Un monument de la BD …
Une BD incontournable …
J'ai beaucoup tourné autour sans arriver à me décider …
Une mise en avant à la médiathèque m'a aidé à me décider.
Il faut s'habituer à la narration en deux temps …
Il y a la vie d'avant, celle du père qui raconte l'histoire de la persécution des juifs polonais et celle de nos jours qui raconte la culpabilité d'un fils devant l'oeuvre qu'il a choisi d'accomplir … Raconter ce qu'a vécu des millions de personnes, persécutées au nom de leur religion.
Il est juste question de relater des faits entre le milieu des années trente jusqu'aux années 1980.
Le dessin est un support des textes, qui essaient de nous narrer l'histoire d'une famille bourgeoise confrontée à l'horreur nazie.
Le choix de représenter les nationalités par des animaux différents est troublant.
George Orwell a réussi dans «
la ferme des animaux », publié à l'origine en 1945, l'exploit de relater l'avenir de l'humanité en se servant avec brio de cette technique, mais c'est alors un roman qui avec des mots laissent la place aux sentiments.
La transposition en roman graphique de « maus », publié à partir de 1972 (1), en copiant cette même technique m'a gênée.
Comment distinguer le rire, la douleur dans l'expression d'une souris ?
Il m'insupporte de voir réduire un peuple à une représentation graphique … toutes les souris, tous les chiens et tous les chats ne se comportent pas de la même façon, cela m'a semblé réducteur et trompeur.
Toutefois je reconnais qu'une fois passée cette réserve, je me suis laissée prendre par la narration et les détails des relations familiales père-fils m'ont semblé très réalistes et surtout sans cliché réducteur avec la fausse compassion, l'attachement simulé aux liens familiaux … une victime de la folie meurtrières des nazis n'est pas forcément quelqu'un auquel il est permis toutes les outrances sexistes ou racistes … un fils n'a pas à faire semblant de ressentir de l'attachement inconditionnel envers un proche.
Une belle lecture qui mérite le succès international qu'elle a suscité.
(1)
Après une première esquisse de trois planches dans Funny Aminals (sic) en 1972, la version développée de Maus paraît sous forme de série entre 1980 et 1991 dans RAW, revue avant-gardiste de comics et d'illustration dirigée par
Art Spiegelman et sa femme
Françoise Mouly. Par la suite, les chapitres rassemblés ont été publiés en deux tomes en 1986 et 1991 ; en anglais chez l'éditeur Pantheon Books puis en français par Flammarion.
L'oeuvre a été saluée par la critique aux États-Unis et à l'étranger. Elle a reçu plusieurs récompenses culturelles, dont un prix Pulitzer spécial en 1992, évènement sans précédent pour une bande dessinée. Des dessins originaux sont exposés dans divers musées du monde et le livre a été traduit en trente langues. L'édition en français est préfacée par
Marek Halter. Maus est aussi l'un des premiers romans graphiques qui retiennent l'attention des universitaires anglophones.