlés. Par le biais de ses dessins, Artie tente de rendre vivant l'indicible des camps de concentration. Ce récit s'étalonne de 1942 jusqu'à aujourd'hui et il offre des allers-retours entre les camps de concentration et New York.
Vous dire à quel point j'ai été émue de lire cette BD, c'est peu dire… Dans ce récit, les Juifs sont des souris, les Nazis sont des chats. Les chats veulent la destruction des souris. Tout est illustré, l'horreur est là, couchée sous nos yeux dans des dessins présentés en noir et blanc. La traque, la mort partout, le sadisme, les trains, la décrépitude des corps, l'amour, la faim, etc. Et même le pire des camps.
«Les prisonniers qui travaillaient là, sur les vivants et les morts, ils versaient de l'essence. La graisse des corps brûlés, ils la recueillaient et la versaient à nouveau pour que tout le monde brûle bien. » (p. 232)
C'est intense et profond.
J'ai aussi beaucoup apprécié la relation entre le père et le fils. le fils en vient à comprendre pourquoi son père est devenu un avare qui économise sur tout et à quel point il a dû se servir de son intelligence pour survivre. le fils est habité par la culpabilité, une culpabilité qui semble se transmettre de génération en génération. Car les survivants se sentent coupables de ne pas être morts comme les autres dans ces camps qui ne visaient qu'un seul but : les exterminer.
Comme le mentionne le psy. d'Artie :
«La vie est toujours du côté de la vie, et d'une certaine manière, on en veut aux victimes. Mais ce ne sont pas les MEILLEURS aussi qui ont survécu, ni qui sont morts. C'était le HASARD!» (p. 205)
Si vous n'avez pas encore découvert cette bande-dessinée, dépêchez-vous. C'est une histoire qui exprime l'indicible d'une manière si intelligente qu'on ne peut que l'apprécier. Je ne l'oublierai jamais. Merci M. Spiegelman. Écouter des souris raconter le génocide de leur peuple, c'est de l'émotion à l'état pur. Je pleure et mon coeur saigne.
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